Au fin fond de la Sibérie. 1992-2008. Un femme très attachante
C'est avec autant de plaisir que d'intérêt que nous retrouvons Agafia Lykova, la dernière survivante d'une famille de vieux-croyants qui vit en autarcie depuis les années trente, coupée du monde (le ‘‘siècle'') qu'elle a fui pour échapper à la répression stalinienne.
Découverte en 1978 au fin fond de l'Altaï par des géologues, c'est
Vassili Peskov, journaliste à la Komsomolskaia Pravda, qui révèlera leur existence en 1982 sous la forme d'un long feuilleton paru dans son journal. Les épisodes en ont été regroupés par la suite dans son précédent ouvrage,
Ermites dans la taïga, paru en 1992 en France aux éditions
Actes Sud.
Il semble d'ailleurs que la France occupe une place toute particulière dans le coeur de
Vassili Peskov puisque le premier chapitre de ce second ouvrage s'ouvre contre toute attente à Paris. S'ensuit le récit de ses nombreuses visites (42) qu'il rendra à Agafia au fil des ans entre 1992 et 2008.
Vassili Peskov disparait en 2013 à 83 ans. Agafia née en 1945 lui aura survécu. Aux dernières nouvelles, en 2022, elle vit toujours seule dans la taïga, dans un petit chalet spartiate qu'un oligarque a fait construire, démonter, transporter par hélicoptère et reconstruire sur place tout spécialement pour elle.
Yves Gauthier, le traducteur, rapporte dans sa préface que
Peskov qui a côtoyé les plus grands hommes de l'union soviétique tels le maréchal Joukov ou Iouri Gagarine considère qu'Agafia est la personnalité la plus intéressante, la plus fascinante, la plus attachante aussi qu'il ait connue.