En entamant ce livre, je me suis rapidement dit:
"Ce n'est pas encore celui ci qui va me réconcilier avec
Eric Reinhardt!"
Car il ne m'a pas fallu plus de vingt pages pour retrouver avec agacement cette écriture lourde et un brin pédante, ses phrases verbeuses interminables et devoir m'accrocher en me disant que je ne pouvais pas décemment jeter l'éponge si vite.
Et puis, contre toute attente, l'intérêt a pointé son nez!
Pourtant, c'était loin d'être gagné, après un début d'autofiction, un chapitre d'échanges virtuels sur Meetic et une première rencontre sentimentale sucrée au possible, assortie de plus de dix pages sur l'art du tir à l'arc ( lourd dans le cliché!).
Le talent premier d'un écrivain est sans doute sa capacité à provoquer des sentiments forts chez son lecteur et la descente aux enfers de ce couple dysfonctionnel, entre domination et soumission, donne des bouffées de violence physique et de révolte intellectuelle. Une relation conjugale névrotique disséquée jusqu'à l'os avec cette plume étouffante qui, pour le coup, colle magistralement au propos.
L'analyse des personnalités, la psychologie des faits illustrent la part de l'éducation dans la construction d'un individu, le cataclysme engendré par la perte des illusions et des valeurs essentielles d'amour, de confiance et de loyauté.
Livre intelligent, ambitieux, au personnage féminin très travaillé, frêle image "à la confiance mutilée" et au corps détruit par un homme inflexible, déconstruit dès l'enfance.
Je comprends l'engouement des lecteurs enthousiastes. C'est un roman remarquable et donc remarqué, soulevant un phénomène de société. C'est hyper réaliste, oppressant! Mais je persiste et signe: j'ai bien du mal avec cette écriture incapable de concision, elle me rebute, je me noie en dedans.
(Merci à Delphine, :-) Sans sa critique, lue dans un moment de "creux" je n'aurais pas continué l'aventure)