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A la merci d'un courant violent tome 3 sur 5
EAN : 9782757837399
566 pages
Points (10/10/2013)
4.07/5   7 notes
Résumé :


"Je suis responsable parce que je joue un rôle. J'essaye, en m'inventant de fausses excuses, de retirer un tout petit peu de beauté d'une situation sans espoir" : Ira, aspirant écrivain, promène sa silhouette dégingandée dans le Manhattan des années 1920.

Ses épaules sont déjà voûtées, lestées du poids de Jewish Harlem et de cette honte ineffaçable : son amour pour Minnie, sa sœur. Ira étudie, se gorge de littérature, apprend le désir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Henry Roth (1906-1995) est un écrivain américain. Né en Europe centrale, il émigre vers les États-Unis à l'âge de trois ans avec sa famille et passe son enfance au sein de la communauté juive de New York. Son premier roman, L'Or de la terre promise, publié en 1934 passe inaperçu. Henry Roth laisse alors de côté ses ambitions littéraires et épouse, en 1939, Muriel Parker, fille d'un pasteur baptiste et pianiste qui renoncera à sa carrière pour l'accompagner dans l'État du Maine où il exerce plusieurs métiers (garde forestier, infirmier dans un hôpital psychiatrique, aide plombier…). Henry Roth sombre dans une dépression chronique. C'est en 1964, soit trente ans après, que L'Or de la terre promise est réédité et vendu à plus d'un million d'exemplaires. Ce succès inattendu convainc l'auteur de se remettre à écrire. En 1994, soixante ans après la publication de son premier roman, A la merci d'un courant violent sort en librairie, premier volume d'une autobiographie qui en comprendra cinq, Un rocher sur l'Hudson, La Fin de l'exil, Requiem pour Harlem et enfin Un Américain, un vrai. Initialement prévue en six tomes, l'oeuvre d'Henry Roth restera inachevée.
Ce troisième volet est paru en France en 1998 et nous y retrouvons Ira Stigman alias Henry Roth, au milieu du New York des années 1920 alors qu'il a une vingtaine d'années, toujours et encore tourmenté par sa sexualité, étonné par sa propre personnalité, se considérant comme étranger parmi les humains et devant ruser pour se donner une apparence « normale » vis-à-vis des autres.
S'il ne couche plus avec sa soeur Minnie, ce n'est pas pour retrouver le chemin de la morale mais parce que celle-ci sort désormais avec des garçons. du coup il se contente de sa cousine Stella les lundis, lors de rapports sexuels qui en viennent à être drôles pour le lecteur – toute question morale mise à part – Ira se tapant Stella vite fait dans une pièce pendant que les deux parents âgés de la jeune fille sont occupés dans une autre ! de leur côté, Larry et Edith évoluent. Son ami, après avoir tâté de la poésie et de la sculpture, se tourne maintenant vers le théâtre, cherchant sa voie artistique. Edith, sa maîtresse plus âgée, maître assistant de littérature, après avoir guidé le jeune homme doute désormais de sa capacité à entrer dans cet univers intellectuel.
Des rapports complexes entre les personnages vont se créer. Ira devient le confident d'Edith qui lentement se détache de Larry, pas très performant au lit, entretenant une liaison parallèle avec Lewlyn un homme marié. Entre ces deux couples, Ira bouche cousue, tient la chandelle tout en se sentant irrémédiablement attiré par Edith qui par de petits signes amicaux alimente ses troubles sentiments. Entre sa vie personnelle faite de sexe honteux, « sa maudite libido dénaturée », et celle de ses amis faite de rapports mensongers, Ira Stigman se débat comme un beau diable pour ne nuire à aucun tout en cherchant à se placer au mieux dans les grâces d'Edith mais il est là en terrain mal connu ; Edith est une femme, expérimentée qui plus est, alors qu'Ira n'a jamais connu que des gamines ou au pire des prostituées.
Comme dans les précédents volumes, la forme narrative adoptée par Henry Roth reste la même, au coeur du roman se greffent des inserts, bribes de textes où l'écrivain de 89 ans décrit ses souffrances physiques liées à sa polyarthrite ou anticipe sur l'avenir du récit. Ainsi, le lecteur est clairement informé qu'Ira et Edith auront une relation intime mais quand le roman s'achève, la jeune femme et Lewlyn son amant sont en train de se séparer et Ira est à deux doigts de conclure.
Si le sexe est omniprésent dans les pensées d'Ira, la littérature s'impose de plus en plus en lui comme une échappatoire à sa condition. Alors que chez Larry elle était une attitude ou un souhait, pour Ira elle est une nécessité profonde qui lentement s'impose avec la complicité d'Edith lui révélant Joyce (nombreuses digressions très intéressantes) et TS Eliot, pour l'éveil intellectuel, et la sensualité bientôt, pour le sexe adulte. La fin de l'exil, le début de la vraie vie ? le prochain volet devrait nous le confirmer…
Je tiens néanmoins à préciser que j'ai trouvé ce troisième épisode, moins puissant que les deux précédents, comme une pause au milieu de l'étalage des révélations intimes et du cheminement intellectuel vers l'écrivain en devenir.
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Dans la Fin de l'exil, troisième volet d'À la merci d'un courant violent, Ira Stigman n'en a pas encore fini avec ses turpitudes. Il sembler que les risques insensés qu'il prend pour satisfaire ses pulsions, ce goût de l'interdit, ne fait qu'ajouter au plaisir, le rendant irrésistible. Pourtant toucher au fruit défendu aura des conséquences irréversibles sur la psyché, l'idiosyncrasie du personnage. Par le biais d'un camarade d'étude qui entretient une relation répréhensible, bien que nettement moins tabou avec une de ces professeurs, Édith, Ira va pleinement comprendre l'opportunité que représente pour lui la littérature. Cette dernière, de retour d'un séjour en Europe, va lui remettre un livre à la couverture bleue, alors interdit en Amérique, l'Ulysse de Joyce, que son déficient amant d'étudiant a dédaigné. Cette oeuvre révolutionnaire, dont il se fera le contempteur petit à petit et les années passant, est le révélateur qui va montrer toutes les couleurs et les potentialités narratives que peut représenter la vie pathétique et rude qu'il a mené jusqu'alors. Une mine d'or inépuisable en fait.

Point n'est besoin d'attendre la lecture du volet final pour réaliser qu'on se trouve en face d'une oeuvre majeure du roman autobiographique du XXème siècle. . le contraste saisissant que constitue la narration des infamies d'un jeune personnage par ce dernier devenu presque nonagénaire et veuf depuis cinq ans n'est pas le moindre de ses attraits. Peut-être le meilleur volume de la tétralogie pour l'instant.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Putain ! Le scabreux, le sordide, la perversité et la misère, en regard de n’importe lequel des personnages d’Ulysse, il en avait à revendre, à surprendre, à se pendre. Mais le langage, oui le langage pouvait métamorphoser comme par magie l’ignominie de sa vie et de ses pensées en précieuse littérature, en cet Ulysse tant vanté. Il pouvait le libérer de son exil dépravé, de son esclavage inaltérable. La sensibilité et la volonté, mis sous forme de langage, venaient facilement à bout du silence, de l’exil et du mensonge.
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