Pour le challenge "plumes féminines" de Babelio, édition 2022 j'avais pour mission de trouver un LIVRE dont l'action se situe sur une île (½ du récit minimum). J'ai cherché longuement des ouvrages correspondant à cette injonction en envisageant des pays lointains, ... puis finalement ma chère bibliothécaire m'a proposé "
Mercure" d'
Amélie Nothomb. En voilà une bonne idée ...
Après en avoir lu quelques pages, je me suis rendue compte que je l'avais déjà lu, mais je ne me souvenais absolument pas de l'intrigue, juste une sensation de malaise en évoquant ce château prison sur la toute petite île de morte-frontière située près des côtes françaises, rien d'exotique du tout donc. Il s'agit plutôt d'un contexte rappelant le Comte de Monte-Cristo.
Hazel, l'héroïne de notre texte est retenue prisonnière par le Capitaine ... mais est-elle vraiment prisonnière? Elle ne cherche pas à s'enfuir, au contraire, quand la possibilité
lui en est donnée elle la refuse ... Elle se sait défigurée suite à un bombardement, elle n'est donc prisonnière que de son apparence, de sa crainte de vivre à l'extérieur de cette "prison dorée".
J'aime le style Nothomb parce qu'il est unique, original, particulier ... mais il ne se renouvelle pas vraiment. J'ai retrouvé ici tout ce qui me plait et en même temps m'agace chez elle: une érudition qu'il est plaisant de rencontrer mais qu'elle étale souvent bien trop ostensiblement. Elle évoque des titres de livres, de auteurs que pour la plupart du temps je ne connais pas (évidemment, d'autres que moi les connaissent sans aucun doute, ce serait bien prétentieux de ma part de la critiquer uniquement parce que moi je ne connais pas), mais j'ai noté cette petite phrase page 134: Après Clélie de Scudéry vint
Maupassant, sans qu'elle se rendit compte de l'énormité d'un tel rapprochement.
Il faut donc connaitre et Clélie de Scudéry et
Maupassant pour comprendre pourquoi les évoquer tout deux est une énormité. Sincèrement, qui peut parmi des lecteurs/ lectrices du dimanche comprendre cette allusion?
J'ai retrouvé aussi la même construction, voire les mêmes termes qu'elle emploie dans "l'
hygiène de l'assassin" ... de longs dialogues entre un homme et une femme, la femme essayant de démontrer l'absurdité ou l'horreur de la situation et l'homme
lui opposant le même genre d'arguments dans les deux textes, jusqu'à dire: c'est une litote ma chère ...
et enfin cette phrase qui m'a fait bondir (même si je la sais provocante et que j'aime justement ses provocations). Page 122: L'homme (le capitaine) explique à l'infirmière qu'Hazel (sa protégée) ne l'appelait au secours.
"elle ne vous appelait pas au secours, elle se vantait. Quand une femme se plaint des assiduités d'un homme, c'est toujours pour se mettre en valeur".
Alors là, les bras m'en tombent ... On se rend compte que ce texte est sacrément daté et de bien avant la vague metoo ...
Bref, 3 étoiles car même si j'ai pris du plaisir à retrouver le style Nothomb, il y a tout de même plusieurs phrases et situations qui me restent en travers de la gorge