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EAN : 9782809803914
200 pages
L'Archipel (01/08/2010)
2.83/5   15 notes
Résumé :
Réservé à un public averti

En matière de femmes, le héros de ce livre n'a qu'un critère : pourvu qu'elle soit rousse ! C'est son unique désir, son fantasme moteur, en un mot : son obsession. Petite ou grande, svelte ou dodue, jolie ou moche, peu lui importe, car c'est dans la rousseur qu'il puise son désir... et sur Meetic qu'il trouve de quoi l'assouvir, à la mesure de son appétit érotomane démesuré. Elles sont donc nombreuses à défiler dans son ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Stéphane Rose vient ajouter sa pierre à l'édifice de tous les artistes fascinés par les rousses et leurs mystères. Il nous livre avec ce premier roman ses observations sur la gent féminine, sur notre société mais aussi sur l'amour.
Un lecteur qui ne se contenterait que de feuilleter le livre pourrait penser qu'il ne s'agit que d'un roman érotique de plus. Au contraire, Pourvu qu'elle soit rousse est un livre sensible, qui ne tombe jamais dans l'autofiction banale.
Nous y découvrons un trentenaire qui a pour obsession la découverte de la singularité des femmes rousses. Très marqué par une première conquête, il décide d'utiliser Meetic pour rencontrer des femmes et les interroger sur leur « qualité de rousse ».

Bon vivant et pas prude pour un sou, notre narrateur nous livre sans ambages ses expériences avec ses conquêtes, rousses cela va de soit :
« J'embrassai ma proie dans l'urgence du désir, perdu quelque part entre l'homme et la bête, dans une confusion qui se démultiplia lorsque la créature, non contente de ne pas s'effaroucher de mes manières de butor, me répondit à l'unisson de ma bestialité en me bouffant littéralement le visage, suçant mes lèvres, mordillant mes joues, fourrant sa langue dans mes oreilles en prenant soin d'y glisser autant de salive que de petits bruits obscènes. Un authentique baiser d'affamée, qu'elle ne jugea pourtant pas suffisant pour me laisser entrevoir l'étendue de son appétit : une minute à peine après avoir goûté ma bouche, elle poussa l'audace jusqu'à prendre ma main dans la sienne, en déplier deux doigts et les sucer comme une bite en plantant ses yeux droit dans les miens avec une détermination guerrière […] »

L'auteur élabore ainsi une sorte de carnet de route, dépeignant parfois férocement ses compagnes : « Brigitte était LA rousse. L'anomalie. L'erreur. le monstre. Une invraisemblable cascade de cheveux ondulés, d'un roux vif aux reflets rouge sang, lui donnait l'apparence d'une torche. Des mouvements nerveux, saccadés, impatients, des yeux verts hystériques qui roulaient comme des billes renforçaient cette impression de flammes en mouvement. Brigitte était le diable, descendu sur terre pour propager les flammes de l'enfer. »

Il n'en est pas moins féroce avec lui-même et il est conscient de l'emprise malsaine qu'a son obsession sur lui : « Face à mes interlocutrices, je manifestais une hâte malsaine. J'effrayai l'une d'entre elles une heure après avoir fait sa connaissance en lui imposant de me laisser respirer ses seins sous peine de ne plus jamais me voir. J'en insultai une autre qui tardait trop à daigner me rencontrer. Je perdais goût à la correspondance, à l'attente, à la curiosité. Je voulais des rousses prêtes à la consommation, livrées à domicile sous vingt-quatre heures, et si possible pas des boudins, merci. »

Son témoignage ne verse jamais dans la vulgarité gratuite et s'accompagne très souvent de références aux rousses allant du Parfum de Peter Süskind en passant par des poèmes d'Apollinaire jusqu'à Autobiographie d'un hardeur! Son ton mâtiné de cynisme s'attaque aux idées reçues et autres discriminations, concernant ou non les roux : « Quelle sottise, de se teindre les cheveux en roux! Quelle grossière erreur d'appréciation de penser qu'un roux se résume à la couleur de ses cheveux! Peut-on devenir nègre et crier à sa fierté d'être noir après avoir passé du cirage sur sa peau blanche? Possible que l'on chante le blues un peu moins juste quand même… »

Pourvu qu'elle soit rousse n'est donc pas un simple déballage d'instants salaces mais se rapproche d'une sorte d'essai sur les rousses, mais aussi plus largement sur les femmes et l'amour. A l'heure où les auteurs français se contentent de nous livrer leur quotidien fade et sans intérêt, Stéphane Rose utilise ses expériences pour nous amener subtilement sur les pas de ce qui ressemble fort à une leçon de vie, sans pour autant tomber dans le nian-nian et le lieu commun. Une bonne surprise à dévorer, si vous en avez assez des livres fades. Car il faut croire que les mystérieuses rousses ont laissé leur empreinte sulfureuse sur l'ouvrage de M. Rose…

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J'ai choisi de lire ce livre juste après « misere-sexuelle.com » pour rester dans la continuité du sujet sur les sites de rencontres bien que celui-ci ait été écrit avant le précédent et qu'il ne cible qu'une seule catégorie de femmes : les rousses, peu importe leur physique ou leur âge.

Nous commençons donc notre lecture du récit de Stéphane Rose qui nous explique comment est née son attirance pour les femmes rousses, sa découverte à 30 ans, avec Anaïs, de leur charme particulier. Il nous démontre à quel point les rousses sont plus coquines que les blondes ou brunes, et nous comprenons bien que c'est un des aspects qui l'attire vers elles.

« Coquines, les rouquines ? La science est affirmative. »

« La vie sexuelle de femmes avec les cheveux roux est clairement plus importante que celle avec une autre couleur de cheveux. Elles sont plus actives, ont plus de partenaires et font l'amour plus souvent que la moyenne.»

Anaïs, cette femme, cette rousse à l'esprit libre qui ose et qui assume ses envies, qui n'hésite pas à utiliser l'auteur comme un jouet sexuel et à lui faire part de tous ses désirs pour notre plus grand plaisir.

« - Frappe-moi

- Tu veux que je te frappe vraiment ?

- Oui, que tu me fasses mal.

- Au visage ?

- Oui. Mets-moi une gifle, et fourre-moi ta queue dans la bouche avec autorité. Et si tu estimes que je te suce mal, remets-moi une gifle. Je suis ta pute, c'est le minimum que je te suce correctement, non ? »

Mais la passion avec Anaïs fini par s'essouffler et les mener à la séparation. Stéphane Rose décide alors de s'inscrire sur Meetic afin de rencontrer des femmes rousses avec l'espoir de retrouver l'odeur si particulière qu'avait Anaïs. Il envoie donc 1003 mails à 1003 rousses, et décide, suite à leurs réponses, de faire ce livre, qui n'est pour lui qu'un témoignage. « Celui d'un homme que les aléas de la vie ont conduit à croiser la route d'une rousse, lier connaissance intime avec elle, la quitter et souffrir. »

Dans ce témoignage, donc, l'auteur nous relate ses rencontres, plus ou moins agréables, mais toujours de façon sincère. Il nous parle de ses déceptions, de ses doutes mais également de son plaisir de retrouver cette odeur chez certaines femmes.

Claire, Delphine, Solange, Brigitte, Elodie, Sylvia, Laure, toutes ces femmes qu'il ne pourra pas s'empêcher de comparer avec Anaïs. Ces femmes, avec qui il vivra des aventures plus ou moins satisfaisantes, lui permettront de se remettre en question et de comprendre d'où lui vient son obsession, son addiction.

Comme dans le précédent ouvrage que j'ai lu de cet auteur, j'ai aimé sa façon de s'exprimer, sa capacité à ne pas avoir peur des mots, et à les utiliser à bon escient sans jamais devenir vraiment vulgaire.

« le problème, c'est qu'une rousse ce n'est pas exactement Madame Toulemonde, …, et c'est peut-être justement pour ça que, pour prétendre à l'enculer, il faut avoir le cran de l'aimer. »

« - Tu veux m'attacher comme un chien ou comme une chienne ?

Le regard ostensiblement lubrique avec lequel elle enroba sa question me mit d'humeur à la tirade théâtrale.

- Comme une chienne, mon amour, comme une chienne. Je veux te priver de ton autonomie. Je veux que tu sois là, dans ma piaule, attachée sans pouvoir bouger plus loin que les chiottes pour aller pisser. Je veux me doucher, m'habiller, sortir, vivre ma vie sociale dehors, et revenir le soir, tard, et te retrouver là, à poil, enchaînée, t'amener à moi en attrapant la chaîne, un peu brutalement, te foutre à genoux, me désaper, et me vider les couilles dans ta bouche. »

De plus, bien que ça ne soit pas le but principal du livre, celui-ci contient quelques scènes de sexe directes et excitantes.

«J'étais fou d'elle quand j'enculai Anaïs pour la première fois dans son petit appartement d'étudiante, en levrette et face à un miroir, dans le reflet duquel je la regardais gueuler son plaisir de se faire élargir l'anus sous une pluie d'injures et de claques sur les fesses. »

Je regrette simplement de ne pas en avoir eu assez.

« Je renonce à écrire la scène la plus bandante de ce livre ».

Au travers des pages, Stéphane Rose dénonce l'hostilité de certaines femmes au féminisme, le manque de curiosité des femmes vis-à-vis de l'exploration de leur plaisir et les conséquences sur leur vie sexuelle.

« Elles se placent alors de fait dans une posture de réceptacle à foutre, asservies sans vraiment s'en rendre compte à la loi de la perpétuation de l'espèce, le désir bridé par des siècles d'obscurantisme religieux et de bienséance sexuelle dogmatisée. »

Mais il dénonce aussi et surtout la « roussitude », accompagnant son propos d'un peu d'histoire, de témoignages et de références mais toujours sur un ton frais et léger.

En plus de passer un agréable moment de lecture, d'être excitée, j'ai également bien ri, toujours fan de l'humour et du cynisme de Stéphane Rose.

« le jeu qui consiste à exciter son partenaire sexuel en le couvrant de mots grossiers et obscènes porte un nom : la coprolalie. Quel mot ravissant ! On dirait le prénom d'une petite fille. On l'imagine la petite Coprolalie, âme pure et innocente, courant dans les prés verdoyants en riant. »

« Mas je n'avais pas envie de m'endormir avec elle après avoir joui, de peur de me réveiller à ses côtés en poussant un hurlement à la découverte de son visage hideux le lendemain matin. »

Voici donc un livre un peu différent, truffé d'anecdotes et de références culturelles, qui ne ressemble à aucun autre mais qui n'en est pas moins plaisant. J'ai apprécié entrer dans l'univers de l'auteur, partager ses souvenirs, son obsession qui peut sembler étrange mais reste très excitante. Encore une fois, la plume de Stéphane Rose est fluide, agréable, décalé mais de qualité.

Ce livre me sert d'introduction au prochain livre de cet auteur que je lirai : Défense du poil contre la dictature de l'épilation intime.

«Il y aurait pourtant d'intéressants sujets à écrire sur le poil et ses amateurs, bien plus nombreux qu'on ne le pense, nostalgiques des belles mottes touffues telles que l'on en voyait encore dans les films X des années 1970. »

Je remercie La Musardine et Stéphane Rose pour ce « bouquin sympa » ;) !

Lien : http://leslivresdesarah.cana..
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C'est l'histoire d'un mec qui tombe fou amoureux d'une rousse. Elle est belle, elle sent bon et au niveau sexuel c'est la fête foraine tous les soirs. Et il est bien sur persuadé que cela se reproduira avec ABSOLUMENT toutes les rousses qu 'il rencontrera.

L' auteur est donc tombé d'entrée dans les clichés habituels : Les rousses ont une odeur spéciale et sont bien évidemment des suppots de Satan, assoiffées de luxure et de débauche.

Il va donc écumer les profils de rouquines sur Meetic pour retrouver LA rousse initiale et il va le faire jusqu'au fetichisme.

Autant vous prévenir, si ce qui se passe en dessous de la ceinture vous choque il vaut mieux éviter ce livre.

Pour être clair il y a beaucoup de porno à lire dans cet ouvrage et l'auteur sera très prolixe pour nous conter les multiples galipettes et double axels qu 'il effectuera avec la gent féminine rousse.
Donc si vous n' aimez pas lire du porno niveau Master fuyez.
( Paraît même que y'a des gens qui regardent sur leur téléphone des trucs cochons, c'est un copain qui m'a raconté.)

En tout cas pour l'auteur c'est no limit, tant que le sujet féminin à les cheveux roux et des tâches de rousseur.

Pourvu qu 'elles soient rousses, à tel point que notre amoureux des cheveux de feu va tomber dans le fetichisme.
C'est la partie la plus intéressante du livre quand l' auteur commence à comprendre que son obsession le rend aveugle à des réalités évidentes.

Il fini donc par comprendre que certaines rousses sont jolies et d' autres moins, et que la peau des rousses à une odeur, tout comme la peau d'une asiatique ou d'une femme africaine et qu 'un être humain, homme ou femme ne peut se résumer à la couleur de sa peau ou de ses cheveux.

Cette partie introspective de l' histoire est la plus intéressante et l'auteur n'hésite pas à se mettre à nu ( et souvent en charmante compagnie...) sur cette obsession et la puissance de ses fantasmes.

Beaucoup plus intéressant qu'une première partie qui abonde de clichés sur les rousses.

Je suis marié à une extraordinaire femme rousse aux yeux bleus et je ne l'ai encore jamais vue jeter des chatons noirs dans un bûcher.
Quant à la partie "chambre à coucher... Et beh ça vous regarde pas !

Pour conclure je dirais que" Pourvu qu 'elle soit rousse " est un livre très très hot et sans prétention et qui a le mérite d' être original.



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Entre pornographie et érotisme, entre obsession et fétichisme, une quête du graal, la rousseur! de la couleur au parfum, de la blancheur de la peau aux éphélides, l'antihéros s'égare, se perd, étale ses souffrances, ses impatiences et ses conquêtes! J'ai apprécié le fil "rouge" qui ne se limite pas à la couleur rousse mais aussi à Meetic qui est pour l'auteur l'outil de recherche de son idéal féminin.
Pour un premier roman, j'ai apprécié le style, j'ai parfois été agacé par quelques citations littéraires qui ne tombe pas toujours à bon escient. J'aurais peut-être espéré une fin plus heureuse car pourquoi à ce point prendre fait et cause pour la rousseur si c'est pour terminer dans l'insatisfaction, la souffrance d'une passion jamais assouvie, l'amour idéal? Je pense que l'on ne fonde que rarement sa vie avec une femme correspondant "à son type". Ce livre en est la preuve. il est préférable de séparer l'amour et la fascination, quant au sexe, il semblerait qu'il supporte mieux le mélange. de là à séparer le sexe et l'amour, ...?
Enfin, les conclusions sont peut-être hâtives, j'attends encore une vraie fin, bien que j'apprécie le plaidoyer contre les "roussophobes" qui nous conduit naturellement à un plaidoyer contre la xénophobie en général!
je vais attendre un deuxième roman de Stéphane Rose pour me fixer une opinion sur son talent d'auteur, de narrateur mais j'avoue que globalement, ce livre me plut!
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Je n'ai pas dépassé les 10 premières pages, qui sont un ramassis de clichés, de transformation de la femme en objet, et de fétichisation des rousses. "Ma première rousse, je l'ai embrassée devant un film", 2e phrase du texte. La femme n'est donc présente qu'en tant qu'objet de désir, et n'est définie que par sa couleur de cheveux. Vous pensez que ça part mal ? Attendez. "Outre sa qualité de rousse, Anaïs est une fille. Elle arriva donc en retard." 3e et 4e phrases de l'incipit. On confirme donc le fait qu'on se moque de la personne, on ne s'intéresse qu'à son apparence. Et on en profite pour placer un cliché bien misogyne sur les femmes. Et ce n'est pas fini, quel bonheur ! Nous avons ensuite droit à un joli festival de culture du viol. Par exemple, le fait de se faire belle pour un rendez-vous est une "discrète provocation". Ben voyons. Continuons (nous n'avons pas dépassé les 4 premiers paragraphes). Vient ensuite "l'odeur de rousse". On continue dans la fétichisation et la femme-objet. "Une odeur naturelle, animale, sauvage. Tropicale ?" Arrive l'imaginaire de l'exotisme, héritage colonial par excellence, et le poncif de la femme "fauve", sexualisation claire de celle-ci. J'ai oublié : l'odeur est "d'autant plus excitante qu'elle sortait des pores de la peau d'une jolie minette de vingt-trois ans". Je n'ai même plus les mots. La suite est dans la même veine. le style est déplorable, la femme rousse est décrite comme une bête de sexe, essuie tous les poncifs qui la poursuivent depuis des siècles, l'auteur est dans une espèce d'autosatisfaction constance de ce qu'il écrit, avec un regard empreint de ce qu'il y a de plus misogyne aujourd'hui.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Anaïs

Un premier baiser qui modifie durablement le cours d'une existence est chose originale, de surcroît s'il est donné à l'âge de trente ans. Ma première rousse, je l'ai embrassée devant un film thaïlandais au nom prémonitoire : Tropical Malady.
Outre sa qualité de rousse, Anaïs est aussi une fille. Elle arriva donc en retard. Je l'attendais depuis un bon quart d'heure devant l'entrée du cinéma en proie à un mélange équitable d'anxiété et d'excitation quand elle apparut au coin de la rue, sapée, maquillée et coiffée avec juste ce qu'il fallait de discrète provocation pour m'indiquer qu'un effort avait été fourni par rapport à l'ordinaire vestimentaire.
Parfumée, aussi.
La première odeur qui vint à mes narines quand nous nous retrouvâmes assis dans la salle fut celle de son parfum. La seconde, celle de son shampoing. Effluves de jeune fille propre, coquette et soignée, qui n'a pas pour habitude de se rendre à un rendez-vous galant en sentant la sueur ou le graillon. Son odeur de rousse, je ne l'identifiai que dans un second temps. Par déduction. Ce n'était ni celle du parfum, ni celle du shampoing, c'était autre chose, un petit complément inattendu, l'invité surprise au banquet des stimuli qui suscita d'autant plus ma curiosité que je venais de vivre trois décennies sans en soupçonner l'existence. Une odeur naturelle, animale, sauvage. Tropicale ? Une odeur d'une subtile singularité, impossible à synthétiser par la chimie. Et d'autant plus excitante qu'elle sortait des pores de la peau d'une jolie minette de vingt-trois ans, resplendissante de charme et de bonne santé, alors qu'on l'aurait crue échappée de la cage de quelque fauve exotique exhibé dans les foires.
Voilà, c'est dit, et donc assumé d'emblée : je suis de ceux qui pensent que les rousses ont une odeur spécifique. De ceux qui le pensent, mais aussi, et surtout, de ceux qui le savent.
Évoquant Nini-Peau-d'Chien, Aristide Bruant chantait :

Elle a la peau douce,
Aux taches de son,
À l'odeur de rousse
Qui donne un frisson.
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Comme les fois précédentes, je n'en tirai pas de réel plaisir physique, mais la compagnie de cet individu singulier m'apporta un apaisement moral digne d'un antidépresseur. Son effet fut toutefois de courte durée. Au beau milieu de la nuit, de retour au bercail, je compris que la parenthèse se refermait en même temps que la porte que je claquais derrière moi. Mon appartement, au milieu duquel trônait une table surmontée d’un ordinateur équipé d’une connexion haut débit, était le ventre dans lequel je me laissais digérer. Mais cette nuit-là, malgré des discussions en cours et des e-mails en attente de réponse, je n’allumai pas mon ordinateur. Je me contentai d’ouvrir le tiroir magique et d’en extraire un par un les objets qui constituaient mon petit musée de la rousseur. Je les posai sur la moquette et m’assis parmi eux comme un enfant au milieu de ses jouets. La comparaison n’est pas innocente : ma petite collection était la source d’un plaisir puéril, je la contemplais toujours saisi d’un sentiment qui touchait à l’émerveillement. Eparpillés sur le sol autour de moi, ces touffes de poils, mèches de cheveux, sous-vêtements parfumés et objets divers délimitaient une zone qui échappait à la réalité, un petit sanctuaire de fétichisme onirique dans lequel je me sentais sinon à l’aise, du moins apaisé.
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Face à mes interlocutrices, je manifestais une hâte malsaine. J’effrayai l’une d’entre elles une heure après avoir fait sa connaissance en lui imposant de me laisser respirer ses seins sous peine de ne plus jamais me voir. J’en insultai une autre qui tardait trop à daigner me rencontrer. Je perdais goût à la correspondance, à l’attente, à la curiosité. Je voulais des rousses prêtes à la consommation, livrées à domicile sous vingt-quatre heures, et si possible pas des boudins, merci.
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J’embrassai ma proie dans l’urgence du désir, perdu quelque part entre l’homme et la bête, dans une confusion qui se démultiplia lorsque la créature, non contente de ne pas s’effaroucher de mes manières de butor, me répondit à l’unisson de ma bestialité en me bouffant littéralement le visage, suçant mes lèvres, mordillant mes joues, fourrant sa langue dans mes oreilles en prenant soin d’y glisser autant de salive que de petits bruits obscènes. Un authentique baiser d’affamée, qu’elle ne jugea pourtant pas suffisant pour me laisser entrevoir l’étendue de son appétit : une minute à peine après avoir goûté ma bouche, elle poussa l’audace jusqu’à prendre ma main dans la sienne, en déplier deux doigts et les sucer comme une bite en plantant ses yeux droit dans les miens avec une détermination guerrière
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Quelle sottise, de se teindre les cheveux en roux! Quelle grossière erreur d’appréciation de penser qu’un roux se résume à la couleur de ses cheveux! Peut-on devenir nègre et crier à sa fierté d’être noir après avoir passé du cirage sur sa peau blanche? Possible que l’on chante le blues un peu moins juste quand même…
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