Bouleversant, c'est le premier mot qui me vient à la fin du premier récit de «
la tombe des lucioles ».
L'écriture de l'auteur est étonnante, il m'a fallu relire certains passages. Les phrases sont excessivement longues, et entremêlent les pensées de l'adolescent narrateur de l'histoire, les dialogues, et la narration, qui alterne présent et retour dans le passé. de ce fourre-tout en ressort un texte poétique, cru, puissant, affreusement triste et terriblement réaliste.
Gênée par le style de l'auteur, j'ai failli abandonner cette lecture et j'aurais eu tord. Heureusement, les avis très positifs m'ont incité à poursuivre et j'en suis ravie. Cette lecture me restera en mémoire par son intensité et son réalisme.
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La tombe des lucioles est composée de deux nouvelles. La première a donné son nom au livre. La deuxième « Les algues d'Amérique » est de moindre intérêt, à mon sens, moins poignante et émouvante. Elle se passe de nos jours et raconte la venue d'un couple d'américains chez un couple de japonais à Hawaï. Partagé entre son désir d'accueillir convenablement ce couple et les souvenirs douloureux et traumatisants de la guerre, le japonais entrelace passé et présent avec amertume.
La première nouvelle, quant à elle, est à lire absolument, mais il faut avoir le coeur bien accroché.
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Dans le cahot de bombes incendiaires, de ruines et de corps calcinés, deux enfants, découvrent qu'ils sont orphelins. Dès le départ, nous savons qu'ils vont mourir. J'ai trouvé dommage de connaître la fin de l'histoire, je pensais que cela mettrait moins d'intérêt au récit. Mais je me trompais : l'histoire est tellement éprouvante qu'en définitive, ça aide le lecteur à prendre du recul sur le récit et à ne pas trop s'attacher à ces deux enfants pour lesquels on a une empathie immédiate.
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Les premières pages retracent les derniers instants de la vie de Seita, âgé à peine de quatorze ans. Sa soeur, la petite Setsuko, âgée de quatre ans, est morte un mois auparavant.
Pourtant, Seita a veillé sur sa soeur, le lien qui les unit est très fort, et même douloureux pour le lecteur qui assiste impuissant au calvaire des deux enfants.
Rien ne leur sera épargné : le deuil, la peur, la faim, la vermine, la maladie, la solitude, le rejet de la famille qui leur reste, la cupidité des uns, l'indifférence, voire même l'hostilité des autres. Personne ne leur viendra en aide, chacun étant tourné vers sa propre subsistance, accaparer par la guerre ou des idéologies nationalistes.
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Au milieu de toute cette noirceur, les deux enfants trouveront du réconfort dans la lumière fragile et délicate des lucioles. Ils se créeront un monde imaginaire apaisant dans lequel ils évoqueront des souvenirs et mangeront à leur faim.
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Nosaka Akiyuki, traumatisé par la guerre, s'est inspiré de son enfance et nous livre un récit en partie autobiographique d'une puissance poétique poignante. Ce réalisme et cette souffrance qui transparaît m'ont bouleversée et nous rappelle à quel point la guerre est cruelle, effroyablement injuste et tellement absurde.
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