AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782207130438
Denoël (13/05/2015)
3.86/5   49 notes
Résumé :
Ces récits ont été écrits avec quelques rares autres qui ne m'ont pas semblé valoir la peine d'être recueillis et de nouveau proposés au public - entre 1959 et 1972.
Pourquoi ai-je recueilli et publié ces récits ? Parce qu'il me semble avoir ainsi composé une somme, un condensé de mon activité jusqu'à maintenant, et il apparaît (je ne peux cacher que j'en suis, d'une certaine façon, satisfait, dans le cadre de ma plus générale et constante insatisfaction) que... >Voir plus
Que lire après La mer couleur de vinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
3,86

sur 49 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
La Sicile est une ile fascinante,beni des Dieux pour sa richesse,ses paysages, sa cuisine, son passé archéologique,mais confrontée à un grand dilemne, celui de la mafia, qui gère méme les petits affaires de la vie courante.
Dans ce recueil de treize récits,écrits entre 1959-1972, à l'exception d'un (Processo per violenza), Sciascia ,l'enfant du pays raconte avec sa prose magique,maniant l'ironie a l'extrême ,son ile et ses personnages,alternant les genres,faits divers,policier,récit historique..L'imposture des pouvoirs établis: la mafia, l'église, les partis clientélistes,les intérêts privés, sont au coeur de ces nouvelles.
Une controverse truculente entre un syndicaliste communiste et sa femme profondément catho (La rimozione/L'enlèvement ) / discussion encore plus truculente entre deux mafiosos,l'un devant se présenter devant le juge ,l'autre lui apprend dans le dictionnaire ,les différentes définitions du mot "mafia",afin qu'il puisse se défendre(La filologia) / des paysans qui se saignent à mort pour se payer leurs traversées pour "Nuovaiorche" et se retrouve à.....(Il lungo viaggio)/ un voyage en train d'un ingénieur de Rome a Agrigento, avec une famille avec deux bambins gâtés ,mal élevés ,dont l'un fait le sel du récit (La mer couleur de vin)...je ne vais pas tous les résumer,Sciascia est un conteur hors-pair, ces récits sont un grand bonheur de lecture,j'ai adoré! Pour qui ne connait pas encore son oeuvre un excellent livre pour s'initier!
Commenter  J’apprécie          422
«  le premier dictionnaire sicilien , en 1868 dit qu'en Toscane le mot MAFFIA signifie misère « La vraie misère est de se croire un homme supérieur par la seule force brute , qui ne démontre qu'une grande sauvagerie , et de n'être donc qu'un grand imbécile . » Cela te plait ? » .

«  Je vous laisse tomber , puisque toi et ceux qui pensent comme toi, vous avez la science du portefeuille , du fusil à deux coups et des automobiles bourrées de dynamite » .
Deux extraits significatifs d'une des treize nouvelles —— récits écrits entre 1959 et 1972, celle- ci nommée «  Philologie » ,une sorte de discussion philosophique sur l'origine du mot mafia goûteuse et des plus intéressantes , révélatrice , récits nous dit l'auteur qui , «  entre le premier et le dernier, se dessine une ligne circulaire qui n'est pas celle du chien. qui se mord la queue » .

À travers une prose éblouissante aux accents cyniques, ironiques , parfois drôles , le lecteur découvre l'humour féroce de l'auteur, au coeur de cette île chaude , aux paysages splendides , confrontée à cette mafia qui lui fait de l'ombre :
L'histoire de monsieur l'ingénieur : «  La mer couleur de vin », qui se rendait pour la première fois en Sicile, il voyage auprès de Luigi et Emanuele , les parents de deux enfants mal élevés : Lulu et Nené le plus petit .
Sur le point de se quitter les salutations durèrent longtemps …..subir cette famille et les quitter avec regret …..
«  Qui est rassasié ne croit pas ceux qui ont faim » .
Ou encore cette nouvelle la plus drôle : la discussion animée entre un syndicaliste communiste et son épouse toute dévouée au catholicisme …

Le mirage d'un voyage organisé par un passeur sans aucun scrupule, il monnaie très cher ses services afin d'organiser un voyage en Amérique…
Ou «  L'examen » dont la conclusion décrit le sauvetage d'une candidate à l'émigration vers la Suisse , organisée par mr Blaser , par son fiancé …
Je ne peux les décrire toutes , ma critique serait trop longue .

L'auteur balaie nombre de thèmes qui lui sont chers : dénonciation de la mafia, de la corruption , poids de la société et des traditions siciliennes , préjugés , importance incroyable de la religion, exploitation de la main d'oeuvre immigrée en proie à l'exil et à la pauvreté !
Il décrit avec talent le coeur battant de la Sicile et ses facettes les plus significatives , se révèle un grand témoin pertinent , convaincant de la réalité de cette île ensoleillée.
Il maîtrise parfaitement l'art délicat de la nouvelle .
Lu avec beaucoup de plaisir .
Oui, des histoires ironiques plaisantes , significatives, maîtrisées , témoins de cette Sicile si mystérieuse au fond !
Merci Idil !
«  Mais la vie tourmentée , opprimée ,
De ce Grand Homme infortuné,
Trouvait le réconfort de furtives tendresses ,
Le malheureux abandonnait son coeur à l'espérance ,
Un feu le consumait en l'exaltant ,
Son soupir était celui d'un homme ,
Dont la douleur est l'aiment
Quand le console une larme d'amour ,
Une céleste pitié , un coeur gentil ,
Eléonora….
Poème sur Le Tasse extrait de la nouvelle : Réversibilité .p17 .
Commenter  J’apprécie          353
« Emigrazione, delitti d'onore, mafia, corruzione, la famiglia (troppo) unita: c'è un po' di tutto nella Sicilia di Leonardo Sciascia. E c'è il mare, molto omericamente un mare colore del vino. Forse perché il blu talvolta è talmente intenso che quasi, specie al tramonto, si vedono delle sfumature violacee; forse perché, quando le navi scivolano sul pelo dell'acqua, il mare sembra più denso, proprio come il vino. O forse perché, proprio come il vino, il mare è affascinante e, al tempo stesso, insidioso: consola, porta speranza, ma andare alla deriva è più facile di quanto vorremmo credere. Ed è dunque navigando su questo mare che Sciascia ci conduce attraverso la sua Sicilia, in una serie di tredici racconti densi, veri e dal retrogusto un po' amaro. Come il vino. »
(Extrait du site : Il fascino degli intellettuali)

J'ai un excellent souvenir de ces nouvelles. Comme l'ingeniere Bianchi, j'ai traversé le détroit de Messine en train en compagnie d'une famille dans le même compartiment. le temps de caser les wagons du train sur le ferry, j'ai largement eu le temps de lire ces récits et de faire connaissance. Nene n'était pas là, mais, comme le personnage de la nouvelle, comment n'être pas troublé par ce détroit et cette mer au bleu intense, entre Charybde et Scilla ?
De Sciascia, je crois n'avoir lu que ce recueil. Je retiens le ton quasiment humoristique pour décrire des situations humaines dramatiques. Contrairement aux français, les Italiens ont toujours eu du talent pour se moquer d'eux-même. La Maffia « pour rire » ! Mais l'auteur le fait également avec beaucoup d'humanité et souvent avec poésie. Mise à part la nouvelle-titre , celle que l'on retient souvent est celle où des émigrants payent un passeur pour se rendre aux Etats-Unis.
Comme je l'ai lu quelque part, comment ne pas faire le parallèle inverse avec les migrants, venant d'Afrique, qui essayent aujourd'hui d'aborder les côtes italiennes ? Mais Sciascia n'est plus là pour en faire une nouvelle. Je me souviens également de la discussion philologique sur l'origine du mot Maffia… etc.
A lire absolument !
Commenter  J’apprécie          230
Le plus surprenant dans ce recueil de nouvelles est de mesurer l'aisance avec laquelle Sciascia varie les supports de ses différentes histoires pour nous donner à comprendre son pays et surtout sa région. Contes, intrigues policières, marivaudages, compte-rendus de procès, considérations linguistiques et anecdotes historiques ou politiques s'enchaînent ainsi.
J'ai un souvenir lointain du « K » de Buzzati, lu au collège, et de ma prof d'alors qui nous avait demandé d'établir notre « tiercé ».
Plus de quarante ans après, j'ai relevé le défi pour « La mer couleur de vin ». « Giufà », « Affaires de saints », « Un cas de conscience » sont donc mes nouvelles préférées. Si la plupart des nouvelles sont truculentes ces trois-là sont délicieusement irrévérencieuses. Cette dimension cocasse est tellement prégnante que je me suis permis de suggérer de rajouter l'étiquette « humour » à cet ouvrage. Un petit exemple ?
Michele arrache sa femme Filomena à un groupe de punaises de sacristie en prétextant que sa mère a eu un malaise. Suis le dialogue suivant :
Ce n'est rien, je te dis… Maintenant que j'y repense, tu peux très bien rester ici : d'autant plus qu'il y a là-bas le médecin, le prêtre…
Le médecin, le prêtre, mais, alors, c'est grave.
Seulement, une petite attaque, elle n'a perdu que la parole.
Et il pensa :
Si au moins c'était vrai.
Certaines nouvelles sont moins passionnantes que d'autres. Peut-être parce qu'elles sont datées, sûrement parce que je ne suis pas assez versé dans l'histoire de l'Italie en général et de la Sicile en particulier pour saisir l'acuité de l'analyse de l'écrivain sur son pays et ses multiples caractéristiques dont le poids de la religion et le pouvoir de la mafia semblent être les traits les plus marquants. Est-ce toujours ainsi en 2023 ? Mon ignorance n'a pas gâché mon plaisir de lecteur. La virtuosité de Sciascia est telle, que même si on ne saisit pas toutes les références, le livre reste avant tout une formidable machine romanesque. Prétendre que ce livre m'a rappelé cette île découverte il y a plus de vingt ans serait mentir : voyage archéologique, volcanique, gastronomique à coup sûr, mais surtout touristique… A part à la faveur de quelques agriturismo, nous n'avions pas noué de contacts humains très poussés. Dès lors, la Sicile ou plutôt siciliennes et siciliens restent en grande partie des inconnus.
En revanche, si un jour, des vents favorables me poussaient vers Palerme ou Lipari, je glisserais certainement quelques livres de ce romancier dans ma besace, espérant qu'ils constituent un sésame. Comment dit-on babéliote en sicilien ?
Commenter  J’apprécie          202
Il y a maintenant longtemps de cela, bookycooky m'avait recommandé ce recueil de nouvelles d'un auteur que j'aime beaucoup. La première nouvelle faisait barrage à ma lecture. Il y a peu, j'ai insisté de nouveau.

J'ai retrouvé cet auteur dont j'aime l'humour et le regard. Ces nouvelles ont un côté ironique, et donnent une vision imprégnée de dérision, parfois de satire, de cette culture populaire profondément italienne. Il se focalise également sur certains aspects plus précisément siciliens (sur la mafia pour une ou deux nouvelles, les règlements particuliers et les anecdotes du cru, parfois historiques, …). D'autres nouvelles racontent des voyages en train comme dans la nouvelle titre « la mer couleur de vin », où un célibataire doit voyager avec toute une famille fort bruyante, qu'il ne connaît pas mais dont il fera connaissance, ou bien « un cas de conscience », où un avocat qui aime lire durant ses voyages, se trouve un jour à court de lecture et ramasse un magazine féminin gisant dans un wagon, pour y lire le courrier du coeur, où une lettre attirera son attention. Il y a aussi des récits de migrations aux itinéraires peu probables.

Bref, un très beau recueil de nouvelles qu'il a écrites entre 50 et 70 et conçu lui-même. Merci à bookycooky pour ce bon conseil de lecture.
Commenter  J’apprécie          192

Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Quoi qu'il en soit, pour ne pas trop s'appesantir sur l'étymologie,
é-ty-mo-lo-gie : c'est-à-dire l'origine du mot,
nous nous arrêterons au père Gabriele Maria da Aleppo,
missionnaire capucin et professeur d'arabe,
qui conclut ainsi sa docte analyse :

"En s'en tenant donc au sens des mots proposés plus haut,
le mot mafia doit avoir eu à l'origine la valeur, d'une part,
de "protection contre l'oppression des puissants,
de moyen pour se dérober à toute loi édictée par la société,
et pour se prémunir contre tout préjudice,
de force, de robustesse du corps, sérénité d'esprit,
reconnaissance et gratitude envers qui distribue ses largesses" ;

et, d'autre part, il signifiait
"le meilleur côté et le plus précieux de toute chose."
Ce qui correspond parfaitement à ce que dit Pitré."

Les mots arabes proposés par le père Gabriele sont les suivants :
"mohafat", qui signifie défendre ;
"hofuat", la meilleure partie d'une chose ;
"mohafi", ami, ami reconnaissant...

(Philologie)
Commenter  J’apprécie          60
Durant les matchs de football entre les équipes des deux bourgs, l’échange de toute cette littérature de souvenirs historiques et de mimes, d’invectives et d’injures durait jusqu’aux cinq dernières minutes du match ; puis on passait à ce qu’on nomme dans les procès-verbaux des carabiniers des voies de fait, c’est-à-dire aux coups de poing, aux coups de pied, et aux volées de pierres.p.12(v.o.)
Commenter  J’apprécie          150
Elle me ressemble.
Elle ressemble à tant d'autres...

Nous adorons les choses,
nous avons mis les choses à la place de Dieu, de l'univers, de l'amour.
Les vitrines sont notre firmament,
les armoires murales et les cuisines américaines contiennent tout l'univers :
des cuisines dans lesquelles on ne fait pas la cuisine,
habitées par le dieu des jeux télévisés...

Mon père, qui était un petit-bourgeois,
a passé toute sa vie dans des logements de location,
sans jamais ressentir le besoin d'en posséder un.

Aujourd'hui, il n'y a pas de révolutionnaire qui ne veuille être propriétaire
du logement qu'il habite ;
qui ne se couvre de dettes,
ne se jette dans les emprunts à vingt-cinq ans,
pour la possession d'un logement.

L'idée d'éternité, l'idée de l'enfer
sont réduites aux emprunts bancaires à vingt-cinq ans.
Ce sont les banques qui administrent la métaphysique.

(Jeu de société)
Commenter  J’apprécie          40
Mais quand il s'agit de mots, nous avons affaire à une science fort incertaine :
d'où viennent-ils, quels chemins ont-ils empruntés ?...
Les significations qui ont changé...
Un embrouillamini infernal...
De plus, celui-ci est un de ces mots sur lesquels on peut dire les sottises les plus variées ;
sottises savantes, sottises qui ont leur propre logique...

Le fait est que chacun, avant de chercher l'origine du mot,
cherche à connaître sa signification,
et ici commencent les difficultés :
ceux qui soutiennent que ce mot signifie un état d'esprit s'engagent sur une certaine voie,
et ceux qui soutiennent au contraire qu'il signifie un état de fait s'engagent sur une autre...

Vois le dictionnaire Petrocchi, il écrit le mot avec deux "f", à l'italienne, et dit :
"Union de personnes de tout rang et de toute espèce
qui se prêtent assistance en vue de leurs intérêts réciproques,
au mépris des lois et de la morale" ;
il met ce mot, avec beaucoup d'incertitude, en relation avec "maffler",
de l'ancien français, d'où viennent "mafflé" et "mafflu" et qui veut dire manger, bouffer...

(Philologie)
Commenter  J’apprécie          30
«  La mafia n’est ni une secte, ni une association, elle n’a ni règlement , ni statut (———-) .Le mafieux veut être respecté , il sait se faire rendre raison par lui - même et, quand il n’en a pas la force , au moyen d’autres personnes qui sentent comme lui! …. »
Commenter  J’apprécie          144

Videos de Leonardo Sciascia (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonardo Sciascia
Le 1.10.2022, Hubert Prolongeau présentait “Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel” de Leonardo Sciascia dans “Mauvais Genres” (France Culture).
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature italienne, roumaine et rhéto-romane>Romans, contes, nouvelles (653)
autres livres classés : Sicile (Italie)Voir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (111) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
827 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}