L'auteur russe
Panteleimon Romanov (1884-1938), dans la majorité des onze nouvelles qu'il nous raconte ici, parle de la vie des gens simples confrontés à la brutale réalité du quotidien, dans la Russie des années 20, au siècle dernier. Suite à la guerre civile, et à l'arrivée au pouvoir du Parti Communiste, " la nouvelle politique économique " laisse entrevoir les défaillances du nouveau régime, qui promettait pourtant le nirvâna, égalité pour tous, liberté de l'individu.....
L'auteur y utilise toutes les divers thématiques de la Vie, pour illustrer la désillusion dans la vie privée et sociale, suite à l'enthousiasme déclenché par la révolution bolchevique.
L'Absurde,
Des queues interminables, pour acheter quoi que ce soit... pour couper les queues, priorité donnée aux personnes avec petits enfants, d'où ces derniers loués sur place par des futées, le temps de l'achat.
La Religion
Au chômage, où le prêtre passe ses journées à la fenêtre, et s'immisce dans ses petits bobos.
L'Argent,
L'appât du gain qui déstabilise, hésitation entre conscience et les roubles miroitants.
La Société,
L'influence du pouvoir prolétaire sur la décadence sociale et morale,
"Ne sont dignes de louange que la grossièreté, la familiarité cynique qui foule aux pieds toutes les contraintes.......L'amour , nous ne la connaissons pas, nous n'avons que des relations sexuelles , parce que l'amour, nous le classons avec mépris dans le domaine de la "psychologie", tandis que seule la physiologie a droit à l'existence."
Y glissent aussi, des histoires hors du temps,
L' Amour,
Une histoire d'amour à la
Tourgueniev, avec "L'Automne".
La Femme,
Son âme confuse et contradictoire , à laquelle "On ne saurait lui imposer aucun code moral, aucun cadre...", superbe analyse de l'âme féminine.
le Mariage,
le mensonge et l'éternel jaloux, transformé en éternel coureur, une fois la proie dans
le sac.
La Première Fois,
"... de toutes les façons, ça finit pareil, avec merisier ou sans...".
Absurdes, drôles, tragiques, romantiques ou très sombres, elles sont toutes très fortes. Mais la dernière nouvelle "L'Actrice " qui clôt le recueil est un vrai coup de poing, aux lectrices et aux lecteurs mais aussi au régime de l'époque; pas étonnant que Romanov fut victime d'une censure impitoyable. "Lorsqu'on lui disait que la vie ancienne ne reviendrait pas, qu'il fallait s'adapter à la nouvelle, elle n'éprouvait que de l'horreur.....Que voulait dire s'adapter à la nouvelle vie ? Ne plus croire en Dieu, cracher par terre, avoir les ongles sales, confisquer les hôtels particuliers ?...".
Je dois cette lecture à krzysvanco, que je remercie en passant. J'espère que vous serez nombreuses et nombreux à vous intéresser à cet auteur à mon avis très talentueux, mais malheureusement tombé dans l'oublie.