J'adore les ouvrages publiés dans la collection Découvertes Gallimard. Pour un prix modique, on peut lire des monographies consacrées sur des sujets les plus divers, sérieuses sans être assommantes, et très joliment illustrées.
Ce livre retrace, pour l'essentiel, l'histoire de la langue française. Avant elle, il y a eu le latin, langue liturgique pour les Chrétiens, très abâtardie à l'oral, tout en subissant des influences germaniques. Finalement on a pris conscience d'une évolution linguistique irréversible et c'est ainsi que "naît" le roman, attesté dès 843. Mais l'évolution continue et le vieux français (langue d'oïl) se répand dans le Nord de la France, alors que l'occitan (plus proche du latin) domine au Sud, tandis que de nombreux dialectes subsistent longtemps dans chacune des deux régions. Au XIVème siècle, apparait ce qu'on nomme le "moyen français", encore plus éloigné du latin. Mais le triomphe politique et littéraire du français moderne commence au XVIème siècle, avec l'ordonnance de Villers-Cotterêts et avec un enrichissement rapide du vocabulaire; l'influence de Malherbe et de l'
Académie Française codifie avec précision la langue, en favorisant le "bien-disant" de la Cour. La suite de l'histoire de notre langue est mieux connue. Mais, souligne l'auteur, il ne faut pas sous-estimer l'évolution contemporaine du français moderne qui est très rapide.
Dans ce livre, on mentionne les influences réciproques des langues européennes et le rayonnement du français (par exemple: le vieux français parlé par le roi d'Angleterre au XIIIème siècle, ou le français classique parlé couramment par les nobles russes au XIXème siècle).
C'est très intéressant. Mais cette monographie n'entre pas dans les détails. Si vous voulez connaitre plus précisément l'évolution des mots et de la grammaire, notamment à la charnière entre le bas-latin et le vieux français, vous devrez vous reporter à d'autres ouvrages: "Le français dans tous les sens" écrit par H. Walter est à la fois passionnant et très facile à lire. Beaucoup plus détaillé et érudit, il y a par exemple "Du latin aux langues romanes" de M. Banniard.