Après la mort de ses parents,George,architecte industriel international,retourne à Crecy en Artois,dans une atmosphère étouffante de canicule et de vieux souvenirs.
Le sexagénaire tente de retracer le passé de ses parents,l'atelier de couture de sa mère Valentine avec ses ouvrières,la rencontre touchante avec son père Paul,et parce que....ils se seraient suicidé? parce que....
C'est peut - être moins douloureux de se souvenir et faire revivre ses parents que de s'appesantir sur ses propres regrets....
Parce qu'il y a eu trop de mensonges,de disputes, de non dits,à présent qu'ils sont morts ils ne peuvent l'empêcher de fouiner encore, moins le reprendre si parfois il venait trop à réinventer....
Un homme nous entraine dans un passé familial où Augusta,l'ancienne couturière de Valentine va lui raconter le passé de ses parents.
"Et je me force à commencer mon inventaire par mes propres trésors d'enfance"
"Et j'ai besoin aujourd'hui de ces passages assurés,comme un gué de la mémoire"
"Vérifier mes promesses de l'aube,surtout celles que j'ai trahies......"
C'est un très beau livre dont je ne peux dévoiler l'essentiel surprenant jusqu'à la dernière ligne entre polar,espionnage, guerre,une réflexion sur la trahison,la vérité,le travestissement de la vérité,la compassion,l'amour,la mémoire reconstituée,les événements remaniés grâce au talent de l'auteur.
"Aujourd'hui,au ballet de mes ombres intimes ,j'ai été torturé dans les caves de l'hôtel Colin,j'ai exhumé les nonnes...."
"Cette descente aux enfers m'a suscité le besoin de revoir aussi dans Ces Miroirs
Tavelés du temps,mes repères intimes même à reconstruire à ma mode,dire,inventer ce dont personne ne m'a jamais parlé,rectifier la géométrie de toutes ces vies.....Pour rendre la mienne cohérente,supportable...."
Michel Quint convoque le passé,convoque son héros ambigu ,énigmatique et tortueux qui avoue ses faiblesses,met en lumière sa part d'ombre,jusqu'au moment ou il n'y aura plus de retour en arrière possible.
C'est un texte dense et complexe dont il n'est pas facile de parler sans en révéler l'essentiel.