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EAN : 9782021240122
184 pages
Seuil (12/05/2016)
4.25/5   16 notes
Résumé :
Le destin de la Yougoslavie aurait-il changé, et son unité aurait-elle été préservée, si Faruk Hadzibegic avait marqué son pénalty décisif, en quarts de finale de la Coupe du monde de football contre l'Argentine de Maradona, le 30 juin 1990, à Florence ? C'est ce que le capitaine de son équipe, natif de Sarajevo, aurait tendance à penser, lui qui porte sur ses épaules l'inconsolable remords d'avoir vu son tir retenu par le gardien. Et c'est ce que tout le monde lui ... >Voir plus
Que lire après Le dernier pénalty : Histoire de football et de guerreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Après la Coupe du monde de football 1990, Gary Lineker avait donné la définition suivante du football : "Le football est un jeu où 22 personnes courent, jouent avec un ballon et où un arbitre fait une quantité d'erreurs, et à la fin l'Allemagne gagne toujours ». À cette définition, il faudrait ajouter « et dont les écrivains Italiens parlent très bien ». Entre autres Alesandro Barricco dans Les barbares. Essai sur la mutation ou Une certaine vision du monde. Cinquante livres que j'ai lus et aimés, Erri de Luca et Roberto Saviano respectivement sur Giovanni Rivera et Roberto Baggio dans le cadre de l'exposition « Football de légende, une histoire européenne », et Gigi Riva dans Le dernier pénalty. Histoire de football et de guerre.

Le dernier pénalty dont il est question ici est le pénalty que Faruk Hadzibegic, Bosniaque de Sarajevo, a raté lors de la Coupe du monde de football 1990 - la même coupe du monde à l'issue de laquelle Lineker fait sa déclaration - en quart de finale face à l'équipe d'Argentine. Des pénaltys ratés fameux dans l'histoire de football et de la Coupe du monde de football, ce n'est pas ce qui manque comme Gigi Riva le rappelle : il y a eut ceux de Platini et Zico en 1986, de Baggio en 1994, de Trezeguet en 2006, … Mais celui d'Hadzibegic est particulier : au moment de la Coupe du monde de 1990, ce pénalty est juste un pénalty raté, mais, après coup, il va devenir le dernier pénalty de la Yougoslavie. En effet, quelques mois plus tard, les guerres de Yougoslavie vont éclater et la Yougoslavie lentement mais sûrement se désagréger avec l'issue que l'on connaît.

Et si Faruk Hadzibegic n'avait pas raté ce pénalty ? Comme il le signale, « huit fois sur dix, quand (il) rencontre un Yougoslave », Hadzibegic essuie une remarque du type « Si vous n'aviez pas manqué ce pénalty… » ou « Mon père me répète toujours qu'à cause de votre pénalty… » Après la Coupe du monde, le sélectionneur de l'époque, Ivica Osim, dira : « Je me demande ce qui serait arrivé si nous avions battu l'Argentine. Peut-être suis-je trop optimiste, mais dans mes rêves secrets je me demande ce qui serait arrivé si nous avions joué la demi-finale ou la finale. je veux dire : ce qui serait arrivé dans le pays. Peut-être que nous n'aurions pa eu la guerre, si nous avions gagné la Coupe du monde. Peut-être pas, mais je ne peux pas m'empêcher de l'imaginer. Et donc, quand je suis allongé dans mon lit et que je ne dors pas, je me dis que les choses auraient pu s'arranger, si nous avions gagné la Coupe du monde. »

Gigi Riva ne se lance pas dans une enquête de type « What if? ». Même en cas de victoire, il y aurait bien peu de chance que le résultat d'un match de football puisse « (inverser) le cours d'une histoire de guerre déjà écrite » - pas plus que, quelques mois plus tard, la victoire de l'équipe de Yougoslavie de basket-ball à la Coupe du monde 1990 n'aura d'impact sur le sort de la Yougoslavie. Pour autant, Gigi Riva, fin connaisseur des guerres des Balkans pour les avoir couvert en tant que grand reporter, ne laisse aucun doute sur l'issue de l'éclatement de la guerre. Ce que raconte Gigi Riva aux lecteurs, ce sont les liens entre le football et la guerre - le sous-titre du livre est ainsi Histoire de football et de guerre. Déjà, le football emprunte au champ lexical de la guerre - on tire des « missiles", on fait le "siège du camp adverse » au football et à la guerre, et un attaquant au football est parfois qualifié de « canonnier »*. Ensuite, « Dans les Balkans, dire que le sport est comme la guerre pas une métaphore. La guerre est la continuation du sport par d'autres moyens ».

Gigi Riva montre comment l'équipe de football de Yougoslavie va être traversée par les conflits entre les Slovènes, les Serbes, les Croates, les Monténégrins et les Macédoniens de l'équipe, poussant le sélectionneur à composer son équipe selon l'origine des joueurs plutot que leurs talents et qualités sportives, comment ceux-ci ne s'entendront pas entre eux pour des raisons « ethniques » ou refuseront de jouer en fonction des tensions entre les différentes républiques de la Yougoslavie, comment le match du 13 mai 1990 entre le Dianmo Zagreb et l'Etoile Rouge de Belgrade a dégénéré entre les supporters/miliciens des deux équipes, les Bad Blue Boys et les Delije (les Braves) du tristement célèbre Arkan,… Gigi Riva raconte aussi la vie de Faruk Hadzibegic : sa vie de footballeur en exil - il fera partie des premiers joueurs à être autorisés à aller jouer à l'étranger (en France et en Espagne) - qui modifie sa perception de la guerre en devenir par rapport à sa famille restée en Yougoslavie et des joueurs de l'équipe nationale restés au pays, son rapport différent à l'éclatement de la Yougoslavie par rapport aux joueurs plus jeunes de la sélection, sa décision de dissoudre l'équipe nationale après sa qualification pour l'Euro 1992.

Le dernier pénalty.Histoire de football et de guerre est une formidable histoire de football et de guerre par un bon connaisseur des deux domaines - parfait homonyme d'un grand buteur italien des années 1960 et 1970, Gigi Riva a été lui-même un footballeur correct et il a couvert la guerre des Balkans dans les années 1990**. Certes, le dernier pénalty parle de football mais ne s'adresse pas aux seuls amateurs de football : c'est aussi et surtout un grand livre sur l'histoire de l'ex-Yougoslavie et de l'Europe, de l'éclosion des récentes guerres de Yougoslavie, les dernières guerres européennes, et des liens entre le football et la guerre.

* Le surnom de l'équipe anglaise d'Arsenal est d'ailleurs les Gunners et un canon figure sur le blason de l'équipe.

** Il a écrit un J'accuse l'ONU avec Zlatko Dizdarevic.
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Un pénalty de football, réussi ou raté, peut-il changer la vie d'un homme et d'un pays ? Une belle uchronie inversée sur un moment de la dislocation yougoslave.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/08/26/note-de-lecture-le-dernier-penalty-gigi-riva/

Journaliste italien qui fut longtemps envoyé spécial puis rédacteur en chef (entre 2012 et 2016) de l'hebdomadaire L'Espresso, dont il est toujours l'un des éditorialistes aujourd'hui, Luigi Riva (dit Gigi Riva, comme le buteur légendaire de la Squadra Azzurra, avec qui il ne faudrait pas le confondre) a couvert intégralement ou presque les conflits de l'ex-Yougoslavie, qui lui ont inspiré plusieurs ouvrages. Son cinquième, publié en 2016 et traduit en français la même année par Martine Segonds-Bauer dans la collection Fiction & Cie du Seuil, est sensiblement différent, même s'il s'attache au même sujet central.

Début 1990, une Yougoslavie de six républiques fédérées et de deux provinces serbes autonomes, avançant quelque peu en somnambule (ou en zombie) depuis la mort de Tito dix ans plus tôt, est en pleine crise économique. Elle vient de voir s'affronter, durant toute l'année 1989, à grands coups de discours publics et de tribunes enflammées, le dirigeant nationaliste serbe Slobodan Milošević et, de manière beaucoup plus posée, son homologue slovène Milan Kučan, qui occupe alors la présidence tournante (depuis la constitution de 1974) de la Fédération, culminant lors du 14ème Congrès extraordinaire de la Ligue des communistes de Yougoslavie, en janvier 1990. Les élections parlementaires qui s'échelonnent tout au long de cette année-clé portent au pouvoir des nationalistes centrifuges en Slovénie et en Croatie d'abord, en Macédoine et en Bosnie-Herzégovine ensuite, tandis que les ex-communistes – mais en réalité déjà profondément acquis aux thèses nationalistes suprématistes – l'emportent en Serbie et au Monténégro, en toute fin d'année. de facto, sans attendre la chute du mur de Berlin et les proclamations d'indépendance des diverses républiques fédérées, la Yougoslavie a vécu.

Pourtant, l'Histoire aurait-elle pu se dérouler différemment ? C'est cette sorte d'uchronie inversée, soutenue par nombre d'observations d'époque soigneusement recueillies alors, que nous propose Gigi Riva, à travers l'histoire étonnante de l'équipe nationale yougoslave de football, qui a vécu aussi cette année-là les tensions centrifuges qui agitent le pays, mais qui, après avoir éliminé l'Ecosse, la France et la Norvège en qualifications, disputait, depuis le 10 juin, la phase finale de la Coupe du Monde en Italie. Sortie 2ème de la phase de poules, derrière la RFA mais en éliminant Colombie et Émirats Arabes Unis, elle battit l'Espagne en huitièmes de finale, et se présenta face à l'Argentine en quarts de finale. Las, lors de la séance de tirs au but, Faruk Hadžibegić rate l'ultime pénalty de son équipe (qui en a déjà raté deux, comme son adversaire) et propulse l'Argentine vers la finale (après qu'elle aura vaincu l'Italie à domicile, en demi-finale), où elle s'inclinera face à la RFA. Si l'équipe yougoslave de football avait poursuivi son chemin encore un ou deux tours, ou – pourquoi pas ? – remporté cette Coupe du Monde, la fierté, la ferveur et la liesse auraient-ils pu retarder ou même anéantir les forces centrifuges alors en pleine action ?

Au-delà du poids d'un tel moment sur les épaules d'une personne (ce que l'auteur déchiffre à merveille), il y a bien là un étonnant travail de mise en perspective du football et de la politique, en une occasion particulièrement emblématique, qui inscrit ce texte dans la lignée d'Eduardo Galeano (« le football – Ombre et lumière », 1995), de Jean-Claude Michéale plus beau but était une passe », 2010), voire de David PeaceRouge ou mort », 2013). Et cet épilogue, ci-dessous, placé malicieusement en tête de l'ouvrage, en témoigne aussi à sa manière singulière.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Amateurs de football et de géopolitique, ce bouquin est fait pour vous. Sous-titré "histoire de football et de guerre", dévoré en deux fois, cet ovni (ni roman ni documentaire) de l'écrivain-journaliste Gigi Riva tisse et entremêle la petite et la grande histoire, à travers l'épopée de la sélection de Yougoslavie à la Coupe du Monde de 1990, entre succès sportifs et fragiles équilibres ethniques, alors même que la fédération est en train de se déliter dans sa réalité territoriale et sociale et que les bruits de botte se font déjà entendre.

Tout est beau dans ce livre, à commencer par la fluidité du style avec une écriture qui fourmille de détails passionnants et charrie une douce mélancolie. L'écriture du sport et du fait sportif est presque une prouesse, comme au travers de cette séance de tirs au but contre l'Argentine encore plus haletante qu'un match visionné en direct. le fond du propos et les analyses enfin, qui sont brillantes et porteuses d'une grande lucidité doublée d'un profond humanisme.

Magnifique !
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C'est un livre formidable, très bien écrit par un journaliste sportif italien. Il illustre que le football peut être un révélateur sensible de la montée des nationalismes, montrant le développement des bandes de supporters organisés et violents qui formeront souvent l'ossature des milices lors de la guerre civile. La tristesse du héros, le capitaine malheureux d'une équipe encore multiethnique qui rata le penalty qui a éliminé son équipe lors de la coupe du monde, et qui ne peut s'empêcher de penser que, s'ils avaient gagné la coupe, la guerre civile aurait pu être évitée est très touchante même si sans doute il était déja trop tard. Méfions nous des violences organisées des supporters: elles peuvent être un indicateur précoce de troubles identitaires profonds.
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critiques presse (1)
LeFigaro
03 juin 2016
Le livre de Gigi Riva retrace de manière aussi magistrale que limpide l'histoire de la Yougoslavie à travers le ballon rond.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il y a toujours dans notre existence un épisode qui nous poursuit malgré nous. S’il s’agit d’une fatalité nous pouvons l’accepter avec résignation, avec cette bienveillance envers nous-mêmes qui nous exempte de toute responsabilité. Si nous l’avons provoqué, le remords est une sorte de torture qui nous ramène continuellement, par le souvenir, à l’instant précis où tout a basculé, quand il était encore possible de dévier le cours des événements. S’il fut le fruit d’une erreur involontaire de notre part, l’affaire se complique car alors nous nous retrouvons dans cet entre-deux où l’on n’a rien à expier, mais où l’on doit accepter de se confronter à ses limites.
Vingt-cinq ans après le sien, d’épisode, Faruk est un bel homme qui va sur ses soixante ans. Il a gardé le physique acéré de l’athlète, des cheveux encore noirs, juste un peu plus clairsemés sur le front et les tempes, avec des pattes taillées ras comme dans le temps. Le nez fort, le regard curieux, pénétrant, intelligent. Et le pas rapide de qui a un avenir à assumer, dans la seconde vie qu’il a dû s’inventer à Paris après le naufrage de la première à Florence, le 30 juin 1990. S’il avait été seul en cause, d’ailleurs, la douleur aurait été moindre. Les épaules larges, forgées par les entraînements, la fatigue et les responsabilités, supporteraient leur propre poids et non celui d’une nation entière. Mais il y a des hommes dont le destin personnel croise une histoire plus vaste et c’est dans ce croisement, du fait d’un mécanisme souvent pervers, qu’on risque d’être broyé si les jambes ne sont pas fermement arrimées au sol pour garantir l’équilibre – cette même posture qui sert à arrêter l’adversaire quand, balle au pied, il cherche à passer pour tirer et marquer un but.
Faruk est père de famille, à l’aise financièrement, il habite une maison que la moitié du monde voudrait avoir, rive droite. Avec la conscience de soi caractéristique de ceux qui sortent vivants des périls qu’ils ont affrontés. En mauvais état mais vivants. Il a sa place dans la tribune du Paris-Saint-Germain, il se rend dans tous les stades d’Europe pour suivre l’évolution du jeu depuis qu’il est passé du terrain au banc de touche, du short court au costume des messieurs, depuis qu’il a été reçu par Michel Platini dans le cercle des consultants de l’UEFA l’Union européenne des associations de football. Il est resté amoureux de son sport, même si on ne peut pas dire que le foot soit un sport innocent. Il ne l’est pas dans son contexte, ni au-dessus, ni en dessous, il ne l’est pas même dans sa pratique, sur le gazon des stades : le terrain est bien trop parasité. Par le business bien sûr. Par la corruption. Par la politique souvent, comment avant et après Florence. Surtout « pendant » Florence. Innocent, le football l’est quand il s’obstine à rester lui-même dans le regard d’un enfant sur le ballon qui roule, dans le plaisir profond d’une course réussie, d’un coup de tête, d’une frappe croisée, d’une parade dans la lucarne. La parade dans la lucarne… Gravée dans sa rétine, revenant dans ses cauchemars, Faruk l’a revue des milliers de fois en vingt-cinq ans. Quand il la chasse, ce sont les autres qui la lui rappellent. Comme aujourd’hui où il a pris un vol pour Belgrade et a programmé une grande tournée avant d’atterrir dans sa ville de Sarajevo.
Ce n’était pas une star, Faruk. Mais c’était un champion. Un de ces défenseurs en qui on peut avoir confiance, que le public aime parce qu’ils « mouillent le maillot » ; que leurs camarades adorent parce que, dans cette société de secours mutuel qu’est une équipe, ils sont toujours prêts à apporter une aide, un encouragement, une parole de réconfort ; que les coaches estiment indispensable parce qu’ils sont leur projection sur le terrain. C’était aussi un leader, Faruk, forgé dans des circonstances hostiles, dans cette tempête absolue qui, à un certain moment, a fait que lui et ses vingt et un amis se sont retrouvés seuls contre la malveillance générale. Pas un Franz Beckenbauer, bien sûr, le kaiser de l’Allemagne des années 70, mais un Manfred Kaltz, pour rester dans les comparaisons germaniques. Du reste, « Kaltz » était son surnom en raison de son rôle, de sa foulée pleine d’aisance et d’une certaine ressemblance physique. Ce sont des profils comme le sien qu’on choisit pour les moments décisifs. pas question alors de reculer, d’avoir peur de tirer un pénalty : pas pour une gloire personnelle, pas tout seul, mais pour un État sur le point d’affronter bien d’autres penalties.
Voici donc Faruk en Serbie, qui descend la passerelle de l’avion. Il arrive au contrôle des passeports, dans cette capitale qui fut la sienne et qui appartient maintenant à une autre nation. Il tend ses papiers au douanier dont il connaît bien l’idiome parce qu’on peut changer les frontières, mais pas la langue. La langue est le lait maternel. Le policier lit à haute voix : « Faruk Hadzibegic. » Il lève les yeux et, d’un ton soudain familier, avec un sourire qui est aussi un soupir, il sert sa petite sentence : « Ah ! Si vous l’aviez marqué ce pénalty… Peut-être que le destin du pays aurait été différent ! » On pourrait la prendre, cette sentence, pour une hyperbole vertigineuse, mesurer la distance sidérale qui sépare un pénalty du « destin du pays ». Un sens abyssal de la poésie épique, qui magnifie le pouvoir du sport. Le football comme fonction salvatrice, antidote à la haine et à la guerre.
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Michel Platini et Zico, lors d'un passionnant France-Brésil du Mondial 1986, ont manqué un pénalty. Roberto Biaggo a balancé les espoirs de l'Italie par-dessus la barre transversale dans la finale américaine de 1994. David Trezeguet, après le coup de tête de Zidane à Materazzi, a trahi la France à Berlin en 2006. Diego Armando Maradona a failli des onze mètres dans le même matche que Faruk. Leo et Messi et Cristiano Ronaldo ont provoqué, contre Chelsea et le Bayern Munich, l'élimination de la finale de la Coupe des clubs champions de Barcelone et du Real Madrid. Leurs erreurs restent confinées dans le cercle, il est vrai assez large, des supporters, elles donnent lieu à des récriminations de bar, à la rancœur d'avoir raté une fête. Celle d'Hadzibegic est devenue la malédiction des Balkans, le symbole d'une chute annoncée. Dans les Balkans, dire que le sport est comme la guerre n'est pas une métaphore. La guerre est la continuation du sport par d'autres moyens.
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Il a pris l’habitude, Faruk, « huit fois sur dix, quand je rencontre un Yougoslave, ça se passe comme ça ». Le pénalty n’appartient plus au seul espace du foot, il est devenu mythe, passage crucial, légende. Plus le temps s’écoule, plus la bienveillance prévaut sur le reproche. Le héros qui tombe reste un héros. Hector n’est pas moins valeureux qu’Achille, sa fragilité le rend même plus sympathique. Il ne pouvait en être autrement sur une terre où l’on aime à célébrer les défaites glorieuses : c’est la consolation des perdants.
Michel Platini et Zico, lors d’un passionnant France-Brésil du Mondial 1986, ont manqué un pénalty. Roberto Baggio a balancé les espoirs de l’Italie par-dessus la barre transversale dans la finale américaine de 1994. David Trezeguet, après le coup de tête de Zidane à Materazzi, a trahi la France à Berlin en 2006. Diego Armando Maradona a failli des onze mètres dans le même match que Faruk. Leo Messi et Cristiano Ronaldo ont provoqué, contre Chelsea et le Bayern Munich, l’élimination de la finale de la Coupe des clubs champions de Barcelone et du Real Madrid. Leurs erreurs restent confinées dans le cercle, il est vrai assez large, des supporters, elles donnent lieu à des récriminations de bar, à la rancœur d’avoir raté une fête. Celle d’Hadzibegic est devenue la malédiction des Balkans, le symbole d’une chute annoncée. Dans les Balkans, dire que le sport est comme la guerre n’est pas une métaphore. La guerre est la continuation du sport par d’autres moyens.
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Il est resté amoureux de son sport, même si on ne peut pas dire que le foot soit un sport innocent. Il ne l'est pas dans son contexte, ni au-dessus ni en dessous, il ne l'est pas même dans sa pratique, sur le gazon des stades : le terrain est bien trop parasité. Par le business bien sûr. Par la corruption. Par la politique souvent, comme avant et après Florence. Surtout "pendant" Florence. Innocent, le football l'est quand il s'obstine à rester lui-même dans le regard d'un enfant sur le ballon qui roule, dans le plaisir profond d'une course réussie, d'un coup de tête, d'une frappe croisée, d'une parade dans la lucarne. La parade dans la lucarne... Gravée dans sa rétine, revenant dans ses cauchemars, Faruk l'a revue des milliers de fois en vingt-cinq ans. Quand il la chasse, ce sont les autres qui la lui rappellent. Comme aujourd’hui où il a pris un vol pour Belgrade et a programmé une grande tournée avant d’atterrir dansa sa ville de Sarajevo.
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Il y a toujours dans notre existence un épisode qui nous poursuit malgré nous. S'il s'agit d'une fatalité nous pouvons l'accepter avec résignation, avec cette bienveillance envers nous-mêmes qui nous exempte de toute responsabilité. Si nous l'avons provoqué, le remords est une sorte de torture qui nous ramène continuellement, par le souvenir, à l’instant précis où tout a basculé, quand il était encore possible de dévier le cours des événements. S'il fut le fruit d'une erreur involontaire de notre part, l'affaire se complique car alors nous nous retrouvons dans cet entre-deux où l'on n'a rien à expier, mais où l'on doit accepter de se confronter à ses limites.
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