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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9781519754837
156 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (09/12/2015)
4.39/5   14 notes
Résumé :
Ion Pillat (1891-1945), poète roumain, se fit connaître, entre autres, par ses monostiches. Son art de la concision, de l'expression indirecte, surprennent toujours aujourd'hui et excitent la curiosité. Cette nouvelle traduction rend enfin un premier volume de son œuvre disponible au lecteur francophone, en regroupant une sélection de ses poèmes.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Monostiches et autres poèmes est un recueil écrit par Ion Pillat, poète symboliste roumain et traduit merveilleusement par Gabrielle Danoux, avec le concours de Muriel Beauchamp. Je remercie ici chaleureusement Gabrielle Danoux qui m'a permis de me faire connaître ce texte, je lui rends ici grâce car la traduction d'une oeuvre poétique est toujours un exercice délicat. Ici le résultat est particulièrement réussi si l'on en juge par la beauté des mots qui viennent à nous et leur lumière...
J'ai ici découvert ce qu'était un monostiche, une sorte d'exercice de concision, un peu à la manière d'un haïku, c'est plus court et plus magique qu'un aphorisme, quelque chose qui ressemblerait à une devinette qu'on déplierait sous nos doigts éblouis...
Monostiches et autres poèmes est une invitation au voyage, au ciel, à la légèreté, à la lumière...
Les monostiches sont des vers qui s'égrènent comme des pétales de fleurs jetés au vent, des devinettes, des respirations comme l'écho qui revient après le jour faiblissant.
C'est l'âme qui s'échappe des mots, transgressant la limite de la page...
C'est l'innocence d'un sourire qui jette ses mots sur le fil fragile de l'existence.
C'est une étincelle qui allume le coeur encore sombre de ce que nous sommes.
C'est un baiser cueilli au bord de l'eau.
Ces vers concis, ramassés en quelques mots sont la lumière d'un rire enfantin. Ce sont des vers incroyablement jubilatoires sur le bord d'un rivage que nous ne soupçonnions pas...
Ce sont des chuchotements tristes qui s'évaporent dans le soir ténébreux.
Des mots orphelins du ciel et de la terre s'envolent comme des oiseaux. L'auteur les cueille au passage de son coeur qui s'ensorcelle.
Ces vers nous rappellent ô combien que le temps est assassin mais que le poète est avant tout un peintre de la lumière.
Au-delà des monostiches, les poèmes qui suivent sont plusieurs invitations dans une facture plus classique, donnant tout l'éclat du symbolisme de la poésie de Ion Pillat.
Nous célébrons ici l'art italien...
...Une fresque inconnue, peut-être oubliée pour l'éternité.
C'est une invitation au voyage à la lumière au silence.
Ici les sortilèges s'invitent sous nos yeux étonnés.
C'est comme un conte étrange, quelque chose de merveilleux. Le temps est suspendu à ce rêve.
Une promenade dans les vignes...
L'automne a ce goût amer des choses qui ont vécu.
Et puis la Bretagne vient...
Toujours et encore ici l'ombre d'une cathédrale, peut-être celle de Quimper, ou plutôt celle de Saint-Pol-de-Léon, plus près de la mer...
Les femmes des pêcheurs, celles qui ne pleurent jamais, ressemblent à des madones.
Ces poèmes ont souvent un seul point commun, l'éloge de ce qui est plus grand que nous, que ce soit une montagne, un ciel, une fresque, une cathédrale, un oiseau aux ailes déployées, le soleil d'automne et son crépuscule sur la mer Noire, les mythes anciens et immortels, l'évocation d'Ulysse revenant de la guerre de Troie.
C'est l'âme de la Méditerranée antique qui revient ici comme une vague dans ces vers magnifiques.
C'est l'âme du large au plus loin que nous pouvons espérer aller avec les mots...
La poésie ouvre nos murs en ce temps de confinement...
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Après avoir lu "Le bouclier de Minerve" de Ion Pillat, j'ai décidé de poursuivre mes lectures de ce poète avec "Monostiches et autres poèmes".
Ce sont des poèsies roumaines traduites par Gabrielle Danoux et Muriel beauchamp. L'ensemble est un délice, et j'ai particulièrement apprécié ses monostiches. Le tout est une invitation au voyage et à la rêverie.
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Mes poèmes préférés sont les brillantes parenthèses de la préface, comme "Soldats de plomb..." qui évoque brillamment la guerre et comment elle est socialement entretenue ou "Tant ai-je contemplé ton corps" dont le sujet est, bien entendu, la passion amoureuse.
Parenthèses, parce que Ion Pillat est considéré en Roumanie et en France comme un poète de facture classique, qu'on pourrait presque comparer à Théophile Gautier: un amour du classicisme, avec beaucoup de références à la Grèce antique par exemple, mais aussi des écarts (pour Gautier, penser à "Mademoiselle de Maupin", en particulier certains passages de la préface, ou à "Albertus"). Bref, je ne poursuivrai pas le parallèle jusqu'à la thèse, surtout que l'homme a étudié à Henri IV et est sans doute le seul à avoir fait rimer quelque chose, mais je ne veux pas trop en dévoiler, avec "Francis Jammes", auquel il fut souvent comparé.
Comme beaucoup de jeunes gens de sa génération et de héros romanesques de l'époque (de mémoire Demian chez Hermann Hesse ou Léniot chez Valéry Larbaud), Pillat est rapidement passé aux travaux pratiques : campagne de Bulgarie puis Première guerre mondiale, ce qui lui valut d'être durablement marqué par la mort, sujet récurrent, parfois à la limite de la misanthropie. Pour un classique, la forme est très variée, la poésie populaire roumaine aidant, comme la soif de dépaysement de l'auteur toujours inassouvie. C'est ainsi qu'on trouve cette forme rare surtout en Roumanie qu'on appelle le monostiche : des poèmes d'un seul vers qui se rapprochent parfois sous la plume de Pillat des "cimilituri", ces devinettes roumaines issues de la littérature populaire : "Jaillissant des vagues, l'écume blanche s'est mise à voler" ("Mouettes", p.28). Si vous voulez connaître la réponse à "Il a serré le bleu dans ses bras et le berce toujours", vous savez où la découvrir...
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Poète roumain du début 20e, Ion Pillat vécut et fit des études un temps à Paris.
J'ai apprécié le travail de la traductrice Gabrielle Danoux (Tandarica sur Babelio) qui s'est surpassée dans un travail d'orfèvre réussi à la perfection.
Celle- ci m'a confié les contraintes supplémentaires engendrées par une traduction qui se doit de rester fidèle à l'oeuvre originale. En raison de cette contrainte, certains mots m'ont parfois échappé, sans que cela nuise à la beauté de la poésie.

Je découvre les monostiches du début du recueil, vers d'une seule ligne qui sont excellents, je préfère les superbes poèmes venant à la suite.
Il est toujours difficile de présenter un recueil de poèmes. Inutile à mes yeux de faire de longues phrases, il faut laisser parler l'auteur. Quelques courts extraits de certains poèmes, choisis en fonction du plaisir ressenti, suffisent pour faire découvrir aux lecteurs la qualité de ceux-ci, et donc de l'ensemble.

BERCEUSE
Dors, dors, pour t'endormir je t'ai apporté
Les phalènes, les fleurs, la feuillée,
Les nuages du couchant découpés,
En vol vers les sommets,
Les aurores, les étoiles, les soirées,
Pour t'endormir je te les ai apportées,
Je te les ai apportées…

LE CERISIER
Le cerisier sera rouge comme lors de mon enfance,
Les cerises pendront aux branches comme des dormeuses,
Les bras nus, la fille en prendra dans sa vareuse,
De sa perche chaque fois des cents en abondance.

DANS LA CATHÉDRALE - NOTRE-DAME DE CHARTRES
La lumière dorée forme des fleurs tremblantes
En bouquets les rassemble
Sur les murs noirs et arqués ; dans les autels coule le sang
Lorsqu'elle transperce les vitraux et leur déluge érubescent.

AUX MOULINS À VENT
Ô, noirs auvents ailés sous le disque blanc de la lune,
Qui se souviennent, tant ils sont vieux, incessamment,
De Don Quichotte qui luttait avec les moulins à vent,
Aperçus une nuit sur le chemin de Pampelune !

LES COQUILLAGES DES TRITONS AU LOIN
Sur la lame de fond
Nages-tu sirène ?
Si ce n'est-là, réponds,
Sous quelle carène ?

TANT AI-JE CONTEMPLÉ TON CORPS…
Tant ai-je contemplé ton corps que des yeux je l'ai volé,
Tant ai-je aspiré ta voix que ton verbe j'ai ravi.
Ton ombre seule attise toujours des robes rêvées
Et tes propos résonnent comme un écho affaibli.

SOLDATS DE PLOMB…
Et, nous les enfants, avec nos sabres en bois, partions nous quereller
En portant comme étendard des serviettes au soleil flottant.
Quel corps à corps, quelle raclée sous les mûriers du verger !
Et après la bataille, combien de morts fuyaient en riant…


La rime a été respectée dans les poèmes que j'ai montrés. La forme des vers est parfois différente sans que cela n'altère la qualité du poème.
Je me suis toujours demandé comment l'on pouvait traduire des vers et leurs rimes tout en leur gardant leur mélodie poétique. Je pense à l'immense Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand qui est traduit et joué dans de nombreux pays avec un succès immense.
Il en est de même avec la traduction de ce recueil.


Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Les citations, qu'il est réconfortant de voir largement apprécier pour certaines, donnent une idée pertinente de la variété de la poésie de Ion Pillat. Elle rappelle "L'invitation au voyage" de Charles Baudelaire : tout n'y est, à première vue qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté, sous des horizons variés. On y joue du shamisen au Japon, on y lit Giorgio Vasari, on se recueille à San Francesco del Deserto, et la Roumanie se rapproche de la Grèce et de Rome par l'intermédiaire d'Ovide. Mais sous cette préciosité feinte apparaît discrètement une pertinente réflexion sur la condition humaine, à l'image de cette biche de porcelaine, décrite comme une merveille, avant de révéler le contraste entre le monde animé et celui des choses, "où la mort ne tue point". Ancré dans la campagne roumaine, où il avait plusieurs propriétés, comme Francis Jammes dans son Béarn, Pillat s'en évade en monostiches vers ces amandiers riches en immortalités fragiles : qui ne ressent pas, aujourd'hui, l'envie de s'évader?
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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
L’ANGE DU SOUVENIR

Je ne sais trop quel soir, dans quelque mail clandestin ;
Désigné par l’automne au crépuscule subtil ;
Sous les hêtres, en me promenant avec l’ombre de Virgile,
J’ai rencontré un ange aux cils féminins.

J’ai rencontré un ange aux yeux d’enfant.
Il parla : « Je suis le Souvenir », et je criai : « Ô, divinité,
En vain de son âme le poète veut t’ôter,
Par le rêve du non-être, tu le hantes subrepticement. »
Comme les chérubins de la Loi, tu as des ailes de lumière,
Et tu es d’une splendeur si entière,
Que tu ressuscites dans le frisson de la lyre le passé…

Je me suis tu… et lorsque la nuit dans la forêt séculaire
Nous a enveloppés de paix, d’argent stellaire,
Aveuglé, j’apercevais seulement de son regard l’étoile du berger.
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LA FRESQUE D’ORVIETO

La lumière, comme l’ombre, engendre la vie.
À l’horizon limpide, l’étoile du berger veille,
Mais elle ne brille que quand la lumière l’atteint…
Sur le mur du monastère envahi par les ténèbres,
Une fresque inconnue est oubliée pour l’éternité,
Mais au crépuscule, sous la caresse des rayons
Elle ressuscite, pétrie par une main invisible,
Elle s’arrache pour un instant au passé qui meurt.

Et émerveillés, nous entrevîmes l’icône merveilleuse,
Rêvée par un rêveur qui fut en son temps
Un poète en peinture et un peintre des sonnets,
Condottiere dans la vie, en amour comme en haine.
Son art fut païen comme sa sensibilité,
La renaissance refléta la pensée en lui,
Et lui, dans sa fresque symbolisa l’amour....

..................... (extrait)
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Automne à Florica*

L’or ancien est devenu feuillée ;
Éteint comme la cendre est l’horizon.
Ouvre le portillon,
L’automne nous appelle.

J’ai tiré la bécasse dans le bosquet
La dernière : elle partait en l’air.
Le vent est polaire.
L’automne nous appelle.

Sur la colline, la vigne est depuis longtemps enfouie ;
Chimères, les volées ont disparu du firmament.
L’envie me prend
D’antan.

Où es-tu, où, maison inouïe ?
Où êtes-vous, mes jours, en cette seconde,
Vous, arondes
D’antan !

(* Nom d’une propriété de l’auteur)
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Sur le rivage

Sur le rivage automnal de la mer Noire
Quand au crépuscule pour toi mûrit le fruit
De la lumière, esprit passionnément
Lavé par le temps et rond comme la pierre
Qui dégringole longtemps. Seul sur la plage,
Que scrutes-tu au large ? Quelle est la fête
Pour laquelle tu viens à la dernière heure ?
Toi, le pâtre des antiques panoramas,
Toi, le gardien fidèle d’autres coutumes,
Toi, le prêtre de ces autels abandonnés.
Arrêté au-dessus de ce sable écumeux
De ces milliers d’années amères, et le vent
Des siècles inentamés au-dessus de lui.
Arrêté là, sur son dos le paysage
De vals déserts, de steppes, de monticules,
De lettres inscrites sur les pierres gravées,
Depuis plus longtemps, de grands aigles gibbeux de
Tant veiller, cendrés de tant d’exils aux rives
Du monde. Arrêté là face à la lumière
Du crépuscule automnal au-dessus des eaux
Énervées, et qui assaillent sauvagement
Leur impétueuse meute. Solitaire
Avec toi mon âme, urne en argile.
Dans ton vide tremblote encore la cendre
Des dieux païens quand la vague brisée sur
Le rivage perdu crie longtemps : Thalassa !

(p. 131-132)
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La tombe de la danseuse blanche et voilée,
Dont le pas léger n’aurait pas écrasé un lys,
À la dispersion des cendres de périssables couplets,
Ni à de pieuses larmes, ni à un limpide soupir, n’est propice.
Un sarcophage de pierre doit l’envelopper froidement.
Sa jambe plus sainte que tout rythme de réflexion,
Qu’elle danse à travers le siècle qui passe, sans mouvement,
Lorsque l’ombre de notre ombre sera soufflée par l’aquilon,
Qu’elle se confonde avec le temps dans le flot vert,
Comme le rêveur d’un musée feutré,
Que grâce à son sortilège pétrifié monte sa forme claire.
Toutefois, l’ombre tremblante de l’épaule égarée ?
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