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Il faut régulièrement revenir aux oeuvres de Ramuz, pour retrouver sa prose poétique qui décrit les montagnes du Valais et ses habitants qui, en ce début du XX ème siècle, ressemblent beaucoup aux Savoyards chers à mon coeur... J'ai découvert ce titre grâce aux belles bande-dessinées A la recherche de Peter Pan de Cosey qui fait référence au personnage éponyme de Farinet.
Comme souvent chez Ramus, à partir d'une histoire simple - un faussaire traqué par la gendarmerie, on peut trouver plusieurs niveaux de lecture. Farinet est, pour la loi, un faussaire, que les gendarmes cherchent à arrêter. le droit est contre lui. Mais dans ce roman d'enquête policière, de course-poursuite, les gendarmes n'apparaissent pas de façon positive : ils ne sont pas bien malins, ils sont trop rouges, trop bien habillés pour marcher dans la montagne, ils aiment trop manger et boire le petit vin local, le Fendant, pour être très efficaces.
On peut aussi lire un conte : alors qu'il marchait dans la montagne à la chasse aux chamois, un vieil homme trouve un filon d'or, guidé par une bonne fée. On trouve donc des souterrains, des grottes, un vieil homme barbu qui un peu sourcier et même un peu sorcier, et qui forme Farinet, un peu comme le mage des contes.
Mais, surtout, c'est un hymne aux montagnes et à la liberté, qui vont ensemble : "où ça se trouve, la liberté ; c'est dans les montagnes, c'est à leur fin bout, plus haut que les plantes". Dans son langage, avec ses mots, Farinet réfléchit beaucoup sur la liberté. Il y a la Liberté qui n'est qu'une image, l'allégorie sur les billets de banque et les papiers officiels. Mais, pour lui, la liberté, c'est faire ce qu'il veut, c'est vivre libre sans contrainte. Ce sont les montagnes qui lui apportent cette liberté, cette vie simple : dormir dans un chalet, boire l'eau d'une source, se nourrir des baies trouvées sur les ronces ou des animaux chassés. Ramuz écrit plus souvent la vie au-bord du lac, le grand lac Léman. Mais, parfois, il monte plus haut. Ici, le récit se passe donc plus en altitude, dans un village agricole, avec ses chalets d'alpage et plus haut les glaciers. Il décrit avec poésie les montagnes, Farinet aime les contempler de sa cachette : il connaît de nombreux noms de sommets, mais les plus proches ont les plus chères à son coeur.
Cependant, Farinet ne se rend pas compte que, pour être libre, il a fallu qu'il soit aidé, et aidé par une femme... Josépha est un beau personnage féminin, en retrait, mal aimée, mais si aimante. Elle est poignante, alors même qu'elle a du mal à exprimer elle-même ce qu'elle ressent.
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Franc comme l’or, il l’est Farinet, tout comme l’est tout ce récit du grand écrivain suisse Ramuz. Quand il s’agit de franc suisse, en l’occurrence, les choses se gâtent comme elles se gâteraient dans bien d’autres pays car la loi punit le contrefacteur (et pas avec le dos de la cuillère, nous révèlent les sources historiques – Farinet a réellement existé au xixe siècle et a fait l’objet d’une bédé). Mais ce bon Farinet Joseph, qui met autant d’or, voire plus que le Gouvernement dans les pièces qu’il confectionne chez lui, dans son petit village perché dans la montagne avec le lit du Rhône tout en bas, ne voit pas où est le mal. Ses congénères non plus et sont même fiers de thésauriser les pièces qu’il distribue généreusement. Mais en attendant l’avènement du bit coin, Farinet va connaître des déboires, malgré ses évasions* et sa parfaite connaissance de la montagne, et se poser des questions sur la nature de la liberté
« Parce qu’il y a la liberté, et vous l’avez sur vos médailles et vos monnaies ; mais, moi, je l’ai là en personne et elle est assise à côté de moi. Une liberté qui est vivante. »
Mais il y a l’amour, les femmes, la solitude…
« Il rallume dans le demi-jour qu’il fait ici un cigare tout neuf, voyant une grande lumière qui se lève sur sa vie. C’est ça, la liberté. Une femme et une maison à soi. Les montagnes, c’est beau, mais ça ne vous aime pas… Ça fait clair devant vous dans l’air et blanc, mais ça ne vous voit, ni ne vous écoute. Ça ne s’occupe pas de vous. »

Un récit simple et poignant (qui n’est en rien une reconstitution historique) mais qui parle au cœur et résonne avec force dans des montagnes alentour qui sont bien plus que des décors de tablettes de chocolat ou des pistes de ski.

* « Et allez demander également au roi d’Italie, le roi Humbert Ier, vous savez bien, quand il voulait me garder chez lui. Il avait des murs, lui aussi, à quoi est-ce que ça lui a servi ? » Le roi Humbert 1er, assassiné par un anarchiste italien, Gaetano Bresci, ouvrier textile, revenu spécialement de la petite ville de Paterson, États-Unis, outré que le souverain ait décoré le général Bava Beccaris pour avoir fait tirer au canon sur une foule d’émeutiers protestant contre l’augmentation du prix du pain en 1898 à Milan – un fait évoqué par Jim Jarmush dans son film « Paterson ».
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Ce livre est publié en 1932, par Ramuz écrivain vaudois, célèbre dans nos contrées, mais que je n'ai encore jamais lu.
Il raconte une histoire romancée d’un personnage réel ayant vécu en Valais, et encore actuellement vu comme un héros.
Farinet est un faux-monnayeur, la justice le traque. L'histoire se déroule à la fin du 19ème siècle, mais ce n'est pas précisé dans le texte. J'ai apprécié la mise en lumière romancée de ce personnage épris de liberté, qui connait la montagne, qui est aimé des gens, et qui est toujours perçu en Valais comme un héros. Ramuz, dans ces pages, partage son amour de la montagne et de ce coin de Romandie appelé le Vieux Pays.
Encore de nos jours Farinet est très vivant, une monnaie locale a vu le jour en Valais, (plus en cours actuellement, le Farinet.)
A Saillon il y a un musée de la fausse monnaie, la passerelle à Farinet, avec une colombe, de la paix accrochée aux parois, réalisation Hans Erni.
Et il y a surtout la vigne à Farinet qui accueille chaque automne une personnalité de ce monde, la Dalaï-lama, l'abbé Pierre, pour vendanger la plus petite vigne au monde.
Tout ceci pour dire que ce personnage qui a existé, a l'étoffe d’un héros de roman.
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Ce roman est tiré d'une histoire vraie, le vrai Farinet a vécu en Valais vers 1845 et refusait de se plier aux règles du Gouvernement. Nous suivons ses aventures alors qu'il s'est improvisé frappeur de fausse monnaie.
Nous nous imprégnons des ambiances très "nature" du Valais du milieu du XIXe siècle et le style d'écriture "franche et directe" de Ramuz, surtout dans les dialogues, retranscrit l'atmosphère de l'époque.
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C.F. RAMUZ (1878-1947) est un auteur prolifique suisse romand, considéré aujourd'hui comme le plus grand de l'Histoire littéraire de ce petit pays (et accessoirement adoubé par Jacques CHESSEX, autre pointure des lettres suisses). Son prénom est Charles Ferdinand (prénoms de ses deux frères morts avant sa naissance), mais il le rejette par la suite, le trouvant trop archiducal, pour en adopter les initiales de C.F. Auteur vaudois, il restitue dans une partie son oeuvre la vie rurale de son canton ainsi que de ceux proches. Ici l'action se déroule dans le canton du Valais, jouxtant celui de Vaud. Maurice Farinet est un jeune homme de 28 ans (puis de 27 ans ensuite, une erreur de texte). Homme indépendant, il a profité des bons soins et conseils prodigués jadis par un certain monsieur Sage pour savoir où découvrir de l'or dans la région et comment le faire fructifier.

Farinet, fils de contrebandier (décédé) se lance dans la fausse monnaie, alliage d'or et d'argent. Arrêté, il est jugé puis emprisonné mais s'échappe. Dehors, il hume le paysage, la montagne, la liberté. En visite chez son frère, il est mal reçu et s'en retourne sur les chemins. Il part se réfugier dans la montagne, fuyant les gendarmes et le gouvernement qui le recherchent. Il s'organise afin de vivre simplement, avec le minimum. Les villageois qui tout d'abord ont de fréquentes nouvelles s'inquiètent de soudain ne plus en avoir. Farinet est un être respecté par les siens. D'une mentalité libre, il provoque l'envie. de plus, il doit être riche. Aussi, sa disparition suscite bien des échos dans la vallée valaisanne. Mais les autorités semblent avoir relâché leurs recherches, l'espoir demeure…

Écrit en 1932, « Farinet ou la fausse monnaie » est typique du style littéraire de RAMUZ, qui peut rebuter. Peu académique, entre rythme haché, parler rural et poésie, va-et-vient entre récit au présent et au passé dans les mêmes phrases, il déconcerte vivement (« Il riait dans sa barbe, sans trop rire, ni trop le montrer, pendant qu'il se tournait avec sa barbe vers le sergent »). RAMUZ fut sans conteste une influence majeure de GIONO (on peut y déceler aussi quelques pincées de ce qu'écrira PAGNOL plus tard), on y retrouve cet amour pour la description des paysages, de la nature et des gestes du quotidien du monde rural. Roman en partie romantique (avec une double histoire d'amour, de loin les pages les moins réussies du récit), il est surtout un hommage aux paysans, au travail de la terre, ainsi qu'un ode à la simplicité par son personnage central, ce Farinet, un brin anarchiste, débarrassé de toute contrainte matérielle.

Roman haletant, prenant soudainement une tournure politique, « Farinet ou la fausse monnaie » est un texte humaniste autant que tragique. RAMUZ a su doser l'intime dans le général, le politique dans le terroir. Car il ne peut être admis que l'auteur soit placé dans la catégorie d'écrivains du terroir. Une certaine philosophie de vie libertaire plane sur le récit, le style est lui-même en quelque sorte libertaire, s'étant affranchi des règles de la littérature.

Concernant ce Farinet, non seulement il a réellement existé, mais il fut localement connu vers 1880 pour sa création de fausse monnaie. RAMUZ lui rend ici hommage, le reprenant à son compte pour en faire un héros tragique, à la fois individualiste et partageur, une sorte de Robin des bois helvétique. Il peut rappeler par certains aspects « le déserteur » de GIONO par son fond, même si les deux écrivains n'abordaient pas du tout leur travail avec le même style. Similarité dans la structure, dans l'atmosphère, mais pas sur la forme. Ce roman peut être une occasion rêvée de découvrir l'oeuvre de RAMUZ, qui a publié également de nombreux poèmes ainsi que des essais. Il reste une figure majeure de la littérature en Suisse, même si son influence et jusqu'à son souvenir semblent avoir en partie avoir disparu dans les autres pays francophones.

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Une réédition récente de ce très grand écrivain suisse et un petit bijou d'écriture sur un fond d'histoire d'un personnage attachant et trop libre au nom des représentants de l'ordre social. Jusqu'au bout, Farinet conservera sa naïveté et sa foi en l'autre et sa liberté.
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La bande dessinée de Cosey est une merveilleuse invitation à voyager au Val d'Hérens. Si le récit, comme son titre l'indique, s'inspire bien sûr de Peter Pan de J.M. Barrie, le dessinateur reconnaît aussi avoir emprunté et mélangé quelques bouts de scénarios de deux romans de l'écrivain suisse, Charles Ferdinand Ramuz : “La Grande Peur dans la montagne » et « Farinet ou la Fausse Monnaie ». Ce dernier titre est amusant quand on sait que le visage de Ramuz orne maintenant les billets de 200 francs suisses.
Le personnage de Farinet – qui portera le nom de Baptistin dans la BD de Cosey- reprend le nom d'un faux-monnayeur qui a bel et bien existé dans le Valais de la fin du XIXème siècle. le héros de Ramuz s'est enfui des prisons italiennes du Val d'Aoste voisin et retourne se cacher sans son Valais natal. Il a trouvé un filon d'or haut dans la montagne et l'exploite pour fabriquer des pièces de vingt francs qui valent plus que la monnaie du gouvernement. Ses pièces sont volontiers acceptées dans la vallée et il est bien accueilli à la table de l'auberge. Mais les gendarmes de Sion ne l'entendent pas de cette oreille. Il est mis en prison et s'échappe grâce à Joséphine, la serveuse de l'auberge qui est amoureuse de lui. Que va-t-il faire ? Joséphine lui suggère de s'enfuir avec elle en France vers Chamonix en emportant de l'or. Ou bien se rendra-t-il aux gendarmes, pour passer six mois en prison, et ensuite épouser Thérèse, la jolie fille du président de la commune qui le pousse dans cette direction ?

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