Ecriture au présent de l'indicatif, cela me plaît déjà énormément. Les 100 premières pages sont emberlificotées, avec beaucoup de flashbacks très rapides, mais qui n'entament pas (trop) la lecture. Les personnages sont vite campés, c'est très habile de l'auteur. Une fois les premiers chapitres assimilés, le lecteur se fait à l'écriture et tout s'éclaire.
Ensuite, le roman alterne les parties. le lecteur passe de Joe dans sa relation avec les pêcheurs (son sujet de recherche anthropologique) à Joe dans sa relation avec Day, médecin à la clinique proche. Et on glisse peu à peu dans les drames familiaux et personnels. D'abord, avec une adolescente enceinte, qui souhaite avorter, mais se fait rattraper par la famille et la religion. Ensuite avec un compagnon de pêche de Joe, Ray, dont la personnalité est pour le moins inquiétante. Surtout via son ambivalence sexuelle.
Le drame annoncé en page 85 ("4 mois plus tard"), à la fin de la première partie, et dont le lecteur ne sait encore rien, se dessine peu à peu. C'est bien amené, terriblement humain.
Mention toute particulière au chapitre 14, dans lequel la famille de Joe déboule. Reed, Gray, May (la mère), Tawny (la chienne...)... le chapitre est envoyé au pas de charge. C'est jouissif, délirant.
Les chapitres de la tempête sont impressionnants. On vibre, vomit sous la houle, les tripes serrées, c'est bien vu. Payne aime la mer. le drame avance pas à pas. La communauté des femmes, des enfants et des vieillards attend au pub. C'est encore bien vu.
Le final est en demi teinte. le retour du père m'a semblé moyen. C'est très violent, sans issue, mais j'ai eu du mal à accrocher.
Le phare du titre... c'est beaucoup de choses. Différentes pour tout le monde. Car tout le monde possède un phare. La religion, la mer, les camarades, l'amour, les rêves inaboutis... Tout ce à quoi on s'accroche par vents et marées. En ce sens, le roman résonne en chacu de nous.
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Joe éprouve ce même sentiment qui l'a poursuivi sa vie entière -la conviction que toute dispute est viciée et que la victoire laisse un arrière-goût aussi amer que la défaite (p. 227).
J'aime cet homme, oh ! oui, mais j'enfonce lépée jusqu'à la garde et ne fais rien pour le soulager. C'est dur, d'aimer les hommes, mais il faut dresser ceux que l'on garde.
[...] Ray avait dit vrai: l'intimité est une porte que l'on ouvre ou que l'on laisse close. Ce qui importe, c'est de l'ouvrir, non à qui on l'ouvre.
Aux chiottes, la vérité. La vérité est surestimée. (p.183)
Pour la première fois de sa vie, Joe Madden se soumet à une force supérieure et, dans sa soumission,pour la première fois il se sent libre.