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EAN : 9782253130970
92 pages
Le Livre de Poche (01/10/2004)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Soudain Jans se mit à pleurer.

Sans raison concrète, il sanglota et enfouit sa figure dans la jupe de Marie. Jansen avait ôté les mains de son visage et tambourinait des doigts sur la table. Les sanglots entrecoupés de Jans faisaient tressaillir son propre visage, et les faibles gémissements dont ils étaient suivis se propageaient dans tout son corps. Marie jeta un coup d'œil méprisant à ce Martin qui tambourinait du bout des doigts sur la table, enve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Jans va mourir de Anna Seghers - lu en mars 2019.
Traduit de l'allemand dont le titre est Jans muss sterben.
C'est Kielosa qui m'a donné l'envie de lire ce livre.
Le titre en français est Jans va mourir, en allemand, Jans muss sterben, qui veut dire en français Jans doit mourir, ce qui est bien différent (vu sur Google traduction) je ne parle pas l'allemand. Je vous dirai pourquoi je préfère le titre en allemand.
Jans est un petit garçon de 7 ans, fils de Martin et Marie Jansen, un gamin comme beaucoup, riant, espiègle, écolier normal. Ils vivent dans une unique pièce. Marie et Martin sont un couple à la dérive, , ils se supportent tout au plus. C'est Marie surtout qui ne supporte plus son mari. Quand Jans est né, Marie s'est consacrée totalement à son fils - "Jansen fut tout décontenancé par cette Marie étrangère, à la voix changée et dont les traits se perdaient dans le vague. Et Marie fut presque soulagée lorsque enfin il se mit vraiment à aller son chemin et à boire et qu'elle eut une raison palpable au mépris qu'elle éprouvait" (page 13) - Marie tient son mari à l'écart de Jans. Depuis, Martin s'éloigne de son fils, non qu'il ne l'aime pas, mais il est gêné et n'ose pas s'en occuper, Marie étant une mère exclusive. Un jour comme un autre, Jans tombe, tout tourne autour de lui, il n'a plus d'appétit, le médecin vient mais ne décèle rien de grave. Cet à partir de ce moment que le père de Jans sait, il sait qu'il va mourir, il le sent au fond de lui, et quand Jans doit garder le lit, furtivement, en cachette de sa femme, il se permet des gestes et des regards de tendresse envers Jans. le petit garçon décline de jour en jour, il crache du sang, cela met du temps, avec une période de rémission où Jans retourne dehors, reprend l'école mais où il ne fait plus rien, il est trop faible.
Les parents se rapprochent lors de cette maladie de Jans, ils se remettent en question, et Marie attend un autre enfant. Jans passe alors au second plan, lui qui n'avait eu que quelques gestes de tendresse de son père, le voit câliner la petite Anna, s'en occuper, jouer avec elle, sa mère aussi le délaisse "Non, Jans ne cherchait plus à saisir au vol le regard de son père. Au contraire, il faisait tout pour l'esquiver" page 43) , il n'y en a plus que pour la petite.
Jans finit par mourir.
Le titre "Jans doit mourir" en allemand prend tout son sens. Dans l'esprit du père dont il est question durant tout le livre, Jans était mort
depuis le début de sa maladie, il devait mourir, dans sa tête, c'était inéluctable "Parfois un voisin demandait dans le couloir, ou bien un collègue au travail : Eh bien, il est malade ton Jans ? - Oui, il est malade, répondait Jansen. - Il s'en tirera, disait l'autre. - Non, rétorquait Jansen, je ne crois pas qu'il s'en sortira." (page 31). Pourtant ce père aimait son fils, sa mort lui a causé un immense chagrin, mais il y avait la petite Anna. Au début, Marie et Martin allaient au cimetière tous les dimanche, puis seulement les jours fériés.
Une histoire triste, mais aussi avec des descriptions poétiques, une écriture sensible, l'histoire d'un simple ouvrier, se tenant en retrait, incapable de faire face à sa femme et d'être un vrai père pour son fils. Il ne découvrira la vraie paternité qu'à la naissance de sa fille où là, Marie L encourage à s'occuper de la petite. Finalement, c'est un drame pour cet homme pas méchant mais
englué dans sa faiblesse.
Encore merci Kielosa pour cette découverte.



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Ceci est ma troisième critique d'un ouvrage d'Anna Seghers (1900-1983). Après "La Capitation" (28-01-2018) et "L'Excursion des jeunes filles qui ne sont plus" (10-11-2018), aujourd'hui je vous présente un billet d'une autre histoire relativement brève de cette grande écrivaine allemande : "Jans va mourir" d'à peine 61 pages, qui a été son tout premier ouvrage, écrit lorsqu'elle avait tout juste 25 ans et qu'elle venait de terminer ses études à Heidelberg.
La photo de couverture de l'édition de Biblio/Livre de Poche est celle de l'auteure l'année même de ce récit , en 1925.

C'est un peu dommage que j'ai lu ses chefs-d'oeuvres "La septième croix" (1942) et "Transit" (1944) il y a vraiment trop longtemps pour en faire une critique de mémoire, mais je promets d'en faire une relecture dans un avenir pas trop éloigné.

C'est le fils même d'Anna Seghers, Pierre Radványi, qui dans une préface nous dévoile l'histoire de cette histoire. L'arrivée au pouvoir d'Hitler avait forcé Anna et son mari, le sociologue hongrois László Radványi, qu'elle avait épousé en 1925, en juin 1933 à la fuite. Jusqu'à l'occupation de Paris par la peste brune en 1940, la famille avait habité à Bellevue-Meudon - comme la célèbre danseuse américaine Isadora Duncan (1877-1927), qui y ouvrit lors de la Première Guerre mondiale une école de danse - mais se voyait contrainte à une nouvelle fuite : de Marseille, en passant par la Martinique, au Mexique, où elle débarqua en mars 1941.

Son fils Pierre fut, en octobre 1945, le premier de la famille à retourner en Europe. Il avait 19 ans et avait gagné une bourse pour étudier à Paris. Plus tard, sa mère installée à Berlin-Est, lui demanda d'aller récupérer leurs biens restés à Bellevue-Meudon, essentiellement des livres, documents et papiers divers. Lors d'une visite à son fils, l'écrivaine avait décidé que cela resterait à Paris. Parmi les paperasses de sa mère bien-aimée, il y avait ses écrits de jeunesse, qu'il n'avait, par délicatesse envers sa mère, jamais dépouillés. À l'approche du centenaire de sa naissance, Pierre se décida et découvrit "Jans va mourir", écrit un an avant sa propre naissance. Par acquit de conscience il prit contact avec la grande biographe et spécialiste de l'oeuvre de sa mère, Christiane Zehl Romero (née à Vienne en 1937 et professeur de littérature comparée à l'université de Tübingen), et "Jans muß sterben" fut publié en Allemagne en 2000 et superbement traduit par Hélène Roussel en Français, l'an suivant.

Il aura donc fallu trois quarts de siècle avant que le manuscrit soit chez un éditeur et que nous pouvons faire (enfin) la connaissance du petit Jans Jansen, 7 à 8 ans, et l'enfant gravement malade de Marie et Martin Jansen.

Ma toute première impression : il s'agit d'un court opus, triste évidemment, mais d'une beauté littéraire absolument exceptionnelle. Il y a d'abord la personnalité remarquable de son auteure pour concevoir, à son jeune âge, une telle oeuvre délicate et ensuite la qualité non moins remarquable de la traduction d'Hélène Roussel. Lorsque je tiens compte de ce que Mme Roussel qualifie, dans sa postface intitulée "Jans n'est pas mort", à la page 90, comme un "texte (qui) renferme une telle intensité d'émotion", je ne peux que constater que mon jugement final confirme largement ma première impression.

Cette postface par l'ex-professeur de littérature à l'université de Paris 8 (Vincennes - Saint-Denis), née à Albi en 1945 et docteur en germanistique avec comme expertise l'exil allemand en France 1933-1945, est particulièrement enrichissante. Je n'ai pas honte d'avouer qu'Hélène Roussel y mentionne des aspects et qualités qui m'avaient échappé, bien que je sois un grand admirateur de l'oeuvre d'Anna Seghers.

Chères amies et chers amis sur Babelio, je vous recommande vivement ce petit livre. Ne vous laissez pas vous décourager par le mot "mourir" dans le titre, ni par cette maladie inconnue et fatale à notre petit héros, qui par un effort de courage monumental réussit en fin de compte, néanmoins, à choisir librement sa mort.

L'ancienne étudiante de Karl Jaspers - tout comme son mari d'ailleurs - montre dans cette nouvelle fabuleuse qu'elle n'a pas perdu son temps sur les bancs de l'université d'Heidelberg et qu'à part la philosophie, elle avait également maîtrisé la psychologie, tout en disposant de talents littéraires rares.

Bref, 5 étoiles : le max !
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Un texte parfois plein de poésie, comme quand Jans regarde tomber les flocons par la fenêtre et se perd dans ses rêves... La traduction du titre allemand me laisse perplexe... Jans VA mourir, dans la version française, mais Jans MUSS sterben en allemand, doit mourir, comme un fait inéluctable. Un fait dont on aimerait qu'il ne se passe pas, Jans le petit malade est attachant...
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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?Transit?, de Christian Petzold - bande-annonce .Le cinéaste allemand Christian Petzold adapte le beau roman d?Anna Seghers publié en 1944 dans un grand film romanesque où se répercute subtilement l?écho des crises migratoires actuelles. Transit est à découvrir en salles mercredi 25 avril 2018. En voici la bande-annonce, en exclusivité pour telerama.fr
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