Héraclite

C'est sans doute le principal des nombreux paradoxes attachés depuis l'Antiquité à Héraclite : ce solitaire misanthrope, mal compris, était invraisemblablement réputé tant auprès de ses contemporains que par la suite auprès de ses lecteurs. Héraclite s'était donc distingué pour n'avoir pas voulu satisfaire aux exigences de la vie commune, de la vie en Cité qui étaitent pour le Grec le propre de la nature humaine. Il vivait parmi les siens en ermite et refusait de faire un usage communiquant du logos, de la parole et de la raison. Il n'avait pas voulu souscrire à l'usage ordinaire du discours raisonné, comme le lui reprochera Aristote dans la Métaphysique, mais cela ne lui aliéna pourtant jamais, au contraire, l'intérêt des lecteurs. Il y avait dans sa posture une forme de décision philosophique qui lui assura une notoriété ininterrompue. Ses thèses furent reprises pour des raisons diverses par des écoles philosophiques parfois très éloignées, et la figure du sage atrabilaire allait elle aussi avoir un immense succès philosophique et littéraire.