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EAN : 9782246857198
256 pages
Grasset (02/09/2015)
3.38/5   8 notes
Résumé :
Durant leur scolarité à Stanislas, deux cousins de la grande bourgeoisie, Max et Léo, et un fils de famille aristocratique, Lothaire, forment un trio soudé que la guerre de 1914 va séparer avant que la paix ne les réunisse.
Pied-bot désinvolte et érotomane pratiquant, Lothaire échappe à la conscription. Léo, pilote breveté, et homme de devoir, accomplit le sien. Max demeure embusqué à la Maison de la Presse où il officie aux côtés de Cocteau et de Giraudoux a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voilà un roman paru lors de la dernière rentrée littéraire et passé - injustement - assez inaperçu. En tout cas demi jusque-là.

C'est regrettable, car le métier de vivant est un livre délicieux, remarquablement écrit par François Saintonge, un pseudonyme (Makine? Rambaud ? se demande la presse...), qui cache une plume élégante, se servant d'un registre accessible pour mieux mettre en valeur le rythme des phrases, dont l'apparente simplicité ne masque pas une recherche évidente.

Le métier de vivant, c'est l'histoire de Max, grand bourgeois couvé et désoeuvré, confortablement engagé dans la Première guerre mondiale au sein de la Maison de la Presse, où les combats ne sont que ceux de la propagande. Et l'histoire de Lothaire, son ami de ripailles, et de Léo son cousin. À eux trois, ils vont traverser cette moitié de siècle dans des destins différents, mais sans jamais se désunir de leurs liens.

Le métier de vivant, c'est l'histoire d'amour entre Max et Dionée, qui lui ressemble étrangement. Trop étrangement. Deux êtres qui s'attirent irrésistiblement puis se séparent pour mieux se retrouver au fil de leur vie qui passe. S'aiment-ils ? Peut-être... Se fascinent-ils ? Assurément... Sont-ils faits l'un pour l'autre ? Sans aucun doute. Mais séparément...

Mais le métier de vivant, c'est surtout une remarquable fresque historique qui nous embarque de la Première à la Deuxième guerre mondiale, et nous fait traverser cet entre-deux guerres où l'euphorie gagne la France. On y festoie, on y développe ses affaires, on y renverse les gouvernements à la petite semaine, on y vit dans l'insouciance de la paix retrouvée, en prêtant une oreille distraite aux échos de la prochaine crise qui couve déjà au loin.

Tout cet ensemble constitue un récit remarquable et fort : une belle histoire d'amour inégalement ressenti et partagé, une balade originale dans vingt-cinq années d'histoire où l'on croise les grands politiques et les grands artistes de l'époque, et enfin un agréable arrière goût de nostalgie poétique qui affleure au détour d'une page, à l'évocation de la propriété familiale, d'une odeur qui revient de manière lancinante, d'une mauvaise pensée que l'on voudrait chasser mais dont l'obsession vous rattrape sans cesse. Tout cela fait entrer dans la vie, fait apprendre le métier de vivant à celui même qui était né pour ne pas l'endosser.
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Je découvre ici François Saintonge -n'ayant pas lu « Dolfi et Marylin » son précédent roman- mystérieux auteur connu, se cachant derrière ce pseudonyme. J'ignore qui il est mais son érudition est indéniable de même que ses connaissances historiques.

Le récit commence en 1917 à Paris et se termine en 1941 à Londres. Max, le personnage central, est l'essence même du bourgeois dilettante, un fils unique surprotégé, un embusqué qui se complait à la Maison de la Presse alors que la guerre fait rage. Il n'a pas choisi de fuir son devoir mais ne s'y est pas opposé non plus. Vexé par une caricature anonyme qui lui a été envoyée où on le traite vulgairement de lâche, il se laissera convaincre par son oncle de faire son devoir et sera envoyé sur le front d'Orient d'où il reviendra borgne. Il n'en tirera aucune gloire, aucune satisfaction du devoir accompli, plutôt un soulagement d'être devenu comme tout le monde. Alors que son cousin Léo se lance dans une carrière politique au lendemain de la guerre, Max ouvrira sans grand enthousiasme, une galerie d'art baptisée « Les Survenants » qui, contre toute attente, marchera très bien. « Distraitement patriote, mollement démocrate, machinalement humaniste, tel est Max. »

Outre le récit de l'amitié entre Max, Léo et Lothaire, leur ami handicapé, le roman fait la part belle à la relation épisodique que Max entretient avec Dionnée Bennett pendant plus de vingt ans, une jeune femme indépendante et libre, engagée, tout son contraire mais qui lui ressemble étrangement. On n'aura de cesse de connaitre le mystère de cette ressemblance quasi gémellaire.

Ce roman d'amitié et d'amour se déroule des derniers soubresauts de la Grande Guerre jusqu'au dénouement à Londres durant le Blitz. A travers ce quatuor, ce roman nous permet de saisir l'esprit d'une époque. Loin des tranchées et des combats, la première partie nous immerge dans le quotidien des nantis, de ceux qui n'ont pas été mobilisés et vivent à Paris comme si la guerre n'existait pas. Loin du feu, Max mais aussi Cocteau, Giraudoux, Halévy, Morand... de brillants intellectuels auscultent l'opinion publique internationale en dépouillant la presse étrangère. Cocktails, diners mondains, premières et vernissages, ces plaisirs de l'arrière égalent pour eux l'agrément qu'on peut éprouver à risquer sa vie sans la perdre. D'ailleurs manger, boire, s'amuser, n'est-ce pas le métier des vivants ?

François Saintonge nous conte ensuite la France d'entre deux guerres : les tiraillements politiques, les conflits internationaux de Salonique à Madrid en passant par Saigon, l'essor culturel littéraire et pictural (Oscar de Lubicz-Milosz, André Breton, Masson, Miro, Picabia...) la marche des Croix de Feu, le scandale du journal le Temps... Une vingtaine d'années sont brossées à larges traits nous donnant à voir la vie des classes dirigeantes, à cent lieues des préoccupations de la classe ouvrière.

Mêlant romanesque, aventure et histoire, ce récit se lit aisément. J'ai apprécié la langue soutenue et recherchée dans laquelle s'exprime l'auteur, un peu moins le rythme stylistique, un peu trop saccadé à mon goût. J'ai davantage apprécié le côté historique du récit -qui n'est pas, comme tant d'autres, un simple décor dans lequel les personnages pensent et agissent comme nous le ferions- que l'aspect romanesque. Ne vous lancez pas dans cette lecture pour y découvrir une grande histoire d'amour, vous seriez déçus. Elle fait partie du récit mais « le métier de vivant » est plutôt une fresque historique critique et c'est en cela qu'il est intéressant.
Je vous le recommande.


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A l'aube de la troisième guerre mondiale, trois amis de la haute société française se cherchent. Max, jeune homme sans envie, se laisse porter par sa mère protectrice qui lui trouve un poste de « planqué » à la Maison de la Presse, tandis qu'il rêve de Dionée Bennett, une jeune américaine qu'il a croisée et qui lui ressemble étrangement. Léo son cousin, plein d'idéologie politique déjà, part combattre et accomplir son devoir. Tandis que Lothaire leur ami, né avec une malformation et donc exempté, vit une vie parisienne de plaisir.

Au fil des années, leur vie va changer, ils vont évoluer au gré de l'Histoire et de leur implication personnelle, s'éloigner puis se retrouver.

Avec une écriture délicate et dans un langage soutenu, l'auteur rédige aussi une chronique de la France, depuis les années 1910 jusqu'au milieu de la 2ème guerre mondiale. On y perçoit comment les mouvements de l'histoire modèlent les esprits et influencent les vies. J'ai aimé cet aspect du livre.
Lien : https://familytripandplay.wo..
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Tout le monde ne meurt pas à la guerre. Il y a des survivants, le monde continue à tourner... Mais il ne tourne pas tout seul. Il faut que quelqu'un s'en occupe, sinon il déraille comme il est en passe de le faire en Russie, on dirait ! Le garder sur les rails, c'est notre rôle à nous, les Brouillart, et à nos semblables au sein des conseils d'administration et des ministères, dans tous les pays. Nous les Brouillart, avec d'autres, nous sommes la France ! À partir d'un certain degré de fortune, de pouvoir, de responsabilités dont les petites gens sont exemptées, dont ils n'ont même pas idée, incombent à des familles comme la nôtre.
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S’il a d’emblée manifesté des aptitudes plus littéraires que scientifiques, il ne se sent habité d’aucune vocation de cet ordre non plus. Il aime les livres, il fréquente les salles de concert et les musées, puisque cela se fait. Ce goût chez lui a quelque chose de machinal.
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Adelaide a admis une fois pour toutes que la pente de son fils l'incline vers l'étude ou les arts, enfin les œuvres de l'esprit, la littérature peut-être, au pis-aller le journalisme...Elle tient que dans leur milieu on choisit une carrière par goût ou par conformisme, parfois seulement par décence, en aucun cas par nécessité. Cela convient très bien à Max. On n'a pas à se demander de quoi l'on vivra, étant acquis dès l'origine qu'on vivra bien, même si toute autre activité que l'entretien de la roseraie ou l'exploitation de la bibliothèque familiale vous répugne.
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Loin des tranchées, de brillants intellectuels auscultent l’opinion publique internationale en dépouillant la presse étrangère. Ils sont utiles si on veut... En tout cas plus utiles là qu’au feu, où ils feraient pour la plupart de piètres guerriers.

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Les vénérables bibliothèques des châteaux et des grandes demeures bourgeoises ressemblent à ces monceaux d’os rongés et de coquilles vides qui trahissent les habitats préhistoriques. Des inconnus s’en sont nourris il y a longtemps, voilà tout ce qu’on peut en dire...
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