Mathieu Riboulet est un auteur que j'aime beaucoup. J'ai lu par exemple
L'Amant des morts, qui est une lecture marquante. Son décès en 2018 à l'âge de 58 ans est une perte pour notre littérature.
Ceci étant dit, je ne peux pas dire qu'
Avec Bastien soit un livre aussi recommandable que le magnifique
Entre les deux il n'y a rien (chez Verdier). On y reconnaît certes parfois la plume et les interrogations existentielles passionnantes de cet auteur homosexuel, qui a traversé le champs de bataille des années 80, entre la libération des moeurs et le sida. Mais cette fois, le narrateur nous raconte... son fantasme autour d'un acteur porno.
Le Je ne nous trompe pas, il s'agit bien de
Mathieu Riboulet lui-même, qui nous laisse entrer chez lui, à une heure où il faudrait dormir. IL a passé la cinquantaine, il ne sors plus comme il a pu le faire, mais il ne dors pas plus. Il est frustré, et il sait comment calmer ce sentiment mortifère, ce désir qui pousse dans son ventre et qui ne trouve pas de solution. Un porno.
Dans l'image sur laquelle il s'arrête, un personnage debout entre sa bandaison dans le visage d'un ange blond. Ce personnage, il l'appelle Bastien (comme il aurait pu l'appeler Ismaël). Il va nous décrire différents moments de ce film pornographique ou il aime à regarder Bastien. Et il lui imagine une vie, celle qui fait de Bastien, selon, toujours, le fantasme du narrateur, un homme généreux qui donne son corps à ceux qui le désirent.
Je ne sais pas vous, mais ayant quant à moi déjà eu recourt à ce stratagème, dans mes meilleurs moments de déprime, je ne suis pas enthousiaste à l'idée de fabriquer une vie à l'une de ses bêtes de sexe (excitantes), et surtout d'essayer de résumer leur existence à cette image plutôt triste, au final, de don du corps à la caméra et à ses camarades acteurs.
Mathieu Riboulet, ici, ce me semble, échoue en tous cas à donner un peu plus que de la chair à son Bastien. Je vois toujours la misère, pas la beauté qu'il veut pourtant nous montrer.
Déçu, donc, par ce roman, la qualité de l'écriture, de certains passages (à découvrir), me poussent tout de même a lui mettre trois étoiles !