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EAN : 9781090029287
Via Romana (16/11/2012)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Voici l'intégralité des chroniques écrites par Jacques Perret dans l'hebdomadaire Aspects de la France. Ce premier tome couvrant les années 1948 à 1952 nous remet en compagnie de l'écrivain bien connu pour ses talents de polémiste. Chaque semaine, il inflige un traitement de choc à un sujet d'actualité, avec humour, dérision, légèreté ou profondeur. " Je traverse une période d'indulgence qui frise l'impartialité ", c'est dire qu'en temps normal, Jacques Perret prend... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Du boeuf bourguignon à la sécurité sociale, du néon aux concierges, de l'architecture contemporaine au Père Noël, quel que soit le sujet, ces chroniques, pleines d'humour et d'humeur, sont un régal. Et même si les opinions politiques du grand Jaques sont assez discutables, on s'en fout car son style inimitable emporte tout : on en vient presque à regretter la "citoyenneté mondiale Mérovingienne" ou le civet d'auroch de nos lointains ancêtres Cro-Magnon.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il est un peu tard pour parler de la grève du métro, surtout que je n'ai rien de très original à en dire, ni pour ni contre. En principe, je ne crois pas plus au caractère sacré de la grève qu'à la prétendue sainteté du travail. En outre, sans informations précises, je ne puis réclamer, comme je l'entends faire parfois, l'extermination pure et simple de la caste des poinçonneurs, sous prétexte qu'ils fournissent un travail indigne de ce nom. S'il fallait s'en prendre à tous ceux qui fournissent un travail indigne de ce nom, il y aurait fort à faire et je me demande bien souvent si écrire des chroniques est un travail digne de ce nom. Le poinçonneur n'est pas un personnage essentiellement dérisoire ; il s'apparente à tous les enfileurs de perles, et rêvasser en enfilant des perles ou caresser des chimères en poinçonnant des billets honore autant la condition humaine que revendre en troisième main un lot de bas de soie au cours d'un apéritif d'affaires. De toute manière, un poinçonneur, même en grève, est plus sympathique qu'un portillon, même détraqué. Donc, ne comptez pas sur moi pour faire le procès du poinçonneur ; au plus avouerai-je ma tentation de renvoyer, pour son bien, tout ce prolétariat cryptique à l'agriculture d'où il vient, laquelle, par exemple, pourrait lui offrir, pour commencer, un sécateur à vendanger dont le maniement lui rappellerait les ivresses du poinçonnage aux heures de pointe. On en profiterait, bien sûr, pour murer une fois pour toutes les bouches du métro et rendre à l'air libre une population qui, de toute évidence, a la nostalgie de la marche à pied.

A propos de cette grève, on s'émerveille une fois de plus de l'angélique patience du public parisien : « La bonne blague, dit-on, que ce peuple prétendu frondeur ! Il encaisse toutes les brimades sans broncher, il a perdu les belles réactions de sa jeunesse, il est mûr pour n'importe quelle tyrannie, et gouverner un tel peuple est un jeu d'enfant. » Jugement hâtif, peut-être. Je penserais plutôt qu'en manifestant, soit contre les poinçonneurs, soit contre un gouvernement fauteur de chienlit, les Parisiens eussent témoigné d'une édifiante passion pour l'ordre, chose qui, assure-t-on, n'est pas dans leur vraie nature. Réjouissons-nous au contraire de voir le public accepter avec allégresse une telle rupture des routines quotidiennes et envisager avec si peu d'impatience le retour dans les tunnels du conformisme ferroviaire. Voilà qui prouve une belle vitalité ; il faut être jeune pour aimer la pagaille ; tout ce qui vient empêcher la machine de tourner rond est accueilli comme une aubaine et ce que les observateurs superficiels prennent pour de l'apathie est en réalité une prise de position en faveur du désordre, l'affirmation d'un goût vivace pour les aléas de l'anarchie, la plus sûre garantie enfin que puisse nous donner la population parisienne de son inaptitude aux futures disciplines de la technographie sociomaniaque, stakanovicieuse et totayloritaire où les poinçonneurs dopés feront des heures supplémentaires pour augmenter la production des petits trous, à la gloire de l'humanité en marche dans les souterrains de l'émancipation matérialiste.

Il y a aussi, dans cette patience des Parisiens, la séduction du pire. Depuis quelque temps en effet, à chaque scandale, à chaque brimade, à chaque démonstration de la capilotade parlementaire, à chaque pitrerie, escroquerie, tartuferie du IVe Gang, à chaque culbute des cabinets cascadeurs, le public, vidé de toute indignation, préfère défier le destin et claquer gaiement du doigt en se disant : « Tant mieux ! Remettez-nous ça ! Vivement que ça pète ! » Comme si chaque tournant de la vrille nous rapprochait de je ne sais quel point de chute sur je ne sais quel fond élastique tapissé d'espoirs. L'histoire nous offre évidemment quelques exemples de redressement à partir de zéro, mais on rebondit toujours un peu moins haut et, à bien réfléchir, aucune loi ne garantit le rebond.
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On pense quelquefois que je suis hostile au progrès, mais pas du tout, ce serait idiot. J'aime le progrès. Je n'y crois pas beaucoup mais je l'aime, non tel que les hurluberlus ou les coquins nous le serinent mais tel qu'il pourrait satisfaire aux vœux innocents du brave homme lequel n'a certainement pas pour idéal d'habiter les grands clapiers rationnels de la cité radieusement concentrationnaire, ou, comme le dit joliment Le Corbusier : rétrécie. Qu'on le veuille ou non, l'homme du XXe siècle, avant ou après J.-C., reste fidèle à son rêve d'habiter une petite maison à lui, d'y loger sa petite famille, d'y faire un feu qui se voit et d'ouvrir la porte à ses amis qui arrivent par la route et non par l'ascenseur. Il a le goût du plain-pied, il aime la terre, il veut que sa maison soit posée dessus et non suspendue au grand perchoir collectif. Il veut son toit à lui pour y inviter qui bon lui semble. La cité radieuse et monobloc il s'en moque, il veut que la population soit comptée par feux et que toutes les fumées ne sortent pas par la même cheminée. C'est alors qu'il pourra nouer avec son prochain un commerce vraiment fraternel.
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Où l'on voit bien qu'il s'agit d'un piège c'est que la bâtisse fut d'abord annoncée sous le nom de Cité Radieuse. On n'y a pas vu malice, au contraire, c'était un peu clinquant, mais aguichant tout de même, et les bonnes gens se sont réjouis de la cité radieuse sans se douter qu'il s'agissait d'un faux nom. Quand la carcasse a pris la tournure qu'on sait, le grand architecte a dévoilé le vrai nom de son machin : Unité d'Habitation Conforme. Ça a jeté un froid. On annonce la kermesse et on inaugure le bloc numéro 1 du camp de concentration. Vexés, les Marseillais n'ont pu mieux faire que d'envoyer un sobriquet à ce pataquès aussi pas beau que louche : la Maison du Fada, et c'est sous ce nom que la corbusière anticipatrice fera son entrée dans l'âge d'or de l'urbanisme tératologique. Si seulement le grand architecte était un vrai fada, au sens provençal du mot, il aurait droit à notre sympathie et, au besoin, à nos encouragements car le monde commence à manquer de vrais fadas de bon aloi. Mais Le Corbusier n'est pas un vrai fada.
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Un bistrot de mon quartier vient de moderniser son établissement. A ce préambule, vous dites : « Bon, ça y est ! Le voilà encore qui nous écrit son papier avec une plume d'oie entre une chandelle de suif et la tabatière de ses aïeux ; il va encore nous gémir cent lignes sur quelque vieillerie, pleurnicher sur les moulins à vent et repousser du pied les fallacieux bienfaits de notre siècle. » C'est exact.
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[...] non seulement « Rosae » se dit « Rosaë », mais, par décret, « Civis » devient « Kiouis ». Chose après tout compréhensible quand à la radio Churchill se dit Tcheurtchil, quand au « Journal Officiel » Levy s'écrit Martin, quand à Bonn nazi se prononce démocrate, quand au tribunal vengeance se dit justice, quand picrate se nomme Pommard, quand « Journal des demoiselles » s'appelle Sexual Digest, quand pétaudière se prononce IVè République, etc., etc., la liste est longue parce que plus rien ne s'écrit comme ça se prononce ni ne se dit comme ça s'écrit et quand on vous dit que ça se prononce comme ça s'écrit, c'est une feinte car en général ça s'écrit comme on n'ose pas le prononcer et ça se prononce comme on a peur de l'écrire.
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Vidéo de Jacques Perret
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
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