On a vendu la peau de l'URSS
L'Estonie fait partie des pays ballottés par
L Histoire, soumis aux invasions successives entrecoupées de brèves périodes d'indépendance.
Ce roman se déroule au moment où la République d'Estonie se libère de la férule soviétique. Aliide, une vieille dame, recueille une jeune femme en piteux état qui fuit son souteneur.
D'abord méfiantes l'une envers l'autre, pour des motifs qui vont apparaître au fil du récit, les deux femmes liées par leurs secrets, vont finir par s'apprécier et faire front aux évènements.
Ce livre évoque le destin de ces ex-républiques soviétiques, les exactions commises, les douleurs et les privations, les périodes d'espoir souvent déçues.
Mais il évoque aussi le sort des femmes qui hier comme aujourd'hui, sont comme le chantait
Lennon, "les nègres du Monde".
Sur cette trame particulièrement intéressante, il y avait là de quoi rédiger un roman hors normes.
De fait, le traitement choisi ne peut laisser indifférent. le style proposé est assez original pour susciter des avis tranchés : phrases sèches ou descriptions appuyées, arythmie, retours en arrière incessants, brefs passages très crus, fragments de journaux intimes, de comptes rendus...
Après un départ languissant, j'ai trouvé que le livre prenait son allure de croisière et j'ai tourné avidement les pages.
Et pourtant au final, je suis un peu déçu : tout ça pour ça ?
J'avoue que ce flot impétueux de phrases et de situations a fini par me lasser en laissant l'impression d'une prédominance de la forme qui tournait au procédé gênant et nuisait à la force de l'histoire. Ce récit n'aurait-il pas gagné à une écriture plus sobre ?
Quelquefois, pourtant, le choix m'a semblé judicieux. Je pense notamment à une formidable scène d'interrogatoire quasi onirique, qui possède une force assez rare.
Pour des moments comme ceux là et pour sa description de l'ex bloc de l'Est, je recommande quand même ce livre, mais avec réserves.