En primeur, le nouveau livre de
Marieke Lucas Rijneveld « Mijn Lieve gunsteling » (2020, Atlas Contact, 237 p.), bientôt traduit en « Ma chère préférée » ou « My Dear Favorite » va poursuivre l'oeuvre entamée avec « The Discomfort of
Evening » traduit par Michele Hutchison (2020, Faber & Faber, 288 p.) ou «
Qui sème le Vent », traduit par
Daniel Cunin (2020,
Buchet-Chastel, 288 p.) qui a été récompensé par le International Booker Prize 2020.
Que les lecteurs du premier roman se rassurent, ils vont retrouver un vétérinaire, Kurt (en hommage à
Kurt Cobain) de 49 ans, Minion, une fille de fermier (elle a maintenant 14 ans), qui a des antécédents psychiatriques. Elle a en particulier volé lors de l'attentat contre les tours du World Trade Center « Je suis l'avion, je suis le coupable ». C'était en 2001, donc cela lui fait des années à rallonge. Elle partage aussi sa date anniversaire avec Hitler, le moustachu. Un de ses frères est mort accidentellement, renversé par une voiture. Et sa mère a disparu tandis que le père est absent. Il y aura même l'épisode de la fièvre aphteuse. Toutes choses que l'on trouvait déjà dans «
Qui sème le Vent ». A en juger par les relations troubles entre le vétérinaire et la fille, on peut s'attendre à une ré-écriture de «
Lolita » de
Vladimir Nabokov, traduit par
Maurice Couturier (2001, Gallimard Folio 551 p.).
Dès le début du livre, au chapitre 2, il nous raconte qu'il a trouvé un fermier qui s'était pendu lors de l'épidémie de fièvre aphteuse. A part cela, il a, lui aussi des problèmes qui remontent à sa jeunesse. « J'ai soudainement réalisé qu'en tant que petit garçon je n'avais jamais sauté, je suis né adulte et les adultes ne le font pas sauter les enfants ». Peut-être aussi des problèmes d'abus sexuel. Et on aura droit à la scène de rêve avec la soeur mort-née. « Un mort ne peut pas être brisé, un mort est mort, rien de plus. Celui qui reste est cassé. En mille morceaux ».
J'en ai assez dit de l'histoire. Reste l'écriture. J'aime bien ces phrases longues selon lesquelles Kurt raconte son histoire (le problème est que cela dure 42 chapitres). Il utilise pour cela des grands blocs de texte sans paragraphe, sans lignes blanches ni indentation, parfois sans points. Mais cela ne vaut pas le splendide «
Zone » de
Mathias Enard (2008,
Actes Sud, 516 p.).