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EAN : 9782226443892
256 pages
Albin Michel (04/09/2019)
  Existe en édition audio
3.78/5   469 notes
Résumé :
« Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine. »Pendant deux ans, Eric-Emmanuel Schmitt tente d'apprivoiser l'inacceptable : la disparition de la femme qui l'a mis au monde. Ces pages racontent son « devoir de bonheur » : une longue lutte, acharnée et difficile, contre le chagrin. Demeurer inconsolable trahirait sa mère, tant cette femme lumineuse et tendre lui a donné le goût de la vie, la passion des arts, le sens de l'humour, le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (141) Voir plus Ajouter une critique
3,78

sur 469 notes
Je sors plus que mitigée à la fin de cette lecture. Éric Emmanuel Schmitt exorcise ici le départ en d'autres cieux de sa mère. Aux confins du deuil, du manque, il explore des facettes de l'existence, des souvenirs, de la vie à la mort, de l'art d'aimer, l'art d'approcher le vide pour se remplir du plein d'une existence résolue.

Il y a de très beaux passages dans ce récit mais aussi des passages plus sombres avec lesquels je ne suis pas toujours en adéquation. Jugez plutôt :
« Seule bonne question : pourquoi n'y a-t-il pas davantage de suicides ?
À quoi les gens se cramponnent-ils ?
Pour moi, le scandale n'est pas la mort mais la vie. »

La vie serait-elle si désespérante qu'il faudrait en finir avant l'heure ? Pas certaine d'y voir beaucoup d'espoir ici.

Le récit d'EES s'articule autour de la pudeur, de la distance entre les sentiments et des mots intellectualisés à son paroxysme. L'ombre de l'absente, la mère, semble flotter dans un néant aux contours imprécis. S'ajoute à ce cheminement du deuil, une panoplie de drames, de maladies. La démence de son père, sa nièce atteinte de mucoviscidose. J'ai trouvé le tout assez lourd et déprimant. Et je suis restée détachée tout le long de ma lecture.

Je ne suis pas fana de ce genre d'exorcisme thérapeutique où pour en faire un récit d'exception, j'ai besoin du mariage des émotions, de la réalité couplée aux sentiments, aux réflexions trouvées dans le recul, des pensées mûries et travaillées. Doper les ventes à travers le « moi je, tiens voilà un bout de ma vie » ne m'intéresse pas plus que cela. Il m'a manqué ici un peu de tout cela même si je me répète, de très beaux passages surplombent le livre. Mais sans conteste, ma préférence sur ce même thème qu'est le deuil et l'amour maternel chers à beaucoup d'écrivains, ma préférence se porte sur le magnifique Lambeaux de Charles Juliet et dans un autre genre, Ma mère du Nord de Jean-Louis Fournier.

Pour conclure, j'ai un peu de mal à retrouver le grand EES de la part de l'autre. Tous ses autres romans semblent être une pâle copie de ce monument de la littérature française. C'est bien écrit certes, c'est touchant, c'est même talentueux mais on est tellement éloigné du château littéraire brillantissime de la part de l'autre....
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Cette première phrase.

« Maman est morte ce matin et c'est la première fois qu'elle me fait de la peine. »

Lire cette première phrase et peut-être en trembler un peu … Sentir déjà l'émotion qui va nous étreindre tout au long de ce livre.

C'est le journal d'une histoire d'amour. Un amour fou. Celui d'un fils à maman, sans ironie aucune. C'est le journal d'une perte immense. Une perte folle. C'est la force d'un homme qui va devoir vivre sans. L'itinéraire d'un enfant gâté, par cet amour de celle qui l'a mis au monde. Et qui le quitte. Et cette vie à venir. Sans celle qui a été là à chaque seconde de son existence.

Sa maman.

C'est le journal d'un deuil. Jour après jour. de cette vie qu'il faut continuer à vivre. de l'église au cimetière, de la maison à vider jusqu'aux idées noires. Un journal où l'homme règle un peu ses comptes avec l'enfant. le journal d'un deuil qui en rappelle d'autres.

Le journal d'une vie à venir. A travers elle mais, sans elle. C'est le journal, pourtant, du bonheur d'être là, de vivre fort. La force de l'ouvrage tient dans le fait qu'il est rempli de vie et d'amour et de résilience.

Mélange du quotidien, de ces jours qui viennent après elle, de courtes réflexions et de souvenirs d'enfance. C'est aussi le journal d'un homme empli de cet amour et qui va pouvoir continuer son chemin. Un livre qui fait du bien, qui offre de belles phrases à noter sur des petits cahiers pour se soulager de vivre, pour avoir quelques mots auxquels se raccrocher si jamais …

Vous l'aurez compris, je sors un peu ému et rempli d'amour.

Je profite de ces quelques mots, glissés ici, pour dire à ma maman combien je l'aime, combien elle me porte et combien je suis fort de cet amour. Car je sais qu'elle me lit ici, plus que quiconque… Comme lorsqu'elle me portait dans ses bras. Sauf que maintenant, je suis bien trop grand! Attention, bien trop grand et non bien trop gros, j'y tiens.

Il faut dire parfois. C'est trop important.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Ce n'est pas un roman que l'auteur nous livre à l'occasion de la rentrée littéraire, mais ses sentiments profonds, son désarroi dans lequel le décès brutal de sa mère va le plonger.
Des pensées en tous sens, des réflexions abruptes se succèdent, de sorte que, sans même être passé par l'expérience bouleversante de la perte de sa mère, le lecteur développe de l'empathie pour l'auteur.
Le choc surmonté, l'analyse de ce que sa mère lui a apporté, de ce qu'il a vécu avec elle, prendra peu à peu le dessus.
Finalement, la mère de l'auteur est toujours bien vivante au travers de son fils, qui est devenu le monument de sa mère.
L'auteur a un devoir de bonheur vis-à-vis de sa mère, qui voulait que son fils soit heureux.
J'ai passé un beau moment de lecture, touchant...
#rentréelittéraire2019
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Cher Eric-Emmanuel Schmitt,

Je ne peux que m'adresser directement à vous pour la rédaction de ce billet. Comment pourrais-je faire autrement ? Ma lecture de votre journal intime a été dominée par un profond sentiment : la Compassion.

Compassion : Souffrir avec.

J'ai souffert avec vous en cet instant suspendu.
J'étais là, face à vous, vous écoutant me raconter cette perte immense, ce chagrin incommensurable.
J'étais là, tout près de vous ... je sais, je l'ai parcouru moi aussi ce long chemin ...
La résonance du mot : si laid, si dur, si froid : le deuil.

« Journal d'un amour perdu », ou le journal d'un fils à sa mère.
Vos mots si justes pour exprimer cette descente aux abîmes.
Ils m'ont ramené à cet instant fatidique.
« Un jour comme les autres, tout devient différent.
On nous annonce une mort, une naissance, et dès lors rien ne sera plus jamais pareil. »
C'est une date ancrée dans le corps. Il y a l'avant et l'après. L'ancien moi ... le nouveau moi.

Une longue traversée que ce chemin là. Un tsunami émotionnel, un uppercut en plein coeur. le temps s'arrête et la météo s'emballe : torrent de larmes, orage colérique, arc-en-ciel illusoire, nuages bas dépressifs et enfin, tout au bout du chemin pointe un rayon de soleil ... le rayon libérateur ...

L'écriture comme exutoire ... la plume salvatrice ... vous vous confiez, vous vous libérez.
Vous racontez merveilleusement cette être extraordinaire, cette mère si lumineuse, cet amour fusionnel.
Et sonne l'écho à mon passé ... c'était aussi une âme très lumineuse ...

Par vos mots, vous m'avez touchée et toucherez, il est certain, un grand nombre de vos lecteurs.
Vos ressentis sont tellement palpables. Ils m'ont littéralement enveloppée.

Lecture troublante. En lisant votre chemin, je retrouve le mien ... et je vous rejoins, au bout du chemin ... dans la lumière ...
Car oui, accepter l'inconcevable c'est mûrir, grandir, évoluer.

Je vous remercie chaleureusement, mon cher Éric-Emmanuel Schmitt, pour ce moment en toute intimité.
Vous m'aviez déjà émue aux larmes avec « Oscar et la dame rose » et là vos confidences me confirment que derrière l'écrivain se cache un homme d'une grande sagesse.

Tendres pensées à nos étoiles ...

Avec toute mon empathie.
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J'ai lu plusieurs romans d'Eric-Emmanuel Schmitt. J'éprouve à chaque fois le plaisir de découvrir le sens caché d'un passage, l'originalité du message philosophique, le sens des religions masqué par une petite robe de fête.
Ici c'est différent. Ce texte est inhabituel parce qu'il est autobiographique. Bien loin cependant de tomber dans le piège de l'anecdote l'auteur se contente de dévoiler ses réflexions, sa détresse, ses ressentis lors du décès de sa maman, elle qui « aspirait le ciel par les narines et y montait belle à crever ».

. L'auteur analyse l'état dans lequel il était après une séparation qu'il jugeait essentielle. Une occasion pour lui de parler de la mort à « partir de laquelle plus rien n'est pareil », , du suicide « mort qui paraît trop souvent la solution de la douleur », du chagrin parce que le bonheur appartient au passé, de la peur qui « désigne un ennemi », de l'angoisse « qui n'a peur de rien » et qui comprend le néant, du rapport aux autres, des consolations possibles, du désespoir, « du chemin du deuil qui amorce un grand virage lorsque la joie succède à la tristesse ».

Eric-Emmanuel Schmitt qui « ne veut pas modifier « l'équilibre ou le déséquilibre » qui lui permet d'exister garde pour lui ses sentiments intimes. Il ne se livre pas vraiment. Bien sûr il dit son mal être, le vide qu'il ressent, la nostalgie qui l'habite et qui, dit-il, le livre à « des orgies de mémoire » pour retrouver sa maman. Cependant Il embraye immédiatement sur des pensées philosophiques : la mort, l'absence, la tristesse et le devoir de bonheur. Je lui ai trouvé une certaine distance avec le lecteur. Une sorte d'élégance pudique. Il sombre, un genou à terre et il reste digne en nous le racontant.

Le livre de la reconstruction extrêmement difficile après le départ de l'être aimé. C'est certainement un peu l'histoire de tous les lecteurs…..aussi.
La philosophie sert à vivre mieux. A apprivoiser nos équilibres et nos déséquilibres. Apprendre à « lutter avec acharnement contre le chagrin ». Se relever et se réapproprier le devoir de bonheur.
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critiques presse (3)
LaPresse
17 septembre 2019
Aspiré par le chagrin au moment de la mort de sa mère, qu’il chérissait, Éric-Emmanuel Schmitt s’est raccroché à la vie grâce à l’écriture. Son touchant Journal d’un amour perdu montre son retour progressif à la joie et la gratitude d’avoir aimé.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaCroix
12 septembre 2019
Dans un livre formidablement indiscret, Éric-Emmanuel Schmitt raconte son immense chagrin après le décès brutal de sa mère.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeJournaldeQuebec
10 septembre 2019
Pendant deux ans, Eric-Emmanuel Schmitt s’est coupé des siens, noyé dans le travail, et ne s’est livré qu’à son journal intime. Bouleversé par le décès de sa mère, avec qui il avait tissé des liens extrêmement forts, il a lentement remonté la pente. Il raconte cette épreuve dans un livre bouleversant, rempli de confidences : Journal d’un amour perdu.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (234) Voir plus Ajouter une citation
Les sentiments vont par deux, comme l’ombre et la lumière.
Il n’y a pas de sentiments célibataires, tous vivent en couple.
En ce moment, ma Tristesse cuisine son repas à ma Joie. Ma Nostalgie a invité ma Gaité à danser pour célébrer le bon vieux temps mais ma Gaité compte bien l’étourdir. La Foi et le Doute font un voyage de noces au désert. Bras dessus bras dessous, la Confiance et l’Angoisse se promènent dans la nuit étoilée ; quand l’un se tort la cheville, l’autre le soutien. L’Insouciance offre un bouquet à l’Inquiétude, et l’on prétend même que le Désespoir a demandé l’Espérance en mariage.
Notre sottise consiste à les séparer. Ne garder que l’Espoir. Supprimer la Tristesse. Mettre le Doute au cachot.
Mais sans le Doute, la Foi devient intolérante, puis violente, puis meurtrière.
Mais sans la Tristesse, la Joie se connaît si peu qu’elle s’ignore ou se délite.
Mais sans le Désespoir, l’Espoir vire à la bêtise.
Ne souhaitons pas leur divorce. Tâchons plutôt de trouver notre place au milieu de ces tensions.
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Depuis toujours, ma mère élargissait mes jours aux dimensions d'un poème : je vivais deux fois, une fois pour en jouir, une fois pour le lui relater. Un coup pour moi, un coup pour elle. Les événements que je traversais sécrétaient un récit que je lui destinais, que j'essayais de clarifier, d'orner, de rehausser, guettant son œil curieux, provoquant son ébahissement, la rejoignant dans le fou rire. Certes je ne lui comptais pas tout–je gardais des secrets et nous partagions une immense pudeur–, mais je recyclais une large part de mes rencontres, de mes sentiments, de mes agacements, de mes regrets et de mes sarcasmes, dans la gazette que je lui concoctais pendant plus de cinquante ans, j'ai bénéficié de deux existences, une réelle, une narrée.
Je ne possède plus qu'une seule vie, la mienne. Adieu à la vie pour nous deux. Adieu à la vie en un mot.
p.15
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Souvent, la mort s’y prend à plusieurs fois.
Cette prétentieuse vient se pavaner dans le monde sous la forme de maladie, d’affaiblissement, de décrépitude. Elle arrive à se faire souhaiter, elle l’indésirable, lorsqu’elle a rendu la vie âpre, odieuse, insupportable, lorsque, pour sa victime, les jours se confondent avec les nuits, les heures se coulent les unes dans les autres, navrantes, oiseuses, vides ; oui, lorsqu’elle a suffisamment torturé sa proie, elle apparaît une solution.
La mort qui soulage ! Quelle ironie !
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De toi, je n’ai reçu que de la tendresse, de l’attention, de là considération, de l’enthousiasme. De toi, j’ai recueilli la passion d’exister, le désir d’admirer, l’ivresse d’entreprendre. De toi, je ne conserve aucun mauvais souvenir, seulement chaleur, lumière, joie. Pas moyen de déterrer un instant où ton sourire se serait fermé, où ton écoute aurait failli, où une éclipse aurait terni ta bienveillance. Impossible de me rappeler la seconde où tu m’aurais déçu. Ton amour se révélait aussi généreux qu’inusable.
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Je croyais que la douleur tuait. Or le corps reste bête, borné, coriace, détenteur de trop de forces - pulsions, appétits, puissances réparatrices - pour ne pas poursuivre sa besogne opiniâtre, quand bien même l’esprit voudrait l’arrêter. (...)
Mon corps, qui n’a pris la mesure de la situation, me condamne à la desolation. Malgré mon abattement, il manifestait hier le besoin de manger, il a dormi cette nuit et, ce matin, il a soif ... Il demeure obscènement sain, acculant mon esprit à la souffrance, un supplice qui, loin de décroître, s’intensifie.
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