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EAN : 978B00M2ANGZM
(23/07/2014)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relu et corrigé.
Extrait: Seconde partie
Or voici que rassasiée de destruction et lasse de sa violence effrénée, la Néva revient à elle émerveillée de sa révolte et cède peu à peu sa proie, tel un brigand avec sa bande féroce entre dans un village, dépouille, assassine, saccage et pille. Cris et grincements de dents, voies de fait, injures, alarmes, hurlements et, saouls de déprédations, craignant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Petro Primo Catharina Secunda

Voilà l'inscription que l'on trouve sur la statue équestre du plus célèbre tzar russe, Pierre I. Elle domine la place du Sénat de son bien-aimé "Piter", ville qu'il fonda sur les marécages inhospitaliers du delta de la Neva au tout début du 18ème siècle, et que le philosophe italien Francesco Algarotti compara peu après à "la fenêtre par laquelle la Russie regarde en Europe". La statue elle-même fut inaugurée en grande pompe en 1772, après quelques intéressants périples, par la tzarine Catherine II, en hommage à son illustre prédécesseur, et de nos jours elle est surtout connue comme le Cavalier de bronze. Surnom devenu populaire après la vague de succès du poème de Pouchkine.

Le dieu de la poésie russe a écrit son Cavalier en 1833 à Boldino, et ce petit ouvrage, considéré par beaucoup comme son meilleur poème, a dû attendre quelques années avant d'être publié. Il n'a pas passé la censure personnelle de Nicolas I ; ce n'est que quatre ans plus tard, après la mort de Pouchkine, qu'est parue la première édition, suffisamment adaptée pour contenter les censeurs.

Le héros, Eugène, est l'un des milliers d'habitants insignifiants de Saint-Pétersbourg, et on peut dire que rien ne le distingue des autres. Il est amoureux de Parasha, fille d'une veuve, qui vit dans une maison près de la rivière. Au printemps 1824, la Neva en furie est sortie de ses berges en balayant toute une partie de la ville. Eugène erre au milieu de la désolation, en cherchant en vain la maison où vivait Parasha, mais elle a été emportée avec ses deux habitantes. Il ne peut pas accepter cette mort, et il s'emporte violemment contre la statue de Pierre, en l'accusant de la perte de sa bien-aimée. Subitement, le cavalier prend vie, se lance à sa poursuite, et à partir de ce moment, Eugène ne peut pas se débarrasser de l'oppressante sensation d'être suivi à chaque pas. Il perd la raison, et bientôt aussi la vie.
Je vous laisse ici à vos propres interprétations...

Le poème est un flamboyant mélange de genres, qui mêle l'histoire fantastique d'Eugène avec des passages qui glorifient Pierre I et sa ville, odes pleines de pathos et de fierté. Derrière l'histoire d'amour se cache un conflit plus sérieux, entre le monde omnipuissant d'un tzar-empereur et la vie d'un homme ordinaire, synonyme de moins que rien. Si on n'est pas d'humeur à s'occuper de politique, "Le Cavalier de bronze" est une histoire tragique écrite en vers sublimes, mais son sous-ton profond lui ajoute encore en qualité et en valeur. Pouchkine savait comment imprimer des interrogations sérieuses dans ses histoires... et toujours avec autant d'aisance et de panache ; ses vers coulent comme la Neva dans ses bons jours ! Comment faisait-il, ce garnement à rouflaquettes, doté d'une mémoire prodigieuse ? Génial. 5/5 sans hésitation, rien que pour ces descriptions du chaos provoqué par la rivière en crue.

Après l'exaltation, un peu de déception.
Le lecteur français pourra difficilement apprécier le poème de Pouchkine à sa juste valeur, privé de la mélodie des vers qui se chevauchent souvent au milieu de la ligne, et qui le poussent littéralement à poursuivre sa lecture. Certaines chroniques qualifient même "Le Cavalier" de "courte nouvelle", ce qui fait particulièrement mal au coeur, mais en réalité on n'a pas vraiment le choix.
J'ai n'ai trouvé que deux traductions de "Медный всадник" (qu'on devrait, d'ailleurs, plutôt traduire comme Le Cavalier de... cuivre ! ; ceci dit, on peut facilement comprendre la prédilection de nos traducteurs pour la noblesse et la notion d'éternité de cet alliage, ainsi que leur respect de la réalité : la statue, conçue par un sculpteur français, est bien évidemment en bronze !) et aucune ne m'a enchantée.
A. Dumas était pris d'un étrange envol poétique en 1865, en ajoutant au "Cavalier" quelques fioritures romantiques de son cru, et, probablement épuisé par tant d'efforts, il n'a jamais fini la traduction en entier.
La version de J. Chuzeville de 1946 (qu'on trouve très facilement en ligne) est fidèle à l'original, mais elle reste en prose. Quel dommage, pour la culture qui a tant inspiré et influencé les poètes et les prosateurs russes de cette époque, Pouchkine (qui était parfaitement bilingue et féru de littérature française au point qu'on le surnommait ironiquement "le Français") en premier.
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Ce texte est un poème composé en 1833 par Pouchkine ; Il a été inspiré par la statue de Pierre le Grand qui juché sur son cheval domine les quais de la Neva à Saint Petersbourg.
Pouchkine dans le préambule loue et glorifie le tsar Pierre le Grand et la ville, Petrograd la magnifique. Pouchkine lance littéralement son cri d'amour à la ville : « Je t'aime, ô création du génie de Pierre, j'aime ton profil noble et sévère, le cours majestueux de la Néva, le granit des quais, les grilles de fer de tes jardins, le clair obscur de tes nuits méditatives, cette lumineuse absence de la lune… »
Puis, le ton change, Pouchkine nous annonce une histoire, « et triste en sera le récit » nous dit-il.
Par une terrible nuit d'inondation la ville est détruite, nombreuses sont les victimes et Eugène notre héros perd sa bien aimée. Fou de chagrin il erre dans la ville dévastée et devant la statue du cavalier, il accuse et menace le tsar … mais il va payer cher sa rébellion.
Ce conte est lourd de symbole, ce conflit n'est-il pas celui du peuple et de son Tsar dont l'orgueil a mené la ville au désastre. Eugène se révolte mais y a-t-il la place pour la révolte ?
Pouchkine mène habilement toutes ces interrogations et nous fait comprendre que le peuple est résigné, car il n'a pas le choix.
On est aussi surpris par la contradiction entre le début où Pouchkine loue et aime le tsar et les sentiments de révolte du héros Eugène. Il admire et hait ce tsar !
Ce poème est présenté comme étant un des meilleurs écrits de Pouchkine, je regrette une fois de plus de très mal connaître le russe, sûrement, tout le rythme et la musicalité nous échappent


















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Mi-conte fantastique, mi-poème, ce récit de Pouchkine est une vraie merveille !
Cela commence par une véritable déclaration d'amour à Saint-Pétersbourg, la sublime ville sortie des marécages de la Baltique par la volonté de Pierre le Grand. La cité de pierre a été érigée par le tsar dès 1703, avec l'aide « forcée » de toute la population, les riches obligés de bâtir leurs maisons en pierre, les paysans corvéables à merci. Traversée par la Neva qui vient se jeter dans le Golfe de Finlande, Saint-Pétersbourg a subi de nombreuses inondations, dont l'une particulièrement dramatique en 1824.

Cette crue meurtrière et la célèbre statue équestre de bronze de Falconet qui immortalise la puissance de Pierre le Grand seront les matériaux de Pouchkine pour écrire son récit. Après le magnifique prologue qui décrit toute la beauté de la ville, l'histoire débute un soir de pluie battante en novembre. Un jeune homme pauvre, Eugène, rentre chez lui et se couche, songeant qu'il va retrouver sa bien-aimée Prascovie dans quelques jours. Mais dans la nuit et la journée qui suivent, les éléments se déchaînent, l'eau monte et la Neva, gonflée par la tempête, envahit les îles, emporte tout sur son passage, ne laissant que mort et dévastation. Eugène s'angoisse pour Prascovie : sa maison aura-t-elle résisté ? Hélas, ses recherches sont vaines, Prascovie a été emportée par les flots. Eugène, fou de douleur, maudit le Cavalier de Bronze, dont l'orgueil démesuré est responsable de ce désastre. Mais défier Pierre le Grand, même si ce n'est que sa statue, n'est pas sans risques... le récit prend alors une tournure fantastique.

Ce texte est symbolique des rapports compliqués que Pouchkine eût sa vie durant avec les tsars Alexandre 1er et Nicolas 1er : le poète fut toujours loyal aux tsars même s'il en a subi maintes fois la censure, l'oppression et l'exil.

Encore une fois, je regrette de ne pas connaître le russe, mais même en français, on ressent parfaitement toute la beauté tragique de ce texte : c'est sans doute l'une des plus belles oeuvres que j'ai jamais lues !

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Le Cavalier de bronze fait référence à l'orgueilleuse statue équestre du tsar Pierre le Grand qui domine les quais de la Néva à Saint-Petersbourg. le texte est un long poème narratif composé en 1833, sous le règne de Nicolas 1er, que Pouchkine doit servir pour pouvoir publier ( il est son historiographe) mais qu'il hait de toutes ses forces car il entrave sa liberté et celle du peuple russe tout entier.
Dans le préambule, Pouchkine glorifie Pierre-Le-Grand et déclare son amour pour la capitale moderne qu'il a fondée: "Je t'aime, ô création du génie de Pierre, j'aime ton profil noble et sévère, le cours majestueux de la Néva, le granit des quais, les grilles de fer de tes jardins, le clair-obscur de tes nuits méditatives, cette lumineuse absence de lune " . Mais le récit qui suit désarçonne complètement. Durant le mois de novembre, la Néva entre en crue et dévaste tout, ensevelissant le petit peuple anonyme sous le regard insensible du tsar. le jeune Eugène, petit fonctionnaire de rien du tout, cherche en vain sa bien aimée sur une frêle embarcation. Quand l'eau se retire enfin, il la cherche encore et encore. Puis, littéralement fou de chagrin, Eugène, poing levé, maudit la puissante statue de bronze...
Le poème est beau et puissant, déchirant, tragique.
A découvrir sur la bibliothèque russe et slave ( traduction en prose réussie)
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Evidemment, une traduction en prose ne doit pas rendre justice à une poésie en vers, je n'ai donc pas dû lire toute la beauté de l'oeuvre. Mais j'ai bien ressenti son souffle, son tourbillon. Les eaux montent et envahissent la ville, menaçant ses palais, ses sculptures, ses marbres et ses dorures. Et pendant que le tempête souffle, c'est aussi la tempête dans le crâne de "notre Eugène". Ce n'est pas "notre héros", mais "notre Eugène", un homme ordinaire, qui ne peut que contempler impuissant la montée des eaux. Lui aussi est balloté, mais par le destin, et sa tentative de révolte est vouée à l'échec. Et la ville miraculeuse, érigée sur la volonté d'un homme, se pare de boue, de maisons éventrées, de cercueils flottants. Celui qui a défié le destin, c'est "le cavalier de bronze", Pierre le grand, qui a bâti une ville au milieu des marais, sur un fleuve tempétueux, mais qui, par la force de sa volonté, l'a rendue insubmersible, et donc immortelle.
Bien plus que l'intrigue autour d'Eugène, c'est un portrait, mais surtout un hymne, à cette Venise de la Baltique - une statue de lion apparaît d'ailleurs deux fois - qui tire sa grandeur de la mer, mais est menacée par elle. Et tout cela sous le regard de son fondateur devenu un dieu par sa pétrification, mais un regard de haut qui n'agit pas.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je t’aime, ô création du génie de Pierre,
j’aime ton profil noble et sévère,
le cours majestueux de la Néva,
le granit des quais,
les grilles de fer de tes jardins,
le clair obscur de tes nuits méditatives,
cette lumineuse absence de lune,
alors que dans ma chambre j’écris sans lampe
et que les maisons endormies des avenues désertes sont visibles,
et claire l’aiguille de l’Amirauté
et que, répudiant toute ombre au ciel doré,
le crépuscule du matin a vite fait de remplacer l’autre
et n’accorde qu’une demi-heure
à la nuit.
(J. Chuzeville, 1947)
______________________________________________________

Oui je t’aime, cité, création de Pierre ;
J’aime le morne aspect de ta large rivière,
J’aime tes dômes d’or où l’oiseau fait son nid,
Et tes grilles d’airain et tes quais de granit.
Mais ce qu’avant tout j’aime, ô cité d’espérance,
C’est de tes blanches nuits la molle transparence,
Qui permet, quand revient le mois heureux des fleurs,
Que l’amant puisse lire à tes douces pâleurs
Le billet attardé, que, d’une main furtive,
Traça loin de sa mère une amante craintive.
Alors, sans qu’une lampe aux mouvantes clartés,
Dispute à mon esprit ses rêves enchantés,
Par toi seul guidé, poète au cœur de flamme,
Sur le papier brûlant je verse à flots mon âme.
Et toi, pendant ce temps, crépuscule argenté,
Tu parcours sur ton char la muette cité,
Versant aux malheureux, dans ta course nocturne,
Le sommeil, doux breuvage échappé de ton urne,
Et regardant au loin, comme un rigide éclair,
L’Amirauté dressant son aiguille dans l’air.
Alors, de notre ciel par ton souffle effacée,
Vers le noir occident l’ombre semble chassée,
Et l’on voit succéder, de la main se touchant,
La pourpre de l’aurore à celle du couchant.
(A. Dumas, 1865)
_______________________________________________________

Люблю тебя, Петра творенье,
Люблю твой строгий, стройный вид,
Невы державное теченье,
Береговой её гранит,
Твоих оград узор чугунный,
Твоих задумчивых ночей
Прозрачный сумрак, блеск безлунный,
Когда я в комнате моей
Пишу, читаю без лампады,
И я́сны спящие громады
Пустынных улиц, и светла
Адмиралтейская игла,
И, не пуская тьму ночную
На золотые небеса,
Одна заря сменить другую
Спешит, дав ночи полчаса.
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Je t’aime, ô création du génie de Pierre,
j’aime ton profil noble et sévère,
le cours majestueux de la Néva,
le granit des quais,
les grilles de fer de tes jardins,
le clair obscur de tes nuits méditatives,
cette lumineuse absence de lune,
alors que dans ma chambre j’écris sans lampe
et que les maisons endormies
des avenues désertes sont visibles,
et claire l’aiguille de l’Amirauté
et que, répudiant toute ombre au ciel doré,
le crépuscule du matin a vite fait de remplacer l’autre
et n’accorde qu’une demi-heure à la nuit.
J’aime l’air immobile et le gel de ton cruel hiver,
les courses en traîneau le long de cette ample Néva,
les joues des jeunes filles plus roses que les roses
et le faste, la rumeur, le caquet de tels bals
et, dans les dîners de garçons,
le vin mousseux qui pétille dans les verres,
et la flamme bleue du punch.
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Toute la nuit, à contre-vent, la Néva s’était ruée vers la mer, impuissante à surmonter l’aveugle fureur de la tempête... Sur ses bords, dans la matinée, le peuple accourut se pressant pour mieux voir les eaux rageuses rejaillir en énormes paquets d’écume. C’est alors que, harcelé par le vent qui soufflait du golfe et rebroussant chemin, le fleuve à l’étroit entre ses quais, submergea les îles et, dans une saute plus forte, la Néva gonflant ses eaux comme une chaudière qui bout, se dressa d’un bond de fauve et sur la ville s’abattit... Et tout fut balayé alentour. Les eaux envahirent d’un seul coup les galetas souterrains, les canaux dégorgèrent entre les grilles du garde-fou. Et la cité de Pierre, tel un triton, resta plongée sous l’eau jusqu’à la ceinture.
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Ainsi songeait-il, et la mélancolie de cette nuit l’obsédait. Il eut voulu que le vent ne hurlât pas si lugubre et que la pluie aux carreaux ne cinglât pas si fort. À la fin de ses yeux, pris de sommeil, se fermèrent. Et voici que les ténèbres de cette pluvieuse nuit se dissipent et qu’un jour blême va se lever. Jour effroyable !
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Sous un blême rayon de lune, allongeant le bras tout là-haut, le cavalier de bronze est à ses trousses dans une chevauchée retentissante. Et toute la nuit, où que l’insensé dirige ses pas, derrière lui, partout, le cavalier de bronze est là qui le poursuit de ses pesantes foulées
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