Comme "
Les Provinciales", cet essai, en édition posthume ( 1670 ), montre la profondeur des
pensées de
Blaise Pascal, qui ne mâche pas ses mots.
La première partie comporte "Trois Discours" pédagogiques et percutants adressés à un prince, fils du duc de Luynes.
La première lettre traite de sa condition de prince, et lui demande de ne pas oublier que s'il fait partie de la noblesse, c'est dû au hazard de la naissance ;
la seconde lettre lui montre qu'il peut être "le duc" avec toute sa puissance, mais qu'il peut aussi choisir d'être un honnête homme ;
la troisième lettre lui indique deux chemins de vie : la charité ou la concupiscence.
.
La deuxième partie du livre comporte six liasses extraites de "Les
Pensées", intéressantes, mais ce sont des aphorismes dont
Pascal, mort trop tôt, à 39 ans, n'a pas eu le temps d'assembler en un essai cohérent qui eût produit, je n'en doute pas, un livre fort intéressant !
Ses
Pensées m'évoquent les aphorismes de
Nietzsche, ou, plus modestement, les
pensées que mon père jetait sur un petit carnet qu'il avait toujours avec lui.
Les unes sont lapidaires, d'autres sibyllines et confuses, raturées, dont je n'ai pas pu profiter ;
mais certaines sont plus développées et plus abouties, et l'on reconnait la belle plume de l'auteur quand il construit une idée, un raisonnement.
A l'issue de ces 129 "
pensées", j'ai pu sortir un modèle, une systémique pour m'y retrouver, mais qui n'engage que moi.
Son "système humain" semble être tripode : Raison / Coeur / Nature, dominé par Dieu... ( ou non ; car il y a le fameux pari de
Pascal ).
Dans la Raison, il met les dogmatiques, hommes de principes ;
ceux-ci sont en conflit avec les pyrrhonniens, rois du doute, auxquels il associe peut-être
Descartes ;
Dans la Nature, c'est l'homme original, auquel, mais pourquoi ( ? ) il associe
Platon ;
enfin, il y a le Coeur, qui n'est pas bien défini ;
et puis, il y a les Instincts, qui sont peut-être la liaison entre le Coeur et la Nature.
L'homme instinctif aime le tumulte, le divertissement, car au repos il s'ennuie. du tumulte viennent tous nos maux : honneurs ( orgueil ), chasse, et surtout guerre. le tumulte permet de ne pas penser.
Pascal trouve absurde que, 6000 ans après qu'Adam et Eve aient croqué dans la pomme, l'homme soit encore puni de péché, de tumulte, d'agitation et de guerres.
L'homme, qui est un roseau pensant, ferait mieux de rester chez lui, à réfléchir ( comme lui, semble-t-il dire ) !
Voltaire le rejoindra : "Cultivons notre jardin", de même que
Paulo Coelho avec "
L'Alchimiste".
.
Bon, autant les "Trois Discours sur la condition des Grands" sont limpides, autant "Les
Pensées" manquent de liaisons, ce qui, en essai abouti, eût produit un livre très intéressant !