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3,98

sur 655 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
On retrouve dans cette histoire simple et rude le style efficace de Ron Rash.

Un frère et une soeur vivent dans la ferme familiale dans un fond de vallée du Tennessee où le soleil pénètre rarement, masqué par la falaise .

Les arbres y meurent et les récoltes sont maigres et si on y rajoute la tache de naissance de Laurel Shelton, cela suffit aux esprits simples des gens du coin pour en faire un endroit maudit.

Hank, le frère, n'a t'il pas d'ailleurs perdu sa main à la guerre ?

La vie de Laurel, jusque là peu souriante , est illuminée par l'arrivée d'un mystérieux musicien dont le seul langage s'exprime par les sons harmonieux et envoutants de sa flûte d'argent .

Le bonheur peut-il enfin exister ?

C'est sans compter sur la bêtise humaine, les préjugés et les amalgames vite faits .

Ron Rash nous offre une nouvelle fois un récit bouleversant, dans une nature magnifiquement décrite, sauvage et belle , sublimée par la musique et l'amour.
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Un crâne est retrouvé dans le puits d'une ferme abandonnée, au fin fond d'un vallon des Appalaches. Nous remontons alors le temps et découvrons, vraiment progressivement, à qui il appartient.

1918. Hank Shelton est rentré de la guerre une main amputée, mais tout à fait prêt à aider sa soeur, Laurel, qui a dû se débrouiller presque seule durant son absence, après la mort de leur père survenu dans ce même temps. Surtout qu'il n'est pas facile de vivre dans leur vallon, toujours dans l'ombre, surmonté de falaises qui masquent une bonne partie de la lumière du jour. Vallon inhospitalier, dans lequel le père a choisi de s'installer, et qui n'a été que l'occasion de tragédies ; alors, pour la ville alentour, parce que Laurel a une tache de naissance, elle est la cause de ces malheurs, fille maudite, sorcière terrible.

La vie suit donc tant bien que mal son cours pour les enfants Shelton, dans ce climat délétère, jusqu'au jour où la vie de Laurel bascule en un son de flûte particulièrement beau qu'elle entend alors qu'elle met son linge à sécher à l'orée de la forêt…

La première impression que j'avais eu de Ron Rash à la lecture de Par le vent pleuré se confirme : le romancier a une certaine capacité à nous plonger dans le passé, à faire ressortir les secrets les plus enfouis, plus ou moins graves, d'une famille, ou d'une communauté. Car certes, les secrets des Shelton nous sont dévoilés au fil de notre lecture, mais ce sont surtout les secrets de leur entourage qui seront mis en exergue, et plus encore, par leur intermédiaire, celui de certains états-uniens pendant la Première Guerre Mondiale, dans leur haine irrationnelle de n'importe quel allemand vivant sur leur territoire, les poussant à une violence tout aussi irrationnelle. Où comment, par les préjugés et les inimitiés sans fondement, l'on bascule dans le drame.

Terriblement passionnant.
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Laurel Shelton et son frère Hank vivent ensemble dans la ferme à l'écart des autres sur cette terre maudite. Leurs parents sont morts depuis longtemps leur laissant la ferme délabrée. Laurel est mise à l'écart, la cause : cette tache de naissance qui la fait apparaitre comme une sorcière aux yeux des autres villageois.
Il ne reste que quelques mois avant la fin de la Première Guerre Mondiale et chacun parle de ce prochain évènement. Mais dans ce petit vallon encaissé de Mars Hill, Laurel et Hank s'occupent à restaurer leur ferme, surtout que Hank, revenu mutilé de la guerre, va bientôt se marier. Mais l'arrivée de Walter, un homme muet que Laurel trouve blessé, va changer son quotidien.
Un livre aussi sombre que la terre où habitent les frère et soeur. J'ai reconnu l'écriture très noire de Ron Rash qui parle de malheur. Leur quotidien semble monotone et peu exaltant. Et puis, il y a cette lumière ou plutôt cette musique qui met un peu de couleurs à cette histoire. Laurel et Hank se découvrent l'un l'autre. J'ai aimé vivre cette ambiance de ferme, au milieu de la nature, dans sa tranquillité même si la dureté des tâches relativisent cette quiétude. Mais je connais le style de Ron Rash et on pressent rapidement que cette histoire ne peut que se terminer d'une seule façon.
Une terre d'ombre fait ressortir toute la méchanceté et la bêtise des hommes mais aussi leur générosité et leur affection. Un auteur que je relirai pour ses magnifiques descriptions de la nature autant que pour ses univers lugubres.
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Ténèbres, silence et solitude sont les trois mots de la trame du récit : ils évoquent la bétise, la lâcheté et le mépris des habitants envers "ceux" du vallon. Hank et Laurel sont seuls, tout comme Slidell, ils sont à part, on ne vient pas jusque là.

Et puis Walter arrive et les couleurs apparaissent ; celles des perroquets, de la plume verte que Walter a gardée, ces couleurs qui vont dessiner les rêves et les espoirs que Laurel s'autorise désormais.

Le vert est important dans ce roman comme un porte-malheur : le vert de la plume qui dit que l'histoire n'est pas celle que l'on espère pour Laurel, le vert de la robe de la passagère du Lusitania et le vert de la robe de Laurel au pique-nique.


La nature est un personnage à part entière du roman, en ce sens, les éphémères rappellent qu'il faut vivre le moment présent en toute intensité et que les projets d'avenir ne restent parfois que des projets par la faute d'une haine entretenue ou d'un refus de générosité.

Très belle histoire que celle-ci qui se déroule à la fin de la Première Guerre Mondiale, sur fond d'Histoire avec un grand H, les peurs et les appréhensions d'un bourg face à ce que les habitants n'acceptent pas toujours de comprendre des étrangers.


Ron Rash sait mêler habilement intrigue et liens avec la faune ou la nature, avec les intempéries, comme si tout était lié et que dans notre monde , animaux, cieux, et hommes interagissaient sans vouloir le reconnaître et la malédiction ou les superstitions ne seraient finalement que ce refus d'en prendre conscience.

Je crois que je n'oublierai pas Laurel....
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Les influences de Rash, comme il l'a confirmé lors de cette rencontre, sont diverses et vont aussi bien de la tragédie pure ( Dostoivsky est sans doute son écrivain préféré de tous les temps), les grands novellistes dont Raymond Carver, à des auteurs de littérature rurale, de Faulkner en passant par le romancier chinois Mo yan ou notre Jean Giono national, un auteur français peu connu aux USA mais dont Rash dit s'être effectivement beaucoup inspiré.

A cheval entre la modernité de son style et l'empreinte des thèmes de ces auteurs classiques, les livres de Rash tissent un parralèle évident entre la psychologie humaine et les paysages de montagne qui servent de décor naturel à l'intégralité de son oeuvre, et la tension entre la beauté des paysages naturels et de la violence intrinsèque des personnages est une des clés récurrentes de son oeuvre...voir chonique entière consacrée à l'auteur sur mon blog
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans ce roman noir, au coeur d'une nature sauvage oppressante, Ron Rash explore le pire de l'humain tout en décrivant également la bonté et l'amour. Vers la fin de la première guerre mondiale, dans les Appalaches, un allemand est la cible de tous les lâches, de ceux qui retournent si vite leur veste et, une fille, elle aussi accablée par la haine et la bêtise des autres, sera la victime expiatoire, avec son frère, de cette cruauté des imbéciles dotés de convictions stupides.

Il y a une belle montée en puissance dans ce texte, orchestrée par Ron Rash qui utilise la musique d'une flûte mêlée au chant de la nature. Celle-ci, tout en étant omniprésente, est peu décrite par l'auteur qui construit petit à petit un bonheur mais doit le laisser détruire par la méchanceté humaine.

Ce passé tragique devra finalement être englouti par un barrage qui aplanira toute cette tristesse de l'ombre, ombre de la falaise et ombre des coeurs humains.

Un beau roman dans lequel le malheur tient une place immense avec quelques étincelles de bonheur.
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J'étais très intriguée par l'oeuvre de Ron Rash dont j'entendais beaucoup de bien et ma lecture d'"Une terre d'ombre" a tenu toutes ses promesses. Son écriture est remarquable, elle emprunte autant à la poésie sauvage de Paul Lynch qu'à l'âme délicate de Sebastian Barry. Lorsqu'il prend une quinzaine de pages pour nous décrire Laurel faisant sa lessive et déambulant parmi les fleurs et les arbustes de Appalaches à l'été 1918, il ne faudrait pas en retirer une ligne ! A partir de ce premier chapitre idyllique, l'auteur met en place une progression mesurée vers un récit beaucoup plus lugubre et oppressant.

Hank, le frère de Laurel, vient de rentrer de la Première Guerre mondiale où il a perdu une main ; cela ne l'empêche pas de reprendre la ferme familiale et d'annoncer ses fiançailles avec une femme des environs. Malgré le sérieux des jeunes gens, tout le monde murmure sur leur passage : leur terre serait maudite, les rendant inapprochables. La soeur est, plus encore que son frère, traitée en pestiférée et l'apparition d'un homme muet, Walter, prend donc pour elle une importance vitale puisqu'il n'a aucun préjugé à leur égard.

Un grand mystère plane autour de ce dernier. Il semble s'être évadé d'une prison ou d'un hôpital mais la douceur avec laquelle il joue de la flûte laisse entrevoir une personnalité profondément artistique et sensible. J'étais très émue de lire le bonheur qui grandit en Laurel alors que sa relation avec Walter se déploie, lui prouvant qu'elle n'est pas la jeune femme maudite que le bourg voit en elle mais qu'elle est aimée et aime en retour, même lorsque des incohérences surgissent dans l'histoire du vagabond. Au-delà de cette histoire, ce roman est une allégorie de la douceur face à la médiocrité et la bêtise humaines.
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J'ai bien aimé ce roman malgré son atmosphère un peu sombre et son dénouement dramatique.
D'une plume fluide et sans (trop) longues descriptions, Ron Rash plante le décor en nous dépeignant une nature belle et dangereuse qui tient un rôle au moins aussi important que celui des personnages qui évoluent dans ces immensités.
On sent d'ailleurs très vite que ceux-ci sont condamnés par avance : une fin heureuse semble si peu envisageable (même lorsque le frère et la soeur retrouvent espoir d'un avenir meilleur) qu'une sorte de chape de plomb pèse sur tout le roman, à l'image de cette ombre qui règne en permanence dans le vallon où vivent les Shelton.
A remarquer aussi l'inversion des rôles opérée par l'auteur : l'ennemi allemand apparaît ici comme une victime innocente et le soldat américain devient le méchant de l'histoire, lâche et injuste, à l'opposé se l'image héroïque qu'il souhaite donner.
J'ai donc beaucoup aimé cette lecture aussi belle et âpre que les paysages qui lui servent de cadre...
Lien : http://lecturesdestephanie.b..
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Le filon a l'air simple... vous prenez une période de l'Histoire que tout le monde croit connaître, vous y mettez quelques événements (beaucoup) moins médiatisés, vous saupoudrez de romance assez rapidement vouée à l'échec, le tout enveloppé dans un décor désespéré, comme un écho aux sentiments des protagonistes...

Vous l'avez rêvé, Ron Rash l'a fait.

Une Terre d'Ombre, c'est tout cela et bien plus encore.

La Première Guerre Mondiale fait rage en Europe. Les "gueules cassées" amércaines reviennent ou ce sont des cercueils... et la xénophobie anti-Allemands se répand, avec ses excès. Surtout parmi ceux qui se sont planqués et ne sont jamais partis, préférant gloser, enrôler les volontaires et parader dans leur bel uniforme immaculé.

Ron Rash nous offre une poésie brute, brutale, sans espoir. Mais en même temps il nous fait rêver. Il nous émerveille. C'est dur, à l'image de la Nature que les protagonistes essaient de dompter. Mais le Destin ne se maîtrise pas.

Au terme de 240 pages, Ron Rash nous offre un double clin d'oeil, auquel je me suis laissé prendre. Même si je commençais à avoir des doutes, le crâne trouvé dès les premières pages nous offre un petit retournement. Et l'auteur finit sur un clin d'oeil en référence à Mozart et au fait d'avoir suffisamment souffert pour être à même de le jouer comme il doit l'être.

Brillant. Terminé hier, le livre est toujours bien présent en moi, et pour un bon moment. Exactement ce que j'attends d'un vrai livre.
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Il est des livres comme celui-ci qui, j'oserais dire, se bonifie au fur et à mesure que l'on tourne les pages. Oui, j'ai eu vraiment beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, et si je n'avais pas déjà lu d'autres titres de l'auteur, comme l'excellent « Séréna » ou encore « le monde à l'endroit », deux ouvrages de très grande qualité, j'aurais tout simplement fermé celui-ci au bout d'une soixantaine de pages.
Mais voilà, les nombreuses critiques positives des lecteurs de Babélio et mes lectures précédentes de l'auteur m'ont plus ou moins obligé de persister dans ma lecture, et je ne le regrette absolument pas. D'une étoile au début, je passe à quatre belles étoiles en fermant ce roman superbe.
Laurel Shelton est vouée à une vie isolée avec son frère Hank, revenu de la Première Guerre mondiale amputé d'une main, dans la ferme héritée de leurs parents, au fond d'un vallon encaissé que les habitants de la ville considèrent comme maudit : rien n'y pousse et les malheurs s'y accumulent. Marquée par ce lieu, et par une tache de naissance qui oblitère sa beauté, la jeune femme est considérée par tous comme rien moins qu'une sorcière. Sa vie bascule lorsqu'elle rencontre au bord de la rivière un mystérieux inconnu, muet, qui joue divinement d'une flûte en argent.
La rencontre, l'amour, la haine, le désespoir, la folie humaine, la guerre, la bêtise ; rien ne nous est épargné ici, et pour le lecteur qui, comme moi, aime la noirceur de l'écriture, c'est du tout bon.
Ron Rash séduit ici encore une fois, toujours dans son domaine de prédilection, entre pauvreté, violence, et aussi pour une fois, dans une histoire d'amour qui nous tient en haleine.
Un auteur à suivre.
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