Oreo est un roman étonnant a plus d'un titre. Son auteur,
Fran Ross était éditrice et journaliste free lance a tenté de percer dans le milieu fermé des scénaristes à Los Angeles et Hollywood, sans jamais y parvenir, victime du double ostracisme: femme et noire. Son unique roman,
Oreo, se révèle une véritable anomalie, à l'instar de son auteur. Au lieu d'être le produit d'une société du spectacle dominée par le mâle blanc se réservant le doit de moquer à peu près tout mais selon son propre prisme culturel, voilà qu'une femme noire ose écrire une satire cinglante de la société américaine selon son propre point de vue de femme noire et juive.
J'aiu envie d'aimer ce livre, sincèrement. Je lui reconnais beaucoup de qualités. Mais je me retrouve face à ce livre au même problème que j'ai eu en lisant Catch 22 de Jospeh Heller. Ce genre de satire tirant vers burlesque, aussi réussie soit-elle, m'ennuye très vite. Paradoxalement, j'aime beaucoup le cinéma des frères Coen et il y a quelque chose de très proche dans
Oreo, dans cette galerie de personnages inattendus et décalés, dans les situations absurdes… même dans la relecture osée de la mythologie (Thésée est passé à la moulinette dans
Oreo, là où les frères Coen revisitaient à leur manière l'Odyssée dans O' Brother…). Mais autant j'aime ce genre de situation au cinéma, autant en littérature, je décroche vite.
Je pense qu'
Oreo est un roman typiquement américain. Même si il adopte une perspective inédite, il s'inscrit dans une tradition littéraire qui n'a pas vraiment d'équivalent chez nous. Ces farces satiriques et burlesques, qui osent pousser le bouchon très loin, tout en conservant une conscience aiguë des problèmes qu'ils décrivent sont rares chez nous. Dans un même ordre d'idée, je repense à
Salles Fumeurs de
Christopher Buckley (qui a inspiré le film “Thank you for smoking” de Jason Reitman), qui dénonce les lobbies “de la mort” en général et plus spécifiquement celui du tabac, en y intégrant des éléments de comédies parfois outranciers alors que l'humour noir suffisait, selon moi.
Question de culture, probablement.
C'est dommage parce qu'
Oreo reste un livre très intéressant.