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3,69

sur 1844 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman m'a littéralement bouleversée, le coeur serré et les larmes aux yeux, je referme la dernière page de cette terrible histoire.

Bénédicte Ombredanne, trentenaire, agrégée de lettres, se prend d'affection pour l'écrivain Eric Reinhardt suite à la lecture de son roman. L'écrivain se retrouve bouleversé à son tour par cette femme qui semble avoir accusé les mauvais coups toute sa vie. Il nous raconte son histoire.

L'histoire d'une femme emmurée dans une relation toxique, malsaine, destructive, elle se sent prisonnière, ligotée de toute part. Son mari Jean-François est un homme ignoble, un tortionnaire sans coeur. Après une énième dispute violente, Bénédicte n'en peut plus, elle s'inscrit sur Meetic et sur ce marché de l'amour, elle rencontrera Christian, le cupidon de l'amour avec son arc à flèches. Bénédicte se précipite la gueule ouverte, le coeur pendant, la bouche asséchée dans cette rencontre sans lendemain. Tout va très vite. Tout est beau, tout est puissant, la passion, le désir, le bonheur, la simplicité d'être un peu aimée pour ce qu'elle est. Les pages sont comme un rayon de soleil dans la forêt noire, une lumière qui enveloppe ces deux-là avant l'orage. Car ce qui attend Bénédicte à son retour ressemble fort à l'enfer.

La forêt, de manière allégorique est très bien mise en avant ici, que ce soit à travers tous les dangers que celle-ci recèle, l'ombre qu'elle laisse planer sur ses promeneurs, la liberté d'attraper la lumière pour grandir encore, Bénédicte est une femme meurtrie, prisonnière de son mari, mais chez qui brûle une lumière et une envie de liberté magistrale. Qui n'aura de cesse d'être étouffée par le mépris et l'indifférence des siens.

Un roman bouleversant et d'une tristesse infinie où l'agonie d'une femme est travaillée avec brio, une psychologie à fleur de peau pour décrire les ravages de la perversion, une femme comme bien d'autres qui ne s'en sortira pas indemne comme bon nombres de lecteurs...
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Bénédicte Ombredanne désire rencontrer l'auteur car elle a beaucoup aimé son dernier livre. Elle lui raconte sa vie difficile, auprès d'un mari pervers, harceleur, Jean-François, qui lui fait subir tous les jours une maltraitance psychologique sans bornes.
Bénédicte est agrégée de lettres et enseigne dans un collège. Elle a deux enfants Lola et Arthur dont elle suit les études de très près. Chaque instant de son existence est contrôlé par son mari, elle doit justifier son emploi du temps sans arrêt, n'a pas le droit d'avoir un portable car elle pourrait lui échapper, c'est lui qui l'appelle, qui gère le budget au centime près et se met en colère dès que les explications de Bénédicte ne sont pas suffisamment claires.
Un soir, en rentrant, elle le trouve les yeux rivés sur l'écran de télévision, hurlant dès que les enfants prononcent un mot, car on parle de harcèlement moral et il se reconnaît dans le tableau décrit par les femmes qui témoignent. Il passe une partie de la nuit à pleurer et bien sûr, c'est sa femme qui le console.
Cette nuit-là, persuadée qu'il est conscient de son problème, elle a une furieuse envie de liberté, s'inscrit sur Meetic et discute notamment avec un homme qui lui plaît, Christian et qu'elle finit par rencontrer pour passer avec lui une journée mémorable.
Comment va-t-elle réagir après cette rencontre ? Prendre sa vie en mains ? Je vous le laisse découvrir.

Ce que j'en pense :

J'aime beaucoup ce livre. J'ai eu un coup de foudre en regardant la grande librairie où l'auteur a raconté comment est né ce livre. Si on aime les longues phrases, à la Balzac... un thème difficile qui est abordé sans tabou, cette lecture ne peut pas laisser indifférent à plus d'un titre.
L'écriture est très belle, musicale. Enfin un auteur qui fait de belles et longues phrases et ne s'arrête pas à sujet, verbe, complément. Qu'il parle d'un paysage, des arbres dans la forêt, ou qu'il parle des affects, du ressenti et de la fragilité de son héroïne.
Au début, c'est léger, la rencontre entre l'auteur et Bénédicte, leurs conversations dans le bar… et tout à coup la violence surgit et on hésite à continuer à lire, car elle est décrite de façon très réaliste, les mots sont percutants. J'ai détesté Jean-François viscéralement, avec une sombre envie de meurtre et je me demandais pourquoi elle restait, elle, si brillante par rapport à lui, pauvre aussi bien intellectuellement qu'affectivement. On le voit enfermer progressivement sa femme, l'isoler, la surveillant sans cesse avec perversité.

Bref, un livre poignant, sublime et tellement juste qui ne m'a pas laissée indemne, et qui fait réfléchir face à ce fléau. Certes, je suis dithyrambique, mais c'est justifié et je pense qu'il touchera beaucoup de lecteurs, peut-être davantage les amoureux des belles phrases, remplies de musicalité. Donc : coup de coeur, pépite.

Note : 9,2/10

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Je ne ferai pas un long commentaire car tout a déjà été écrit à propos de ce roman!
Suite à un échange épistolaire Eric Reinhardt rencontre une de ses lectrices: Bénédicte Ombredanne,jeune femme cultivée,agrégée de lettres, mére de deux enfants, victime de harcèlement conjugal par un homme tyrannique, odieux et veule qui ne cesse de l'insulter et de l'humilier, il ne supporte pas qu'elle puisse rayonner et s'épanouir.....
Bénédicte Ombredanne vit un enfer quotidien, d'autant plus révoltant qu'il est vécu comme quelque chose de honteux!
Mais l'auteur construit aussi un roman dans le roman:
Que connaît- on au juste de soi?
Que sait- on des pouvoirs de l'autre?
De quoi sont tissées nos existences?
Qu'est-on capable d'offrir de soi?
Ce roman bouscule le lecteur, l'indigne, le stupéfie,l'émeut, le fascine....
C'est un ouvrage puissant, profond, érudit, ambigu, poignant, un récit sur la condition de la femme dont on ne sort pas indemne...il rend hommage à la puissance de l'écriture et ses mécanismes , à "ses pouvoirs magiques".
Il contient de très belles pages sur la littérature et le " bonheur de la lecture".
Écrire selon l'auteur c'est " être mordu de l'intérieur" par une espèce d'urgence à raconter, à transformer le monde en une oeuvre d'art à l'image de Bénédicte Ombredanne devenue sublimée par la grâce de la fiction.......
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Bon sang ... Quelle écriture de rêve ! Toute en métaphores et en poésie, j'ai eu l'impression de retrouver mes chers classiques lus très jeune ! Un enchantement !

Eric Reinhardt se met lui-même en scène lorsqu'il accepte de rencontrer Bénédicte Ombredanne, une lectrice admirative de son dernier livre et qui lui a écrit une merveilleuse lettre. Ils vont se rencontrer deux fois et correspondre par mails. L'auteur nous raconte la vie épouvantable que subit Bénédicte.

Bénédicte,jeune, était joyeuse et adorait la vie mais un revers amoureux d'importance l'a laissée en pleine dépression et c'est le moment que choisit Jean-François, son futur mari, pour lui faire des avances. Jean-François est aussi terne et insignifiant que Bénédicte était lumineuse et pétillante.
Occasion bénie pour Jean-François pour tenter de séduire cette demoiselle en détresse, voilà donc qu'il sert à quelque chose, qu'il a une aura toute neuve ce personnage falot . Dès leur mariage (que personne n'approuve), il va se comporter en superbe specimen de pervers narcissique, n'épargnant aucune insulte, aucun dénigrement à Bénédicte qui s'enfonce graduellement dans un renoncement à la vie, dans une image de plus en plus déplorable d'elle-même. J'ai lu ici et là qu'elle aurait dû se ressaisir, c'est facile à dire mais lorsque vous êtres la proie d'un P.N., qui souffle en permanence le chaud et le froid, vous perdez tous vos repères et toute confiance en vous. Jean-François dresse insidieusement leurs propres enfants contre leur mère ...

Un jour ou plutôt une nuit de révolte, elle s'inscrit sur Meetic, site de rencontres, et après quelques échanges burlesques avec quelques mâles en rut, elle découvre Christian. Ils décident de se rencontrer, se plaisent, tombent même amoureux. Christian lui propose même de l'épouser et de prendre soin de ses enfants comme un père. Mais voilà, l'opportunité de changer de vie ne convient pas à Bénédicte qui a pourtant passé la plus belle journée de sa vie en compagnie de Christian ... Elle a peur, on ne sait plus très bien de quoi si ce n'est de son mari et puis, à mon avis, c'est un peu tard, elle est déjà complètement détruite par Jean-François et n'ose plus rien entreprendre de son propre chef. Cette journée restera donc le seul point lumineux de sa triste vie.

Il faut bien comprendre la stratégie du pervers narcissique : être creux, coquille vide, il se nourrit de la substance de personnes intelligentes,douces, aimantes,consolatrices pour mieux tenter de s'approprier ces qualités qu'il ne possède point et pour cela c'est une véritable machine de démolition qu'il met en marche, ce qu'il préfère c'est faire passer son(sa) conjoint(e) pour fou(folle) ainsi non seulement plus personne n'accordera de crédit à ce que celui(celle)-ci raconte mais en outre le(la) victime se mettra elle-même à douter de son état mental et n'osera plus prendre de décision ! Je vous invite à lire le livre de Marie-France Hirigoyen "le harcèlement moral au quotidien" qui vous éclairera davantage que je ne puis le faire.


L'amour et les forêts est un livre dur,attachant mais également fortement actuel qui nous laisse désemparés devant la souffrance mortelle infligée aux victimes de P.N. le tout servi, je me répète par une écriture
remarquable. Je n'oublierai jamais ! ...

Et j'ajouterai que Bénédicte n'est en aucun cas une Emma Bovary des temps modernes, Charles, le mari d'Emma n'était pas un tortionnaire mais au contraire un brave gars, peu séduisant sans doute mais profondément gentil et épris de sa femme !
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Engoncée dans sa vie, Bénédicte va s'échapper de son quotidien englué par son mari humiliant, harceleur certifié.
Quelle folie, une après-midi d'amour acceptée pour rencontrer la réalité d'un homme collecté sur le net. @playmobil677.
Une initiation au tir à l'arc méritant quasiment le label « Ghost » de la poterie, la chamboulera.
Quel bonheur insensé de converser sans tabous, de prendre ses marques dans d'inédites visions de soi-même.
Elle va réapprendre à s'aimer, s'introduire, s'enfoncer dans sa tête dense, touffue comme une forêt.
Bénédicte s'y perdra. Y laissera sa vie saine.

Acuité des sentiments égrenés mot à mot, bruts, noirs comme des ballades pas à pas dans des forêts profondes où le soleil de la vie pénètre peu.
Ecriture sensuelle aux phrases longues comme des prémices bien faites.

Bénédicte écrira à Eric Reinhardt subjuguée par son dernier roman qui l'a profondément touchée. Ils se verront par deux fois. Elle va s'épancher, lui faire des confidences, elle lui racontera qu'elle n'est pas une bonne mère, une bonne femme mais une vraie femme.
« Peut-on se dévouer quasi exclusivement dans l'ordre : à son mari, à ses enfants sans retour constructif ? »
Perdue dans sa vraie vie. Elle s'en inventera une autre…

Un SMS raté, puis rien. Plus rien de Bénédicte.
Eric Reinhardt mènera son enquête, il débroussaillera les forêts de sensations douloureuses, de quotidiens à la dramatique palpable, de souffrances constantes plaquées aux émotions par châtiments-représailles de Jean-François, son mari, dénué de compassion d'avoir été dépouillé de l'amour de son père. Lamentable.
Tatouer sur l'autre l'épaisse empreinte de sa lâcheté jusqu'à la mort. Pitoyable.

Roman désarmant, où vous aurez le temps de mesurer l'ampleur de l'abandon de soi. Horripilant parfois, désolant souvent.
« Vous savez, Eric, c'est terrible de ne plus être touché. »
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Touché par la lettre d'une de ses lectrices, Eric Reinhardt fait une entorse à sa règle et accepte de rencontrer la jeune femme lors d'un de ses passages à Paris. Cette rencontre amicale sera suivie de quelques mails, quelques SMS et d'une seconde rencontre, essentielle celle-là puisque Bénédicte Ombredanne, professeure agrégée de lettres dans un lycée messin, mariée et mère de famille, entreprend de lui raconter sa vie. Une vie qu'elle rêvait enchantée, sublimée, merveilleuse, mais qui s'est brisée sur l'écueil de la réalité. La jeune fille qui avait tout pour réussir est, la trentaine passée, une femme résignée, sous la coupe d'un mari abusif qui fait de sa vie un enfer.


On a beau avoir tout pour réussir, parfois la machine se grippe. Une déception, un échec et on se retrouve démuni et prêt à se tourner vers une main tendue dans ce moment difficile. Ce moment de faiblesse ne prête pas à conséquence, le temps guérira les blessures...Mais si la main tendue est moins amicale qu'il n'y paraît, le drame s'installe. Si celui qui est là, toujours présent, attentif, protecteur, en profite pour se rendre indispensable, prendre le dessus, prendre le contrôle, alors tout bascule. Et c'est ce qui est arrivé à Bénédicte Ombredanne, héroïne tragique du dernier roman d'Eric REINHARDT. L'ami d'enfance qui lui fait remonter la pente après un rude échec, est un pervers narcissique prêt à lui faire payer l'indifférence dont il a été victime jusque là. Sous son emprise, Bénédicte se fane peu à peu, oublie ses aspirations, ses ambitions, se recroqueville sous le regard toujours critique d'un mari humiliant et possessif. Pourquoi reste-t-elle ? Et pourquoi toutes les femmes dans son cas continuent-elles de supporter jour après jour les tortures psychologiques infligées par un mari despotique qui combat un sentiment fort d'infériorité par un féroce besoin de contrôle et de domination ? Par gratitude, amour, peur ? Parce qu'il a détruit en elles toute rébellion, toute confiance en soi ? Parce qu'elles ne supporteraient pas un nouvel échec et veulent donner à leur entourage l'image du bonheur conjugal ?
Avilie, asservie, Bénédicte Ombredanne est seule, isolée, par le despote, de ses amis et de sa famille, éloignée de ses enfants par le travail de sape et de manipulation de son mari. C'est dans la lecture et l'écriture qu'elle s'évade, puisant là la force de continuer. Grâce à son imaginaire, elle peut vivre une autre vie, rencontrer peut-être l'amour véritable, la passion...Et en payer le prix ! le harcèlement de son mari ne connaît pas de limites, se moque du jour et de la nuit, la tue à petit feu, la privant de sommeil, de calme, de vie.
C'est ce lent processus, insidieux et pervers, que raconte Eric REINHARDT dans ce livre où il se met en scène, dépositaire des confidences et des secrets de Bénédicte, sans s'imposer. Il devient un personnage à part entière de cette histoire à tiroirs où les révélations arrivent lentement, où l'on ne peut pas toujours démêler le vrai du faux, mais où Bénédicte Ombredanne, soumise mais lumineuse, raconte l'amour de la vie et la capacité à sublimer chaque instant, chaque petit rien, pour en faire quelque chose de précieux. Une héroïne forte et touchante, portée par la très belle plume d'un auteur qui signe ici un roman attachant et marquant.
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On m'avait pourtant bien prévenue: Lorraine, attention, il faut lire ce livre pendant tes vacances car cela va te secouer! Ce conseil me fut délivré par une amie qui me connaît bien et je ne regrette pas de l'avoir suivi scrupuleusement.
Je referme ce roman boulversant, le coeur chaviré, les yeux humides, et j'avoue avoir versé quelques larmes ce qui m'arrive rarement pendant une lecture!
Le destin de Bénédicte Ombredanne, relaté dans l'amour et les forêts est au coeur de ce récit émouvant. Cette jeune mère de deux enfants et épouse d'un mari violent et pervers saura-t-elle se libérer de l'emprise qui l'enchaîne et l'englue? Cette quête de liberté, cette soif d'amour seront-elles comblées?
Nous cheminons avec l'espoir pour compagnon aux côtés d'un écrivain, Eric, sorte de double de l'auteur qui a rencontré à deux reprises Bénédicte et qui a entretenu une relation téléphonique et épistolaire avec elle sur plusieurs années, recueillant les confidendes de cette femme bafouée en quête de bonheur.
Un beau portrait de femme brossé avec délicatesse, où s' opposent l'érotisme torride et joyeux de l'amant à la violence froide et clinique de l'époux.L'écriture de Reinhardt ne tombe jamais dans le mélo grâce à une construction narrative faite de ruptures: changements de narrateur et retours en arrière, donnant encore plus de relief au personnage de Bénédicte.
L'amour et les forêts, l'essentiel est de ne pas rester à la lisière mais de s' y engouffrer!
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Bénédicte Ombredanne. J'avais envie de mettre en exergue cette identité pour ne pas oublier toutes celles qu'on oublie, qui s'oublient. Il est des êtres qui ne veulent pas créer de problème, qui passent inaperçus, qui ne vivent que pour les autres, par gentillesse, par peur, par tout un mélange de sentiments qui font qu'on les rêve plus qu'on ne les connaît.
Sans lumière, parce que le piège s'est refermé, elles s'en vont un jour, sans bruit, sans éclat. Oh non, pas d'éclat, tout va bien. Un ou deux Xanax plus tard. Oui tout va bien. le plus dramatique c'est que personne ne s'en aperçoit parce qu'elles donnent le change, elles ont l'intelligence et une finesse d'esprit qui leur permet de berner les autres. Quel dommage, l'intelligence au service de sa propre servitude. Cette sensibilité est justement ce qui va les contraindre à l'enfermement, à supporter l'insupportable, l'inconcevable. La victime est consentante, malgré elle.
Un très beau roman, j'ai beaucoup apprécié la plume de l'auteur, fine, délicate et si réaliste.
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Lu en 2015- Relecture le 17 juin 2023


Il aura fallu qu'un ami m'entraîne hier (***17 juin 2023) voir l'adaptation cinématographique de ce roman pour que je me rende compte que j'avais omis de le " chroniquer", il y a 8 années, alors que la lecture de ce texte avait été des plus bouleversants et des plus intenses...

Curieusement , parfois il est finalement très , très malaisé de rendre l'émotion et l'enthousiasme absolus de la lecture d'un texte.On pense à tort ou a raison, que " nos mots" ne seront pas à la hauteur de ce que l'on souhaiterait exprimer, " faire passer "...et on renonce !?
Ce qui explique ce billet des plus tardifs, dont je ne serai, évidemment pas satusfaite.Je tente
" quand même", car ce livre est une lecture grande et importante, à mes yeux..!

Pour ma part, c'est le cas pour cet ouvrage...qui m'avait pourtant emportée par les très fines analyses psychologiques , les échanges incroyables entre l'écrivain et cette femme brillante, professeur de Lettres , assoiffée de culture et de littérature, et vivant, dans l'intimité la montée crescendo d'une tragédie...et d'une destruction psychique...induite par son mari...

Notre " anti- héroïne ", Bénédicte trouve un soutien et un véritable rayon de soleil, avec les échanges gratifiants avec cet écrivain qu'elle admire !

"Ce qui accentuait cette intuition que Bénédicte Ombredanne n'allait pas très bien, c'était aussi l'importance qu'elle accordait aux livres qu'elle adorait, une importance que je sentais "démesurée": comparable à un naufragé qui dérive en haute mer accroché à une bouée, elle les voyait comme détourner leur route et s'orienter lentement vers sa personne de toute la hauteur de leur coque, c'était bien eux qui allaient vers elle (...)
En cela je dois admettre que les lecteurs de cette catégorie n'ont pas une attitude ni des attentes fort différentes des miennes: moi aussi j'attends des livres que j'entreprends d'écrire qu'ils me secourent, qu'ils m'embarquent dans leur chaloupe, qu'ils me conduisent vers le rivage d'un ailleurs idéal. Elle me voyait comme un capitaine au long cours qui l'aurait distinguée dans les flots depuis le pont de son navire - et qui serait venu la sauver. "

Bien que le cinéaste ait changé plusieurs perspectives, le noyau fondateur de l'histoire a été finalement très, très fidèlement rendu en montée dramatique et analyses psychologiques fouillées...avec des interprètes des plus convaincants !

Je pense qu'on ne ressort indemne ni du livre ni du film !
Les deux ont leurs qualités et leurs visions , aussi fortes l'une que l'autre ..

*** Même si je garde une petite préférence pour le livre, où il y a une dimension qui m'est chère : Vision élargie, très subtile sur l'amour de Littérature, des livres et du travail très singulier, complexe de l'Écrivain.
Des thérapies certaines, aussi complexes que profondément "outils de Résistance ou de sauvetage" ; Que l'on soit " Lecteur" ou que l'on soit " Écrivain"...
De très beaux passages sur ces thèmes ; je vais d'ailleurs achever ce modeste ressenti par un de ses extraits , plein de lumière et d'ouverture sur un jardin secret ressourçant et infini, que représentent les MOTS et la lecture...!

" Elle ( ...) lisait des livres qu'elle avait vraiment envie de lire, hors programme, salutaires, pour le plaisir de se sentir vibrer sous la beauté des phrases qu'elle découvrait intimes, à elle seule destinées, exactement comme une conversation approfondie mais en silence, par écrits interposés, elle-même lançant vers l'écrivain, depuis son refuge, à travers les siècles, des réponses sensitives aux phrases qu'elle adorait, des confidences, des éloges, des mots d'amour murmurés. "
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C'est peut-être parce qu'elle avait senti, à travers la lecture de ses romans, qu'il pourrait la comprendre et qu'il ne la jugerait pas, que Bénédicte Ombredanne s'est laissée aller à certaines confidences auprès d'Eric Reinhardt, lors de leur deuxième rencontre en septembre 2008. A voir cette jeune mère de 37 ans, discrète et effacée, impossible d'imaginer le calvaire qu'elle vit au quotidien et qui la ronge à petit feu. Pourtant, chaque jour passé aux côtés d'un mari qui la rabaisse et l'humilie en permanence, avec une cruauté non dissimulée, l'anéanti un peu plus. Les cris et les larmes en guise de repentir ne suffisent pas à excuser cet homme mesquin, jaloux, qui la retient prisonnière dans sa propre demeure, surveille ses moindres faits et gestes avec une vigilance sournoise.


Jean-François Ombredanne est ce que l'on appelle un pervers narcissique, qui a compris que les violences verbales et morales peuvent être bien plus destructrices que la violence corporelle et qui s'évertue à briser chaque jour le peu d'estime qu'il reste chez sa femme. Jusqu'au jour où, dans un ultime acte de rébellion, Bénédicte Ombredanne va tenter de recouvrer sa liberté, au risque d'en payer le prix fort…


Histoire vraie ou fiction ? On serait tenté d'y croire en raison de cette mise en scène de l'auteur dans son propre roman par laquelle il se retrouve, malgré lui, devenir le confident de cette admiratrice meurtrie. A travers le destin dramatique de Bénédicte Ombredanne, qui n'est autre qu'une Emma Bovary moderne fantasmant sur une vie meilleure, faite d'aventures et de sentiments exaltés, mais ne rencontrant finalement que la grisaille du quotidien et le malheur, l'auteur nous raconte l'histoire d'une tragédie sociale aux trop nombreuses victimes. Il nous plonge sans ménagement au coeur de ce couple destructeur, dans lequel règne une violence sordide, muette et invisible aux yeux de tous, et néanmoins d'une brutalité sans nom dans l'intimité.


On subit aux côtés de Bénédicte Ombredanne ce cauchemar quotidien, pervers, innommable et d'autant plus révoltant qu'il est vécu comme quelque chose d'honteux. A travers l'histoire de cette femme attachante, cultivée, mais paralysées par ses peurs, il dénonce un tabou de notre société, celui de la violence faite aux femmes. Un roman qui nous bouscule, nous émeut et nous indigne, tout en nous invitant à ouvrir les yeux et à être davantage attentifs à ceux qui souffrent en silence. J'ai trouvé que l'écriture particulièrement vivante, agréable et fouillée de l'auteur rendait le texte d'autant plus poignant et percutant ! Un roman passionnant et parfaitement maîtrisé qui ne laissera personne indifférent !
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