AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 656 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est presque la fin de la guerre 14-18 et nous sommes dans les Appalaches, dans un coin perdu.
La nature est ici très présente, sombre, très sombre avec cette falaise qui fait de l'ombre à la ferme isolée où habitent Laurel et son frère Hank.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire. Ron Rash prend son temps pour nous présenter les lieux et les personnages et il ne se passe finalement pas grand-chose. Mais après, je l'ai lu presque d'une traite.
On s'attache aux personnages. D'abord Laurel, cette jeune femme si touchante qui aurait pu être institutrice si elle n'avait dû s'occuper de son père malade. Elle doit faire face à la bêtise des gens du village qui la prennent pour une sorcière à cause de sa tache de naissance violette. Elle est de ce fait très seule. Et puis Hank, qui malgré son handicap veille sur sa soeur. Enfin, cet homme muet et étrange qui joue admirablement de la flûte et que Laurel rencontre par hasard.
Alors Laurel espère qu'enfin, elle aura droit au bonheur.
C'est un très beau livre avec une ambiance particulière, une nature omniprésente et bien décrite, un environnement tantôt sombre, tantôt léger et poétique. On se dit au départ qu'un endroit ne peut pas être maudit, que ce sont des superstitions de vieilles femmes, que forcément, ça va changer. Et puis, plus on avance, plus on se doute que la malédiction qui pesait dès le départ sur ce petit coin et qui s'était éloignée, va réapparaître. Tout pourrait être si beau s'il n'y avait la peur de l'inconnu pour certains, la bêtise et l'intolérance pour d'autres. Pourquoi les effets de cette guerre si lointaine se font-ils sentir jusque dans ce petit coin des Appalaches ? La tension monte dans les dernières pages jusqu'au dénouement qui nous laisse bien tristes.
Commenter  J’apprécie          90
Comme son titre semble le suggérer, on reste longtemps dans l'ombre de cette histoire magistralement construite... et qui obtint le Grand prix de la littérature policière en 2014.
Lauren et Hank Shelton sont frère et soeur et vivent seuls dans un vallon isolé des Appalaches, lieu maudit qui a vu mourir leurs parents. Tous deux mènent une vie difficile : Hank est revenu amputé d'une main des combats de la guerre mondiale qui fait rage en Europe tandis que Laurel est mise au ban et perçue comme sorcière en raison d'une tache de naissance. Lorsqu'un étranger surgit dans la vie morne de l'héroïne, tout prend soudain un autre éclat, tout semble alors possible. Longtemps la musique du mystérieux joueur de flûte vous hantera comme le déroulement implacable des événements régis par la fatalité. Ron Rash excelle ainsi à montrer la bêtise d'une petite ville en proie à l'ignorance et à la superstition. Certains résistent, fragiles représentants de la civilisation et de la culture, mais peu en sortiront indemnes... L'écriture sobre met aussi en valeur la nature âpre où évoluent les personnages, puissance invisible dont la présence oppresse et magnifie le récit. Or curieusement cette sauvagerie des paysages apaise quand celle des hommes dévaste. Découvrez cette voix singulière et puissante.
Commenter  J’apprécie          80
Hank a payé un lourd tribut durant le conflit qui oppose l'Allemagne à l'Europe, durant la première guerre mondiale. Comme de nombreux jeunes américains, il a participé à une guerre lointaine, meurtrière dans laquelle il a perdu une main. Lorsqu'il revient au pays, il retrouve Laurel sa jeune soeur et entreprend de restaurer la ferme familiale, située dans un vallon sombre, loin des hommes, où même les châtaigniers s'étiolent, « Un lieu maudit, aussi, pensait la plupart des habitants du comté, maudit bien avant que le père de Laurel n'achète ces terres. Les Cherokee avaient évité ce vallon, et dans la première famille blanche à s'y être installée tout le monde était mort de a varicelle. ». Depuis toujours la famille Shelton vit là, recluse, la tâche de naissance de Laurel ne facilitant pas leur intégration. Les superstitions ont la peau dure en ce début de XXème siècle, au fin fond des Etats Unis, tout le monde sait bien que ce genre de marque porte malheur…
Laurel supporte assez mal un quotidien qui n'apporte que peu de joie, isolée qu'elle est du reste de la société ; elle regrette de n'avoir pu poursuivre une scolarité pour laquelle elle était douée et passe ses journées à tenter d'attraper les quelques rayons de soleil qui parviennent à atteindre la maisonnée malgré l'immense falaise qui obstrue la lumière du jour. Pourtant, un jour, le chant d'une flûte attire son attention et, en le suivant, elle découvre un homme au pied d'un arbre. L'inconnu a tout d'un mendiant mais sa musique enchante Laurel. Quelques jours après, elle le découvre blessé et le ramène à la maison. Après quelques hésitations, Hank accepte qu'elle le soigne. Walter, c'est ainsi qu'il se nomme, ne parle pas. Il porte un billet sur lui indiquant qu'il en est ainsi depuis toujours et qu'il souhaite se rendre à New York. Remis sur pieds, il va participer aux travaux de la ferme et aider Hank à retaper la propriété. Laurel est fascinée par le jeune homme, son silence ne la gêne pas, habituée qu'elle est à la solitude mais sa présence, son regard, sa musique, le fait aussi qu'il ne soit pas rebutée par sa marque framboise, font que progressivement, elle succombe. Et lui aussi, encouragé par Hank qui voit là la seule opportunité pour sa soeur d'avoir un compagnon.
Même si le soleil commence à briller, et une petite lueur s'allumer, le lecteur n'est pas tranquille. En effet, l'auteur choisit de démarrer le récit par la découverte par un agent de la Tennessee Valley Authority d'un crane au fond d'un puit… D'autre part, l'atmosphère du roman est lourde : l'isolement des jeunes gens, leur lieu d'habitation sombre et isolé, leur bannissement du comté ajoutés au mystère qui entoure l'arrivée de Walter, chaque page nous rapproche du drame. Et pourtant, on aimerait tant que la romance de Laurel et Walter ait une fin heureuse.
C'est un excellent roman – je ne sais pas trop en revanche pourquoi il a reçu un prix dans la catégorie littérature policière. On découvre une époque, une région où les relations sociales sont fondées sur des croyances souvent ancestrales, contre lesquelles il semble impossible de lutter ; une clôture sur soi qui génère des chasses aux sorcières de toutes sortes (le sort des allemands vivant au Comté n'est pas meilleur que celui de Laurel) ; des violences sociales qui sont bien enracinées et s'exercent au quotidien avec l'assentiment de presque tous. le patriotisme américain est très bien dépeint ici et semble avoir traversé les époques sans prendre une ride : les soldats qui reviennent sont fêtés en héros, ceux qui ne se sont pas enrôlés sont ostracisés. Pour autant, il est aussi question de liberté et de libre arbitre : certains s'opposent en silence ou en actes (le vieux Slidell ou encore l'institutrice) ; certains font des choix et s'embarrassent peu de conventions, en cela Laurel est un personnage courageux, qui marche la tête haute, vit son amour et refuse la malédiction. C'est une belle héroïne de roman, qu'on quitte à regret.
Commenter  J’apprécie          80
C'est le premier livre de Ron Rash que je lis et il m'a donné envie de découvrir le reste de ses oeuvres.
En effet, j'ai beaucoup aimé son écriture, la description de la population vivant dans un vallon isolé des Appalaches, la nature hostile, la vie de cet homme revenu mutilé de la Première Guerre mondiale et de sa soeur Laurel considérée comme une sorcière car elle a une tache de naissance.
Ce livre a reçu le Grand prix de littérature policière 2014, mais, selon moi, il s'agit plus d'une description de la société américaine dans ce coin isolé des Appalaches durant la Première Guerre mondiale que d'un roman policier, même s'il y a un petit suspens au sujet du joueur de flûte muet qui va entrer dans la vie de Laurel et de son frère et va la bouleverser .
Commenter  J’apprécie          83
Une terre d'ombre est une merveille de roman noir ! le départ est un peu long à se lancer, mais cela permet d'installer une ambiance extrêmement travaillée et des personnages d'une agréable complexité. Ron Rash décrit paysages, personnages, et contexte social avec une précision toute poétique. Jusqu'au noeud crucial, qui fait basculer le roman dans le tragique.
Une terre d'ombre, c'est un condensé d'émotions sur fond de xénophobie et de première guerre mondiale, un roman prenant son temps pour s'installer, s'achevant en apothéose. Grandiose !
Commenter  J’apprécie          80
A la veille de la fin de la première guerre mondiale, Laurel vit avec son frère Hank dans une ferme des Etats-Unis située dans un vallon où la lumière n'entre jamais. Marquée par une tâche de naissance, Laurel est perçue comme une sorcière par les gens de la ville et Hank revenu mutilé de la guerre conforte la population voisine dans le fait que leur terre familiale est maudite. Walter, étranger muet et mystérieux, va apporter du renouveau et un peu de bonheur sur ces terres. Un peu de bonheur jusqu'à ce que la guerre et la bêtise humaine viennent de nouveau ternir leur vie. On se laisse porter par l'écriture de Ron Rash qui nous fait voyager sur ces terres « maudites », entre noirceur et poésie. Chaque personnage montre de la profondeur au fil des pages et ce microcosme nous parle de la portée de la guerre outre-Atlantique avec finesse. Les préjugés, les rancoeurs, le patriotisme à tout prix auront raison de la lumière que Ron Rash avait laissée percer sur cette histoire.
Commenter  J’apprécie          80
Laurel Shelton vit avec son frère dans un vallon à l'écart de la ville. Son frère Hank revenu de la Première Guerre mondiale amputé de la main gauche s'occupe de la ferme familiale. Laurel, affublée d'une tâche de naissance, est considérée comme une sorcière par les habitants de la ville qui la persécutent. Un jour, elle découvre dans la montagne un homme en haillons jouant magnifiquement de la flûte. Cet homme, Walter, apparemment muet et illettré, redonnera le goût de vivre à Laurel qui envisagera alors un bonheur possible. Mais sera-t-il possible d'aller contre l'ignorance et à la violence larvée de la population de ce charmant petit coin de l'Amérique ?
Un roman dans la plus pure tradition classique américaine autant par le sujet traité que par le traitement stylistique de l'histoire. Un récit sobre mais qui prend aux tripes du début à la fin.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          70
Ron Rash, né en Caroline du Sud en 1953, titulaire d'une chaire à l'Université, écrit des poèmes, des nouvelles et des romans. Son premier roman paru en France en 2009, Un pied au paradis, a fait forte impression et Serena en 2011, l'impose comme l'un des grands écrivains américains contemporains. Son nouveau livre, Une terre d'ombre, vient tout juste de paraître.
Laurel vit seule avec son frère Hank, revenu de la Première Guerre mondiale qui fait encore rage en Europe amputé d'une main, dans la ferme héritée de leurs parents. La maison est à l'écart du monde, dans un vallon qu'on dit maudit, au pied d'une falaise en faisant une terre d'ombre. Laurel est tenue à l'écart par les habitants de la ville proche en raison d'une tache de naissance qui la désignerait comme sorcière. Leur seul ami, le vieux Slidell qui leur donne un coup de main par-ci, par-là, soit pour les travaux de la ferme, soit pour les accompagner en ville avec sa carriole.
Hank envisage de se marier avec Carolyn lorsque son père l'aura jugé assez apte à tenir une ferme quand on n'a plus qu'une seule main et Lauren s'imagine vivre avec le couple. Jusqu'au jour où apparait un mystérieux vagabond, il est muet et joue divinement de la flûte. Désormais la vie de Laurel va changer.
Dès les premières pages le lecteur est pris par l'écriture lyrique de Ron Rash, cette petite musique envoûtante émanant des mots et des phrases ainsi que par le mystère qu'on sent s'insinuer dans la narration. Si nous en savons plus que Lauren et Hank, Walter le musicien s'est échappé d'un camp de prisonniers et désire rejoindre New York, pour autant nous ne savons pas pour quel motif il était emprisonné, ni pourquoi il tient tant à cette destination. Comme l'écrivain ne manque pas d'habileté pour décrire des actions dont l'explication n'est fournie qu'à postériori, le lecteur reste parfois un temps dans l'ignorance ou l'incompréhension, une délicieuse incertitude qui rajoute au charme de la lecture.
Et quelle idée géniale d'avoir fait de Walter, un muet ! Sans en révéler trop, on devine aisément que l'inconnu va troubler la charmante Laurel, toute prête à tâter de la flûte à Walter. Et où tant d'autres se seraient fourvoyés dans une romance mièvre, en privant de parole l'un des protagonistes, Ron Rash nous évite des dialogues nunuches mais qui obligent l'écrivain à nous émouvoir par des moyens plus subtils, ce qu'il réussit parfaitement. Econome de mots et écourtant les situations, Rash nous offre un roman assez court mais assez fort pour séduire tous les publics, en un final tragique mais quasi obligatoire pour que le bouquin tienne ses promesses jusqu'au bout.
Si Lauren et Walter sont au premier plan, l'auteur utilise ses héros pour dénoncer la folie des hommes durant les guerres, ici la chasse aux Allemands en terre américaine supposés être des espions et d'une manière plus général, le rejet des autres comme cette soi-disant sorcière, tout en s'interrogeant sur le rôle des choix que la vie nous impose et qui feront de nous, ce que nous sommes.

« La falaise la dominait de toute sa hauteur, et elle avait beau avoir les yeux baissés, elle sentait sa présence. Même dans la maison elle la sentait, comme si son ombre était tellement dense qu'elle s'infiltrait dans le bois. Une terre d'ombre et rien d'autre, lui avait dit sa mère, qui soutenait qu'il n'y avait pas d'endroit plus lugubre dans toute la chaine des Blue Ridge. Un lieu maudit, aussi, pensait la plupart des habitants du comté, maudit bien avant que le père de Laurel n'achète ces terres. Les Cherokee avaient évité ce vallon, et dans la première famille blanche à s'y être installée tout le monde était mort de la varicelle. »
Commenter  J’apprécie          70
Caroline du Nord (Etats-Unis), 1918, un frère et une soeur vivent seuls dans une ferme isolée. Lui rentre de la guerre, amputé d'une main ; elle est considérée comme une sorcière et traitée en paria. Leur vie va être bouleversée par l'arrivée d'un jeune homme muet dont on ne sait rien. Mêlant descriptions d'une nature flamboyante mais rude, des vies et des sentiments des habitants de la petite ville la plus proche, Ron Rash nous plonge dans un de ses thèmes favoris qui est la guerre et ses conséquences sur les hommes. Tous ses autres ouvrages sont excellents.
Marceline
Commenter  J’apprécie          60
Au coeur des Appalaches, Laurel Shelton et son frère Hank vivent dans la ferme héritée de leur parents. Laurel est marquée par une tâche de naissance que les habitants du bourg considèrent comme la signature du diable. Hank, quant à lui, est revenu de la guerre amputé d'une main. Tous deux évoluent à l'écart de la société rurale de Mars Hill. La vie de Laurel bascule lorsqu'elle rencontre au bord de la rivière un inconnu muet qui joue divinement de la flûte.

L'auteur fait surgir la lumière de ce vallon peu ensoleillé et les personnages, blessés, dans leur chair, trouvent un peu de bonheur. Laurel est une jeune femme belle et intelligente soumise à la vindicte populaire et à la jalousie des autres femmes. Sa tâche de naissance cristallise toutes les frustrations et les frayeurs des habitants du bourg. C'est une héroïne sacrifiée, une belle âme qui n'a pas le droit d'être heureuse.
Ron Rash condamne un patriotisme de pacotille et des superstitions d'un autre âge. Il campe également des personnages secondaires extrêmement bien sentis. Racistes, pleutres ou cherchant leur revanche, ce sont eux qui vont faire basculer le roman...

Sabine (Poissy)

Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (1376) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}