Ce n'est pas le premier roman holmésien écrit par
Martine Ruzé-Moens que je lis et j'apprécie le
Sherlock Holmes qu'elle met en scène dans ses récits.
Surtout lorsqu'il est accompagné de Mathilde d'Alencourt… Hélas, je l'ai trouvée un peu trop effacée durant la seconde affaire.
La seconde affaire ? Oui, j'ai oublié de vous préciser que le résumé concerne en fait deux enquêtes de
Sherlock Holmes, dans le même village de Cornouailles, mais à quelques années d'intervalles.
J'ai été surprise lorsque je vis apparaître la fin de sa première enquête, celle avec Sylvester emprisonné. Quoi ? On a déjà fini l'enquête ? Déjà qu'on l'avait commencé à l'envers, par Holmes revenant amoché de son petit séjour dans le village de Predannack…
Non, je ne râlerai pas car il est une chose certaine : le format des nouvelles convient mieux à Holmes que le format des romans, même si je trouverais toujours aux nouvelles un goût de trop peu à toutes.
La seconde enquête est un peu plus longue et c'est là qu'intervient Mathilde d'Alencourt qui va enquêter à ces côtés, suite à l'empoisonnement de… X.
J'apprécie ce personnage et je trouve qu'elle n'est pas assez mise en valeur dans cette enquête où elle aurait pu briller, faire plus d'échanges sur l'enquête avec Holmes, déjà que ce dernier m'a donné l'impression que tout lui tombait un peu trop facilement dans le bec.
Pour moi, Holmes, ça enquête, ça déduit, ça raisonne, ça fume du cerveau, ça se couche au sol pour prélever des indices, bref, ça doit s'agiter et cogiter.
Certes, le Holmes de l'auteure n'est pas tout à fait celui de
Conan Doyle (son Holmes à lui restera unique, son manque d'amour pour son détective a dû jouer) mais j'aime ses déductions, j'aime quand il court partout tel un chien de chasse flairant la trace d'un renard. Ici, on lui apporte bien des réponses sur un plateau d'argent.
Sans vouloir remettre en cause les talents de l'auteure, j'aurais aimé un Holmes plus fureteur et pas que sur le livre d'heures qu'il examine.
Autre petits détails qui m'ont fait me poser des questions… Si je veux empoisonner une personne avec un champignon vénéneux, je vais le chercher moi-même en forêt et je ne confie pas cette tâche à une autre personne car lorsque cette dernière apprendra la mort de X par empoisonnement à l'amanite, sûr qu'elle fera le rapprochement avec ma demande.
Juste entre nous aussi, si je suis la personne qui a cueilli l'amanite pour le criminel et que X est mort à cause de cela, je ne risquerai pas d'aller en parler à mon frère, dans un lieu où se trouvent plein de gens ! Punaise, c'est trop risqué. Et bougrement facile pour un Holmes aux oreilles longues.
Anybref, je fais de ma gueule mais dans le fond, j'ai aimé cette aventure dans les Cornouailles, surtout pour son enquête dans l'abbaye de Saint-Eustache (qui trompe énormément – jeu de mot foireux offert), avec une bibliothèque, des livres d'heures datant d'avant l'invention de l'impression, où, encore un peu, on verrait l'ombre de Guillaume de Baskerville et d'Adso von Melk…
Assez court, trop court (156 pages), ce pastiche holmésien se dévore trop rapidement, ce qui restera son plus grand défaut à mes yeux.
Lorsqu'un livre a un goût de trop peu, que l'on aurait encore bien passé du temps avec ses personnages, c'est que, malgré ses petits défauts, il nous a fait oublier le temps qui passait en nous offrant du bon temps de lecture. Holmes me manque déjà… Mathilde aussi, idem pour Watson qui s'est fait rare dans ces deux enquêtes.
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