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(01/01/1900)
3.34/5   16 notes
Résumé :
"Il n'eut plus la force de se contenir, il sortit de la cabine et courut de toute sa force, heurtant les cloisons de la tête et des épaules, comme un fou. Un escalier encore, une coursive, et le silence inquiétant, et les plaintes, et les sanglots restaient derrière lui, en bas, diminuaient l'intensité, tandis que le beuglement de la sirène reprenait sa puissance et que la clameur des passagers se faisait entendre de plus en plus distincte."
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
J'ai découvert Édouard Peisson grâce à une récente critique de Gill, consacrée à son roman le Pilote. le hasard faisant souvent bien les choses, ma dernière visite chez Emmaüs m'a permis de mettre la main sur pas moins de trois livres de cet auteur, parmi lesquels La Carte marine et le Courrier de la Mer Blanche dans leurs belles éditions Grasset d'avant-guerre. J'ai commencé avec Parti de Liverpool parce qu'il s'agit probablement du titre le plus connu de Peisson, le seul qui m'évoquait à peu près quelque chose.

Parti de Liverpool commence au moment où le commandant Davies et son second Haynes prennent possession de l'Étoile-des-mers, le plus grand et le plus moderne des paquebots, tout frais sorti du chantier naval. Affrété par la Compagnie Transocéanique, cette merveille a été conçue pour battre le record de la Ligne, de l'Europe jusqu'à New-York. Et le navire se lance ainsi machine avant toute à travers un Atlantique Nord encombré d'icebergs... À ce stade, tout le monde a déjà compris que le roman est une transposition assez limpide de l'histoire du Titanic. Je ne gâche aucun suspense en écrivant cela : la référence est partout sous-jacente dans le texte, et ce dès les premiers chapitres.
Peisson sait incontestablement mener son histoire. Ses personnages ont de la consistance, de l'authenticité, et la vie sur la passerelle de commandement est très bien rendue. Rien d'étonnant à ça, quand on sait que l'auteur a lui-même été officier de marine marchande. Peisson a aussi le talent plus rare de faire ressentir à son lecteur ce que peut être la puissance des éléments. La mer est ici une présence menaçante, qui pèse sans répit sur le navire. Si l'auteur laisse d'emblée transparaître le parallèle avec le Titanic, c'est de façon évidemment volontaire : ce parallèle nourrit à chaque ligne l'inquiétude du lecteur. Procédé imparable.
À ce récit sans fioritures s'ajoute une interrogation de plus large portée : la Compagnie a voulu faire de l'Étoile-des-mers le navire de tous les records. Or parmi les officiers, des interrogations se font jour dès le départ : la longueur excessive du navire ne constituerait-elle pas une menace pour la sécurité de sa structure ? Et cette dernière peut-elle supporter sans dommages la vitesse que la Compagnie a imposée au commandant ? de façon très réussie, le roman livre ainsi ses personnages pieds et poings liés à des contraintes antinomiques qui n'ont pas pris une ride : les exigences de sécurité d'une part, contre les impératifs commerciaux et publicitaires d'autre part. On devine sans difficulté la morale qu'en retire Peisson.

Au bout du compte, voilà un roman où l'on prend le même plaisir que devant un film des années Trente ou Quarante, dès lors qu'on en accepte le rythme, le noir et blanc, les tirades d'acteurs, etc. En ce sens, si cela a vieilli, cela possède aussi beaucoup de charme. Sur la base de cette seule lecture, je ne mets pas encore Peisson aussi haut que Roger Vercel en matière de littérature maritime, mais j'ai bien l'intention d'approfondir prochainement la question.
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Je me suis laissée emportée par la plume d Edouard Peisson pour cette traversée qui, comme l'indique le titre part de Liverpool pour arriver le long de ces trois points de suspension. Si ce roman, cette longue nouvelle serais-je tentée de dire tant l'action est univoque et le groupe des personnages restreint, n'est pas aussi abouti que le merveilleux Sel de la mer (une des mes meilleures lectures de ces deux ou trois dernières années, je mettais donc la barre haut…), bien que sur un sujet similaire, j'en ai aussi aimé la lecture. Si le Sel de la Mer est très introspectif et s'attache avant tout à la psychologie du personnage principal, le commandant Godde, Parti de Liverpool est intéressant avant tout pour ses descriptions, et pour sa façon de nous montrer comment être homme de mer était toujours une aventure, même sur une ligne aussi fréquentée que la traversée de l'Atlantique, même au temps de la machine à vapeur et des grands bateaux. Peisson est certes fasciné par les officiers et la responsabilité qui pèse sur leurs épaules, mais ici il m'a semblé que le personnage le plus vivant était le bateau, cet Etoile-des-Mers fleuron de la Compagnie Transocéanique, le plus grand, le plus rapide, le plus luxueux de ses bateaux qui s'élance de Liverpool à la vitesse vertigineuse de vingt-huit noeuds pour sa traversée inaugurale. Davis en est le commandant, ce marin en fin de carrière réputé, lui « qui n'a jamais signalé une ancre engagée » (p. 127, Chapitre 1). Les instructions sont claires, il faut battre le record de traversée « coûte que coûte » dit le message de l'armateur. Voilà donc Davis pris entre son statut de seul maître à bord, sa prudence acquise au long d'une grande pratique de la mer, et les considérations mercantiles de ces terriens dont il ne fait plus partie.
Si cette trame rappelle un bateau fort célèbre, dont le naufrage marque pour certains le début du XXème siècle (au sens historique et non chronologique), ce n'est bien sûr pas un hasard. Ecrit quelques deux décennies plus tard, Peisson ne cherche pas à masquer son inspiration. Peut-être parce que je connaissais l'issue de cette histoire, peut-être parce que ce sujet a été surexploité dans les années passées, je dois avouer que ce livre m'a moins emballée, et que j'ai dû faire un effort pour m'enlever le Titanic de la tête et me laisser guider par la seule écriture de Peisson. J'en garde cependant la sensation d'une lecture agréable, de la brume sur mon visage et de la lourde veste de quart sur les épaules. Une lecture facile et plus qu'agréable comme une pause iodée dont j'avais besoin.
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J'avais ce livre depuis longtemps, venu de je ne sais où, sans jamais y avoir attaché de l'importance, jusqu'à ce que je me dise, récemment, qu'un livre numéroté et imprimé sur du beau papier pouvait être un objet de collection. Vérification faite sur les sites de vente, je me suis aperçu que tous ceux qu'on trouve sont numérotés, sans que ça leur accorde quelque plus-value que ce soit ! Mais, après tout, même si, la mer, ça n'a jamais été "ma tasse de thé" pourquoi ne pas le lire ? Malheureusement j'ai bien vite compris que, si l'éditeur a voulu faire de chaque livre une pièce unique ( la couverture forme enveloppe pour y glisser une feuille dédiée à la personne le recevant en cadeau ) c'est pour qu'il y ait au moins l'objet qui présente un intérêt quand le contenu n'en présente aucun ! Parce que, alors, le contenu !!! Aïe ! Ce n'est même pas trahir l'intrigue que de dévoiler le fait que l'auteur veut nous faire un remake du TITANIC, tellement il semble vouloir nous dire "voyez comme je cache bien la fin de mon livre". Même le titre, je ne l'avais pas remarqué avant la lecture, mais on réalise bien vite qu'il était, déjà, destiné à nous dévoiler cette fin : "parti de Liverpool"... oui, mais pour arriver où ? Il nous fait décrire l'avenir immédiat du paquebot par un officier qu'il nous dit menteur et faiseur d'histoires, sans doute pour maintenir un suspense qui ne tient pas. Croyait-il vraiment que le lecteur, apprenant pourquoi ce bateau devait se casser et comment les dirigeants de la compagnie le savaient, allait se dire "ah, pourvu qu'il ait menti..." Et cette fin, que l'auteur a imaginé là, moi je dis qu'elle ne tient pas debout. Je ne connais rien à la mer, je ne connais rien aux bateaux, mais je pense être doué de quelques facultés qui me permettent d'évaluer ce qui peut être crédible, quand un auteur nous raconte une histoire qu'il veut réaliste. Si, pour le TITANIC, d'après ce qu'on peut lire, les architectes n'auraient pas pensé qu'un iceberg pouvait déchirer toute la longueur du bateau, permettant à tous les compartiments étanches de se remplir, ici ce serait parce que, dans un souci d'avoir un bateau méritant tous les superlatifs, on l'aurait conçu trop long, à tel point qu'il aurait suffi d'un petit choc à l'avant, choc qu'on nous décrit comme limité ( à tel point que les passagers ne s'en seraient même pas aperçus ) parce que le commandant aurait eu le temps de mettre son bateau "arrière toute". Il aurait suffi, donc, de ce choc, pour qu'un bateau tout neuf, lors de son voyage inaugural, se casse en 2, "en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire", selon l'expression consacrée. Aussi peu crédible, d'ailleurs, que l'attitude du commandant, qu'on nous présente comme le meilleur de la Compagnie, à un an de la retraite, respecté de tous pour sa connaissance de la mer, et qui aurait maintenu son bateau à la vitesse record qu'il devait atteindre, simplement pour obéir aux ordres, parce que, avant le lancement, il aurait reçu une lettre du représentant de cette Compagnie, lui donnant l'ordre d'amener le bateau "coûte que coûte" en Amérique en pulvérisant le record de vitesse ! Il aurait, ainsi, "tapé" contre un iceberg parce que, malgré le mauvais temps et la brume rendant impossible toute visibilité, il aurait maintenu sa vitesse record malgré des icebergs annoncés, et la présence de nombreux bateaux de pèche ! Et voilà ce commandant modèle qui, au lieu de diriger l'évacuation des passagers et de l'équipage, reste seul sur un autre pont, réfléchissant aux responsabilités ! Pour tenter de rendre l'ambiance plus dramatique, voilà son second qui visite le bateau à la recherche d'éventuels passagers restants, mais sans avoir pris la précaution d'emporter une lumière quelconque avec lui, ce qui permet à l'auteur de nous décrire la peur, la terreur, d'un homme dans le noir, n'entendant que les craquements du bateau, et remontant tout meurtri, avec les vêtements déchirés... Tellement peu crédible que ça ne réussit même pas à m'émouvoir !
Mais, pour couronner le tout, je me demande si ce bouquin ne serait pas destiné à la jeunesse ! L'éditeur a cru bon d'ajouter, à la fin, une vingtaine de pages de généralités sur les bateaux et la ligne de New York, qui ne sont pas écrites par l'auteur et qui font penser à un manuel scolaire ! Pauvre jeunesse, si on n'avait que ça à lui offrir ! L'auteur aurait pu, par exemple, prolonger son histoire par les scènes émouvantes et optimistes qui n'auraient pas manqué si son histoire était plausible, et dont la jeunesse aurait bien besoin pour réaliser que la vie continue, même après une catastrophe. Dans son histoire, il n'a prévu que peu de morts, le grand paquebot de la compagnie concurrente s'étant dérouté pour récupérer les survivants sur les chaloupes. Combien donc, aurait-il pu y avoir, de scènes de retrouvailles entre les membres d'une même famille, les amis... Mais non, il n'avait envie, que de nous décrire une catastrophe, le reste ne semble vraiment pas être sa préoccupation.
Alors, franchement, des trucs comme ça, ça ne devrait même pas être édité !
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Roman qui s'inspire de la tragédie du Titanic. Une traversée inaugurale sur la ligne de New-York, un navire poussé au maximum de ses capacités pour battre un record, les conditions météorologiques qui sont mauvaises... le drame se devine. Mais celui-ci se vit en huis-clos, au sein de l'équipage, du commandant sur la passerelle, jusqu'aux chauffeurs en fond de cale. Ecrit par un auteur, ancien officier de la marine marchande, ce roman est avant tout un portrait de marins, et aussi un livre assez technique décrivant l'univers quotidien de ces hommes vivant sur les mers et océans, confrontés aux éléments. J'ai apprécié la sobriété de l'écriture et le regard juste posé sur la catastrophe. Pas de pathos, juste la description de ce que peux entraîner une avarie en mer. Une réflexion aussi sur le désir de réussite, et l'obtention d'une récompense, au détriment de la sécurité et des règles de prudence.
Livre très honnête.
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Edité 20 ans après le drame du Titanic, ce roman est un récit qui y ressemble à bien des égards. Comme c'est un livre, c'est l'écriture qui compte : le style est sobre et il est évident que Peisson connaît la mer et est précis dans ses descriptions. On sent la houle et on voit la brume.
Peut-être qu'au moment de sa sortie, il pouvait épouvanter et troubler les contemporains du Titanic. Honnêtement 110 ans après et 90 ans après, ce livre n'apporte rien à tout ce qu'on a pu nous en faire bouffer.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
(...) les voyageurs voyaient s'élever au-dessus d'eux la silhouette énorme de l'Etoile-des-Mers
A bord, Davis avait passé la matinée sur la passerelle, dans la chambre de veille et la timonerie. Il avait donné ordre au matelot qui astiquait les coupoles des compas et le cuivre de la barre, et qui frottait avec amour le vernis des tables, de ne laisser pénétrer personne hors les administrateurs et le capitaine d'armement. Celui-ci était venu. Sa ronde personne encadrée par la porte, le petit bonhomme avait interpellé Davis.
"Eh bien, commandant ! C'est un succès!
- C'est un succès, Jorgan."
Ils étaient plantés l'un devant l'autre, si dissemblables, tels Don Quichotte et Sancho. Davis faisait la grimace et sa face était marquée par le dur labeur des jours précédents. La figure de Jorgan, tout au contraire, était ronde et colorée comme une pomme du Canada, et son oeil brillait joyeusement.
"Ne faites pas cette triste mine, Davis.
- Je ne fais pas triste mine. Jorgan, et les sourires ne sont pas payés. Votre travail finit aujourd'hui, le mien continue.
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Le navire était illuminé comme pour une fête, mais des caches empêchaient que les lumières fussent aperçues de la passerelle où veillaient Davis et Gérard. Là, l'obscurité était profonde, et le vent qui avait rampé sur l'eau pendant des milles et des milles arrivait à eux baigné d'humidité et de la lourde senteur de l'océan. Après avoir giflé la hanche droite de l'Etoile-des-Mers et les quelques hommes qui veillaient, il filait vers le Sud pendant encore des milles et des milles et se perdait.
L'avant du navire, le gaillard, les treuils, les mâts de charge jumelés formaient un bloc qu'il fallait un moment pour distinguer, animé d'un même mouvement, rigide et qui pourtant s'assouplissait comme pour se couler plus facilement dans la lame.
Plus loin se devinait la masse très sombre et un peu houleuse de l'océan, et parfois une lame plus forte et plus profonde, qui déferlait.
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Jamais ne lui venait à l'esprit que sa vie aurait pu être autre que ce qu'elle avait été, qu'il aurait pu avoir une femme et des enfants. Il était trop habitué à la solitude. Le temps ne lui paraissait pas exister : les hommes seuls disparaissent et leurs ouvrages. La terre demeurait la même, l'océan avait les mêmes houles, la même odeur, et le vent était éternel. Cette houle qui soulevait l'Etoile-des-Mers et ce vent qui coulait dans les agrès une mélodie si familière. Car ces rêveries ne lui faisaient pas perdre le contact avec la réalité, elles accompagnaient le présent et donnaient à la vie de Davis une saveur nouvelle.
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Il y avait quelque chose de nouveau en Davis, quelque chose qu'il n'avait jamais ressenti, d'inconnu, qui s'était fixé en lui au moment du départ et qui, d'heure en heure, ne faisait qu'augmenter. De même que le mal s'installe dans un corps discrètement puis grandit, s'impose, domine, sans que l'on puisse dire à quel instant il s'est fixé. Mais cet inconnu chez Davis n'était pas un mal, ce n'était même pas quelque chose de physique. C'était un être nouveau qui s'était développé en lui si rapidement que l'ancien, le Davis de toujours, disparaissait presque complètement.
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« Enfin, à la mer. Là seulement on est un peu tranquille. » C’est la bonne odeur humide qui vient de la houle, vous prend aux narines et vous pique à la gorge ; c’est le bruit des lames qui tapent contre les tôles et les font vibrer. Les chaînes des ancres, dans le puits, se tassent peu à peu avec des heurts sourds, et le navire neuf s’étire, craque, gémit, les cloisons de bois se fendent, la peinture s’écaille.
(p. 141, Chapitre 2).
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