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Fabrice Riceputi (Autre)Edwy Plenel (Autre)Gilles Manceron (Autre)
EAN : 9782369354246
288 pages
Le Passager Clandestin (02/09/2021)
4.5/5   6 notes
Résumé :
« Sous le pont Saint-Michel coule le sang. »

Paris, 17 octobre 1961, 20 h 30. À cinq mois de la fin de la guerre d’Algérie, des dizaines de milliers d’Algériens, hommes, femmes et enfants, manifestent pacifiquement contre le couvre-feu qui leur est imposé par le préfet de police Maurice Papon. La répression est d’une violence inouïe : onze mille personnes sont raflées, brutalisées et détenues dans des camps improvisés. Plus d’une centaine sont « noyée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le 17 octobre 1961, une manifestation pacifique d'Algériens a été brutalement réprimée par la police parisienne, sous les ordres du préfet Maurice Papon. Onze mille personnes sont arrêtées et plus de deux cents autres seront noyées, étranglées ou abattues. Pourtant, le bilan officiel ne fera très longtemps état que de deux morts. Pendant trente ans, Jean-Luc Einaudi, éducateur qui se fait chercheur, enquêtera sur ce crime d'État. À son tour, Fabrice Riceputi retrace cette bataille intellectuelle, judiciaire et politique contre un mensonge d'État.
(...)
L'impressionnant et rigoureux travail d'enquête de Fabrice Riceputi rend hommage à celui, acharné et obstiné, de Jean-Luc Einaudi. Il met aussi et surtout en évidence l'origine colonial d'une tradition brutale et racisée du maintien de l'ordre à la française, ainsi que sa continuité, tout comme celle des pratiques du déni et du mensonge d'État.

Compte rendu complet sur le blog :
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Même en Algérie, pour des raisons plus politiciennes qu'historiques, on avait, jusqu'à un certain moment, mis entre parenthèses le drame vécu par les dizaines de milliers de manifestants Algériens (trente mille ?), ayant défilé pacifiquement (sans armes et parfois accompagnés de leurs familles dont les enfants...) au coeur de Paris... pour, alors, seulement dénoncer le couvre-feu imposé à la seule communauté par le Préfet de Paris de l'époque (Michel Debré farouche partisan de l'Algérie française, étant alors Premier ministre de Charles de Gaulle)... le sinistre Marcel Papon (celui-là même qui avait envoyé aux camps de concentration nazis, massivement, les juifs de France... et qui, par la suite, récupéré, devint, en tant que Préfet,durant la guerre de Libération nationale, le bourreau du Constantinois). Nommé à Paris en tant que Préfet de police, en mars 1958, il avait été alors chargé de mettre sur pied des unités de harkis dirigés par des officiers supérieurs des Sas, «importés» d'Algérie, qui devaient «combattre», tout en s'appuyant sur la police et la justice locales, par tous moyens (eux aussi «importés» comme la torture et les exécutions sommaires), la «rebellion».

Date : 17 octobre 1961. 20h30. A cinq mois de la fin de la guerre. Onze mille personnes sont raflées, brutalisées (par dix mille agents bien armés) et détenues dans des «camps de regroupements» improvisés. Plusieurs centaines de personnes (dont le petite Fatima Beddar, âgée à peine de 15 ans, retrouvée plus tard noyée dans le canal Saint Denis) sont frappées à mort et «noyées par balles» dans la Seine. Bilan OFFICIEL : Deux (2) morts... Un mensonge d'Etat... qui va durer plusieurs dizaines d'années. En realité, 246 décès dont 74 non identifiés... tous les crimes ayant abouti plus tard à des «non-lieux».

En France même, ce fut la chape de plomb sur les archives policières et judiciaires... pour protéger entre autres la police (et l'armée puisque les harkis «détachés» faisait partie de l'armée) et, aussi, Maurice Papon. Mais voilà qu'un «simple citoyen», n'ayant pas vécu la guerre (né en 1951), simple éducateur à la Protection judiciaire de la jeunesse, va se faire chercheur, en «héros moral» (Mohamed Harbi), «Pionnier de la mémoire de la guerre d'Algérie» (Catherine Simon). Jean -Luc Einaudi (décédé en mars 2014), durant trente ans, va surmonter une foultitude d'obstacles : omerta, archives verrouillées, menaces, procès (dont un intenté par.. Maurice Papon duquel il sortira vainqueur grâce à ses révélations qui «enfoncèrent» le Vichyste protégé par l'amnistie liée à la guerre d'Algérie,)... pour faire connaître et reconnaître le «crime d'Etat». Lequel avait été suivi, le 8 février 1962 par le massacre (neuf morts, tous «Français») au métro Charonne (une ‘manif' non violente anti-Oas et pour la paix initiée, entre autres, par le Pc et la Cgt). Son premier livre (Il en a fait paraître 17 pour la plupart consacrés à la guerre d'Algérie), paru en octobre 1991, La bataille de Paris, dédié à Jeannette Griff, neuf ans, déportée de Bordeaux à Auschwitz en septembre 1942 et à Fatima Bedar, «allait modifier radicalement le rapport de force dans l'affrontement entre le déni officiel et l'exigence de vérité» (Edwy Plenel, 23 février 2021) . Un déni, qui hélas perdure bien que, depuis la massacre du 17 octobre est rappelé au souvenir des visiteurs par une plaque apposée sur un des quais de la Seine, celui faisant face à la Préfecture de police. Hélas, si les Français savent lire, peuvent-ils comprendre les drames racistes, esclavagistes et colonialistes ? On en doute.
Un livre incontournable pour bien savoir ce qui s'est passé en octobre 61 à Paris... et pour comprendre les pratiques, actuelles, du contrôle racialisé. Pour connaître, aussi, les luttes menées, hier et aujourd'hui encore, par des intellectuels (chercheurs universitaires, journalistes, hommes de foi...) français en faveur de l'Algérie et de la Communauté algérienne résidente en France.
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J'ai eu le plaisir de lire le livre de #fabricericeputi "Ici on noya les algériens" paru chez @lepassagerclandestin.editions grâce à une #massecritique chez @babelio

Paris, le 17 octobre 1961, des milliers d'Algériens s'habillent de leurs plus beaux vêtements pour manifester contre le couvre-feu qui leur est imposé par Maurice Papon.

La réponse face à cette manifestation pacifique est effroyable ! 11 000 personnes (c'est plus marquant en chiffres) sont arrêtés et des centaines sont jetées dans la Seine "noyées par balles" !!

Le lendemain, le bilan officiel ne fera état que de 2 morts !

C'est à ce moment là que Monsieur Jean-Luc Einaudi, simple citoyen et éducateur de profession, va passer son temps libre à surmonter les obstacles, à éviter les bâtons qu'on lui met dans les roues, pour faire éclater la vérité !

C'est cette bataille intellectuelle, judiciaire, politique que retrace aujourd'hui #fabricericeputi dans un récit documenté mais surtout glacial !

Je n'étais pas née quand cette catastrophe humanitaire (car il s'agit bien de cela) a eu lieu et je n'ai pas souvenir de l'avoir apprise au collège. Et je comprends pourquoi aujourd'hui !

L'état a toujours caché cette fameuse soirée du 17 octobre 1961 ! Jusqu'à ce que Jean-Luc Einaudi se batte contre vents et marées pour démontrer qu'il y avait bien eu crimes d'Etat ce soir là.

Il a enquêté en interrogeant les Algériens, en se démenant sans cesse.
Grâce à un archiviste qui a dénoncé la rafle des juifs de juillet 1942 retrouvée dans des archives non répertoriées officiellement , la 1ère "Affaire Papon" voit le jour en 1981.

Ce n'est qu'à partir de l'année 2011 que le Président François Hollande reconnaîtra cette effroyable tragédie.

Un livre qui m'a bouleversée au plus haut point !

"Sous le pont Saint-Michel coule le sang"
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Ce livre retrace la lutte de Jean-Luc Einaudi, témoin malgré lui des meurtres commis le 17 octobre 1961.
il n'aura de cesse de vouloir faire la lumière sur ce que le président de l'époque, M. Papon et son gouvernement essaient de cacher.

Cette lecture me paraît nécessaire et indispensable pour honorer l'investissement sans faille de cet homme qualifié d'historien malgré lui, et des pauvres victimes de ce sombre 17 octobre 1961.


Pour la mémoire de ces personnes, les témoins qui ont essayé de se faire entendre tel que Jean-Luc Einaudi, et les victimes qui manifestaient pacifiquement, il me semble presque qu'il s'agit d'un devoir de reconnaissance de lire ce livre .

Cet homme qui s'est jeté à corps perdu dans cette bataille, espérant ainsi obtenir une décision de justice, n'avait rien à y gagner. Il y avait même tout à y perdre et pourtant il a fait le choix de ne jamais se taire face à ce massacre de masse.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Le 17 octobre 1961 est enfin là plus terrible répression policière d'une manifestation pacifique dans l'histoire moderne de notre République. Les consignes des organisateurs étaient strictes, au point de se traduire par des fouilles préalables des manifestants : pas de violences, pas d'armes, pas même de simples canifs. La violence qui s'est abattue sur les manifestants, parfois même avant qu'ils ne se constituent en cortèges, dès leur interpellation sur la base d'un tri ethnique à la sortie du métro fut d'une férocité inimaginable. Il n'y eut pas seulement des dizaines de disparus - frappés à mort, jetés à la Seine, tués par balle - mais aussi onze mille arrestations, et une foultitude d'hommes parqués plusieurs jours durant, sans aucune assistance, dans l'enceinte du Palais des sports de la porte de Versailles.
Edwy Plenel P10.
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Aucune institution de la République ne témoigne sans doute mieux dans ses pratiques d’une colonialité héritée que la Police nationale. (…) Créée en 1941 par le régime de Vichy comme instrument centralisé de répression raciale et politique, elle est, depuis lors, restée inchangée dans son organisation.
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En visite sur le terrain, le préfet assure ses agents qu'ils seront couverts
par la légitime défense en toutes circonstances, y compris lorsqu'ils tuent. 
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Sorti inchangé de sa naphtaline et réaffirmé avec un culot hors du commun par Maurice Papon, confirmé avec l'autorité par des témoins au-dessus de tout soupçon, le mensonge d'État de 1961 peut toujours, trente-six ans plus tard, se faire passer pour la vérité. 
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Aucune violence sérieuse de leur part ne put être signalée et aucun policier ne fut sérieusement blessé. L'usage d'un vocabulaire fleurant bon le racisme anti-arabe et l’islamophobie et celui, répété, du mot “troupe“ pour désigner les manifestants tiennent lieu de démonstration de la dangerosité de la manifestation.
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Video de Fabrice Riceputi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fabrice Riceputi
Lors de la bataille d'Alger en 1957, le fondateur du Front national, aujourd'hui Rassemblement national, a torturé. Dans « À l'air libre », l'historien Fabrice Riceputi documente les preuves, en dialogue avec Malika Rahal, directrice de l'Institut d'histoire du temps présent.
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