Sous la façade rose bonbon de ce roman, qui n'a rien de fleuve, moins de cent pages clefs en mains, se cachent de mystérieuses femmes en vert, fluctuantes,changeantes, mouvantes comme cette Garonne, dont la vie n'est pas un long fleuve tranquille et dont les imprévisibles crues dévastent tout sur leur passage.
Marie Ndiaye, auteur sénégalaise dont l'écriture a été couronnée du Prix Goncourt général 2009 pour
Trois femmes puissantes et du Prix Fémina 2001 pour
Rosie Carpe, revient et repart inlassablement dans ses chapitres entre présent et passé,ressasse ses mots, éternelle litanie tourbillonnante prise entre deux rives ambigues, nommées confiance et méfiance.
J'avoue m'être un peu noyée entre short printanier-lascif, belle-mère-ex-amie dont le bonheur conjugal d'aujourd'hui peut tout engloutir demain, Jenny-la douce-à la "dureté contrainte"....entre tout ce va-et-vient de femmes vertes...comme cette mère, "métamorphosable à l'infini".
Heureusement je me suis raccrochée, dispersés ça et là, aux superbes photos en noir et blanc intensément poétiques (de Julie Ganzin pour la plupart), comme celle de la page 25, où la femme tête baissée, mains comme liées, tresse presqu'enracinée se fond dans le paysage pour y plonger, alors que si l'on retourne l'image, on s'aperçoit qu'elle implore le ciel.
Du grand art!