L'ouvrage fait 184 pages et contient une bibliographie contenant toutes les oeuvres mentionnées.
Le texte ne présente aucune difficulté de compréhension. Todorov se fait plutôt pédagogue, n'utilise pas de jargon insupportable. Surtout, le raisonnement suit un cheminement bourré de cailloux partout : dans les chapeaux des chapitres, puis dans le corps du texte ensuite, en résumé enfin, à la fin de chaque grand point étudié. Il propose également une étude pointue des oeuvres qu'il mentionne, n'hésitant pas à les résumer, à citer des passages entiers, puis à les interpréter pour inclure ces exemples dans sa démonstration.
Car c'est de ça qu'il s'agit : une démonstration, déroulée avec une rigueur scientifique. Hypothèses, observations, étude des différents paramètres et risques, correction si nécessaire, puis établissement d'une théorie.
D'abord, à titre personnel, je n'ai pas lu les autres ouvrages de théorisation sur le sujet (Todorov cite Caillois, Ostrowski, Scarborough…). Si cet ouvrage fait toujours référence, il est cependant daté dans son propos, subtilement lié à son époque et ses courants de pensée. Mais je n'ai pas lu d'ouvrages postérieurs qui auraient proposé quelque chose de nouveau sur le sujet. Difficile pour moi donc de remettre cette Introduction en perspective avec d'autres ouvrages, d'en dresser une critique éclairée.
Cependant, plusieurs questions me sont venues :
- le champ d'étude : 99% XIXémiste, français et anglais. Deux problèmes à cela :
Todorov fait naître le fantastique avec
le diable amoureux de
Cazotte fin XVIIIè, et indique que le XIXè est l'âge d'or du genre. C'est selon moi un biais de l'époque, considérant toujours le XIXè comme LA référence.
Argument peut-être entendable mais pas suffisant pour justifier le corpus d'étude. de ce fait, je pense que l'étude mériterait une mise à jour pour vérifier si le postulat de Todorov tient toujours la route avec d'autres oeuvres, antérieures et étrangères.
- Une lecture très psychanalytique. Ca se ressent particulièrement dans les thématiques du « je » et du « tu » : rien que les titres de ces deux réseaux thématiques en disent long. J'avoue avoir été assez perplexe à la lecture du blabla sur le désir sexuel comme franchissement des limites et contournement par les auteurs de la censure morale, leur permettant d'exprimer tous les penchants sous couvert du Diable.
- La question des genres. D'accord avec Todorov pour dire qu'une oeuvre n'est pas un électron libre, et qu'on ne peut pas faire fi des inspirations, similitudes et rapprochements avec d'autres oeuvres, une époque, un contexte, des idées. Malgré tout, la poésie et l'allégorie comme genres, j'avoue que ça me laisse perplexe.
En somme, un bon rafraîchissement de la thèse de Todorov sur la littérature fantastique, mais à remettre en perspective avec d'autres textes théoriques antérieurs et surtout postérieurs, puis à confronter à un corpus d'étude plus étendu et surtout récent. Il serait intéressant de voir comment les oeuvres postérieures ont peut-être étendu le genre et fait bouger ses frontières.
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