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EAN : 9782353060481
208 pages
La Branche (01/10/2011)
3.3/5   20 notes
Résumé :
Miranda réalise des numéros humoristiques de voyance au Quolibet, un cabaret de Lille. Un soir, elle reconnait un promoteur qui lui a causé du tort par le passé. Pour se venger, elle lui prédit un avenir sombre : avant le vendredi 13, il trouvera la mort.
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Je ne suis pas superstitieux – j'ai assez de travers comme ça – et ce n'est pas par croyance – je suis un athéiste forcené doublé d'un cartésien féroce – que je me suis penché sur la collection littéraire « Vendredi 13 » des éditions La Branche.

Non, seuls deux noms sont parvenus à me convaincre de m'intéresser à cette collection : le directeur de collection, Patrick Raynal et, surtout, l'auteur du premier titre, « Samedi 14 », le génial Jean-Bernard Pouy.

J'ai adoré « Samedi 14 » pour de multiples raisons que vous pouvez retrouver dans ma chronique sur ce roman.

Pour autant, je ne m'étais pas, dans la foulée, intéressé aux titres suivants.

Mais, très récemment, j'ai lu avec grand plaisir « L'Arcane sans nom », le second titre de la collection, signé Pierre Bordage.

Alors, je me suis dit, pourquoi ne pas continuer ?

La première page de « Freaky Fridays » ne m'ayant pas convaincu – il m'en faut parfois peu, mais je dois avouer que, déjà, je ne trouvais pas le titre très engageant – j'ai décidé de faire l'impasse sur celui-ci pour passer au suivant, « Close-up » de Michel Quint.

Je ne suis pas spécialement fan de magie et de tours de cartes, mais les critiques étant plutôt bonnes, je me suis laissé tenter…

Octavie était en couple avec un architecte qui, suite à un accident du travail, s'est retrouvé paralysé, a refusé de poursuivre en justice ses patrons et l'a fichu dehors. Octavie est alors devenue Miranda, une magicienne faisant des tours de cartes et des prédictions dans un petit cabaret lillois.

Un soir, lors d'un tour, elle reconnaît un des clients, le patron de son ex, qui ne semble pas insensible à son charme et qui, surtout, est très superstitieux. Celui-ci l'engage pour faire un numéro pour son anniversaire devant ses convives. Elle en profite pour peaufiner une vengeance en lui prédisant qu'il mourra avant le vendredi 13…

Quelques jours après le promoteur débarque en sang au cabaret, on a tenté de l'assassiner. Persuadé que Miranda prédit l'avenir, il décide de ne plus la quitter jusqu'à ce que le vendredi 13 soit passé.

Michel Quint, jusqu'ici, je ne connaissais que de nom – j'étais persuadé d'avoir déjà lu un « le Poulpe » écrit par lui, mais apparemment je me suis trompé.

Pourtant, l'auteur n'est pas un béjaune débarqué récemment dans le monde de la littérature et l'on peut même dire que le bougre a une longue expérience dans le roman policier et d'aventures et qu'il a été honoré de multiples prix pour ses écrits.

Ce n'est donc pas sur l'inexpérience de l'auteur que je peux rejeter les problèmes de plume et de style de « Close-up ».

Car c'est la principale raison, mais pas la seule, qui m'a empêché de terminer la lecture de ce roman. Certes, j'en ai lu les deux tiers, mais je dois bien avouer que l'envie me dévorait depuis bien longtemps (quasiment dès le début). Mais voilà, je venais d'abandonner très rapidement 3 des 4 derniers romans que j'avais entamés et je trouvais que le ratio était déjà trop défavorable pour l'empirer encore.

Cependant, avec toute la meilleure volonté du monde, quand j'ai commencé à lire les pages en travers pour aller plus vite, j'ai bien compris qu'il était inutile d'insister.

Mais avant d'expliquer ce qui m'a déplu dans le style, je vais m'étendre un peu sur les autres travers du roman.

Les personnages tout d'abord.

Difficile de comprendre l'esprit de vengeance de l'héroïne. Car ce n'est pas elle qu'elle veut venger, mais son ex... ex qui l'a jetée dehors après son accident, a refusé d'attaquer son patron et qui, depuis, vit avec une autre femme. Pourtant, des années après (une dizaine, si je me souviens bien), Octavie-Miranda tient à le venger. Pourquoi ? Peut-être est-ce expliqué dans le dernier tiers ? Si c'est le cas, il aurait mieux valu le dire avant afin que le lecteur puisse comprendre la motivation d'Octavie.

Le promoteur, ensuite. Cinquantenaire, mais juvénile, patron impitoyable et riche, mais superstitieux et blagueur, exaspérant, mais charmant…

Si l'on ne voyait pas venir le fait que les deux vont finir par tomber amoureux l'un de l'autre, l'auteur n'hésite pas à spoiler (je n'aime pas le terme divulgâcher) en ne cessant de faire dire à Miranda « pourvu que je ne tombe pas amoureux de lui… ».

L'histoire, enfin…

Certes, les romans policiers reposent toujours sur le hasard. Là, Miranda lui annonce qu'il va mourir, pour lui faire peur, et pouf, le type est victime d'une tentative d'assassinat. Mais le plus gros problème est celui que j'ai évoqué d'une motivation incompréhensible à la vengeance pour laquelle Octavie va tout de même risquer sa vie.

Venons en maintenant au souci majeur – pour moi, car, il semblerait que c'est, au contraire, pour certains lecteurs, un point fort – le style.

Je ne doute donc pas que Michel Quint sache écrire, d'ailleurs, il est titulaire d'une licence de lettres classiques, ce qui, déjà, laisse à penser qu'il maîtrise quelque peu l'art de l'écriture.

C'est donc consciemment, par pur esprit de style, que Michel Quint s'est amusé – à mon détriment – avec la ponctuation et la construction de ses phrases.

Car il faut bien avouer – du moins pour moi – que l'histoire en devient presque confuse à force de phrases sans point, mélangeant les informations, les formes, les constructions.

Entendons-nous bien, je ne déteste pas les phrases à rallonge, loin de là, au contraire, même. Je n'ai rien contre les constructions alambiquées – je dirai même que j'adore ça. Mais encore faut-il que cela soit lisible et compréhensible, ce qui n'est pas forcément le cas.

En tout cas, pour décrypter les phrases, refaire dans sa tête sa propre ponctuation, afin de reconstruire le récit, cela demande un certain effort qui vous coupe d'une histoire déjà pas très exaltante. Exemple pris au hasard.

Applaudissements, Bruno est debout, un sourire jusqu'aux oreilles, rien vu, rien deviné, les acolytes se tiennent les côtes, Sidonie un rien pincée, le cul entre deux chaises et Amaury, beau joueur en surface, tiens il lui ferait bien la bise à Miranda, sans rancune, mais elle le tient à distance, ferme, regarde Bruno bien droit sans sourire, et toujours cette voix d'après tendresses :

Certes, ce n'est la phrase la plus représentative du roman, mais juste un exemple pioché sans réellement chercher. de même que le suivant :

On discute, on se congratule, Jacky voit cette ferveur entre eux, tous les six, même Amaury qui a cessé de bouder et Sidonie de lui faire du rentre-dedans, oui la ferveur d'une réussite qu'ils ont tenu à fêter sur-le-champ, dans le premier bouclard venu, le champagne, l'annonce publique du gros contrat signé, les millions de dollars à venir, ils s'en occuperont plus tard, avec des dames qui sentent bon. Y a pas offense. Les clowns Bric et Broc, Adrien et Félix, slip kangourou pour chacun et puis le maquillage du clown blanc, le chapeau pointu pour Bric, le nez rouge, le feutre informe de l'auguste et les bretelles au slip pour Broc, tous deux commencent juste à pleurer en scène, juste après que Nelly a dansé voluptueusement sur son comptoir, quand Bruno se lève, imité des autres et, comme Nelly n'est pas encore rhabillée, Miranda supplée, distribue les manteaux, celui de Sidonie, celui de Bruno…

Bref, certains passages sont pires et c'est la raison qui m'a, si ce n'est fait décrocher, empêché d'entrer dans l'histoire. Et c'est bien plus simple de sortir d'un roman dans lequel on est pas rentré, chose que j'ai fini par faire.

Au final, un roman dont le style ne me convient pas, pas plus que les personnages et l'histoire. Cela fait tout de même beaucoup.
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Pensiez-vous que je réussirais à ne pas craquer quand est sorti un roman policier dont l'intrigue se déroule à Lille, et qui plus est commis par Michel Quint ?

Je me suis plongée avec délices dans cette histoire, que j'ai adorée de la première à la dernière ligne…

Tout d'abord, chacun des protagonistes de cette histoire a ce qu'on appelle une sacrée personnalité. Octavie est une belle quarantenaire aux yeux violets et à la voix profonde « avec du brouillard dedans, du sanglot et du sang versé » qui en fait chavirer plus d'un, qui devient Miranda dès qu'elle monte sur la scène du Quolibet, une sorte de bar un peu miteux dans le vieux Lille, pour y faire ses tours de cartes et embobiner le public, féminin comme masculin. On découvre son passé au fil de l'intrigue, qu'elle garde assez secret vis-à-vis de ses collègues de travail, et on sent chez cette femme magnifique et au fort caractère, des blessures intimes pas encore refermées, et l'envie d'en découdre, de ne pas se laisser marcher sur les pieds, manipuler.

« le Quolibet, cabaret-bar, musique, attractions diverses, vedettes internationales de la télévision. Derrière le battant, on se tape le nez dans une sorte de grande muleta de velours cramoisi qui pend là, juste contre, pour museler le froid au bord d'un court couloir éclairé faible par les photos sous cadres luminescents des artistes présents ou passés dont le génie relève le magnétisme du lieu. Puis on donne encore du front dans un autre chiffon doux, comme ces bêtes taureaux des dimanches, et nous y voilà.»

Quant elle va se retrouver face à face avec Bruno, PDG d'une grosse société immobilière de la région, mais qui fait des affaires à l'étranger également, sa décision sera vite prise, une fois qu'elle l'aura reconnu. Car cet homme est lié à son passé, à une histoire noire qu'elle ne peut pas oublier bien qu'elle ait tenté de changer de vie, à la vie d'un homme qu'elle a aimé, à une période où elle a été heureuse… Miranda la belle va tenter de prendre sa revanche.

« Ce soir, pas long après la Toussaint, quand les larmes écloses au bord des tombes n'ont pas encore séché aux joues mais que le parfum des fêtes allume déjà l'oeil, marché de Noël, grande roue sur la place de la Déesse et tout le tralala, elle glisse de son tabouret, et tend le bras, paume ouverte, pour accueillir cinq hommes et une jeune femme blonde qui entrent en secouant la brume de leurs épaules. »

Lui, le bourgeois nanti et sûr de lui, va cependant être subjugué par Miranda et voudra impressionner les gens de son monde. Il l'invite donc chez lui à une soirée, lui proposant de pratiquer dans l'assemblée ses tours de close-up, et de s'adonner à une petite blague… Il est, malgré sa position sociale et professionnelle, obnubilé par les cartes et par ce qu'elles peuvent révéler, et croit dur comme fer à leur pouvoir de divination. Miranda va se lancer dans son numéro de close-up en faisant le grand jeu et en médusant l'assemblée, et ayant découvert cette faiblesse de son hôte d'un soir faire parler les cartes, et lui annoncer sa mort, avant le prochain vendredi 13… qui tombe justement très bientôt.

« Pour lui, l'existence d'un truc ne prouve pas que l'oracle n'existe pas, que le destin est opaque, elle indique qu'on ne maîtrise rien et que le sort a déjà réuni des éléments, y compris la prédiction, qui rendent plausible l'issue fatale. »

Quand Bruno sera attaqué, il repensera bien sûr à la prophétie de Miranda, et c'est vers elle qu'il viendra chercher de l'aide, n'ayant aucune confiance dans ses proches, famille ou amis, elle qui fomentait une juste vengeance...

« Miranda n'en revient pas, qu'il réagisse en paysanne du fond du Moyen Age, en obscurantiste bas-breton, alors oui inutile de le soigner, il est condamné, monsieur se prend pour Jeanne d'Arc, il écoute la voix des cartes, lui un chevalier d'industrie, un cynique qui décide de la vie de centaines d'hommes qui travaillent dans ses sociétés, et tout ce qui va avec, il est là, superstitieux comme plus personne aujourd'hui, et pourtant, elle doit se rendre à l'évidence, il a des motifs de craindre le pire, et sa blessure, même complètement en dehors de ce qui se trame dans le clan Vailland, sa blessure cristallise le danger réel, le matérialise, là, d'un coup. »

J'ai adoré le mélange des milieux, que pourtant tout oppose. Celui de la nuit et de la vie quotidienne un peu pesante, pas gaie, que connaissent Octavie et ses amis du cabaret, et celui de la grande bourgeoise locale dont est issu Bruno, ce fameux clan Vailland, sûr de son pouvoir et de la suprématie de son argent, de sa supériorité et de son autorité à faire que les choses aillent dans le sens qu'ils décident. La scène de la soirée bonduoise est absolument exquise tant on y retrouve tous les codes de ce milieu et de cette banlieue chic de Lille (le Neuilly du coin, si vous voulez). L'intervention de Miranda chamboule toutes les habitudes de ce petit monde, qui ne sait plus vraiment ce qu'il se passe dans cette soirée. Dernière le vernis des bonnes manières, des bijoux de valeur, des robes de couturiers et des vins de prestige, on devine les rancoeurs, les haines même, le mal être de bon nombre de ces hôtes pour qui le paraitre est bien plus important que le fond, mais dont la vacuité de la vie (à part faire du fric), parfois, ressort.

« Elle s'arrête au passage dire deux mots à un vieux monsieur, tout blanc de poil, une tête de percheron sournois, les dents aussi et la carrure, les paluches comme des pâturons. [...] Miranda passe ainsi en revue, Henri Vailland, frère aîné d'Éléonore, autre cheval, plus grand que son père, les attaches plus fines, mais la gueule, la gueule, il est carnassier ce bourrin-là, et pas à son aise, mou de partout, sauf du râtelier… »

« Jeanne aussi, la cadette, moins jument, quand même de la race, costaud, en robe longue, vraisemblablement d'un jeune créateur audacieux du froufrou et belge, belge comme son mari, Charles Dierickx, « dans les affaires », exactement du négoce par ci par là, un peu de tout, un maigrelet qui respire peu pour bomber le torse, une tête de jockey de trot, avec écrit margoulin partout sur lui, même dans l'accent à la Brel qu'il n'a pas. »

Cette différence de milieu permet à l'auteur de nous offrir des descriptions de personnages plus que croustillantes et offrant une palette très large de caractère. Aux gens de « la haute », prétentieux, fiers et, disons-le, tous plutôt des sales types ou bonnes-femmes, s'opposent ceux des milieux simples, le verbe haut, le parler rude mais le coeur sur la main. Un rien caricatural peut-être, mais pour ma part, j'ai trouvé ces personnages vraiment attachants, et même souvent touchants.

Ensuite, l'écriture de ce roman est un vrai régal ! L'auteur possède une verve hallucinante, et certains passages reproduisent la gouaille du parler du Nord, mais aussi la chaleur des gens d'ici, leur générosité, leur accueil toujours bienveillant de l'étranger, du nouveau, de celui qui a besoin d'un coup de main. J'ai vraiment retrouvé dans les dialogues, mais aussi dans les descriptions des lieux ou des atmosphères, la région dans laquelle je vis avec bonheur depuis plus de 10 ans. A cela s'ajoute une langue vraiment maitrisée à la perfection. L'auteur joue avec les mots et les phrases, fait chanter son texte et certains passages sont extrêmement poétiques, de toute beauté. Bruno parsème ses phrases de citations latines qui m'ont beaucoup amusée, tandis que les amis d'Octavie parlent patois ou tout du moins une langue un peu argotique. La confrontation des deux est un délice…

« Il fait un temps de crime belge, de noyé repêché dans un canal par un marinier aux cheveux collés de brune. Un temps à boire des fines à l'eau ou des grogs. Un temps d'autrefois. Quand l'interphone bourdonne, oui, qui est là, elle répond c'est moi, elle l'entend rire, l'ouverture à distance se déclenche, elle pousse la lourde porte blindée et entre. »

J'ai adoré de plus cette histoire assez abracadabrante, mais malgré tout vraiment bien construite, avec son lot de rebondissements et de surprises, jusqu'au dénouement final qui m'a beaucoup plu. On ne s'ennuie pas une seconde, j'ai même beaucoup ri à certaines scènes, et été émue à d'autres. Bref, sous le charme, totalement, et je ne peux que vous recommander de vous précipiter sur ce roman policier qui vous fera passer un très bon moment.



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Connaissez vous le close-up, ce numéro de prestidigitation rapprochée? C'est l'art exercé par Miranda qui se produit dans un cabaret du vieux-Lille. En prédisant à un spectateur que son destin risque de se basculer un vendredi 13, elle ne se doute pas qu'elle va s'embarquer dans une drôle d'aventure
Plus que l'intrigue, dont je n'ai pas vraiment bien saisi tous les tenants et aboutissants, j'ai particulièrement apprécié l'atmosphère créée par Michel Quint dans ce roman. Il fait preuve d'une grande virtuosité en début de récit pour planter un décor digne du grand Simenon.
Par ce temps de Toussaint, il fait bon de lire Close-up bien pelotonnée bien au chaud, à l'abri des écharpes de brumes qui s'enroulent autour des lieux et des personnages.
Jusqu'à présent je n'avais pas été enthousiasmée la plume de Michel Quint , mis à part dans Effroyables jardins, mais cette fois ci j'ai été séduite son écriture qui m'a emportée pour quelques heures d'une lecture qui sans être grandiose s'est avérée fort plaisante.
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Les éditions La branche lancent la collection Vendredi 13, et excusez du peu, mais ont déjà publié Michel Quint donc, J-B Pouy et Pierre Bordage ! Et sont prévus Olivier Maulin, Jean-Marie Laclavetine Patrick Chamoiseau et Alain Mabanckou, entre autres. Très alléchant !

Pour Close-up, ce qui m'a emballé tout de suite, c'est le style, la langue de Michel Quint. Je me suis régalé de ses phrases qui alternent le plus beau français, avec des expressions latines (c'est le dada, le TOC même, de Bruno) et les mots de patois lillois ou d'argot. Et ses phrases, très ponctuées, triturées, déstructurées. Quel plaisir de lecture avant tout ! Vous l'avez compris je me suis régalé de l'écriture de Michel Quint. Maintenant, qu'en est-il de l'histoire ? Eh, bien assez nébuleuse et rebondissante pour qu'on s'y intéresse aussi. L'auteur maîtrise bien ses effets et nous les distille à petites doses, pour nous garder vigilants. Je pourrais dire que la relation entre Miranda et Bruno est assez prévisible -mais pas désagréable-, mais c'est vraiment le seul reproche que je pourrais faire à Michel Quint.Le seul ? Pas sûr, lisez plutôt cela :

"Elle sait que sa voix a grimpé dans les aigus, qu'elle fait ado hystérique à un concert de Frédéric François..." (p.114)

Qui pourra croire que Frédéric François s'attire encore des cris d'adolescentes ? Et même des adolescentes dans ses concerts ? Et même simplement des concerts ? (Désolé, mes soeurs ! Ne lisez pas ceci, vous qui vous pâmâtes devant ce ... chanteur, pour mon grand malheur -et celui de mes frères-, nous qui fûmes obligés de l'entendre, parfois brailler depuis votre chambre, en duo ou trio avec vous-mêmes !)

Las, M. Quint, je suis désolé de vous dire que vous n'êtes point crédible, vous eûtes été plus inspiré en écrivant : " Elle sait que sa voix a grimpé dans les aigus, qu'elle fait ado hystérique à un concert de Justin Bieber..."

Mais que cela ne vous empêche pas -oh que nenni- de vous précipiter sur ce livre pour déguster, que dis-je pour vous empiffrer, de la belle langue onctueuse, pulpeuse, généreuse et plein d'autres adjectifs en "euse" de Michel Quint !
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Je ne sais pas comment le dire, mais je ne suis pas entrée du tout dans ce roman. Et qu'est-ce qui m'en a empêchée ? Là est la question !

En fait, je crois que c'est le style. Bah oui ! On peut s'en étonner. Michel Quint a un style hors norme, tout en phrases longues, séparées de virgules, pas vraiment structurées, audacieuses, c'est sûr, mais déstabilisantes et qui m'ont rebutée d'emblée. Non, pas d'emblée, parce que j'ai beaucoup aimé les premières pages, mais un peu plus loin lorsque l'histoire se met en route. Michel Quint alterne le langage familier avec des tournures plus littéraires, et ceci parfois dans la même phrase, il mélange allégrement dialogue et narration... Ca donne un ton, certes, très vivant mais qui m'a vite fatiguée.



Impossible de passer la porte, je suis restée sur le seuil à observer ces personnages atypiques vivre une histoire qui ne m'a pas emballée non plus. Mais que s'est-il donc passé ? Est-ce parce que j'ai lu ce roman après le sillon de l'oubli ? Est-ce parce que je suis résolument classique ? Est-ce parce que je l'ai lu alors que j'étais malade, affaiblie, des neurones en moins et moins concentrée que d'habitude ?

Que l'histoire ne m'ait pas passionnée, c'est assez normal, ce n'est pas du tout le genre de littérature que j'aime. Un homme victime d'une tentative de meurtre, qui doit se cacher pour échapper à ses poursuivants… Oui, bof, pas beaucoup d'actions malgré des personnages séduisants, très marqués, intéressants. Oh et puis je n'ai pas non plus aimé que ça finisse ainsi. L'amourette était la cerise sur le gâteau, ça a fini de m'achever.

La suite sur mon blog.
Lien : http://krol-franca.over-blog..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Elle s'arrête au passage dire deux mots à un vieux monsieur, tout blanc de poil, une tête de percheron sournois, les dents aussi et la carrure, les paluches comme des pâturons. [...] Miranda passe ainsi en revue, Henri Vailland, frère aîné d'Eléonore, autre cheval, plus grand que son père, les attaches plus fines, mais la gueule, la gueule, il est carnassier ce bourrin-là, et pas à son aise, mou de partout, sauf du râtelier... [...] Jeanne aussi, la cadette, moins jument, quand même de la race, costaud, en robe longue, vraisemblablement d'un jeune créateur audacieux du froufrou et belge, belge comme son mari, Charles Dierickx, "dans les affaires", exactement du négoce par ci par là, un peu de tout, un maigrelet qui respire peu pour bomber le torse, une tête de jockey de trot, avec écrit margoulin partout sur lui, même dans l'accent à la Brel qu'il n'a pas. (p.43/44/45)
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Bruno sirote son café, à toutes petites lapées, tête baissée , yeux levés vers Miranda qui regarde couler le sien :
- Je n’ai pas de dettes moi, je veux juste mettre le temps entre parenthèses jusqu’au 13, être dans la doublure du monde. Il se remettra à tourner après.
- Monte dans ta bagnole et roule, prend un avion, vole jusque n’importe où, cache-toi dans un hôtel et refais surface le samedi de ce foutu vendredi !
- Non, j’ai besoin de toi : tu es mon intermédiaire, ma pythie, ma sibylle, tu me mets au courant des secrets divins… Si tu m’abandonnes, je suis foutu…
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Elle suit Nelly au hasard de ses soifs, de ses envies de grignotis, elle demande l’impression quand on est nue devant des gens, est-ce qu’on a honte, est-ce qu’on est fière de faire de l’effet… ? Nelly raconte, elle regarde les yeux du dadais pas si niais qu’il en a l’air, elle ne ment pas, elle dit les rebuffades, la réputation de fille facile, de pute, les plaisirs simples du public qui applaudit, lui dit qu’elle est belle, et puis les nécessités financières, comment on en arrive à vivre à l’envers, la nuit, à faire l’effort pour conserver l’estime de soi, écrire « artiste de variétés » sur sa carte d’identité, pas danseuse nue, que l’amour d’un homme est une illusion tant qu’elle exercera mais que le métier ne dure pas toujours.
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Le piano joue en sourdine, à peine depuis une demie-seconde, une demoiselle glisse de son tabouret devant le comptoir, vient à vous, bras tendu, main ouverte, vous pouvez en lire les lignes ou la saisir cette main et plier la taille de la demoiselle à danser cette mélodie. Elle n'a pas trente ans, rousse moussue à nez en trompette de soubrette chez Marivaux, des yeux verts confiants à pas croire, un sourire rien que pour vous, elle porte une jaquette d'habit fermée par un seul bouton sous les seins, vous devinez l'effet, et des bas résille. Oui, physiquement c'est une patisserie crémeuse, avec une tombée de cassonade dessus. Tandis qu'elle s'approche, son bras pivote, embrasse la petite salle écarlate aux banquettes rembourrées le long des murs, les six guéridons devant la courte estrade basse où le sourire du tendre pianiste montre des dents avec la même alternance blanc-noir que sur son clavier... Déjà vous devinez qu'elle vous réserve la meilleure table, presque sur les genoux du doux musicien. Les petites lampes ont des abat-jour roses, les chaises sont noires, vous êtes le seul client dites-vous, et la demoiselle dit : le premier de la soirée, je m'appelle Nelly, nous avons un excellent champagne. Mais vous demandez une bière, pression s'il vous plaît, ce qui la ravit tout également.
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Ce soir, pas long après la Toussaint, quand les larmes écloses au bord des tombes n'ont pas encore séché aux joues mais que le parfum des fêtes allume déjà l'oeil, marché de Noël, grande roue sur la place de la Déesse et tout le tralala, elle glisse de son tabouret, et tend le bras, paume ouverte, pour accueillir cinq hommes et une jeune femme blonde qui entrent en secouant la brume de leurs épaules. (p.9/10)
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Michel Quint vous présente son ouvrage "La Printanière" aux éditions Serge Safran éditeur.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2648663/michel-quint-la-printaniere
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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