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Léonid Minor (Traducteur)Nata Minor (Traducteur)Dominique Fernandez (Préfacier, etc.)
EAN : 9782845450738
150 pages
Editions des Syrtes (15/01/2003)
3.79/5   7 notes
Résumé :

Fasciné par le génie politique et militaire de Pierre le Grand (1672-1725), Pouchkine publie en 1828 l'un de ses chefs-d’œuvre, Poltava, éloge à la plus prestigieuse des batailles remportée par le tsar et qui, au début du XVIIIe siècle, ouvrit à la Russie les portes du cercle très restreint des grandes puissances européennes. Cinq ans plus tard, épuisé par la censure permanente que lui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ces deux poèmes d'Alexandre Pouchkine ont un point commun, le tsar Pierre le Grand de Russie.

1. Poltava
Le premier, Poltava, du nom de la bataille décisive de 1709 qui vit le tsar l'emporter sur Charles XII, roi de Suède s'attache principalement au hetman Ivan Zapeta, à la tête des Cosaques alliés à la Suède.
Contrairement à Victor Hugo, à Lord Byron, aux peintres Delacroix et Vernet, Zapeta est ici représenté sous un jour peu flatteur : c'est un fourbe, traitre à son tsar, il est pervers car amoureux de Maria, beaucoup trop jeune pour lui, il est le bourreau du père de sa maîtresse. Les seuls traits d'humanité que lui laisse Pouchkine se trouvent dans son amour pour Maria...
L'on retrouve ici le très ancien antagonisme russo-ukrainien, Zapeta s'étant allié à la Suède pour donner à l'Ukraine son indépendance. Pouchkine est Russe et ne peut admettre sa trahison.
Pouchkine décrit la bataille de Poltava de manière vivante.
Ce poème se lit comme de la prose, et une prose dotée de rythme et de musicalité, avec un langage sobre ; on en oublie que ce texte a près de 200 ans..
Je viens de le relire après sept années et son charme opère toujours !

2. le Cavalier de bronze
Saint-Pétersbourg a été imaginé, voulu et construit par la volonté du tsar Pierre le Grand.
Le poème débute par un tableau idyllique de la ville. - « la jeune cité, merveille des terres boréales » - Pouchkine nous fait voir ses palais, ses quais où accostent des vaisseaux du monde entier, ses jardins, ses patineurs, ses bals
Cette quiétude change ensuite : les eaux de la Néva jaillissent et inondent la ville. le jeune Eugène, amoureux de Paracha est pauvre et fait des projets d'avenir. Devant l'inondation, il s'inquiète du sort de sa bien-aimée et part à sa recherche. Il sera trop tard. Sa vie n'a plus de sens, il voit la statue de Pierre le Grand et l'invective puis imaginant celui-ci le poursuivre, perd la raison.
Ce second poème est beaucoup plus court, sa structure est remarquable, un andante pour débuter, un mouvement rapide ensuite pour se terminer par une finale enfiévrée.
C'est ici une critique de l'oeuvre du tsar.
À nouveau, le style est sobre et le rythme très présent.

J'ai adoré !






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Les splendeurs et folies du Tsar Pierre le Grand

Ces deux poèmes d'Alexandre Pouchkine, «Poltava» (1828) et «Le Cavalier de Bronze» (1833), sont deux courts récits en vers qui rendent hommage, d'une manière ou d'une autre, au plus grand souverain russe de l'Histoire, Pierre le Grand, célébré pour son génie politique et une vision de son pays tourné vers l'avenir. Cela est d'autant plus paradoxal de la part d'un poète surtout connu pour son caractère rebelle contre tout autoritarisme. C'est que les deux poèmes ci-dessus dressent deux portraits différents du tsar aux yeux de leurs principaux protagonistes.

Commençons par le premier.

«Poltava», divisé en trois chants, raconte l'histoire du vieux cosaque Mazeppa qui règne sur une Ukraine vassalisée à la Russie de Pierre, une Ukraine qu'il veut indépendante. Alors que ce personnage rebelle à l'existence turbulente est idéalisé par Lord Byron et Victor Hugo, Pouchkine (nationalisme russe oblige!) lui dresse un portrait moins flatteur, le décrivant comme un charlatan et un pervers septuagénaire ayant séduit Maria, la (trop jeune) fille de son meilleur ami Kotchoubey. Complots politiques et trahisons sanglantes mèneront à l'importante bataille de Poltava qui verra Pierre le Grand écraser la révolte de Mazeppa qui s'enfuit, plongeant lui-même et son pays dans la déchéance et la folie.

Ce qui est original chez Pouchkine, c'est son mélange des genres (poésie et dialogues) mais aussi et surtout, sa description assez paradoxale de Mazeppa le traître qui devient néanmoins le personnage principal du poème avec ses défauts mais aussi des sentiments humains, comme son amour pour Maria. Il semble que Pouchkine, lui-même poète rebelle, ait décidé de lui rendre hommage en quelque sorte.

«Le Cavalier de bronze » dresse un portrait plus sordide des grandeurs du tsar et de la mégalomanie qu'il nourrissait dans la création d'une nouvelle capitale (Saint-Pétersbourg) qu'il fit inonder pour la construire, ayant causé la mort de milliers de personnes. Cette nouvelle fantastique en vers raconte une des nombreuses inondations de l'histoire de la ville dans laquelle Eugène, un jeune fonctionnaire perd sa fiancée. Celui-ci, ne pouvant plus trouver un sens à sa vie, croise par hasard la statue en bronze de Pierre le Grand et le maudit pour tous les malheurs du monde. Mais le Cavalier de Bronze n'a pas dit son dernier mot et Eugène finira par en payer le prix...

Deux visages différents du tsar, deux personnages romantiques dont la révolte contre le grand Souverain incontesté leur sera impossible et puni dans la folie. Deux courts récits en vers magnifiquement bien écrits dans une langue colorée sans être lourde.

Décidément, Pouchkine me surprend de plus en plus et jusqu'à maintenant, ce sont les deux oeuvres que je préfère le plus dans son répertoire!

www.critiqueslibres.com
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Je ne donnerai pas ici de critique sur le Cavalier de Bronze, je l'ai fait ailleurs ; je comprends néanmoins l'éditeur qui a réuni ces deux textes, ils évoquent tous les deux Pierre le Grand.
Cette oeuvre est particulière à lire dans le contexte actuel d'invasion de l'Ukraine par la Russie, et ce d'autant plus que Vladimir Poutine lui-même la cite fréquemment dans ses discours, pour renforcer le patriotisme.
Effectivement, Poltava peut apparaître d'abord comme un texte visant à exalter la grandeur de la nation, sa gloire, afin de développer un sentiment national. Pierre le Grand est donc décrit de façon très méliorative, même s'il apparaît relativement peu, dans la tradition des épopées – comme Racine écrivant pour célébrer Louis le Grand : « La Russie encore jeune, dans les luttes tendant ses forces, grandissait par le génie de Pierre ».
La Russie est face à deux ennemis à la fois, les ennemis extérieurs d'abord, à savoir les Suédois qui tentent de conquérir uen partie de la Russie, ou, du moins, de prendre Moscou – l'Occident de façon plus générale dans la perspective de Poutine. Et les ennemis intérieurs ensuite : les Ukrainiens.
Au XVIII ème siècle, l'Ukraine n'est pas un territoire ennemi, elle est déjà conquise, et fait partie de la Russie impériale, au même titre que la Pologne et que la Petite Russie. Il s'agit donc d'une guerre intérieure, « d'une guerre civile ». Car les Ukrainiens ne se sentent pas assez russes, « le feu de la sédition commence à brûler ». Mazepa est donc un traître, lui le gouverneur qui jurait fidélité au tsar, et qui passe à l'ennemi. Il est présenté comme une figure repoussante : un vieillard face à la jeunesse de Pierre, qui ne tient pas ses serments. Et surtout, un débauché : l'amour ne le rachète pas, puisqu'il aime Marie, la si jeune et si belle, cette « fleur slave ». Leur amour est présenté comme immoral et non naturel.
Il y a donc deux éléments différents dans ce poème, dont beaucoup doit m'échapper puisque je le lis en traduction : l'éloge du tsar et de la patrie, une élégie avec le portrait d'une jeune amoureuse, une diatribe violente contre les traîtres urkainiens, une tragédie familiale cornélienne où la jeune mariée doit choisir entre son père et son époux.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
LE CAVALIER DE BRONZE

Repoussée par le vent du golfe,
La Néva, emprisonnée,
Se repliait, furieuse, folle,
Et sur les îles déferlait.
L’ouragan gagnait en rage,
La Néva rugit, se gonfla,
Marmite fumante, débordante,
Sur la cité, elle déboula,
Fonçant comme une bête de proie.
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POLTAVA

À Poltava, et c’est bien vrai,
Nulle fille n’égale en beauté
Marie, fraîche comme fleur de mai
Couvée à l’ombre d’une chênaie.
Aussi svelte que les peupliers
Sur les hauteurs de Kiev dressés,
Dans ses gestes, elle nous fait songer
Des fois au cygne des eaux désertes,
Des fois à une biche alerte.
Sa gorge comme mousse est blanche
Et autour de son front radieux
Ses cheveux noirs bouclent en frange
Comme des étoiles brillent ses yeux
Ses lèvres ? Roses épanouies...;;
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Non seulement un premier duvet
Et boucles d’or sont séduisants,
Parfois aussi, d’un homme âgé
L’aspect, les rides, les cheveux blancs
Évoquent une forme de beauté
Qui éveille des rêves passionnés.
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Sur Pétersbourg, glauque, monotone,
Novembre humait le froid d'automne.
Valsant de ses flots impatients,
Tenue par ses quais imposants,
Tel un malade en plein délire,
La Néva ruait dans son lit.
Il était tard, il faisait nuit,
Le vent lugubre se plaignait,
La pluie rageuse s'abattait...
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POLTAVA

L’Ukraine, en sourdine, s’agitait ;
Depuis longtemps, le feu couvait.
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