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EAN : 9782330075378
256 pages
Actes Sud (01/03/2017)
3.85/5   60 notes
Résumé :
Mary Lohan, qui vit à Boston, est dépêchée en Argentine pour évaluer un collège souhaitant intégrer la prestigieuse institution pour laquelle elle travaille. Le problème est qu'elle a fui ce pays vingt ans plus tôt sous le nom de Marilé Lauría. Au bout du voyage : un homme qu'elle tremble à l'idée de rencontrer et le souvenir d'une faute jugée impardonnable.
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Les livres de Claudia Pineiro sont comme les escaliers roulants à l'entrée des casinos à Las Vegas . À peine un pied mis sur l'escalier pour y jeter un coup d'oeil par curiosité, et hop ! vous voici en plein dedans.....le reste je vous en donne un zeste ici, de quoi vous tenter.

"Une chance minuscule" de Pineiro, c'est une petite (mal)chance qui au long d'une vie peut totalement en changer le cours. Est-ce la chance, le hasard ou le destin ?

Une trentenaire blonde, aux yeux bleus, mariée, vivant dans un quartier huppé de Buones Aires, du jour au lendemain quitte tout, disons plutôt se sauve aux Etats-Unis, à Boston. Pourquoi ? mystère.
Vingt ans plus tard, par un concours de circonstances auquel elle ne peut échapper, elle y retourne pour une mission professionnelle, en quinquagénaire rousse, aux yeux de jais ( lentilles de contact colorées ).
La trentenaire Marilé Lauria s'est mutée en la quinquagénaire Mary Lohan, avec une voix voilée de dysphonie et d'inflexions de sa nouvelle langue, donc incognito assuré. Il y a un ex-mari argentin, un mari américain décédé et un "lui" abondonné, suite à la fuite.
Voici le début.....et l'autre bout des escaliers roulants.

Mary Lohan ou Marilé Lauria ou Maria Elena Pujol. Trois noms, trois vies; une seule personne. Et "une chance minuscule " qui en décide pour elle à chaque fois.
C'est elle qui nous raconte son histoire avec minutie, entrecoupée d'une drôle d'anecdote qui revient en boucle, intacte ou légèrement modifiée comme un film qui avance slow motion, une anecdote qui ne présage rien de bon......vous êtes déjà figés devant les "slot machine", en train de vider vos poches....

L'auteur joue ici, magistralement avec "le temps". Elle le gère comme elle le veut, aidé d'une construction originale, tout aussi magistrale. Une histoire trés dure, poignante, où elle pose de nombreuses questions sur les tours que nous joue le destin, et le rôle de notre propre libre arbitre et responsabilité qui y sont impliqués, pendant et après . "Nous ne pouvons pas tous faire le meilleur choix, nous n'y avons pas été préparés....le reste de notre vie nous donne encore l'occasion de faire des choix pour réparer ou perdre pour de bon la possibilité de réparer nos erreurs ".
Et cerise sur le gâteau, la bibliothérapie.

Toute cette combination est parfaite pour vous faire passer une nuit blanche, préparez vos mouchoirs.....et ne passez pas à côté de cet excellent cru Pineiro !

"C'est peut-être cela, le bonheur, un instant où l'on est là, tout simplement, un moment quelconque où les mots sont de trop car il en faudrait trop pour le raconter."



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Mary Lohan, la cinquantaine, rousse aux yeux foncés, embarque sur un vol New York – Buenos Aires. Elle retourne dans son pays natal vingt ans après l'avoir quitté, après avoir fui un drame qui, faute d'une chance minuscule, n'a pas pu être évité, et dont elle est responsable.

A l'époque, Mary s'appelait Marilé Lauría, était blonde aux yeux bleus et vivait dans une banlieue huppée de Buenos Aires, fréquentant des familles dont les enfants sont inscrits à St-Peter, collège chic et privé.

Aujourd'hui, c'est précisément à St-Peter que Mary est envoyée, pour une mission professionnelle qu'elle n'a pas vraiment cherchée, mais pas vraiment évitée non plus. Chance ou malchance minuscule, elle l'ignore encore. Ce qu'elle sait, c'est qu'elle est anxieuse, désirant et redoutant à la fois d'être reconnue malgré sa nouvelle apparence et ses lentilles de contact colorées. Elle craint, en même temps qu'elle souhaite, de croiser un homme en particulier, d'être obligée ou d'avoir envie de lui rendre des comptes.

Peu à peu, Mary/Marilé raconte son histoire, sa jeunesse, son mariage, sa vie paisible et vaguement ennuyeuse, jusqu'à la tragédie qu'elle a provoquée involontairement. Victimes et "coupable" vivant dans le même microcosme, l'atmosphère devient rapidement irrespirable pour Marilé, ostracisée par son entourage et son mari, tous odieux et hypocrites. Elle ne reçoit aucun appui, elle est seule au monde, ou presque. Mais s'il n'y avait que ça, elle pourrait le supporter. Mais sa seule présence risque de causer la souffrance de quelqu'un d'autre, alors elle part, brisée. Et si elle ne rompt pas tout à fait et revient à Buenos Aires aujourd'hui, c'est parce que dans sa fuite à l'époque, elle a pu compter sur la gentillesse d'un inconnu, rencontré par la grâce d'une chance minuscule.

Et si elle ne s'était pas mariée, et si elle avait acheté une nouvelle voiture, et si le collège, et si la récompense, et si quelques minutes de retard, et si, et si...

Les causes, les conséquences, leur enchaînement sans fin: avec des si, l'éventail des vies à vivre et des histoires à raconter est infini. Mais il y a toujours un choix à faire ou ne pas faire, qui condamne les autres possibilités, pour le meilleur ou le pire, mieux vaut peut-être ne pas savoir. Se retourner sur le passé ne le changera pas, mais il n'est peut-être jamais trop tard pour essayer de (se) réparer. C'est ce que Mary va tenter de faire, et au final peu importe qu'elle agisse consciemment ou poussée dans le dos par le destin.

Le hasard, la chance, la culpabilité et la résilience sont les thèmes de ce roman, avec en creux une critique de la riche bourgeoisie de Buenos Aires, comme dans "A toi" et "Les veuves du jeudi", précédents romans de C. Piñeiro. Mais ce roman-ci n'a rien de joyeux, il n'est que drame et douleur, n'empêche qu'il est magnifiquement écrit, sa construction chronologique parfaitement maîtrisée, et l'anecdote récurrente du train, chaque fois plus complète, est une trouvaille ingénieuse, qui installe un suspense de mauvais augure.

Il se dégage beaucoup d'émotion et de sensibilité de ce roman majuscule, quelle chance (pas minuscule) de l'avoir lu.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Coup de coeur - une auteure à découvrir
Dans l'avion qui la mène de Boston en Argentine, Mary Lohan se remémore sa vie quand elle était Marile Lauria et qu'elle résidait à Temperley dans une banlieue de Buenos Aires. Elle doit auditer un collège, pour le valider en tant qu'établissement partenaire, respectant le programme et les valeurs pédagogiques du Garlic lnstitute créé par Robert Lohan, son compagnon qui vient de mourir. Un voyage qui est comme un retour, chargée d'une mission qu'elle n'a pas choisie mais qu'elle a acceptée comme une mise à l'épreuve, une occasion d'affronter un passé douloureux et renouer peut-être avec des acteurs d'un drame qu'elle n'a pu surmonter. Un voyage aux allures de rédemption pour apaiser une plaie béante.

En alternant le présent et le passé, Mary Lohan révèle l'évènement tragique qui s'est déroulé et qui, avec Une chance minuscule, ne se serait pas produit, un instant qui a tout fait basculer et qui a changé la vie de cette femme intégrée et respectée socialement, qui va perdre son statut et qui, face au rejet et à l'opprobre de la communauté, préférera fuir et abandonner sa vie. Entre sa vie argentine de femme et de mère qu'elle pense accomplie, Marile devra se réinventer dans une nouvelle vie, celle de Mary Lohan, en conservant ancrées en elle les séquences minutieusement chronométrées des évènements pour tenter de les comprendre, apaiser sa douleur et se reconstruire.
Avec ce récit à la première personne, Claudia Piñeiro délaisse l'ambiance à la Claude Chabrol et son observation de la bourgeoisie argentine, et propose un roman plus intimiste, un retour sur une douleur qu'il va falloir surmonter pour trouver une rédemption. Une construction originale mêlant souvenirs et lettres, autant de points de vues qui permettent d'entrer dans l'intimité de cette femme et suivre sa reconstruction.

Un roman intimiste magistral et une écrivaine qu'il faut découvrir absolument.
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Cela fait 8 ans que les lecteurs français ont la possibilité de suivre le cheminement de la romancière argentine Claudia Piñeiro, depuis la parution de Les veuves de jeudi. Ce dernier est sans doute ce qu'elle a fait de mieux avec l'exquis et mordant Bétibou. Comme A toi, son livre précédent, Une chance minuscule génère une certaine déception malgré un talent de plume qui ne faiblit pas. En délaissant quelque peu le thriller social, bien qu'il en reste des traces, pour le mélodrame psychologique, le risque est d'affronter un genre difficile et qui peut se révéler aussi plombant que lacrymal, . Avec Une chance minuscule, Claudia Piñeiro a écrit un roman qui démarre comme un suspense familial autour d'une femme qui a fui son pays, son mari et son fils après une tragédie qui ne nous est révélée qu'après une centaine de pages. Son retour au pays natal sera un exorcisme, une torture et une résilience. Pour un peu, on se croirait dans un roman de Douglas Kennedy. le livre, entièrement écrit à la première personne, est totalement centré sur la personnalité de la narratrice qui, par bribes, raconte son passé et surtout ses souffrances. C'est un peu comme une voix off au cinéma, il y a la probabilité de la trouver envahissante au bout d'un moment surtout elle ne fait que ratiociner. Claudia Piñeiro tombe un peu dans ce piège, de façon répétitive d'ailleurs, mais comme elle a un savoir-faire indéniable, elle finit par emporter l'émotion dans les dernières pages d'Une chance minuscule. Les mouchoirs ne sont alors pas de trop.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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En prologue de ce roman de l'Argentine Claudia Piñeiro, une citation extraite de l'ouvrage d'Alice Munro, L'Amour d'une honnête femme: des mots cruciaux chargés d'introduire le thème essentiel, à savoir, la douleur intense et chronique qui ne tue pas un être, mais qui l'altère au point de le conduire à se renier... à devenir une femme rompue.
Le titre, Une Chance minuscule, n'est-t-il pas alors à considérer comme un indice ?
En effet, « minuscules" ont été les chances connues par Marilé Lauría au cours d'une jeune vie banale, sans trop d'histoires, et que le lecteur découvre au fil d'une narration très originale.
"Minuscule", aussi, la chance qui lui est désormais accordée par le destin, alors qu'elle est devenue une femme partiellement reconstruite ou réparée ...
Cette "Chance minuscule" lui est offerte à l'occasion d'un retour à Buenos Aires, sur les lieux où tout a basculé… ces lieux que la jeune Marilé a voulu fuir, pour se libérer d'une culpabilité destructrice...
Peut-être la Chance d'affronter enfin les peurs, admettre réalité et vérité. Peut-être aussi, la Chance d'assumer cette Mary Lohan de Boston, dans laquelle Marilé, meurtrie et détruite par les jugements et les condamnations aveugles, s'est éperdument incarnée. Le lecteur partage ainsi, les émotions d'une femme sans cesse torturée par l'abandon de l'être qui lui était le plus cher; celui auquel elle souhaitait épargner l'injuste mépris d'une communauté acharnée à vouloir faire payer un si tragique accident...
Tout en découvrant cette auteure, j'a apprécié une écriture moderne, vivante, faite de mises en abîmes et de singularités. Celles, par exemple, de commencer un roman dont la matière essentielle se métamorphose en journal puis, à la fin, se transforme en lettre ou encore en dissertation libre… pour reprendre la forme d'un récit.
Une belle découverte… que je ne saurais que trop recommander!
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
......je ne sais pas pourquoi Mariano était tombé amoureux de moi. En supposant qu’au-delà de la déconvenue qu’il avait eue cet été-là en se faisant plaquer par sa copine, il était bel et bien tombé amoureux de moi. Personnellement, je ne serais jamais tombée amoureuse de moi. Je lui avais souvent posé la question : “Qu’est-ce qui t’a plu chez moi ?” Et, chaque fois, il me répondait : “Tout.” Mais dire “Tout”, c’était comme dire “Rien du tout”. Je n’avais jamais réussi à obtenir de précision concrète : tes yeux, ton sourire, ni même tes nichons, ou tes jambes. J’aurais préféré qu’il me dise “tes nichons” plutôt que cette réponse : “Tout.”
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J'écris pour moi, à la première personne. Je m'écris. Sur la première page, j'inscris "Carnet de bord" et non "Journal". Pour écrire un journal, il faut se sentir sûre de l'intérêt que présente le récit de notre propre vie, ce qui n'est pas mon cas. La conviction que cette vie, aussi dure qu'elle ait pu être ou qu'elle soit encore, justifie, du point de vue de celui qui la raconte, qu'elle soit retranscrite jour après jour, scène par scène. Et cette conviction, je ne l'ai pas.
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"C’est l’apanage des grands personnages de la littérature, nous trouvons toujours un trait, une facette, un geste qui nous invite à nous reconnaître en eux. Ou du moins, à nous mettre à leur place.”
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...les gens qui dépendent de la gentillesse des inconnus en dépendent parce qu'ils sont seuls au monde. Même si, dans les faits, ils sont effectivement entourés. Si quelqu'un dépend de la gentillesse d'un inconnu, c'est que ceux qui l'entourent ne sont pas des gens sur lesquels il a pu compter.
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C'est dans le décodage du discours de l'autre que nous commettons les pires erreurs, lorsque nous comblons les vides en cherchant à interpréter ce qu'a voulu dire celui qui en fait n'a rien dit du tout.
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