C'est toute la Sicile qui défile au cours des entrées de ce dictionnaire des expressions siciliennes. Une Sicile oubliée dont on découvre des traditions ancestrales, souvent très imagées. Parfois ces locutions sont uniquement employées dans certaines localités, comme celle de Racalmuto, village de
Sciascia. C'est aussi toute son enfance que l'écrivain expose au lecteur à travers ses recherches étymologiques. Lorque l'on commence la lecture, on est tout d'abord un peu surpris de ce choix alphabétique mais, en le parcourant, on s'immerge vraiment dans ce milieu paysan de la Sicile profonde, aussi bien que pourrait le faire un roman. Chaque locution est explicitée en détail et replacée dans son contexte. On n'est finalement pas très loin des
nouvelles de «
La mer couleur de vin ».
Je connais très peu cette région de l'Italie, n'y ayant fait qu'un bref passage, dans les années 80, une brève nuit dans l'attente du ferry pour la Tunisie le lendemain matin à l'aube. Pourtant j'en garde un souvenir fugace. C'était à Trapani à l'extrême pointe occidentale de l'île. Attablé à une terrasse du petit hôtel le soir de mon arrivée, dans une ambiance quasiment nord-africaine, au bout du bout de l'Italie. Ce petit port avait une allure complètement différente de l'Italie du Nord d'où je venais. Et, à travers le texte de
Sciascia, où l'on trouve plusieurs références à
Pirandello, me revient en tête un souvenir de mon passage lié aux «
Nouvelles pour une année », interprétées par
Vittorio Gassman et sa troupe lors d'un spectacle. Je retrouvais, ce soir là à Trapani tout cet univers sicilien un peu suranné, comme quelque chose d'irréel, tout comme la traversée du détroit de Messine en train dans le ferry que l'on retrouve dans «
La mer couleur de vin ». J'ai toujours beaucoup de difficulté à ne pas lier un livre à un contexte, un souvenir. Comme
Pirandello,
Sciascia nous immerge dans son univers sicilien, d'où l'on a parfois du mal à s'extirper. Un livre que je conseille à tous les amateurs d'Italie et de littérature italienne.