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EAN : 9782702901649
126 pages
Le Courrier du Livre (11/12/2000)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Ce nouveau livre répondait à un besoin, celui de présenter d'une manière globale mais concise, les aspects principaux de la métaphysique intégrale. De nouveaux aperçus sur la création comme qualité divine et sur le rapport entre la Divinité et le monde sont suivis de chapitres mettant en lumière les caractères irréfutables de la religion comme telle, par contraste avec certaines failles propres à l'exotérisme religieux. Sur le plan des applications les plus concrète... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Si Dieu était bon, raisonnent les athées et même certains déistes, il abolirait le mal. Nous avons à cela deux réponses, et on connaît la première : Dieu ne saurait abolir le mal comme tel puisque celui-ci relève de la Toute-Possibilité qui, elle, est ontologiquement « antérieure » au Dieu-Personne ; par conséquent, Dieu ne peut abolir tel mal que dans la mesure où, en le faisant, il tient compte de la nécessité métaphysique du mal en soi(1).

Notre seconde réponse dépasse en quelque sorte la première, au point de paraître la contredire : Dieu étant bon, il abolit en fait, non seulement tel mal, mais aussi le mal comme tel ; tel mal parce que toute chose a une fin, et le mal comme tel parce que celui-ci – étant soumis à la même règne en fin de compte – disparaît en vertu des cycles cosmiques et par l’effet de l’Apocatastase(2) ; aussi la formule vincit omnia Veritas s’applique-t-elle non seulement à la Vérité, mais également au Bien sous tous ses aspects.

Et ceci signifie également qu’il ne saurait y avoir aucune symétrie entre le Bien et le mal(3) ; celui-ci n’a aucun être par lui-même, tandis que celui-là est l’être de toute chose. Le Bien est Ce qui est : Être et Bien coïncident.

Il est vrai qu’à notre seconde réponse on pourrait objecter que sa portée n’est que relative puisque les termes cycliques n’abolissent pas la possibilité du mal lequel en effet doit réapparaître au cours de chaque cycle à un degré quelconque. Cela est vrai – sans être réellement une objection – et cela nous ramène une fois de plus au problème de la nature même de l’Infini, laquelle implique que la Toute-Possibilité doit inclure par définition la possibilité de sa propre négation, dans la mesure, précisément, où cette négation est possible ; et elle l’est, non sur le plan même du Principe bien entendu, mais dans une modalité déjà très relative de la contingence, donc à l’extrémité inférieure de Mâyâ, et par conséquent d’une manière « illusoire », c’est-à-dire irréelle au niveau de l’Absolu.

La Qualité divine de Bonté(4) peut être envisagée sous différents rapports ou à divers degré : tout d’abord, il y a l’Absolu en tant que « Souverain Bien » et par conséquent en tant que source suprême – mais indirecte – de tout bien possible ; ensuite, il y a le « Souverain Bien » en tant qu’il se « personnifie » au degré de l’Être et dans l’Être ; plus relativement, il y a le rayonnement divin, la fonction cosmogonique du Bien, la projection créatrice du monde ; et enfin, il y a la réintégration finale, l’Apocatastase. Et nous pourrions mentionner également tous les biens que comporte l’Univers et qui eux aussi constituent, soit dans leur ensemble soit chacun séparément, une manifestation du Bien en soi ; en ce sens, tout bien est indirectement une théophanie.

D’aucuns pourraient nous reprocher de donner à la notion de « mal » une portée métaphysique alors qu’elle n’a, à leur avis, qu’une portée mentale et sentimentale ; ce que nous contestons, car nous pensons avoir le droit d’appeler « mal » une chose qui s’oppose – ou croit s’opposer – au Réel ; de l’appeler ainsi en tant qu’elle s’oppose au Réel et par conséquent à nos intérêts ultimes, mais non forcément sous d’autres rapports ; non sous celui de l’existence, en tout cas, ni sous celui de telle fonction nécessaire à l’équilibre du monde.

L’antagonisme entre le Bien et le mal est en quelque sorte le combat de l’Être et le néant, lequel se livre dans le mesure où l’Être prête au néant une certaine existence ; toujours dans le contexte du rayonnement nécessaire du divin Soi, lequel est, selon les soufis, un « Message de Lui-même à Lui-même ».

(1) Ce qui est ontologiquement nécessaire est « ce qui est écrit », en langage sémitique.

(2) Selon la doctrine hindoue, la « nuit de Brahma » succède au « jour de Brahma » : après la projection vient la réintégration.

(3) C’est en vertu de ce principe que la beauté par exemple est ontologiquement plus réelle que la laideur, – ce que l’esprit moderne avec une fureur bien caractéristique, lui qui relativise, subjectivise et inverse tout, – et c’est pour cela encore que l’ « âge d’or » est beaucoup plus long que les autres âges, et notamment l’ « âge de fer ».

(4) Par « qualité », nous entendons ici, non simplement, un attribut relevant de la relativité, mais un caractère intrinsèque à l’Absolu ; donc une réalité inséparable de l’Essence. C’est à la « Bonté » absolue que se réfèrent, d’une part le terme sanskrit Ananda, et d’autre part les termes arabes Rahmah et Rahmân, lesquels contiennent les nuances de « Béatitude », de « Bonté », de « Beauté » ; aussi de Potentialité illimitée. « Dieu est Amour », dit l’Écriture, ce qui se réfère à ces divers aspects. (pp. 45-46)
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Nous avons entendu dire parfois que le bonheur illimité du Paradis est impossible puisque, faute de contraste, il finirait dans l'ennui ; pour apprécier un bonheur, paraît-il, il faut qu'il ait des points de comparaison et de références, donc des souffrances. Cette opinion est erronée pour diverses raisons : premièrement, l'homme moralement et intellectuellement intègre satisfait à la nécessité des contrastes ou du changement par son dicernement, son détachement et sa discipline, et c'est pour cela qu'il ne s'ennuie jamais, à moins qu'on ne l'ennuie ; l'homme supérieur a l'intuition des archétypes et des essences et se maintient par là même dans un équilibre surnaturel, du fait que sa vision des choses débouche sur l'Infini.
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