J'avais ce livre depuis longtemps, venu de je ne sais où, sans jamais y avoir attaché de l'importance, jusqu'à ce que je me dise, récemment, qu'un livre numéroté et imprimé sur du beau papier pouvait être un objet de collection. Vérification faite sur les sites de vente, je me suis aperçu que tous ceux qu'on trouve sont numérotés, sans que ça leur accorde quelque plus-value que ce soit ! Mais, après tout, même si, la mer, ça n'a jamais été "ma tasse de thé" pourquoi ne pas le lire ? Malheureusement j'ai bien vite compris que, si l'éditeur a voulu faire de chaque livre une pièce unique ( la couverture forme enveloppe pour y glisser une feuille dédiée à la personne le recevant en cadeau ) c'est pour qu'il y ait au moins l'objet qui présente un intérêt quand le contenu n'en présente aucun ! Parce que, alors, le contenu !!! Aïe ! Ce n'est même pas trahir l'intrigue que de dévoiler le fait que l'auteur veut nous faire un remake du TITANIC, tellement il semble vouloir nous dire "voyez comme je cache bien la fin de mon livre". Même le titre, je ne l'avais pas remarqué avant la lecture, mais on réalise bien vite qu'il était, déjà, destiné à nous dévoiler cette fin : "
parti de Liverpool"... oui, mais pour arriver où ? Il nous fait décrire l'avenir immédiat du paquebot par un officier qu'il nous dit menteur et faiseur d'histoires, sans doute pour maintenir un suspense qui ne tient pas. Croyait-il vraiment que le lecteur, apprenant pourquoi ce bateau devait se casser et comment les dirigeants de la compagnie le savaient, allait se dire "ah, pourvu qu'il ait menti..." Et cette fin, que l'auteur a imaginé là, moi je dis qu'elle ne tient pas debout. Je ne connais rien à la mer, je ne connais rien aux bateaux, mais je pense être doué de quelques facultés qui me permettent d'évaluer ce qui peut être crédible, quand un auteur nous raconte une histoire qu'il veut réaliste. Si, pour le TITANIC, d'après ce qu'on peut lire, les architectes n'auraient pas pensé qu'un iceberg pouvait déchirer toute la longueur du bateau, permettant à tous les compartiments étanches de se remplir, ici ce serait parce que, dans un souci d'avoir un bateau méritant tous les superlatifs, on l'aurait conçu trop long, à tel point qu'il aurait suffi d'un petit choc à l'avant, choc qu'on nous décrit comme limité ( à tel point que les passagers ne s'en seraient même pas aperçus ) parce que le commandant aurait eu le temps de mettre son bateau "arrière toute". Il aurait suffi, donc, de ce choc, pour qu'un bateau tout neuf, lors de son voyage inaugural, se casse en 2, "en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire", selon l'expression consacrée. Aussi peu crédible, d'ailleurs, que l'attitude du commandant, qu'on nous présente comme le meilleur de la Compagnie, à un an de la retraite, respecté de tous pour sa connaissance de la mer, et qui aurait maintenu son bateau à la vitesse record qu'il devait atteindre, simplement pour obéir aux ordres, parce que, avant le lancement, il aurait reçu une lettre du représentant de cette Compagnie, lui donnant l'ordre d'amener le bateau "coûte que coûte" en Amérique en pulvérisant le record de vitesse ! Il aurait, ainsi, "tapé" contre un iceberg parce que, malgré le mauvais temps et la brume rendant impossible toute visibilité, il aurait maintenu sa vitesse record malgré des icebergs annoncés, et la présence de nombreux bateaux de pèche ! Et voilà ce commandant modèle qui, au lieu de diriger l'évacuation des passagers et de l'équipage, reste seul sur un autre pont, réfléchissant aux responsabilités ! Pour tenter de rendre l'ambiance plus dramatique, voilà son second qui visite le bateau à la recherche d'éventuels passagers restants, mais sans avoir pris la précaution d'emporter une lumière quelconque avec lui, ce qui permet à l'auteur de nous décrire la peur, la terreur, d'un homme dans le noir, n'entendant que les craquements du bateau, et remontant tout meurtri, avec les vêtements déchirés... Tellement peu crédible que ça ne réussit même pas à m'émouvoir !
Mais, pour couronner le tout, je me demande si ce bouquin ne serait pas destiné à la jeunesse ! L'éditeur a cru bon d'ajouter, à la fin, une vingtaine de pages de généralités sur les bateaux et la ligne de New York, qui ne sont pas écrites par l'auteur et qui font penser à un manuel scolaire ! Pauvre jeunesse, si on n'avait que ça à lui offrir ! L'auteur aurait pu, par exemple, prolonger son histoire par les scènes émouvantes et optimistes qui n'auraient pas manqué si son histoire était plausible, et dont la jeunesse aurait bien besoin pour réaliser que la vie continue, même après une catastrophe. Dans son histoire, il n'a prévu que peu de morts, le grand paquebot de la compagnie concurrente s'étant dérouté pour récupérer les survivants sur les chaloupes. Combien donc, aurait-il pu y avoir, de scènes de retrouvailles entre les membres d'une même famille, les amis... Mais non, il n'avait envie, que de nous décrire une catastrophe, le reste ne semble vraiment pas être sa préoccupation.
Alors, franchement, des trucs comme ça, ça ne devrait même pas être édité !