AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782743623371
281 pages
Payot et Rivages (21/03/2012)
3.5/5   9 notes
Résumé :
Mon prénom est Serjoun, Serge en français. Bien que je sois à peine un adolescent, j'ai décidé de rédiger mes mémoires de l'été 1962, l'été qui a vu l'indépendance de l'Algérie pour ceux qui l'auraient oublié. Comme disait Grand-mère, paix à son âme, il faut savoir tout craindre, mais aussi tout tenter.
Un enfant français, d'une lignée installée depuis toujours en Algérie, participe avec passion à la guerre au côté des rebelles. Passée l'ivresse du début, il ... >Voir plus
Que lire après Une guerre de génies, de héros et de lâches.Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Curieux livre, qui sert d'introduction aux deux précédents de Salamé. Il est donné une enfance à son commissaire Sarfati, malheureusement c'est un petit singe savant particulièrement agaçant, pris dans une intrigue à deux sous. Les autres personnages ne sont pas terriblement sympatiques non plus. Donc, l'enfance de Sarfati se passe en pleine guerre d'Algérie, à Djelfa et se termine pendant les massacres d'Oran. Mais ce livre a le mérite d'attirer l'attention sur Messali Hadj, passé aux oubliettes de l'histoire (jamais au grand jamais je n'ai entendu dire que la manifestation de Sétif1 945 était une manifstation messaliste, ce qu'elle était, pourtant). Aurait-il été une meilleure chance pour l'Algérie, comme le laisse entendre l'auteur ? Bien malin qui pourrait le dire... Les luttes sans merci entre messalistes et FLN et les rivalités entre les combattants de l'intérieur et les armées de l'extérieur sont largement décrites, sans grande tendresse pour le FLN de l'extérieur. Les massacres d'Oran sont traités en romancier, par un romancier. Je lisais en parallèle le livre de J.-J.Jordi "Un silence d'état" sur les disparus civil de la guerre d'Algérie et les massacres d'Oran, travail d'historien et il était intéressant de lire les deux ouvrages en parallèle.
En conclusion, si l'on cherche de la bonne littérature romanesque, on peut s'abstenir, mais si l'on cherche une fresque historique sur la guerre d'Algérie et un point de vue stimulant et nuancé, d'une grande érudition, loin de la doxa des uns ou des autres, je le conseille très vivement.
(Quelques petites erreurs, à ma connaissance, mais pas de nature à changer le sens de l'ouvrage)
Commenter  J’apprécie          40
"La révolution est semée par des génies, arrosée par le sang des héros et moissonnée par des lâches"

Une guerre de génies, de héros et de lâches raconte l'histoire de la guerre dans la guerre d'Algérie, la lutte entre le FLN et le MNA de Messali Hadj, à travers le regard d'un enfant, Serjoun Ben Bajou, Juif algérien et petit surdoué. le MNA (Mouvement Nationaliste Algérien) est le premier parti indépendantiste algérien. le FLN (Front de Libération Nationale) est apparu plus tard, issu du MNA. La guerre d'Algérie s'est doublée d'une guerre civile. le MNA a été éradiqué, le FLN est resté seul au pouvoir.

Né en 1950, le narrateur est encore tout jeune lorsque, en 1957, sa grand-mère qui l'élève doit quitter Alger avec lui et se réfugier à Djelfa, une bourgade du sud. La grand-mère est messaliste et sa sécurité est menacée alors que le FLN étend son influence. Les parents de Serjoun, par contre, sont des cadres du FLN.

A Djelfa Serjoun découvre les violences de la guerre.

L'autre épisode important du récit se déroule à Oran, en juin 1962, dans les jours qui précèdent l'indépendance. Cette ville qui fut un bastion de l'OAS a été lâchée par les autorités françaises. Les militaires ont reçu l'ordre de rester cantonnés dans leurs casernes, des Français sont massacrés, d'autres disparaissent. Selon les sources 2000 à 3000 civils européens ont ainsi disparu à cette époque.

Une guerre de génies, de héros et de lâches est pour moi un coup de coeur. Barouk Salamé (c'est un pseudonyme, l'auteur préfère rester discret) est un vrai érudit, de ceux qui rendent les questions compliquées faciles à comprendre. J'ai été happée dès la première page par un ouvrage agréable à lire et qui dit les choses. Et tout est limpide. Chacun des protagonistes est renvoyé à ses responsabilités et particulièrement De Gaulle : "En se dégageant avec précipitation de l'Algérie, en écartant des négociations toutes les forces politiques autres que le FLN, en abandonnant les clefs du pays à une armée extérieure, équipée en tanks et mitraillettes lourdes par les Russes et les Chinois, De Gaulle a vraiment joué un sale tour aux Algériens".
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          00
Dans la mémoire vive d'un petit garçon judéo-berbère, au sein d'une famille d'indépendantistes algériens, une plongée dans les luttes intestines des nationalistes et dans les massacres divers qui feront précocement dérailler une trajectoire possible de la future république algérienne, entre 1957 et 1963.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/12/15/note-de-lecture-une-guerre-de-genies-de-heros-et-de-laches-barouk-salame/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Mon prénom est Serjoun, Serge en français. Bien que je sois à peine un adolescent, j’ai décidé de rédiger mes mémoires de l’été 1962, l’été qui a vu l’indépendance de l’Algérie, pour ceux qui l’auraient oublié. Comme disait Grand-mère, paix à son âme, il faut savoir tout craindre, mais aussi tout tenter.
Il s’est passé beaucoup d’événements atroces pendant cet été à Oran, des histoires plus terribles que celles des films américains, des tragédies qui valent bien celles de l’Antiquité. Les adultes pourront tirer profit de mon témoignage car malgré mon jeune âge, j’ai été aux premières loges de l’embrasement final, le massacre des Européens et la bataille fratricide des combattants algériens. L’indépendance fut une fête dans tout le pays, mais dans la ville d’Oran, le méchoui avait le goût de la chair humaine.
Dans notre famille, aussi loin que l’on remonte, nous avons toujours vécu en Algérie, autochtones parmi les autochtones des États barbaresques, Indigènes au service des Indigènes de la Barbarie, puisque c’était ainsi qu’on nommait cette terre jusqu’en 1830. Beaucoup de gens perçoivent dans cette période reculée le temps de l’ignorance, font débuter l’Histoire du pays avec la naissance du FLN, le déclenchement de l’insurrection du 1er novembre 1954. Ce sont eux les ignorants. Grand-mère avait vu passer les insurrections bolchevique et kémaliste, la guerre du Rif, la fin du mandat français en Syrie, deux conflits mondiaux, la libération de l’Indochine ; elle m’a donné une vision beaucoup plus vaste des choses, avec plein d’autorités pour clore le bec des ignorants.
Les Français n’ont jamais compris les Algériens. Ils ont toujours cru que l’édification d’un État moderne pouvait tout disculper, le machinisme pallier l’injustice.
« Il y a trois mondes dans l’Algérie française, disait un boulanger algérois, dont la famille avait fui l’Alsace occupée en 1871 : l’Olympe de notre communauté laborieuse, un îlot de bicots argentés qui a les moyens de paresser au soleil, et l’immense plèbe de dégénérés qu’il faut dresser au travail. »
Ce malentendu devait coûter sa terre natale à la souche européenne installée là depuis cinq générations.
Les Turcs n’étaient pas des tendres, ils ont dû en brûler des villages par-ci par-là, le meurtre politique était leur technique de gouvernement, mais ils ne jugeaient pas les autochtones comme une espèce inférieure d’humanité ; ils craignaient leur révolte, ils épousaient leurs filles, ils les associaient à la conduite du pays. Aucun de leurs administrateurs n’aurait osé dire que faire entrer le peuple algérien à l’Assemblée, c’était prostituer la République. En trois siècles d’occupation, le Grand Turc n’avait jamais déplacé deux millions de personnes, brûlé des régions au napalm, instauré des zones interdites et des camps de regroupement.
Les produits manufacturés de qualité, les ports florissants, les réseaux de bus, de chemins de fer et de lignes aériennes, les hôpitaux et les écoles, les villas de maître et les voitures rapides, les journaux, la radio et le cinéma, c’est intéressant quand tout un pays en profite. Or la civilisation française, jusqu’en 1958, n’avait touché que le littoral algérien et les plaines voisines, partout ailleurs, hors les villes de garnison, c’était un monde archaïque, réglé par la course du soleil et les apparitions de la lune, une terre de hauts plateaux caillouteux et de dunes étouffantes, remuée péniblement à l’araire et à la houe pour les uns, foulée en quête d’herbes vives pour les autres, où la richesse était une bonne santé, des enfants et quelques moutons ; le luxe, un cheval fringant et un vieux fusil Lebel, et pour le reste, la magnanimité d’Allah.
L’honneur avait toujours eu plus de valeur que la vie humaine sur cette terre famélique : l’on thésaurisait le respect comme ailleurs l’argent. Et c’étaient ces Indigènes passés maîtres dans l’art de la survie, pointilleux sur les signes honorifiques, plus irascibles que des Iroquois, que le colon, par la mécanique infernale du régime colonial, expropriait, volait, bastonnait, bafouait.
Guy de Maupassant, qui s’était immergé dans ce monde plus vieux que la machine à vapeur, disait : l’Arabe supporte tout, puis il tue. Nous les Indigènes, berbère ou judéo-berbère, noir ou sang-mêlé, descendant ou non des fils de l’Orient, étions tous des Arabes en ce sens.
Commenter  J’apprécie          00
Voici ce qui s’est passé. En 1943, quand l’Algérie était le centre de la France libre, les Algériens ont cru un instant qu’on allait rattraper le temps perdu, leur accorder les mêmes droits qu’aux Français. Après tout, ils avaient donné leur sang pour la France, et sans compter. Le mirage fut vite dissipé. Alors, de rage, le mai 1945, dans la région de Sétif et de Guelma, il y eut une tentative de soulèvement armé, dans lequel, malgré l’impréparation, Messali Hadj se laissa embarquer, persuadé que les Anglais et les Américains interviendraient. C’était si mal emmanché que l’affaire tourna tout de suite à la débâcle ; les responsables clamant que c’était une manifestation pacifique. Comme toujours quand c’est brouillon, quand le service d’ordre vient à manquer, un ouragan de sauvagerie s’abattit sur les fermes isolées et une centaine d’Européens furent suppliciés au nom du djihad.
La répression fut terrible, barbare, disproportionnée : quinze mille Indigènes furent exterminés, en majorité des innocents, pour que le souvenir soit plus marquant. Remarquez bien cette proportion : pour un Européen assassiné, on massacra cent cinquante autochtones. Un pour cent cinquante, cela vous donne le prix du bougnoule. Dans la Bible et dans le Coran, on dit dent pour dent, œil pour œil, c’est la loi du talion, une vie pour une vie. Mais les Français jugeaient cette équation largement insuffisante, il fallait réviser ces vieux codes quand il s’agissait des Nord-Africains. Cent cinquante Indigènes pour un Français, voilà le bon taux de change à la foire aux massacres ! Ce taux devint une habitude, comme on le vit dans le Nord constantinois lors de l’insurrection de 1955, où une petite centaine de victimes françaoui fut vengée par des milliers et des milliers de têtes basanées. Sans ce taux à l’esprit, les atrocités du camp de l’indépendance ne sont pas intelligibles.
Commenter  J’apprécie          10
Comment vous décrire les retrouvailles avec ma mère? Dans la famille, nous sommes peu loquaces en matière de sentiments, comme les Indigènes en général. Cela n'empêche pas un amour animal, sauvage, qui s'exprime par des empoignades, des crispations musculaires, des baisers furieux.
Commenter  J’apprécie          20
Le mot « révolution » ne sortait pas de nos bouches. En réalité, le terme que nous utilisions était thawra,qui signifiait à la fois coup de colère, excitation, insurrection. La racine avait pour sens « se lever »,« se dresser » (pour un chameau), mais aussi « être agité,
excité ». Le vocable thawra voulait dire à l’origine « excitation » ; il véhiculait des évocations bien plus chamelles que celui de « révolution ». C’était l’arabe maghrébin qui lui avait donné son sens politique. Par la magie des nervures secrètes qui
liaient les mots entre eux, quand nous prononcions thawra,et nous l’employions à tout propos, c’était comme si un siècle d’injustice et
de colère refluait sur nos lèvres.
Commenter  J’apprécie          00
Chaque intelligence humaine était éclairée par l’intellect divin, comme la lumière rendait les objets visibles. Cet intellect s’était incarné dans le Coran, un écrit à la fois universel et personnel, destiné à tous les hommes et au cœur de chacun d’eux en particulier. Je ne devais jamais l’oublier en mémorisant la sourate que j’apprenais : c’était en pensant que ces versets avaient été écrits à mon mon intention, révélés pour interpeller Serjoun Ben Bajou bou handala en personne, qu’il me fallait les apprendre. À cette condition, le Coran contenait les réponses à
toutes les questions, tous les secrets du passé, du présent et du futur.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Barouk Salamé (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Barouk Salamé

1001libraires.com - L'audio-portrait de Barouk Salamé
Avec Arabian thriller, Barouk Salamé offre une suite royale au terribLe Testament syriaque qui nous promènera en Arabie Saoudite et singulièrement à la Mecque, territoire interdit aux infidèles... Un superbe thriller qui mélange le roman d'aventures et le roman d'espionnage et qui rend un bel hommage à l'Islam et à sa culture. Rencontre exclusive avec un auteur aussi discret que méfiant.
autres livres classés : guerre d'algérieVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}