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EAN : 9782020043748
188 pages
Seuil (01/03/1976)
3.82/5   77 notes
Résumé :
Introduction à la littérature fantastique Potocki, Nerval, Gautier, Villiers de l'Isle-Adam : Tzvetan Todorov nous introduit d'abord au plaisr de les relire en nous enseignant à construire les limites d'un genre : dans l'hésitation non résolue du lecteur entre le naturalisme de l'étrange et le surnaturel du merveilleux. Puis il nous conduit au repérage de deux grands groupes de récits fantastiques que commandent respectivement le rapport du personage au monde et son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je me sers de ce livre, qui est le plus connu, pour saluer l'homme qui vient de disparaitre, TZVETAN TODOROV, un de ces émigrés qui ont enrichi notre littérature, nos idées, notre humanité. Son oeuvre est considérable et je me réjouis de pouvoir continuer à la découvrir. Originale et riche, sa contribution à la pensée contemporaine est dénuée de pédantisme mais nous entraine vers de nouvelles réflexions sur la langue et la culture.
Je l'en remercie sincèrement.
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Qu'est-ce que la littérature fantastique? Entre théorie et exemples, Todorov propose un portrait intéressant. le fantastique est une hésitation, une expérience de la limite, un entre-deux, entre le réel et le surnaturel, entre le merveilleux, où tout est possible sans que l'on ne s'en étonne, et l'étrange, où ce qui semblait surnaturel trouve une explication rationnelle. Il se passe quelque chose qui ébranle l'ordinaire et celui à qui cela arrive perd pied. Devient-il fou? Est-ce le monde qui le devient? Y a-t-il quelqu'un d'autre? Qu'est-ce que c'est? ça se transforme, la femme devient cadavre, la statue prend vie, les objets bougent. Souvent, le fantastique permet de dire des tabous, de les exposer tout en les condamnant. La sexualité exacerbée ou sortant de l'ordinaire éveille des diables et des sorcières. Aujourd'hui, le fantastique est-il mort? Todorov le pense. le fantastique est un genre du dix-neuvième siècle. L'absurde, qui lui succède, n'est plus hésitation. Il est regard habitué sur l'étrange, malaise face à un monde dont on sait qu'il peut être dément.
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Un petit livre très intéressant !

Avant de donner mon opinion, je dirais que bien que cet ouvrage soit une référence, celui-ci commence à dater. Je pense donc qu'il y a des informations à prendre avec des pincettes. Surtout que, comme dit au début, le fantastique n'a pas de bord précis, il est donc compliqué de donner des frontières à quelques choses d'évanescents.

Quand j'ai fini ce livre, je me suis dit : oh la vache, mais en fait, beaucoup de livres que, moi-même personnellement sans connaissance, je définissais comme fantastiques n'en sont pas. Bien sûr les choses ont pu évoluer depuis, mais j'ai trouvé très instructif de découvrir comment il était envisageable de définir ce genre littéraire.
L'ouvrage se lit relativement bien même si certains passages sont assez ardus.

Avec moult exemples et écrit de manière très adorable, nous découvrons donc les caractéristiques qui permettent (ou permettraient) de définir une oeuvre fantastique, en littérature.
J'ai trouvé cet ouvrage passionnant même si parfois je ne suis pas sûre d'avoir tout compris. Je vous rappelle que je ne suis pas du tout une littéraire à la base.

Une chose m'a pourtant un peu gêné dans la lecture : les nombreuses références à la psychanalyse et à Freud. Je n'ai pas de grande connaissance dans le domaine et j'avoue que je ne suis pas vraiment une « freud-fan ». Surtout que comme l'a dit quelqu'un (je ne sais plus qui) : passer son temps à se référer à Freud (et la psychanalyse), ce serait comme parler sans arrêt de Marie Curie pour la physique et la radioactivité. Bref, la psychanalyse évolue… Ceci dit, je ne sais pas si l'on pouvait vraiment parler ainsi au moment de l'écriture de cet ouvrage.

Quoi qu'il en soit, j'ai vraiment apprécié la lecture de ce livre qui permet d'obtenir une nouvelle vision sur le fantastique et qui pousse à la réflexion. Pour la jeune auteure que je suis, cela a été très instructif. Je compte bien plus me pencher sur ce sujet.

Je le recommande pour tous les amateurs de littérature de l'Imaginaire, pour les jeunes ou primo auteur.e.s, ainsi qu'à n'importe qui qui souhaiterait en savoir plus.
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L'ouvrage fait 184 pages et contient une bibliographie contenant toutes les oeuvres mentionnées.
Le texte ne présente aucune difficulté de compréhension. Todorov se fait plutôt pédagogue, n'utilise pas de jargon insupportable. Surtout, le raisonnement suit un cheminement bourré de cailloux partout : dans les chapeaux des chapitres, puis dans le corps du texte ensuite, en résumé enfin, à la fin de chaque grand point étudié. Il propose également une étude pointue des oeuvres qu'il mentionne, n'hésitant pas à les résumer, à citer des passages entiers, puis à les interpréter pour inclure ces exemples dans sa démonstration.
Car c'est de ça qu'il s'agit : une démonstration, déroulée avec une rigueur scientifique. Hypothèses, observations, étude des différents paramètres et risques, correction si nécessaire, puis établissement d'une théorie.

D'abord, à titre personnel, je n'ai pas lu les autres ouvrages de théorisation sur le sujet (Todorov cite Caillois, Ostrowski, Scarborough…). Si cet ouvrage fait toujours référence, il est cependant daté dans son propos, subtilement lié à son époque et ses courants de pensée. Mais je n'ai pas lu d'ouvrages postérieurs qui auraient proposé quelque chose de nouveau sur le sujet. Difficile pour moi donc de remettre cette Introduction en perspective avec d'autres ouvrages, d'en dresser une critique éclairée.

Cependant, plusieurs questions me sont venues :
- le champ d'étude : 99% XIXémiste, français et anglais. Deux problèmes à cela :
Todorov fait naître le fantastique avec le diable amoureux de Cazotte fin XVIIIè, et indique que le XIXè est l'âge d'or du genre. C'est selon moi un biais de l'époque, considérant toujours le XIXè comme LA référence.
Argument peut-être entendable mais pas suffisant pour justifier le corpus d'étude. de ce fait, je pense que l'étude mériterait une mise à jour pour vérifier si le postulat de Todorov tient toujours la route avec d'autres oeuvres, antérieures et étrangères.
- Une lecture très psychanalytique. Ca se ressent particulièrement dans les thématiques du « je » et du « tu » : rien que les titres de ces deux réseaux thématiques en disent long. J'avoue avoir été assez perplexe à la lecture du blabla sur le désir sexuel comme franchissement des limites et contournement par les auteurs de la censure morale, leur permettant d'exprimer tous les penchants sous couvert du Diable.
- La question des genres. D'accord avec Todorov pour dire qu'une oeuvre n'est pas un électron libre, et qu'on ne peut pas faire fi des inspirations, similitudes et rapprochements avec d'autres oeuvres, une époque, un contexte, des idées. Malgré tout, la poésie et l'allégorie comme genres, j'avoue que ça me laisse perplexe.


En somme, un bon rafraîchissement de la thèse de Todorov sur la littérature fantastique, mais à remettre en perspective avec d'autres textes théoriques antérieurs et surtout postérieurs, puis à confronter à un corpus d'étude plus étendu et surtout récent. Il serait intéressant de voir comment les oeuvres postérieures ont peut-être étendu le genre et fait bouger ses frontières.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/t..
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Ce qui est remarquable dans cette oeuvre est la manière dont Todorov exprime sa pensée. Évidemment, certains passages sont obscures et complexes. Mais quelle oeuvre traitant de littérature ne comporte pas de tel passage? Todorov parvient cependant à exposer clairement sa thèse et son opinion, en proposant une nouvelle définition de certains genres littéraires (le fantastique ou le merveilleux par exemple). En plus d'avoir profondément marquée la théorie littéraire, il donne un second souffle à des genres bien trop souvent confondus où mal compris. Une grande oeuvre donc.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
II. Définition du fantastique
Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l’événement doit opter pour l’une des deux solutions possibles : ou bien il s’agit d’une illusion des sens, d’un produit de l’imagination et les lois du monde restent alors ce qu’elles sont ; ou bien l’événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire ; ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu’on le rencontre rarement.
Le fantastique occupe le temps de cette incertitude ; dès qu’on choisit l’une ou l’autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l’étrange ou le merveilleux. Le fantastique, c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel. [...]

Il y a un phénomène étrange qu’on peut expliquer de deux manières, par des types de causes naturelles et surnaturelles. La possibilité d’hésiter entre les deux crée l’effet fantastique. [...]

‘J’en vins presque à croire’ : voilà la formule qui résume l’esprit du fantastique. La foi absolue comme l’incrédulité totale nous mèneraient hors du fantastique ; c’est l’hésitation qui lui donne vie. [...]

L’hésitation du lecteur est donc la première condition du fantastique. [...]

[La modalisation] consiste […] à user de certaines locutions introductives qui, sans changer le sens de la phrase, modifient la relation entre le sujet de l’énonciation et l’énoncé. [...] Si ces locutions étaient absentes, nous serions plongés dans le monde du merveilleux, sans aucune référence à la réalité quotidienne, habituelle ; par elles, nous sommes maintenus dans les deux mondes à la fois. [...]

III. L’étrange et le merveilleux
Dans la littérature française, la nouvelle de Prosper Mérimée, la Vénus d’Ille, offre un exemple parfait de cette ambiguïté. Une statue semble s’animer et tuer un nouveau marié ; mais nous en restons au ‘semble’ et n’atteignons jamais à la certitude. [...]

Le roman policier à énigme se rapproche du fantastique, mais il en est aussi l’opposé : dans les textes fantastiques, on penche quand même plutôt pour l’explication surnaturelle ; le roman policier, une fois terminé, ne laisse aucun doute quant à l’absence d’événement surnaturels. […] Dans le roman policier, [l’accent] est mis sur la solution de l’énigme ; dans les textes se rattachant à l’étrange (comme dans le récit fantastique), sur les réactions que cette énigme provoque. [...]

Toute […] scène ne pouvant être expliquée par les lois de la nature telles qu’elles sont reconnues ; nous sommes bien dans le fantastique-merveilleux. [...]

Dans le cas du merveilleux, les éléments surnaturels ne provoquent aucune réaction particulière ni chez les personnages, ni chez le lecteur implicite. Ce n’est pas une attitude envers les événements rapportés qui caractérise le merveilleux, mais la nature même de ces événements. [...]

IV. La poésie et l’allégorie
[…] ou bien le lecteur admet que ces événements en apparence surnaturels peuvent recevoir une explication rationnelle, et l’on passe alors du fantastique à l’étrange ; ou bien il admet leur existence comme tels, et l’on se retrouve alors dans le merveilleux. [...]
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Ainsi se trouve-t-on amené au cœur de fantastique. Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s'expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l'événement doit opter pour l'une des deux solutions possibles: où bien il s'agit d'une illusion des sens, d'un produit de l'imagination, [...] ou bien l'événement à véritablement lieu [...].
Le fantastique occupe le temps de cette incertitude: dès qu'on choisit l'une ou l'autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans une genre voisin, l'étrange ou le merveilleux.
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S'il décide que les lois de la réalité demeurent intacts et permettent d'expliquer les phénomènes décrits, nous dirons que l'oeuvre relève d'un autre genre : l'étrange. Si, au contraire, il décide qu'on doit admettre de nouvelles lois de la nature, par lesquelles le phénomène peut être expliqué, nous entrons dans le genre du merveilleux.
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Il est raisonnable de supposer que ce dont parle le fantastique n'est pas qualitativement différent de ce dont parle la littérature en général, mais il y a une différence d'intensité, celle-ci étant à son maximum dans le fantastique.
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Dans la littérature fantastique, la nécrophilie revêt habituellement la forme d'un amour avec des vampires ou avec des morts revenus parmi les vivants.
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Videos de Tzvetan Todorov (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tzvetan Todorov
Avec Stoyan Atanassov & André Comte-Sponville Rencontre animée par Catherine Portevin
Tzvetan Todorov, né en 1939 à Sofia, arrivé à Paris au début des années 1960, a vécu la plus grande partie de sa vie en France et écrit son oeuvre en français. Mais il se voyait toujours comme un « homme dépaysé ». Cette expérience a nourri son intérêt pour le dialogue entre les cultures et sa vigilance à l'encontre de toutes les tentations totalitaires. Quelle part bulgare avait-il gardé en lui, quelles relations entretenait-il avec son pays natal ? Comment aujourd'hui ses livres sont-ils lus et perçus en Bulgarie ? Pour évoquer les passages de Todorov entre Sofia et Paris, sont réunis pour la première fois ses amis et spécialistes de son oeuvre, des deux côtés de la frontière qui fut naguère rideau de fer : Stoyan Atanassov, Professeur de littérature romane à l'Université de Sofia et traducteur en bulgare de l'oeuvre de Todorov et André Comte-Sponville, philosophe, grand lecteur et ami de Todorov, préfacier de son livre posthume Lire et Vivre (Robert Laffont/Versillio, 2018). Une édition augmentée de son fameux Dictionnaire philosophique est paru en 2021 aux PUF.

À lire – Tzvetan Todorov, Lire et Vivre, Robert Laffont / Versilio, 2018 – Tzvetan Todorov, Devoirs et délices. Une vie de passeur, Entretiens avec Catherine Portevin, le Seuil, 2002, rééd. Points 2006.
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