"Eh, che volete, signore: hanno vinto le mosche!".
Curzio Malaparte :
Kaputt (page finale).
‘'Et que voulez-vous, Monsieur, Ce sont les mouches qui ont gagné''
Entre le 25 juillet et le 3 août 1943 les armées de l'air britannique et américaine
bombardent la Ville de Hambourg. Ce fut l'opération Gomorrah qui aurait tué 45 000 humains.
Hans Erich Nossack naît dans une famille aisée de Hambourg. Employé de banque pour des raisons alimentaires, il écrit des poèmes et des drames. Il finit par prendre la direction de l'entreprise familiale. Il réside à Hambourg. Fin juillet 1943 il est en vacances, à quelques kilomètres de Hambourg « chaque fois que j'avais allumé le feu, je courais dehors me livrer au plaisir de regarder la fumée sortit de notre cheminée. »
Il était, en bas, dessous.
Dès novembre 1943, Nossack rédige ce texte à la fois descriptif et méditatif.
Et soudain « Nous avions déjà vécu deux cents attaques ou plus, dont de très sévères, mais celle-ci était quelque chose de tout à fait nouveau……. c'était la fin. »
La ville entière est devenue, vaste cimetière, horizontale.
Un couple prenant son café tranquillement sur son balcon alors que tout est en ruine autour d'eux.
Les réfugiés, silencieux : la moindre parole aurait fait exploser l'atmosphère dramatique.
Le manque de solidarité, parfois. Dans la perte et dans l'errance, les masques qui tombent
« Tout ce qui peut s'exprimer en chiffres est remplaçable ».
Et les mé
sanges gazouillent.
La ville est en chaos, et pourtant, sans qu'on ait besoin de lui enseigner ou ordonner quoi que ce soit, la population, calme, s'organise.
Contrairement aux espérances des ennemis et aux craintes des autorités : aucune émeute ni troubles. « L'État tentait-il de se mêler d'organisation les gens râlaient. »
Croyance, erronée, qu'au vue des destructions la guerre allait s'arrêter.
« Et autre chose encore : je n'ai pas entendu une seule personne insulter les ennemis, ni les rendre coupables de la destruction. » Ne pas penser à se venger, mais assumer la vie quotidienne, du moins d'abord.
« Ecrit à la craie sur la porte d'une maison, la première et dernière question : où es-tu, maman ? Donne donc des nouvelles ! Je vis maintenant à tel endroit. »
Une semaine plus tard, la ville anéantie est devenue le royaume des rats, des vers et des mouches, des odeurs.
Il n'y a plus de passé, d'avenir, il n'y a plus de temps que le présent.
La perte aurait pu mettre fin à ses aspirations littéraires ; or, c'est à partir de cette perte-là que Nossack va écrire. « Ce fut comme un accomplissement. »
Voilà, en vrac, la vision, par un « intellectuel » qui a survécu, par hasard, à un bombardement « déluge de fer, de feu, de
sang ». Mais je suppose que le réel serait identique pour tout humain.
Ps ; aussi sur un sujet proche : une femme à Berlin : journal : 20 avril/22 juin 1945
Sur une réflexion ; l'oeuvre entière
De W.G.Sebald
Et plus particulièrement : « de la destruction comme élément de l'histoire naturelle »