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Si les livres de Pamuk , et quoi de plus normal pour un écrivain turc , parlent généralement de la Turquie , celui-çi se passe principalement à Istamboul depuis les années 1920 jusqu'à nos jours . Passant de 3 millions d'habitants à presque 15 millions de nos jours , il va sans dire que celui qui connut cette ville à ses débuts , y serait de nos jours un peu perdu . Tout y a donc évolué , les constructions , les habitudes des gens , l'influence de la religion , la nourriture traditionelle etc ... et c'est à tous ces changements que nous assistons en la compagnie de Melvut tout au long de cette histoire . de la jeunesse de cet homme jusqu'à son âge mur en passant par son mariage , son veuvage , et son remariage . La citation de Baudelaire en exergue du chapitre 7 : " La forme d'une ville change plus vite hélas ! que le coeur d'un mortel " convient bien à ce livre .

Connaissant Istamboul pour y avoir épisodiquement séjourné , je n'ai pas été dépaysé dans cette histoire qui m'a remis en mémoire bien des choses vécues .

J'avais , il est vrai bien plus apprécié " Neige " mais la lecture de de " Cette étrange chose en moi " ne m'a pas ennuyé le moins du monde malgrè quelques longueurs parfois dans cette histoire de près de 650 pages .
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Un auteur que je n'avais encore jamais lu ; LE Grand Romancier Turc….

J'ai suivi pendant environ le premier quart du roman la vie de Mevlut, jeune homme devenu stambouliotte qui vend des yaourts et de la boza dans les rues.

J'ai appris ce qu'était la boza et comment il avait enlevé sa femme.

J'ai suivi sa scolarité dans un lycée de son quartier et son obligation de travailler l'après-midi avec son père, parfois même la nuit.

Mais rien ne m'a retenu dans ma lecture : pas d'humour ou de distanciassions ; pas de suspens ; pas de conflit et toujours la vente de la boza.

Un roman lent, trop lent, qui passionnera sans doute les adeptes de l'histoire turque qui apparait en filigrane sans que cela ne change quoi que ce soit à la vente de la boza.
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Voici un roman que j'ai envie de qualifier d'exceptionnel. Ohran Pamuk a réussi à écrire, sous une forme très personnelle et géniale, une épopée poétique sur la vie des petites gens quittant leur campagne de l'est de la Turquie et sur l'évolution d'Istanbul. Il m'a fallu vaincre une certaine appréhension due au grand nombre de pages (j'ai aussi eu ce sentiment pour La montagne magique de Thomas Mann). Pourtant rien n'a été plus facile et agréable que de m'immerger dans le récit – j'aimerais même une suite... Qui mieux que Orhan Pamuk aura réussi à fixer sur le papier les évolutions d'un pays à la fascination séculaire et d'Istanbul, ville coupée en deux par la Corne d'Or, avec une partie en Europe et une autre en Asie ?

Ce livre est composé comme une symphonie avec introduction, récit d'une journée en 1982, puis en se projetant, une journée en 1994 (où Mevlut se fait voler sa montre Suisse offerte par son protecteur… Je viens tout juste de remarquer que 1994 est l'année où Erdogan devient maire d'Istanbul, début d'une ascension qui le mènera à la présidence…). Ensuite l'histoire de Mevlut, marchand de boza, se déroule sur la période 1968 à 2002. La conclusion aborde une journée de 2009 puis une autre de 2012. le récit est polyphonique, Orhan Pamuk alterne les points de vue et quand le narrateur parle, on a un petit dessin du vendeur de boza avec sa perche (boisson fermentée turque, faiblement alcoolisée).

C'est à la fois un roman d'apprentissage, un roman d'amour, une grande saga familiale avec un cadre historique précis, très documenté (et prudent... l'auteur a été qualifié de terroriste par le despote au pouvoir depuis plus de vingt ans, après l'obtention du prix Nobel de littérature en 2006. Il aurait un garde du corps en permanence...). Facile à suivre, c'est un récit de conteur comme j'aime. Côté personnages, on peut s'aider de l'arbre généalogique placé au tout début et éventuellement d'un index très complet avec pages des principales scènes où ils apparaissent. Enfin, le livre se termine par une chronologie parcourant la période de 1954 à 2012 avec les évènements historiques (coups d'état de 1960 ou 1980 par exemple et évènements internationaux majeurs tels que la guerre du golfe en 1991 ou l'attaque des tours jumelles à New-York…), ceux-ci mêlés avec les évènements familiaux liés au héros Mevlut. J'ai plutôt regretté que les mots turcs en italique ne soient pas expliqués dans des notes, cela oblige à rechercher par soi-même et coupe un peu la lecture (à la fois c'est un plus d'avoir les définitions, images, voire les recettes de toutes ces bonnes choses concernant une cuisine orientale très raffinée, souvent à l'honneur).

L'auteur donne la parole aux uns et aux autres pour relater les mêmes évènements familiaux à travers lesquels se dessinent l'histoire récente de la Turquie. le père et l'oncle de Mevlut ont quitté leur village de la province conservatrice de Konya pour s'installer à Istanbul. Ils ont vécu pauvrement en vendant de la boza et du yaourt dans la rue et en se construisant eux mêmes des maisons dans les collines non encore occupées. Installations précaires et anarchiques appelées gecekondu (signifie construits la nuit), une sorte de bidonville. Quartiers à forte population kurde et pauvre, avec des « gauchistes-communistes » souvent confrontés à des « nationalistes » organisés et influents au niveau politique, opposition entre les quartiers imaginaires (alors que tous les autres lieux sont réels) de Duttepe (famille de l'oncle Hasan) et Kültepe (famille de Melvut et son père). Mevlut va, lui aussi, vendre de la boza et du yaourt, entre autres. Je ne vais pas raconter toutes ces histoires, il faut lire ce livre où les péripéties s'enchaînent sans faiblir jusqu'à la dernière page.

J'ai pensé aux Mille et Une Nuits, aux grands romans de Tolstoï peignant si bien la Russie de son temps, aussi à aziyadé et Fantôme d'Orient de Pierre Loti. L'homme au visage d'ange de la couverture pourrait être Mevlut quand il se laisse pousser la moustache. Dans ces deux récits tout part du regard. Loti aperçoit aziyadé au balcon : « L'expression du regard était un mélange d'énergie et de naïveté ; on eut dit un regard d'enfant, tant il avait de fraîcheur et de jeunesse. » Chez Pamuk, Mevlut croise Samiha au mariage de son ami Korkut « Elle avait de grands yeux noirs, candides et profonds, d'où émanait une grande franchise. » Mevlut n'oubliera pas ses yeux, écrivant des lettres pendant trois ans à la belle entrevue ce jour fatidique.

Amoureux de la vie malgré la pauvreté, malgré les risques quotidien d'un marchand ambulant à une période où les chiens errants l'épouvante, Melvut n'est certainement pas ce garçon naïf, indécis et manipulable qu'il paraît être par moment. Il me semble au contraire très intelligent, lucide et ayant pris le parti d'être heureux sans faire de concession morale, en restant lui-même, quitte à vivre des choses difficiles. Son cousin paternel, Süleyman, est un des personnages pétri de tradition et de religion, développant ce que Kant appelait des passions tristes, un croyant et un pratiquant de façade, par calcul de vie facile et conforme à son entourage.

Ohran Pamuk a certainement mis beaucoup de lui-même dans son personnage principal qui, je dois le dire, m'a entraîné dans son sillage d'un bout à l'autre de ce magnifique roman. Il est celui qui, par son activité de marchand de rue, va au contact des gens (on l'appelle souvent dans les étages pour discuter, il découvre la loge de Son excellence où il fait un chemin spirituel personnel et sincère). A travers le vendeur de boza, l'auteur, ancien étudiant en architecture et en journalisme, observe les mutations d'Istanbul sur une quarantaine d'années, une ville passée de trois millions d'habitants (à l'arrivée de Mevlut) à treize millions (et plus de quatorze actuellement).
Déambulation à la recherche du passé, en cherchant les traces des générations anciennes dans les rues et des vieux métiers, émerveillement face aux vieilles pierres des cimetières. L'auteur cite Rousseau : « Je ne puis méditer qu'en marchant; sitôt que je m'arrête, je ne pense plus, et ma tête ne va qu'avec mes pieds. » Cette chose étrange en moi est un bien beau titre, exprimant amour et mélancolie, une intense soif de bonheur malgré la dure réalité de la vie, la peur du mensonge, la tristesse et la solitude. La réflexion sur le sens de la vie m'a plu, elle me correspond et il est curieux pour moi de dire que ce livre sur cette ville lointaine, sur cette famille exotique, est exactement le récit que j'attendais à ce moment, une littérature bienveillante et critique dans un monde en mouvement où les valeurs humanistes, malmenées et réprimées, cherchent à trouver un chemin.

Cette histoire poignante d'un homme déterminé à être heureux passe par des portraits de femmes inoubliables. Les trois soeurs, Rahiya (enlevée et épousée par Mevlut dans des conditions rocambolesques), Samiha et Vediha sont des femmes fortes dans une société patriarcale étouffante. Très bien décrites, avec des caractères affirmés, elles ont de l'énergie et du répondant, elles parviennent souvent à s'imposer. le monologue en forme d'anaphore de Vediha sur 3 pages, « Est-ce juste... », répété inlassablement et accusateur de l'ordre patriarcal, est époustouflant.
Ce livre est formidable sous tous les aspects et j'ai hâte de découvrir d'autres romans de cet auteur. Peut-être Cevdet Bey et ses fils pour vivre à la fin de l'empire et au début de la République ou bien à l'époque de la capitale ottomane dans Mon nom est rouge. Avez-vous lu cet auteur ?
*****
Lien ci-dessous pour la chronique avec photo de la couverture et lilas (introduit dans les jardins européens à la fin du XVIe siècle, depuis les jardins ottomans) ainsi qu'un titre de Cengiz özkan - Album Ah Istanbul, 2020 - parce que ce chant est beau et triste à la fois, parce que j'imagine Mevlut ou son père le chanter...
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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J'ai beaucoup aimé ce livre. C'est le premier livre de Pamuk que j'ai lu, certainement pas le dernier.
Grâce à la richesse de l'expression de l'auteur, j'ai tout de suite été transportée à Istanbul, ville que je connais un peu. Moi même née et élevée dans un pays voisin, les sujets de la transformation societale et urbaine dans les Balkans ne me sont que très familiers (mes parents sont de la génération de Mevlut et comme lui ont quitté leur villages pour la ville), sans parler du fait que j'ai bu de la boza régulièrement toute mon enfance...
J'ai beaucoup aimé, vraiment. Malgré quelques longueurs et une fin un peu non concluante, mais pas de quoi ternir le souvenir que je garderai de ce livre, hâte de découvrir les autres romans de Pamuk.
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Une saga familiale qui se passe en Turquie entre exode rural crises politiques et jalousies en tout genre . Une chronique douce amère qui m'a fait penser aux Thibault de Martin du Gard . Je recommande fortement ce livre qui se lit avec grand plaisir.
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Orhan Pamuk est un auteur turque, né à Istanbul en 1952 et gagnant du prix Nobel de littérature 2006. Vous connaissez mon appétence pour les Nobel : Orhan Pamuk était donc dans ma liste d'auteurs à lire.

J'ai découvert l'oeuvre d'Orhan Pamuk par "La femme aux cheveux roux", livre rencontré par hasard chez un bouquiniste de seconde main. Cette entrée en matière m'a beaucoup plu : la fable oedipienne d'un petit puisatier et de son Maitre, immergés dans la province Turque. Petit livre (300 pages environ), j'ai décidé d'en lire d'avantage.
Mon choix s'est arrêté sur "Cette chose étrange en moi", publié en 2014. C'est le deuxième livre publié après son prix Nobel.

Dans ce livre, la nourriture est omniprésente. J'ai trouvé 3 niveaux de lectures pour illustrer en quoi le livre est rattaché au thème, sans pour autant vous résumer l'histoire.

1. Tout d'abord, la nourriture est le fil rouge du récit.

Mevlut est un vendeur de boza. La boza, c'est une boisson de céréales (quinoa, blé, maïs...) fermenté et servi avec des pois-chiches grillés en amuse-bouche. La boza contient un peu d'alcool dû à la fermentation : c'est en partie ce qui la rend apprécié de l'Empire Ottoman, qui à l'époque vivait sous la prohibition d'alcool.
Dans les années 1960, la boza se vendait par des marchands itinérants, une grande perche sur le haut du dos et deux gros paniers de part et d'autre : l'un contenant la boza, l'autre les pois-chiches. A la nuit tombée, les vendeurs de boza déambulaient dans les rues, criaient "bozaaaaaa" et se faisaient invités chez les stambouliotes de toutes classes. le marchand de boza n'était à l'époque pas une attraction : c'était un conteur d'histoire, un symbole d'authenticité et de traditions ottomanes.
Mevlut, comme son père, vend de la boza. Il perpétue la tradition est il est heureux.

2. Ensuite, la nourriture est l'argument social et historique de la Turquie moderne.

Orhan Pamuk raconte les défis que rencontre Mevlut à continuer son activité de vendeur de boza avec les évolutions des habitudes de consommation (le raki, les glaces...), les technologies (les frigidaires, les pots en verre...), le contexte social local (l'agrandissement tentaculaire d'Istanbul, la corruption, la religion...) et le contexte géopolitique.
D'ailleurs, Mevlut a très peu d'avis sur tous ces sujets. A l'inverse de ses cousins ou des gens qu'il rencontre, il est plutôt passif et s'exprime peu. Pour illustrer, je vous conseille la lecture de l'extrait relatant de l'"Homme au char" de la place Tian'anmen en 1989.

3. Enfin, la nourriture est traité comme un "acteur" de la narration.

Orhan Pamuk utilise la nourriture comme un personnage à part entière, tantôt en fond tantôt au premier plan. Je suis tenté de dire que c'est le personnage principal du livre : il est utilisé sur chacune des pages, comme l'illustre le cours extrait sur la soupe aux lentilles.
Cette scène, avec la soupe aux lentilles, est représentative de la relation entre Mevlut et son père. Elle est aussi représentative de la relation de ce père aux changements de la société.

Certains diront qu'il est lent. le rythme lent nous invite à observer la ville, les rues et les gens. Comme Mevlut qui déambule dans la ville et parle à des gens, le livre nous invite à prendre part aux discussions. le roman se veut polyphonique, chaque point de vue se confronte. Pour parcourir 40 ans d'histoires, 800 pages ce n'est pas de trop. Il faut prendre son temps ; c'est immersif.
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Passionnant, dépaysant, envoûtant !
Voilà les mots qui me viennent à l'esprit après la lecture de ce roman choral.
Je dois avouer que j'ai mis du temps à lire ce livre, mais je ne le regrette pas.
Orhan Pamuk dresse le portrait de sa ville natale à travers le regard et le vécu des gens ordinaires.
Une écriture simple à l'image du personnage principal, un rythme lent qui nous permet l'immersion dans l'ambiance turque et étrangement la magie opère. Les changements économiques et politiques se passent sous nos yeux, les bruits de la ville arrivent jusqu'à nos oreilles et malgré les années qui passent, on a l'impression d'entendre une voix crier, à la tombée de nuit : " Boza ! Boza !
Cette voix est celle de Mevlut, le migrant qui ne se plaint jamais et qui avec son enthousiasme éternel gagne le coeur du lecteur.
Plusieurs personnages accompagnent notre héros dans ses aventures et apprend en même temps beaucoup de choses sur les coutumes turques et la vie des gens simples. Un livre difficile à lâcher, malgré la multitude des anecdotes familiales.
Il s'agit d'un pavé de plus au moins 700 pages, idéal pour les longues soirées d'hiver.
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Mevlut a 25 ans quand, avec l'aide d'un de ses cousins, il enlève celle qui sera l'amour de sa vie. Trois ans plus tôt il avait croisé le regard d'une belle jeune femme lors d'un mariage. Pendant trois ans il va lui écrire des lettres pour lui déclarer sa flamme, sans que la destinatrice ne réponde jamais. Mais persuadé que le père s'opposera à ce que sa fille cadette épouse un vendeur de yaourts d'Istanbul, il n'a d'autres choix que de l'enlever.

Cette histoire d'amour est le fil conducteur du livre du Prix Nobel de littérature Ohran Pamuk. Au même titre que la « boza », boisson à base de produit lacté (et légèrement alcoolisée) que Mevlut vendra dans les rues stambouliotes jusqu'en 2012.

De 1969 à 2012 « Cette chose étrange en moi » nous raconte la vie de Mevlut, représentative de celle ces Anatoliens qui quittèrent la misère de leurs montagnes espérant trouver à Istanbul une vie meilleure.

Mevlut est encore un enfant quand il quitte son village d'Anatolie Centrale pour suivre son père à Istanbul. Comme beaucoup de membres de sa famille, de voisins ou de villageois. Sa mère et ses soeurs quant à elles, choisiront de rester au village.

A travers l'histoire de Mevlut c'est l'histoire d'une ville (et d'un pays) que nous voyons évoluer sur plus de 4 décennies. Sur ses pas dans les rues de la ville, grâce aux descriptions très détaillées d'Orhan Pamuk nous voyons les bidonvilles des collines qui surplombent la vieille ville se transformer, grossir, se moderniser, être progressivement englobés dans la ville. Nous vivons l'évolution de la société turque et de ces migrants de l'intérieur : la débrouille, les petits métiers qui disparaissent petit à petit, l'urbanisation croissante, l'arrivée de l'électricité et de la spéculation immobilière, les regroupements par affinité communautaire, l'entraide ou l'exploitation, les chiens errants, la vie politique ou religieuse, les traditions (Anatoliennes et Stambouliotes), l'islamisation.

Le récit commence avec un narrateur, regard extérieur, qui nous raconte le destin du personnage principal. Puis arrivent d'autres voix : celle sur père, du cousin, de la mère, de l'épouse, du meilleur ami, puis une multitude de personnages qui sont les témoins de la vie de Mevlut et qui vont s'adresser au lecteur à la première personne, livrant leurs émotions, leur version, leur vérité ou leurs mensonges. Des voix comme l'expression des antagonismes omniprésents : entre les deux familles, les deux collines, entre sunnites et alevis, entre Kurdes et grecs, entre régions, entre campagne et ville.

Les chapitres sont relativement courts. le ton simple des récits, des témoignages nous place dans une grande proximité avec les personnages. Comment ne pas aimer Mevlut, homme bon que la plupart trouvent naïf parce qu'il ne vit pas pour l'argent, qu'il se satisfait du bonheur d'une vie familiale simple, parce qu'il fuit les complications. Cette vie empreinte d'une spiritualité parfois minimaliste mais guidée par la volonté de ne nuire à personne d'un homme qui s'interroge constamment sur le bien et le mal. Chaque personnage qui s'exprime livre un peu de l'âme de ces populations qui ont construit la Turquie moderne.

Un roman prenant, touchant, émouvant, passionnant.
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Ce n'est pas aussi bon que "Le musée de l'innocence", que j'avais trouvé si authentique, presque réel.
Ici, la plume de l'auteur est toujours aussi excellente. Les descriptions sont très réalistes et le récit de cette vie coule de source, avec toutefois quelques longueurs.
Un pessimisme a accompagné la quasi-totalité de ma lecture - c'est ce que je regrette le plus - et la fin a pris des tournures dramatiques si forcées que je n'ai pas pu m'empêcher de lever les yeux au ciel.
C'est un livre un peu amer - comme le boza ahah- , avec une première partie bien meilleure que la seconde.
Mais la dernière phrase en a valu la peine.
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Orhan Pamuk s'efforce d'écrire ses livres pour que chacun d'eux ne ressemble pas aux précédents. "Cette chose étrange en moi" est une tentative de créer un panorama historique d'Istanbul méticuleusement détaillé sur la base d'un matériel accumulé au cours des cinquante dernières années. de plus, cette fois, l'écrivain plonge dans un environnement inhabituel pour lui, celui des pauvres de passage, au bas de l'échelle de la société, s'assimilant peu à peu à la ville.

L'intrigue du roman est quelque chose de secondaire, bien qu'elle soit présentée avec des détails extraordinaires. Derrière tous ces innombrables détails, on ne peut plus distinguer la fiction qui est au coeur de tout bon roman. le documentaire fait prendre un ton sec à l'auteur, déversant littéralement beaucoup de faits, de dates, de signes du temps sur un lecteur non préparé. Tout cela manquait dans les précédents romans de Pamuk qui semble avoir décidé de se venger de toutes ces années où il a laissé le processus historique en dehors des parenthèses.

Il semble que Pamuk se soit épuisé sur les choses principales qu'il avait à dire sur la mélancolie, sur l'amour, sur le destin avec son meilleur roman "Le musée de l'innocence". Et depuis lors, bouche cousue. A quoi bon se répéter ? "Le livre noir", "Le musée de l'innocence", "Maison du silence" et même "Neige" sont de beaux contes de fées, un jeu d'imagination, des caprices de la mémoire, dans lesquels les amoureux vivent pendant des années comme sur une carte postale nostalgique ou dans un rêve. Dans "Cette chose étrange en moi" Pamuk s'est tourné vers la "vérité de la vie", aussi absurde que cela puisse paraître.

Oui, "Cette chose étrange en moi" est un roman historique. Et Pamuk n'aurait pas été Pamuk s'il n'y avait pas poussé à la fin cette note perçante qui rappelle ses créations précédentes.

Tout le reste est très banal, narration ordinaire et presque journalistique. Pourtant nous aimons Pamuk pour autre chose peut-être...
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