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Carlo Ossola (Autre)Léo Texier (Autre)Lidia Breda (Autre)
EAN : 9782743651985
157 pages
Payot et Rivages (27/01/2021)
3.65/5   10 notes
Résumé :
"Le projet de Pavese est celui d'une poésie narrative, d'un vers épique moderne, adapté à des héros d'un genre nouveau, rabaissés, vaincus, rêveurs et damnés." L'oeuvre poétique de Pavese est un objet tout à fait singulier. Elle est à la fois moderne et antimoderne, pastorale et citadine, froide et lyrique. Sans être assignable à un quelconque mouvement littéraire majeur, elle se situe à la croisée de tous : marquée aussi bien par la nostalgie du mythe, se faisant p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Troisième et dernière excursion estivale dans la poésie italienne. Après l'industrieuse Bologne de Nella Nobili et la sensuelle Sicile de Goliarda Sapienza, place à Pavese et au Piémont, direction les Langhe et aussi la mystérieuse Turin.

Pourquoi cette précision du lieu tout à coup ? C'est que pour Pavese c'est une donnée essentielle de sa poésie, qui aurait été différente s'il était né à Rome, à Susa ou à Castellabate … Son pays natal, il décrit avec un réalisme sans concession, sans fleurs et fruits pour le rendre plus lyrique. C'est un pays rugueux comme les hommes qui y habitent, un pays de côteaux striés de vignes et de terre brûlée par le soleil, où « la chaleur rend fou jusqu'aux animaux».

Et puis il y a Turin, la ville qu'on voit s'illuminer du sommet des collines, à la nuit tombante. Turin, l'inconnue qui attire les jeunes paysans des alentours, même si on ne quitte jamais vraiment les Langhe, « cela vaut la peine de revenir, peut-être en ayant changé. »

Turin, là où l'herbe est remplacée par les rails. La ville où les passants sont des anonymes sans histoire, sans visage et sans corps. La ville où chacun est seul pour supporter le poids de la vie. C'est aussi la brume du fleuve qui lave les misères, les espérances trahies et la faim, et l'usine et les discours politiques, toujours trop longs :

« Il vint lui aussi à Turin, cherchant à s'y faire une vie,
Et y trouva l'injustice. Il apprit à travailler
En usine sans sourire. Il apprit à mesurer
Sur sa propre peine la faim des autres,
Et il trouva partout l'injustice. »

Turin, c'est aussi une certaine idée de la femme, loin des clichés en cours dans les campagnes, où la femme est soit « calculatrice, impitoyable et mesquine » soit elle ne compte pas, « elle fait des enfants et ne dit rien ». Non les Turinoises sont « malicieuses, habillées pour être regardées, elles marchent seules. […] Elles connaissent la vie à fond. Elles sont libres.» Prenez par exemple, Deola, qui fume paisiblement et respire le matin. C'est presque une dame, qui surtout n'attend personne.

Ce recueil est une série de petits tableaux ou de petites scènes de court-métrages, filmés en plans fixes ou lents. On y voit ce diner triste, où « il reste du pain et du raisin sur la table blanche / les deux chaises se regardent en face, désertes.». Ou les sablonniers sur le fleuve, au crépuscule, « assis à la pointe des bateaux, une braise de feu leur brûle les lèvres ». Ou la maison en construction où « les briques découvertes se remplissent d'azur, pour l'heure où les voûtes seront fermés ». C'est une poésie d'atmosphère, de silence et de brume, une poésie empreinte aussi de nostalgie, de solitude et d'indolence.

Je referme ce livre et m'en vais placer un disque du regretté Gianmaria Testa, un autre artiste de cette région austère du Piémont à la voix rocailleuse, et me servir un petit verre de Nebbiolo.
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Ce recueil me réconcilie avec Pavese. Je n'aimais pas trop ses romans ou nouvelles. Mais j'avoue avoir été subjugué par sa perception de la vie, à travers ce choix de poèmes. J'ai cru comprendre que ce recueil était un choix de poèmes tirés de « Travailler fatigue ». Plus quelques poèmes posthumes dont le célèbre « Verrà la morte e avrà i tuoi occhi ». Alors je ne comprends pas le choix de traduction de choisir « use » à la place de « fatigue » pour « stanca ». Stancare signifiant fatiguer. Même si le sens de « user » s'applique assez bien dans ce contexte, ça me paraît un peu bizarre. Bon !
L'ambiance de ces poèmes est tout simplement bouleversante. Les thèmes récurrents sont : l'homme seul ; l'opposition entre la campagne – les collines des Langhe - et le travail dans les champs et la ville, en fait Turin, où on travaille à l'usine  ou sur les chantiers ; les femmes, ou plutôt « la » femme, dans tout ce qu'elle a d'inaccessible à l'homme qui ne peut que la regarder passer ; la frustration permanente, le mal de vivre, la chaleur étouffante...Vous aurez compris que c'est une poésie du mal de vivre. A l'image de son auteur. Il s'en dégage une vision essentielle de l'Homme, de son impossibilité de communiquer. Chacun se retrouve seul face à sa vie, dans une certaine immuabilité. C'est une méditation sur le sens de la vie.
Je reconnais que c'est assez pessimiste mais c'est une vision assez réaliste de la condition humaine.
Une poésie qui correspond assez bien à l'époque actuelle.
Un grand merci aux éditions « Rivages » pour cette édition bilingue.
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"La voix la plus isolée de la poésie Italienne"
Disait le bandeau d'une vieille édition de Lavorare Stanca"

L'isolement de cette voix que Cesare Pavese me donne à entendre se révèle pour moi un enchantement !
Ce petit recueil de poèmes est une balade entre la campagne du Piémont, ses paysages
et la ville, Turin.
Chaque poème est une histoire, des moments dans le temps qui donne à rêver, réveille des émotions, nourrit une profonde réflexion. On y croise des regards, des femmes la nuit, les saisons, l'étoile du matin et puis l'usine, l'injustice : le travail use !

Cette poésie empreinte de nostalgie aborde le mal de vivre, la solitude "l'homme seul", l'absence, la mort, la peur et puis l'amour qui promet et qui effraie.
Une méditation sur la condition humaine.
Je découvre ce poète écrivain, charmée par cette douce résonance !
Merci à l'ami Babélio de ce conseil !


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Ce recueil m'a été offert par une amie qui voulait me faire connaitre l'oeuvre de Pavese. Je ne connaissais pas cet auteur et ce recueil a été pour moi une assez belle découverte. J'ai été ému et touché par certain poème tel que "Pensée de Deola" ou "Bois vert"...
L'auteur avec poésie arrive à nous démontrer la solitude humaine et les conditions de vie de l'homme. On lisant ce recueil je me suis aperçue que malheureusement ces poèmes sont encore d'actualité.
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Lavorare stanca
I versi di Pavese sono indubbiamente qualcosa di non letto prima e mi lasciano uno strano sapore in bocca. Un gusto un po' amaro, come quello del rimpianto, un gusto un po' aspro come quello del sudore del lavoro nei campi, un gusto dolciastro, come quello di un Amore non capito, “esigito” prima e abbandonato subito dopo.
La scrittura ruvida è ideale per descrivere il suo amore per le origini di campagna, il peso del lavoro, i mestieri umili, la vita vagabonda e oziosa, le prostitute… ma anche l'attenzione alla natura, lo stupore dei paesaggi collinari, la gradita e preziosa solitudine, le scoperte amorose. Sicuramente non siamo di fronte ad un uso della lingua cesellato e in finezza, ma è quel che ci vuole per parlare di quel che parla Pavese.
Detto questo, vi confesso che non fa per me! Tranne qualche rara espressione ben resa, ho trovato lo stile pesante e soprattutto non poetico! Sembra che Pavese voglia fare dei versi con parole le più nude possibili, con le quali costruisce frasi rispondenti ad una certa metrica, ma non versi! L'atmosfera è cupa e sciatta , come i temi trattati, che si ripetono di pagina in pagina, schiacciando il piacere del lettore. Una certa morbosità ne trapela e mette a disagio. Uno dei più grandi autori italiani del xxesimo secolo…
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Jadis il avait des camarades et il n'a pas trente ans.
Il était de ceux d'après la guerre, qui ont grandi dans la faim.
Il vint lui aussi à Turin, cherchant à s'y faire une vie, et y trouva l'injustice. Il apprit à travailler en usine sans sourire.
Il apprit à mesurer sur sa propre peine la faim des autres,
et il trouva partout l'injustice. Il essaya de trouver la paix en parcourant, somnolent, les rues interminables dans la nuit, il vit seulement les lampadaires par milliers éclairant de trop de lumière l'iniquité : femmes enrouées, soûlards, pantins titubants égarés.
Il était arrivé à Turin un hiver, dans le feu des usines et la crasse des fumées ;
Il savait ce qu'était le travail. Il acceptait le travail comme étant le dur destin de l'homme. Mais si seulement les hommes pouvaient l'accepter, si seulement il y avait une justice. Il se fit des camarades. Il supportait leurs longs discours, qu'il dut écouter, attendant qu'ils finissent............

D'un coup il cria que ce n'était pas le destin si le monde souffrait, si la lumière du soleil leur arrachait des jurons,
que le coupable, c'était l'homme.
Au moins pouvoir s'en aller, mourir de faim librement,
dire non à une vie qui utilise l'amour et la pitié,
la famille et le lopin de terre pour nous lier les mains.
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L'homme seul se lève quand la mer est encore sombre et que les étoiles vacillent. La tiédeur d'un souffle monte sur la rive, où se trouve le lit de la mer, et adoucit l'air respiré.
C'est l'heure où rien ne peut arriver. Entre ses dents même sa pipe pend éteinte. Le clapotis nocturne de l'eau est sourd.
L'homme seul a déjà allumé un grand feu de bois et le regarde empourprer le sol. La mer aussi d'ici peu sera comme le feu, ardente.
Il n'est pas de chose plus amère que l'aube d'un jour où rien n'arrivera.
Il n'est pas de chose plus amère que l'inutilité.
Pend dans le ciel, lasse, une étoile verdâtre surprise par l'aube.
Elle voit la mer encore sombre et cette tache de feu près de laquelle l'homme, pour s'occuper, se réchauffe ;
Elle voit et tombe de sommeil entre les montagnes noires où se trouve un lit de neige.
La lenteur du moment est cruelle, pour qui n'attend plus rien.
Vaut-il la peine que le soleil se lève sur la mer et que commence une longue journée ?
Demain reviendra l'aube tiède avec sa lumière diaphane et ce sera comme hier et jamais rien n'arrivera.
L'homme seul voudrait seulement dormir.
Quand la dernière étoile s'éteint dans le ciel, l'homme prépare lentement sa pipe et l'allume.
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Toi aussi tu es l'amour.
Tu es de sang et de terre
Comme les autres. Tu marches
Comme celle qui ne s'arrache pas
Au seuil de sa porte.
Tu regardes comme celle qui attend
Et ne voit pas. Tu es la terre
Qui souffre et se tait.
Tu as des sursauts et des fatigues
Tu as des mots - tu marches
Dans l'attente. L'amour
Est ton sang - rien d'autre.
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Vaut-il la peine d'être seul, pour être toujours plus seul ?
Si on ne fait qu'y traîner, les places et les rues
sont vides. Il faut arrêter une femme
et parler et la convaincre de vivre ensemble.
Ou alors, on parle tout seul. C'est pour ça que parfois
des poivrots nocturnes se lancent dans des discours,
et racontent les projets de toute une vie.

Travailler use - lavorare stanca (extrait)
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Un de nos ancêtres a dû être bien seul
- un grand homme entouré d’idiots ou un pauvre fou –
Pour enseigner aux siens tant de silence.
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Videos de Cesare Pavese (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cesare Pavese
« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […] […] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […] Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […] […] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
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Référence bibliographique : Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
#UmbertoSaba #Canzoniere #PoésieItalienne
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