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EAN : 9782373060188
200 pages
Le Murmure (24/08/2017)
3.25/5   6 notes
Résumé :
Herschel Grynszpan est plus qu’un simple fait divers du mois de novembre 1938 ; Herschel Grynszpan servit de prétexte au déclenchement d’une des nuits les plus terribles d’Allemagne, la Nuit de cristal ; Herschel Grynszpan personnifia le complot juif international aux yeux des plus hauts dignitaires nazis ; Herschel Grynszpan fut au coeur d’un procès dont la politique et la diplomatie pesèrent autant, voire plus, que le droit ; Herschel Grynspan fut le premier priso... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un roman écrit sous la forme d'une " autobiographie", un concept original pour une acte désespéré d'un gamin de 17 ans perdu . Il est juif polonais, sans papier , le sort de sa famille et plus largement des juifs allemands le révolte. Pour alerter la communauté internationale il tire sur l'ambassadeur allemand mais la propagande allemand en profite pour se victimiser et provoque la nuit de cristal. Ce " faux journal" analyse la situation et ses conséquences , un récit crédible et criant de vérité .
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Pourquoi un matin, un jeune garçon de 17 ans décide de tuer un homme à l'ambassade d'Allemagne à Paris ?
Herschel Grynszpan est citoyen polonais, vivant en Allemagne en pleine crise économique et identitaire. Son statut de Juif est un lourd fardeau qu'il ne veut plus porter. Même si un instant il a songé à l'exil en Palestine, c'est vers la Belgique qu'il se dirige puis vers Paris où il arrive à l'automne 36.
À Paris sa situation reste précaire car il ne parvient pas à obtenir ni carte de séjour ni carte de travail et malgré l'entraide qu'il trouve dans sa communauté il sait qu'il est en sursis.
L'année 1938 va confirmer ses craintes avec en mars l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazi. La situation des juifs empire d'autant qu'aucune réaction ne vient de France ou d'Angleterre pour protester. Les divers gouvernements font le dos rond. Le coup de grâce va venir de Pologne qui retire la nationalité polonaise à tout individu installé à l'étranger depuis plus de cinq ans. Ainsi brusquement, 12000 Juifs polonais vivant en Allemagne deviennent apatrides. La famille d'Herschel Grynszpan en faisait partie et par conséquent lui aussi.
Tout se précipite quand il reçoit un courrier de sa soeur lui relatant par le détail l'expulsion de sa famille d'Allemagne vers un camp polonais : "jeudi soir à 21 heures, un schupo est venu chez nous et nous a déclaré que nous devions nous rendre au commissariat de police, en apportant les passeports. Tels que nous étions, nous sommes allés tous ensemble au commissariat de police accompagnés du schupo. [..........]
On ne nous a plus permis de rentrer chez nous. J'ai supplié qu'on me laisse retourner chez moi, pour chercher au moins quelques objets. Je suis alors partie accompagnée d'un schupo et j'ai emballé dans une valise les vêtements les plus indispensables. Et c'est tout ce que j'ai sauvé. Nous n'avons pas un pfennig. Ne pourrais-tu pas nous envoyer quelque chose à Lodz ? Baisers de nous tous. Berta."
Ces nouvelles plongèrent le jeune Herschel dans un profond désespoir. Et pourtant ce n'était rien par rapport au témoignage que fit son père quelques années plus tard au procès Eichmann où il raconta le long calvaire qu'ils connurent pour arriver jusqu'en Pologne.
Herschel Grynszpan pourra en avoir un petit aperçu le lendemain en parcourant les pages d'un journal yiddish dans lequel un correspondant en Pologne détaille la situation dramatique des Juifs.
Dès lors une seule pensée l'obsède : venger les siens.
Il se rend dans une armurerie pour faire l'achat d'un pistolet. L'arme en poche il se dirige vers l'ambassade d'Allemagne dans laquelle il parvient à rentrer sans aucune difficulté, et sous un prétexte fallacieux demande à rencontrer l'ambassadeur. Celui-ci absent, c'est l'un de ses secrétaires qui va, destinée fatale, le recevoir.
Herschel Grynszpan, sans doute émotionné, vide son chargeur sur l'homme, mais ne l'atteint que de deux balles, dont une seule le blesse grièvement. Aux cris de la victime des secours arrivent, Herschel Grynszpan se laisse arrêter sans avoir fait le moindre mouvement pour s'enfuir.
Je vais stopper là mon récit afin de laisser aux futurs lecteurs le plaisir de découvrir la suite et parlons du livre que j'ai reçu lors de l'opération masse critique de septembre. J'en remercie Babelio, et davantage encore les éditions "le murmure" qui ont édité un livre que j'ai beaucoup aimé. J'ai tout d'abord été très sensible à l'esthétique de la couverture, à la qualité du papier, au grain qui enchante les doigts, aux illustrations qui accompagnent le texte. Mais pas seulement.
Morgan Poggioli, l'auteur, est un historien et chercheur qui pour la première fois écrit un roman. L'éditeur aurait même pu employer, à l'image de ce qui se faisait autrefois pour certains livres, le terme de roman vrai.
Herschel Grynszpan n'est pas sortie de l'imagination de l'auteur, il est bien réel, il a été un acteur dans l'histoire de la seconde guerre mondiale et dans la persécution des juifs. Le talent de Morgan Poggioli c'est de s'être effacé en utilisant le JE pour dérouler le récit. C'est ce jeune juif qui parle, qui pense, désespère et agit. le lecteur devient Heschel Grynszpan au fil des pages et cela il le doit à l'auteur qui a su utiliser les rares informations qu'il a pu collecter dans sa recherche historique sans jamais se laisser entraîner dans l'approximation ou le fantasme.
J'espère que Morgan Poggioli va persévérer dans le monde romanesque, car ce premier livre est une belle réussite et je vais garder en mémoire le nom des éditions "le murmure" qui ne sont pas tombés dans le piège de l'utilisation d'une couverture racoleuse comme on en voit trop souvent aujourd'hui. C'est cela avoir la classe.
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Au premier abord, livre intéressant mettant au jour par le truchement d'un récit à la première personne, l'histoire de Herschel Grynszpan.
Si on peut accepter tout à fait ce parti-pris de parler à la première personne, de nombreuses questions apparaissent à la lecture.
Certaines de ces questions trouvent réponse dans la postface où l'auteur, ne pouvant s'appuyer sur des preuves historiques tangibles, justifie le choix d'une écriture romancée.
Toutefois d'autres questions ne trouvent pas réponse; notamment la piste évoquée dès le début par André Gide et citée dans le récit n'a pas été creusée par l'auteur. Pourquoi?
L'acte posé par Herschel Grynszpan fait toujours débat (tout récemment, on en a reparlé à Bruxelles où l'on vient de donner le nom d'Herschel Grynszpan à un square près de la rue des Tanneurs où il a passé quelques jours avant de rejoindre Paris).
Pour ces raisons, ma première impression doit être corrigée et je reste sur ma faim; d'autant que tout le contenu de la partie récit à la première personne peut être lu par tout le monde sur Wikipédia.
Le livre garde au moins une vertu : celle de la diffusion de cette histoire particulière qui eut des conséquences dramatiques (nuit de Cristal).
On peut comprendre l'auteur qui, butant sur la vérité historique relative à cette affaire, avoue sincèrement en avoir été hanté et s'en trouve ainsi délivré.

Merci à Babelio et aux Editions le murmure pour m'avoir permis cette lecture.
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Cette auto-biographie fictive m'a complètement trompée. J'ai cru jusqu'à ce que l'auteur explique sa démarche qu'elle était réelle. Il a su redonner une voix à ce jeune homme de 19 ans, poursuivi pour avoir tué un diplomate nazi au nom des souffrances de son peuple.

Je ne connaissais pas Herschel Grynszpan, malgré le rôle involontaire qu'il a eu dans l'Histoire. Sa tentative de venger sa famille et les juifs allemands va mener à le Nuit de Cristal, terrible pogrom anti-juif qui eut lieu les 9-10 novembre 1938 en Allemagne. Il a marqué l'Histoire, mais probablement pas comme il l'avait espéré. Son nom n'est pas associé à la dénonciation des crimes contre les juifs, mais au déclenchement de répressions sans précédents, contre son peuple par le régime nazi.

Le style est bon et fluide. On croirait vraiment à un témoignage laissé par un homme aux abois. Ses adieux semblent sincères, comme un dernier défi lancé aux allemands: la vérité politique de son crime ne sera pas étouffée et manipulée par la propagande nazie.

Ce mini-roman, ponctué de photographies, m'a vraiment plu et fait découvrir plus en détail un évènement historique bien connu du XXème siècle. le parti pris par l'auteur quant aux intentions d'Herschel est partagé notamment par Corinne Chaponnière (qui a écrit un livre sur la Nuit de cristal), même si sa mort est contestée par certains à cause d'une photo datant de 1946 où il aurait été identifié.

Morgan Poggioli étant historien, ses recherches sont, bien sur, impressionnantes et précises. Il explique qu'il publie avant tout des écrits scientifiques et non des romans. Je pense que c'est dommage, car ce premier essai est réussi. Il a su mêler recherches historiques sérieuses avec la touche d'inventivité nécessaire à un roman pour un résultat crédible et intéressant. Aimant particulièrement l'Histoire, je ne peux qu'apprécier. Il m'a fait découvrir ce personnage sur lequel je me suis, du coup, renseignée. J'ai donc non seulement passé un bon moment de lecture, mais je me suis aussi instruite.
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Faute d'archives historiques à exploiter, Morgan Poggioli entreprend de nous raconter, par un journal romancé, le destin d'Herschel Grynszpan.
En 1938, ce jeune juif polonais de 17 ans tua un diplomate allemand au sein même de l'ambassade nazie à Paris.
Si l'acte réussit, le but espéré d'alerter l'opinion mondiale sur le sort des Juifs en Allemagne manqua son but. Pire, le régime nazi prit prétexte de cet attentat pour déclencher la sinistre Nuit de Cristal et n'eut de cesse de retrouver Herschel Grynszpan dans la France occupée.
Ce terrible destin se lit très aisément mais je suis très partagé quant à l'exercice littéraire. Dans sa postface, Morgan Poggioli, plus à l'aise avec les articles et ouvrages historiques, ne semble pas mieux convaincu. Cependant, ce livre a le grand mérite de mettre en lumière ce jeune juif désespéré avant la longue nuit qui allait s'étendre sur l'Europe toute entière.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le Populaire, journal du parti socialiste SFIO, ne voyait en moi qu'un jeune assassin un peu paumé, dépassé par son geste (les événements lui donnait raison) et refusait de reconnaître la dimension politique de mon crime.
L'Humanité, organe du parti communiste, me soupçonnait au contraire d'être un trotskiste, un espion, un agent de la Gestapo encouragé à commettre cet attentat pour justifier les mesures antisémites en cours (les événements pouvaient aussi lui donner raison), tel Van der Lubbe, accusé d'avoir incendié le Reichstag, et qui servit de prétexte à Hitler pour renverser la république de Weimar.
Quand aux organisations juives, elles tenaient à se désolidariser de moi et refusaient d'être associées à un acte qu'elles condamnaient en bloc. La Fédération des sociétés juives de France réprouvait avec la dernière énergie les actes de violences. Le Centre populaire juif de France, de même que le Congrès mondial juif, affirmait que les travailleurs immigrés juifs désapprouvaient la violence individuelle comme moyen de réaction contre les injustices du régime nazi.
Samedi, l'hebdomadaire illustré de la vie juive, titrait : "Un juif a tiré...Il est regrettable que l'attentat ait été commis en France, terre d'asile pour laquelle l'émigration juive ne nourrit que des sentiments de dévouement et de reconnaissance...les actes de violence n'apportent aucune solution".
L'Univers israélite alla jusqu'à publier une lettre ouverte à la mère de ma victime dans laquelle les responsables du journal exprimaient leur tristesse devant la mort du secrétaire d'ambassade et imploraient la pitié de Madame Vom Rath. L'ensemble de ma communauté me désavouait alors que c'était pour elle que je m'étais sacrifié.
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Je m’appelle Herschel Grynzapn.
Je suis né le 28 mars 1921 à Hanovre. Mes parents, Znelde et Rivka, sont polonais et se sont installés en Allemagne en 1911. Mon père tenait un atelier de tailleur mais la crise de 1929 et l’antisémitisme croissant qui s’ensuivit l’obligèrent à fermer boutique en 1934, avant même les lois de Nuremberg. Mon frère Marcus, plombier, et ma sœur Berta, dactylo, ont tous les deux perdu leur emploi. Quant à moi, je n’en ai jamais trouvé. À chacune de mes candidatures, je me voyais répondre « Sale juif ! ». En plus d’être israélite et polonais, deux critères désormais rédhibitoires sur le marché du travail allemand, j’étais sorti de l’école sans aucun diplôme. Je dois avouer que ce n’est pas l’antisémitisme de l’institution scolaire qui fut la cause de mon échec, seulement mon désintérêt, ma désinvolture et mon goût peu prononcé pour l’autorité. Mon éducation fut donc surtout religieuse. En 1935, j’ai quitté Hanovre pour la yeshiva Salomon Breuer de Francfort, une école judaïque. Durant un an, j’ai perfectionné mon hébreu, je me suis plongé dans la lecture du Talmud, de la Torah et de tous les textes sacrés à ma disposition. Étranger dans mon propre pays, l’étude de la religion me permit de me (re)construire une identité et fit naître en moi le sentiment d’appartenance au peuple d’Abraham. Après un an d’études, ma décision était prise: je quitterai l’Allemagne pour m’installer en Palestine. Ici, je n’avais plus aucun avenir. Là-bas, peut-être, sur la terre des prophètes, je pourrai retrouver mes racines, vivre en homme libre, et non plus comme un chien. Je suis donc revenu chez mes parents à Hanovre, en avril 1936, avec l’exil pour objectif. Paradoxalement, je crois que c’est à partir du moment où j’ai su ce que je voulais faire de ma vie, que ma vie m’a échappé. » (p. 13-14)
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La presse se déchaînait contre moi, mais parlait finalement très peu du sort des juifs allemands, que j'avais voulu dénoncer. Les journaux de droite et d'extrême-droite, eux, s'en donnaient à cœur joie, de L'Intransigeant à Gringoire :

"La paternité de ces attentats revient au parlementarisme pourri grâce auquel les démocraties ont accueilli chez elles les émigrés politiques et les israélites...
La juiverie mondiale, le bolchévisme juif, la tourbe internationale et criminelle a fait son nid à Paris...
La clique d'émigrés juifs, de métèques et cette ligue mondiale juive ont mis l'arme dans les mains de Grynzpan comme elles l'avaient fait avec Frankfurter."

Au milieu de ce flot de haine raciste, seule la comparaison avec David Frankfurter, cet étudiant juif yougoslave qui avait assassiné un activiste du parti nazi suisse, Wilhelm Gustloff, à Davos en 1936, pouvait me flatter. C'était une bien maigre consolation car pour le reste, j'étais littéralement abattu. Moi qui voulais faire barrage à l'antisémitisme, j'en avais ouvert les vannes.
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Ce commando, dirigé par le Sturmbannführer-SS Karl Bömelburg, avait retrouvé ma trace à Bourges le 17 Juin et était remonté jusqu'au procureur Ribeyre qui confirma que j'avais été libéré sur son ordre - a priori ce procureur était républicain et antinazi. Il avait été aussitôt arrêté par les Allemands qui, depuis, menaçaient de l'exécuter si le gouvernement du maréchal Pétain ne me livrait pas. Car en vertu de l'article 19 de la convention d'armistice signée le 22 juin, la France était désormais tenue "de livrer sur demande tous les ressortissants allemands désignés par le gouvernement du Reich".
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Mon procès s'annonçait mal, diplomatiquement parlant. Dans un contexte de rapprochement franco-allemand, les deux pays affichaient une volonté commune de juger mon affaire au plus vite afin de ne pas entacher les relations fraternelles désormais établies. De fait, mon crime intervenait deux mois après les accords de Munich et précédait d'un mois seulement la venue de Ribbentrop à Paris pour la conclusion de l'accord franco-allemand de non-agression - j'en rirai aujourd'hui si ma vie n'était pas en jeu. Le moment était donc mal choisi. La France, dans sa volonté d'apaisement avec l'Allemagne, ne voulait en aucun cas que le procès déborde du cadre strictement criminel pour s'aventurer sur le terrain politique.
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Comment sont nés les congés payés ? Un entretien avec Morgan Poggioli, historien.
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