La vie d'Inès , mariée depuis vingt ans , femme au foyer, de la bonne bourgeoisie Argentine, à Buenos Aires, est parfaite en apparence,: oisive , futile, se préoccupant de son cours de yoga, vêtements, apparence …Ernesto et Inès s'aiment …….enfin….
Elle croit bien connaître son mari, ses besoins, ses désirs lorsqu'un jour en cherchant un stylo , elle ouvre sa serviette : tombe sur un coeur , dessiné au rouge à lèvres , traversé d'un « Je t'aime » et signé « À toi » , une trouvaille vulgaire qui lui fait très mal.
L'auteure nous offre alors une comédie vive , maligne ,entraînante , lue d'une traite, sorte de thriller tragi- comique ,noir, féroce , où Inès, drapée , dans sa dignité , singeant les apparences , rusée , exerce alors une surveillance active, mais assiste , impuissante à un meurtre ….
N'en disons pas plus.
Surtout que dans cette société à mâles dominants , plutôt machiste ,elle a vu sa propre mère abandonnée par son père, qui se fait appeler « La veuve de Lamas » …
Un suspense pétri de rebondissements , de cynisme éhonté , de manipulations , de retournements de situation.
Inès est prête à tout pour sauver son couple , à la fois naïve et déterminée , conformiste , ne supportant pas sa fille , crée une situation ubuesque , jouant au jeu du chat et de la souris , faux semblants , substitution de preuves , espionnage, jusqu'à la fin ……surprise …
Humour caustique, immoralité , drôlerie , inventivité , ce court roman en forme de piège nous livre un très beau portrait de femme pourvue d'un mari vraiment léger, volage …
N'oublions pas l'histoire de Lali , la fille d'Ernesto et Inès, très drôle , elle aussi , dans de beaux draps, en courts chapitres alternés .
Même si l'histoire est vraiment banale , elle est bien troussée, l'écriture est fluide, addictive : on ne lâche pas ce petit bijou littéraire, on le lit à toute vitesse, une amie de Babelio m'a incité à le commander à mon libraire .
Merci à elle, ce fut un plaisir !
Un livre que je vais prêter à mon entourage !
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Après vingt ans de mariage, Inès, de la bourgeoisie argentine, pensait bien connaître son mari Ernesto, ses désirs, ses besoins et ses envies aussi, lorsqu'elle tombe sur un message d'amour signé "A toi", décide-elle, avec curiosité plutôt qu'avec jalousie, d'enquêter pour connaître sa rivale. Lors d'une filature elle voit son mari bousculer sa maîtresse qui, en heurtant une souche, se brise les vertèbres. Commence alors un jeu du chat et de la souris où Inès, pour protéger son mari et voulant maîtriser ce qui reste de son couple, reconstitue le parcours de son mari pour y substituer des preuves de liaison qui pourraient l'accuser. Toute accaparée par le sort de son mari et de son mariage, elle délaisse sa fille qui doit gérer sa détresse seule.
A toi est un roman à suspens, mené d'une main de maître par Claudia Piñeiro. Se focalisant sur la personnalité d'Inès, une femme mariée, conformiste et convaincue des sentiments de son mari, qui peu à peu, se fourvoie lentement dans une situation qui va lentement partir en vrille. Jouant avec les faux-semblants et les retournements de situation, mêlant les voix d'Inès, de Lali sa fille et des réflexions intimes de son mari, le puzzle se reconstitue pour se transformer en piège qui se referme progressivement. Une très belle surprise et un beau portrait de femme bourgeoise, sûre de ses fondements qui vont pourtant lentement s'effriter.
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Yo pensé, lo tendría que hablar con Ernesto, preguntarle si le pasaba algo. Y casi lo hago. Pero después me dije, ¿y si me pasa como a mi mamá que por preguntar le salió el tiro por la culata? Porque ella veía medio raro a papá y un día fue y le preguntó : "¿Te pasa algo, Roberto?". Y él le dijo: "¡Sí, me pasa que no te soporto más!". Ahí mismo se fue dando un portazo y no lo volvimos a ver. Pobre mí mamá.
Je m'étais libérée de cet épithète de "fille de Blanca" en devenant "la femme d'Ernesto". Je dois dire, d'ailleurs que j'adore que l'on m'appelle ainsi, je sens que cela me donne ma place en ce monde. Mon territoire. Et puis, il est bon que les autres sachent que vous n'êtes plus seule, qu'il y a un homme qui arrive à vous supporter, que si vous avez une crevaison, quelqu'un accourra pour changer votre roue. La société est très machiste, il faut l'accepter comme elle est. C'est pour cela que maman se faisait appeler "la veuve de Lamas". Alors que mon père était encore vivant, Dieu sait où.
Et puis, en plus, elle se croit très intelligente "comme papa", comme elle dit, chaque fois qu'elle nous ramène son bulletin. Je sais bien qu'elle me sous-estime. Mais je le lui pardonne; comment ne pas pardonner à sa propre fille ? Elle a toujours été très rigide, très carrée, elle croit qu'être intelligente, c'est avoir vingt en maths. Mon intelligence à moi, elle fait profil bas, c'est une intelligence de l'ombre, sans tambour ni trompettes, sans fioritures ni félicitations du jury. Une intelligence pratique, utiles pour toutes les choses du quotidien. Celle qui pourrait éviter à son petit papa de finir derrière les barreaux.
J’écartai cette hypothèse pour une simple et bonne raison : je ne crois pas au hasard. Et il faut savoir rester fidèle à ses convictions. « Par hasard », tu peux sortir dans la rue et recevoir sur la tête un pot de fleurs tombant d’un balcon. Mais imaginer que deux personnes puissent s’embrasser « par hasard »alors qu’elles sont en train d’embarquer dans un avion, c’est au mieux complètement puéril.
... c'est pour cela qu'elle détestait ce dicton populaire d'après lequel les seins parfaits étaient ceux qu'on réussissait à faire entrer dans une coupe à champagne. Une coupe ronde, bien entendu, pas une flûte.