Après s'être intéressé à caractériser la configuration du récit historique (Temps et récit I), Paul Ricoeur livre ici son analyse de la configuration du récit de fiction par rapport au temps. Il met d'abord en évidence l'existence d'une intelligence narrative qui traverse les époques et prélude à la narration, ce qui laisse envisager des métamorphoses de l'intrigue, mais non sa disparition. Puis, reprenant les travaux de Propp, Bremond et Greimas, il conclue à l'impossibilité de concevoir un modèle de narration indépendamment de la notion d'intrigue (une taxinomie), et donc, de la temporalité. Il met ensuite en échec les conclusions de Benvéniste, Hamburger et Weinrich qui postulaient la stricte indépendance des systèmes des temps verbaux (passé simple, imparfait, présent, futur, etc.) d'avec l'expérience du temps comme phénomène. Ceci l'amène à s'intéresser à la manière dont, d'une part, les théoriciens Müller et Genette ont décrit les possibilités offertes par la fiction de jouer avec le temps, et dont, d'autre part, les romanciers Virginia Woolf (Mrs Dalloway), Thomas Mann (der Zauberberg) et Marcel Proust (A la recherche du temps perdu) l'ont effectivement fait.
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L'âge d'or du roman au XIXème siècle peut être caractérisé par un équilibre précaire entre la visée toujours plus fortement affirmée de fidélité à la réalité et à la conscience toujours plus aiguë de l'artifice d'une composition réussie.
Nul art mimétique n'a été aussi loin dans la représentation de la pensée, des sentiments et du discours que le roman.
L'énonciation devient le discours du narrateur tandis que l'énoncé devient le discours du personnage.
L'art de la fiction se découvre alors comme art de l'illusion.
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Paul Ricoeur, philosophe de la reconstruction : soin, attestation, justice
Corine Pelluchon
Éditions PUF
Issues d'un séminaire, des réflexions sur la pensée du philosophe français. L'auteure démontre la pertinence de l'herméneutique ricoeurienne pour penser le soin et les rapports entre éthique et politique, ainsi que pour trouver un équilibre entre l'universalisme et l'historicité, ou entre la conscience de sa propre faillibilité et l'estime de soi. ©Electre