Les aigles de l'Empire, tome 4 : L'aigle et les loups

Macro et Cato sont « hospitalisés » suite aux graves blessures subies lors de leur action d'éclat précédente. Ce qui a valu à Cato de devenir probablement le plus jeune centurion de toutes les légions romaines, à même pas vingt ans, puisque le voilà à ce grade alors qu'il n'est sous les aigles que depuis deux ans. Hélas, le coup de faucille qu'il a reçu d'un Panoramix breton risque de l'handicaper au point qu'à peine devenu officier, il pourrait bien d'être réformé…

Critique :

Quel bonheur de retrouver nos deux héros, même gravement blessés, dans un dépôt de la 2e Légion ! Malgré leurs blessures, ils se voient confier par Vespasien, à la tête de leur légion, la formation de deux cohortes de (grands) Bretons pour servir le roi Berikos, souverain des Atrébates, alliés de Rome. Enfin… Alliés, si on veut car bon nombre d'Atrébates se battent dans les rangs des ennemis des Romains, essentiellement composés de Durotriges menés par un druide du genre fanatique religieux extrémiste qui ne connaît aucune pitié, même envers les gens de son peuple. Et comme si cela ne suffisait pas, débarque un jeune noble romain très prétentieux et sûr de lui, envoyé par le général Plautius en charge de la campagne en (Grande-)Bretagne, qui vient placer son grain de sel qui blesse l'amour propre des Atrébates… Mais aussi celui de Macro et surtout de Cato ! Ce dernier s'en fait très vite un ennemi… Ajoutons qu'il y a un complot au sein même des Atrébates visant à liquider leur vieux roi, et le tableau est complet, surtout si on y ajoute les sensationnelles scènes de batailles.
Quand je dis que le tableau est complet, je m'avance un peu vite… Comme nous l'avons lu dans le tome précédent, l'empereur Claude, installé depuis peu de temps au pouvoir, est sur un siège éjectable ! (Oh, ça va ! C'est bon les commentaires, oui ? Je sais bien que le siège éjectable n'a pas encore été inventé ! C'est une image, ok ?) Notre brave empereur, pour raffermir son pouvoir, s'en était venu chercher une victoire qu'il pensait facile, en écrasant ces barbares. Monsieur l'Empereur, se prenant pour un grand stratège et jugeant que les autochtones n'étaient que des cons, a voulu jouer au soldat… Et il s'en est fallu de peu que ses légions soient complètement laminées. Il n'a évité le désastre que de peu, grâce notamment à Cato et à Macro. Bien que les Romains fussent loin de s'imposer définitivement chez les Bretons (les grands), Sa Majesté, l'Empereur Claude, s'en est retournée triomphalement à Rome, laissant derrière elle un général Plautius qui n'avait qu'à se dépatouiller dans la merdouille provoquée par le Grand Amateur.
Simon Scarrow démontre une fois de plus qu'il est un écrivain exceptionnel qui, une fois qu'il vous a pris, pauvres lecteurs, dans ses filets, ne vous lâche plus et vous abandonne, bien repus, à la dernière page. Bien repus ? Mmmh… Pas tant que ça ! Très vite, amis lecteurs, vous allez vous retrouver en manque et n'aspirez qu'à une chose : entamer le 5e tome ! … Mais à moins de maîtriser l'anglais, ce ne sera pas pour tout de suite…

Je voudrais pousser un grand coup de gueule envers les éditions Bragelonne ! Pourquoi ces livres au format papier ne sont-ils pas disponibles ? La seule solution pour se les procurer, c'est de les acheter en ebook ! Je déteste cette façon de lire ! J'ai besoin du livre au format physique, de sentir l'odeur du papier et de l'encre, et mes petits doigts boudinés doivent palper la texture, le grain de la feuille. Cet éditeur semble ignorer que beaucoup de lecteurs ne feront pas l'effort de se pencher sur leur production en ayant recours à une liseuse. Ils desservent ainsi l'auteur et son oeuvre ! Dernier recours, se rendre sur un site tel que « momox » pour acheter ces excellents romans… Impossibles à trouver en librairie… Je serais libraire, je pousserais une belle gueulante contre Bragelonne ! Je serais auteur à succès, je m'adresserais ailleurs pour voir mes bouquins publiés !

"Auribus teneo lupum". Je tiens le loup par les oreilles.
Cette expression du poète Térence signifie "être dans le pétrin, en danger", pris entre le Morteau et l'en-croûte, car on ne sait "comment lâcher, ni comment retenir" le loup.

Une locution particulièrement pertinente pour décrire la nouvelle aventure de Cato et Macro. Après avoir défait les Bretons de Caratacos à Camulodunum, le vétéran Macron et le tout nouveau centurion Cato doivent combattre un nouvel ennemi : le terrible gaulois Martinez... euh, quoi ? C'est pas le bon sujet, zut, je me suis trompé de livre. Encore la faute au stagiaire qui écrit les critiques à ma place. Pardon, reprenons.

Nos deux héros défendent Calleva, à l'ouest de l'ancienne capitale des Catuvellauni, un peu plus au sud de la Tamise. Affectés à la légion du légat Vespasien en plein milieu de la tribu alliée, les Atrébates, ils doivent s'assurer de la sécurité des lignes de ravitaillement de l'armée principale et de la loyauté des Bretons.

Alors que les Romains doivent s'accoutumer aux moeurs atrébates et éviter trop de bourdes diplomatiques (pas le fort du copain Macro), les Atrébates doivent se former à l'art militaire romain. J'aime beaucoup le parti pris de donner beaucoup de séquences aux personnages bretons (le roi Berikos, son conseiller Tincommius ou le rebelle Artax). L'écriture du chasseur est un petit échec pour moi sur qui n'a fait qu'une fugace apparence alors qu'il aurait pu largement plus servir. A contrario, les plus rares apparitions de personnages romains (autre que M&C) ne sont pas forcément intéressantes. Même le jeune tribun Quintillus, qui a un peu plus d'espace, était un peu plan-plan. Donc plus que jamais le duo magique en jupette domine le récit.

J'ai trouvé que l'évolution de la relation entre Cato et Macro, les quelques soubresauts, la jalousie de l'un et la frustration de l'autre est un des moteurs de ce tome. Les voir se confronter sur la stratégie à adopter est intéressant, voir Cato prendre la mouche par rapport à son ex-centurion et le petit sentiment d'être dépassé de Macro donne des nuances à leur relation. le deuxième point fort, c'est la politique. Que ce soit la politique bretonno-bretonne, à savoir l'impact des alliances dans le conflit plus large entre Bretons et Romains, ou les turpitudes des cursus honorum, tout est politique. Les retournements de situation ne manquent et l'intrigue de palais est réussie.

L'Aigle et les Loups donne l'impression d'une parenthèse, un chemin dérivé qui retrouve en bout de roman la grande histoire. Dans l'ensemble, le tome m'a paru un peu plus faible que les trois premiers. Par exemple, moi qui suis friand de boum-boum-paf-paf, la bataille finale ne m'a pas tant fait frémir. A voir quel impact la confrontation Atrébates-Durotriges aura sur le contexte global. Rendez-vous mi 2023 pour avoir la suite !

Comme disait Platon dans Les Leçons du Pouvoir : "Tempora mori, tempora mundis recorda". Alors ne recorda pas.

C'est toujours un plaisir de retrouver nos deux guerriers en jupettes. Cette fois cette aventure avec les Atrébates, une tribu ralliée à Rome, est centrée, comme le dit le résumé, autour du thème de la loyauté. Macro et Cato doivent former leur recrues et leur faire confiance tout en restant lucides sur la possibilité d'une trahison d'un ou plusieurs des celtes. C'est ce qui fait le charme et le suspense de ce quatrième volume mené tambour battant. Qui va trahir ? Qui complote ? Qui est fiable ? Sans compter les intervenants romains, comme le général Plautius, qui compliquent la tache des deux amis dont les caractères sont toujours aussi complémentaires. Tout cela fait une intrigue solide comme... le mur d'Hadrien.
Comme chaque fois, les scènes de batailles sont superbes et on assiste, à la fin, à un épisode digne de Fort Alamo où les deux amis vont lutter farouchement pour leur survie. Les quatre cent pages passent à tout allure et on trépigne déjà en attendant le prochain tome.
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