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3,97

sur 209 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

Bon, faut que j'essaie de faire une belle critique pour rendre hommage à l'un de mes auteurs fétiches.
Mais tout ce que j'ai écrit pour l'instant c'est plate.
Le chien de mon voisin n'arrête pas d'aboyer alors pour se concentrer c'est pas facile.
J'ai découvert Patrick Senécal en 2006 avec son roman fantastique "Sur le seuil", expérience réitérée l'année suivante avec trois de ses thrillers : les sept jours du talion, le passager ...
Il est vraiment en train d'utiliser sa câlisse de perceuse en pleine soirée ? Ostie d'enfoiré qui se gare toujours devant ma sortie de garage ...
... et 5150, rue des Ormes. Mais ce sont "Aliss" et "Le vide" qui l'ont propulsé au rang d'auteur préféré, dans mon subjectif classement intérieur.
Bon là c'est plus possible. Musique techno à fond qui accompagne en ryhme mon début de migraine.
Il me semble avoir une hachette dans la remise. Je reviens tout de suite.

* * *

Le calme est enfin revenu. Je suis à peine éclaboussé.
Où en étais - je ?
Ah oui, L'autre reflet. le roman 2016 de Senécal a pour thème l'inspiration littéraire par le meurtre et la torture.

Michaël Walec ( MW ) est écrivain amateur. Il a un certain talent mais il lui manque le petit quelque chose qui fera de ses thrillers noirs des romans à succès.
Ce petit quelque chose il le trouvera par hasard en la personne de Wanda Moreau ( WM ), emprisonnée pour meurtre. Professeur de français, il dispense son savoir dans l'établissement pénitencier pour femmes de Joliette. Son activité consiste principalement à corriger les fautes de grammaire et d'orthographe des courtes et maladroites nouvelles rédigées par les détenues participant à son cours.
L'histoire de Wanda a beau être dépourvue de style, elle y décrit son propre meurtre avec tant de force et d'éléments concrets que Michaël va s'en inspirer pour parfaire une scène de meurtre de son propre roman. Plagiat ? Il se refuse à raisonner ainsi. Après tout c'est sa propre écriture qui insuffle à cette scène charnière l'énergie transformant son petit polar en chef d'oeuvre du genre.
Après d'autres modifications toujours inspirées par les confidences de Wanda, son roman "Sous pression" verra le jour sous sa forme quasiment définitive. Et il est tellement bon qu'il a toutes les chances de trouver un éditeur.

Très court résumé de la première partie ( MW et WM ) dans lequel le lecteur fait donc rapidement connaissance avec un homme marié, futur papa, heureux en ménage et sur le point de concrétiser son rêve. Un homme qui serait presque attachant s'il n'y avait pas ce côté irritable aussi prononcé. C'est quelqu'un qui est facilement agacé, toujours sur la défensive quand on lui parle de son roman en cours, qui est énervé tant par le vélo du voisin traînant sur sa propriété que par l'auteur de fantasy déguisé en chevalier lors de son dernier salon du livre en tant que lecteur.
Wanda voudra-t-elle se venger ou le faire chanter pour le vol de ses histoires ? Tiendra-t-elle à l'inverse à devenir la muse de cet écrivain quitte à commettre d'autres atrocités ? Michaël constera-t-il que pour confirmer son talent naissant il devra se salir les mains afin de décrire à la perfection ce que ses personnages, victimes et bourreaux, ressentent ? Ce sont les différentes questions qu'on se pose après les premiers chapitres. N'importe comment, on sait que ça va dérailler.

Lire un Senécal, c'est embarquer dans un TGV en sachant que dès les premières pages il va y avoir quelques secousses et que le train va accélérer de plus en plus, que les heurts seront de plus en plus violents, jusqu'à ce qu'on se prenne un mur à 400 km/h. On a beau anticiper une partie des évènements, on ignore qui, quand , comment et on ressort de ces derniers de plus en plus abasourdis, chancelants, en attendant un final qui nous laissera KO.

On retrouve des thèmes chers à l'auteur à nouveau : le pouvoir, la famille, le quotidien. Il fait même une allusion rapide à Faims, son précédent livre ( lors d'un entretien, un auteur doit dire ce qu'il pense des meurtres ayant eu lieu à Kadpidi ).
Et surtout le vide - cette notion si chère à l'écrivain - est de nouveau présent. C'est lui qui caractérise le plus Wanda. A la recherche d'émotions, elle ne ressent rien la majorité du temps.
( "Mais non, je ne suis pas un monstre ! Si je ressentais du plaisir ou de la satisfaction, ou n'importe quoi, oui, je serais un monstre sadique ! Mais je ressens rien !" )

Quant au thème du double / du reflet / du miroir, il est omniprésent.
"Pis, à un moment donné, on va se rencontrer au centre, comme si on arrivait devant un miroir. Devant un reflet, très proche de nous, à la portée de la main."
Les initiales WM et MW qui se confondent sautent évidemment aux yeux. L'écriture à quatre mains est cependant ici incomparable à celle de Nicci French, Camut / Hug ou Preston / Child.
"Deux mains féminines, douces, mais maculées de sang, se posent sur les siennes et guident ses doigts sur le clavier."
On a également le pseudonyme. Michaël devient Mike, c'est plus accrocheur comme nom d'auteur. Alors on pense évidemment à La part des ténèbres de Stephen King et à son duo Thad Beaumont / Georges Stark. Mike représente-t-il une sorte de double maléfique ? Mais il ne faut surtout pas s'arrêter au héros écrivain et à ses différentes identités. Ca ne paraît pas très original et pourtant jamais je n'avais lu d'histoire présentée sous cet angle là.

En tant que lecteur, la sensation est même assez vertigineuse. En effet, L'autre reflet est construit exactement comme le serait un polar noir de Mike Walec, avec des passages clés de plus en plus atroces et révoltants qui sont les principaux supports de toute l'histoire. Cet effet miroir est tellement bien construit que le lecteur ne sait plus forcément s'il est en train de lire du Senécal ou du Walec.

Parce que pour couronner le tout, il y a beaucoup de Senécal dans le personnage de Walec. L'auteur de Hell.com s'est indubitablement projeté dans son héros romancier. Et ça ne s'arrête pas à l'ancien professeur de littérature né à Drummondville devenu écrivain de thrillers ( aux scènes particulièrement horribles ) puisque tous les deux participent également à des conférences, des interviews radiophoniques ou télévisuelles, et à des salons du polar. Et fréquentent les mêmes auteurs dans leur entourage professionnel.
J'ai mis beaucoup de temps avant de réaliser qu'en toile de fond, derrière le clavier sur la couverture, il s'agissait d'un salon du livre. Sans doute parce qu'on ne les assimile pas souvent à des lieux effrayants.
Vous changerez peut être d'avis.
En 2013 Senécal participait à un projet intitulé "L'Orphéon" avec son conte allégorique Quinze minutes. Avec quatre autres auteurs ils ont écrit cinq histoires différentes se déroulant dans le même immeuble, dans lequel les différents protagonistes de chaque récit se croisent, dialoguent, interfèrent. Les cinq livres pouvant ainsi se lire indépendamment et formant pourtant un tout cohérent. Je l'évoque parce que les quatre auteurs qu'a côtoyés Senécal notamment à cette période sont présents dans L'autre reflet : Roxanne Bouchard, Geneviève Jannelle, Véronique Marcotte et Stéphane Dompierre.
Stéphane Dompierre qui propose d'ailleurs à Mike Walec de participer à son second recueil de nouvelles érotiques. J'ignore s'il est réellement question d'un second recueil à venir mais Senécal a en tout cas participé au premier, Nu, avec sa nouvelle "Baise fondatrice".
("Pendant une quinzaine de minutes, les deux collègues discutent de choses et d'autres jusqu'à ce que Dompierre demande à Michaël s'il a envie de se joindre au second collectif de nouvelles érotiques qu'il est en train de préparer" )
On croise aussi d'autres auteurs québécois édités par A lire ( François Levesque, Jean-Jacques Pelletier ), la même maison d'édition que Senécal.
Ou encore India Desjardins, qui est à l'origine du recueil "Cherchez la femme" dans lequel Senécal a également publié une nouvelle.
Premier livre du challenge littérature québécoise, il s'avère être aussi une vraie mine d'or pour faire connaître les auteurs canadiens francophones.

Senécal, s'il égratigne par moments l'industrie du livre, s'efforce aussi de rendre à la littérature d'horreur et de thriller ses lettres de noblesse ( "On ajoute que le tout est écrit dans un style soigné, littéraire, et c'est justement cette adéquation entre l'horreur crue et la prose très travaillée qui fait de ce bouquin une oeuvre unique" ).
Mais l'autre reflet est surtout un roman qui aborde ce qu'on est prêt à faire pour connaître le succès, la notoriété, et pour la conserver.
Puissance et folie peuvent elles cohabiter ?

Livre amoral difficile à lâcher, terriblement malin, vaguement plus sage cependant que certains de ses prédécesseurs, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce nouveau Senécal avec mon objectivité très relative. En tout cas j'en suis ressorti lessivé, mal à l'aise ... et j'ai adoré ça !
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Bon j'assume que cet avis ne sera pas objectif !!! C'est que je l'aime d'amour Patrick Senécal !!! C'est de loin, mon auteur québécois préféré... alors, quand je vous dis que j'ai un biais !!! Chaque fois, lorsque je commence un roman de lui, je sais d'avance que je dois avoir quelques heures devant moi, parce que je vais littéralement dévoré l'histoire qu'il met en scène. Ici, pas d'exception : je l'ai lu quasi d'une traite !
Michael, qui a connu son heure de gloire par la publication d'une nouvelle dans un magasine, est maintenant relégué aux oubliettes : il n'a plus rien publié ! Mais il bûche fort sur son roman. Mais l'écriture n'amène pas pitance. Il est donc obligé de donner des cours de français à la prison pour femmes de Joliette. C'est là qu'il fera la connaissance de Wanda Moreau, jeune femme énigmatique, incarcéré pour meurtre. Pour stimuler un peu sa classe, il propose un atelier d'écriture. Les détenues qui le désire pourront écrire des nouvelles et Michael pourra les conseiller... C'est là que tout commence... La nouvelle de Wanda est criante de vérité : elle y raconte SES meurtres, bien qu'elle ait été incarcéré que pour un seul... L'auteur s'est servira d'inspiration pour son bouquin !!! Salué par la critique, Sous pression, le bouquin de Michael le propulse sur les palmarès des ventes... Mais bon, il tentera de reproduire la force de son premier roman, sans jamais y parvenir... Jusqu'à l'arrivée de Wanda, qui est maintenant dehors en liberté conditionnelle.... La spirale commence... et la lente descente en Enfers avec...
Une écriture rythmée, sans concession, directe, et très efficace... Une histoire qui nous tient en haleine... Des personnages très intéressant. Une montée en puissance intense... Bref, j'ai tout aimé de ce roman !!! Et j'en veux encore !!!
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Comme tous les autres, le nouveau roman de Patrick Senécal m'a totalement emportée.
Michaël Walec, enseignant dans une prison, fait la rencontre de Wanda Moreau, détenue pour avoir assassinée son conjoint. de cette rencontre résultera une suite d'événements catastrophiques mais ô combien satisfaisants pour les amateurs de roman noir.
L'auteur touche cette fois un sujet qui le touche particulièrement : l'écriture et la célébrité. On y retrouve une vraie réflexion sur ce monde et cela nous permets à nous, lecteur, de comprendre un peu mieux le milieu.
Dès les premières lignes, j'ai été happé par le suspense et je n'ai pu arrêter ma lecture qu'en lisant la dernière ligne du roman. J'ai retenu mon souffle pendant toute la dernière partie du livre.
Les personnages sont très bien construits et crédibles, les émotions très bien rendues et les scènes de meurtre effroyables, Patrick Senécal nous démontrant qu'il arrive à construire ce genre de passage beaucoup mieux que son personnage principal.
Belle critique sociale sur le milieu, belle montée dans l'horreur et finalement, très bon livre que je suggère à tous !
Patrick Senécal reste le maître incontesté de l'horreur au Québec !
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Encore un excellent roman de Patrick Sénécal. A la manière d'un Stephen King qui l'a fait à plusieurs reprises (La part des ténèbres, Misery, ...), Sénécal traite, avec brio, de la création artistique et de l'inspiration de l'écrivain.
C'est original, très noir, addictif et les personnages sont maltraités par Sénécal dont l'écriture est toujours aussi fluide. Et j'adore cette langue québécoise !
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Monsieur sénécal, au risque de me répéter, vous m'inquiétez fortement. A chaque fois que je commence une de vos lectures, dès le premières pages, je suis happée : autant par l'intrigue que par la découverte des personnages. Ce qui m'interpelle systématiquement, c'est qu'il s'agit toujours de personnes ordinaires qui à un moment ou un autre, de part leurs activités ou le hasard, sombrent dans le sordide. Leur descente aux enfers est effroyable et inéluctable. je frissonne au fur et à mesure que les pages se tournent et je sais que tout cela ne peut pas finir en happy end.
Et, comme à chaque fois, il faudra que j'enchaine avec une lecture bien plus douce, le temps de recharger ma foi en l'humanité.
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1er livre de l'année .

....L'autre Reflet de Patrick Senécal.

Michaël Walec, écrivain doté d'un vrai talent littéraire veut absolument s'essayer au thriller bien noir. Mais n'est pas romancier de polar qui veut car ses scènes de meurtres ne sont pas assez réelles et son manuscrit stagne sur son bureau.
Puis, par le plus grand des hasards, lors d'un atelier qu'il supervise dans la seule prison québécoise pour femmes, il y rencontre Wanda Moreau qui va lui relater sous forme de nouvelles les meurtres qu'elle a commis.
Après moults tergiversations, Michaël plagie les meurtres de Wanda, quasi certain de ne pas la revoir hors des murs de la prison...
Et c'est enfin la consécration de Michaël, roi du polar noir pour un temps...
Mais ne devient il pas ainsi le complice de Wanda pour les deux meurtres non résolus par la police?
Et n'a t'il pas vendu son âme au Diable lorsque Wanda finit par sortir de prison grâce à sa bonne conduite?

Un roman qui va vous transporter crescendo dans l'horreur grâce à la plume affûtée de Patrick Senécal.
Pour ma part j'y ai vu un soupçon de mélange entre "Liaison Fatale" et "Misery " .
On y croise des écrivains québécois comme Michaud, Levesque et Brouillet, entre autres et le tout est vraiment savoureux.

Pour moi, "C'est crissement bien torché ".
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🚗💻📄🪞" L'Autre Reflet ".

Michaël Wallec travaille aux centres pénitenciers Joliette pour femmes, ils y donnent des cours de français et le soir quand il rentre, il bûche sur son futur roman depuis 3 ans, malheureusement le hic...

C'est que depuis peu, il n'arrive pas à réécrire les scènes de l'intrigue, il sait qu'il manque quelque chose qui ferait le truc en plus dans son futur roman, un truc qui ferait devenir son roman vraiment excellent.

Mickaël croit avoir trouvé son petit truc en plus de le jour, où il demande à ses détenus dans son cours de français d'écrire une nouvelle, et c'est dans celle de Wanda Moreau qui y relate l'assassinat pour lequel elle a été condamnée qu'il trouve son compte.

Mais il est à mille lieus de se douter qu'une relation vraiment glauque entre eux va commencer à naître.

Parce que la Wanda Moreau que je le dise bien, elle est vraiment complètement folle et déterminée, cramée du ciboulot.

Mickaël lui donne des conseils littéraires, échange avec elle, et il est fasciné par cette femme qui a connu les profondeurs de la noirceur humaine et grâce à cela, il va s'en servir, pour insuffler l'élan qui manquait à son roman et bien sûr il le dira rien a Wanda, pour lui, elle n'est rien, juste simplement sa source d'inspiration.

Et ainsi avec ça, il sent qu'il aura le succès assuré, avec sous ce qui va avec, la gloire, les strass et les paillettes, l'argent.

Mais la Mme Wanda, n'est dupe de rien, et comme je disais plus haut entre eux sa vraiment devenir malsain voire complètement atroce et carrément violent, au fur et à mesure, et à eux deux, ils ne feront plus qu'un et ça deviendra obsessionnel l'un n'ira plus sans l'autre. .

Dans ce roman Patrick Senécal, évoque la naissance d'un auteur qui veut à tout prix avoir la gloire à n'importe quel prix, il veut vraiment le succès et il veut qu'on l'auto-proclame, même si pour cela, il passera du côté obscur. Puis il y a Wanda qui n'ait pas un personnage en reste, dès le départ, j'ai vu que derrière ses apparences, elle est louche, elle n'a pas d'émotion, on la croit presque antipathique, elle arrive vraiment à faire de Mickaël, sa marionnette.

Le titre parle de lui-même, ils sont le reflet l'un de l'autre comme le reflet du miroir.

C'est très bien écrit, il y a par moments des descriptions, mais cela en vaut la peine, pour bien comprendre le roman.
Le dénouement est vraiment génial, car il met vraiment la touche final à cette histoire la rançon de la gloire quitte à ne plus être celui qu'il était avant.

C'est très trash et violent , mais c'est Patrick Senécal tout de même et j'adore chaque fin de ses romans, c'est extra.

Ce ne sera pas mon préféré de l'auteur, mais j'ai tout de même adoré ma lecture.📄🪞🚗💻📔
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[Câline, c'est quoi c'bouquin?]

Pour être tout à fait honnête, même quand c'est un auteur que j'adule comme c'est le cas ici, je donne toujours mon ressenti qu'il soit positif ou négatif et il se trouve que j'ai eu du mal à rentrer dans L'autre reflet. Enfin, non… Je n'ai pas eu de mal à rentrer dedans mais l'auteur m'a perdue pendant environ un tiers du livre, parce que je trouvais que ça n'allait pas assez vite à mon goût,et que ça tournait un peu en rond… Et pourtant, sur les conseils de copinautes, j'ai bien fait de continuer car ces passages ont en fait permis de mettre en place le feu d'artifice, que dis-je? l'explosion nucléaire que Patrick Senécal nous a offert par la suite! parce que c'est ça, le style Senécal, une montée en puissance, jusqu'à ce que ni les personnages, ni les lecteurs ne puissent plus rien maîtriser, c'est partir d'une situation à priori banale pour aboutir à une situation cauchemardesque! On assiste atterrés aux événements qui s'enchaînent, on est sidéré par la tournure des choses, et pourtant on en redemande toujours plus !

A chaque livre de cet auteur, je prends tellement mon pied à lire des choses aussi atroces que je me demande à chaque fois si je suis normale ou si je suis une psychopathe en sommeil. J'ai été littéralement en transe dans ma lecture de la dernière partie qui a tout balayé sur son passage et qui m'a fait oublier les longueurs que j'ai pu éprouver pendant un temps. J'ai compris ensuite que tout ce processus était là pour tisser une toile, à la manière d'une araignée, afin d'y emprisonner les personnages (et au passage les lecteurs), avant de les relâcher, broyés par leurs émotions. Objectivement, je ne sais pas comment fait Patrick Senécal pour écrire des intrigues aussi tordues, qui ne ressemblent à aucune autre que j'aurais pu lire dans un des très nombreux thrillers de ma bibliothèque. L'auteur arrive, à chaque fois, à m'embarquer dans une nouvelle histoire, je n'ai jamais aucun doute quand je commence un livre de cet auteur, je sais que je vais vivre des aventures inédites et surtout hors du commun.

Mention spéciale pour l'utilisation régulière des tournures québécoises, ça apporte une certaine touche d'exotisme et j'aime beaucoup ensuite m'amuser à employer les mêmes jurons que les personnages 🙂

[Côté personnages…]

Je n'ai éprouvé aucune compassion envers eux, ni aucun attachement. Ça ne m'a pas vraiment dérangé, parce que du coup j'avoue que j'ai pu ressentir librement une sorte de jubilation quand il leur est arrivé des choses atroces (quand j'vous dit que je suis une psychopathe!), sans éprouver de peine pour eux ou de colère envers l'auteur de malmener ainsi des personnages que j'apprécie. Je n'ai pas apprécié Michaël que j'ai trouvé lâche, incapable de se remettre en question, peu combatif et avec une tendance accrue à la victimisation en remettant la faute sur son entourage proche ou lointain plutôt que de se remettre en question lui-même. Il subit sa vie et ses échecs, il veut être un bon écrivain seul, sans Wanda, mais il ne veut pas reconnaître que sans elle il n'est qu'un écrivaillon…

Concernant Wanda, je ressens une certaine ambiguité dans mes sentiments… Je l'ai par moment détestée, et parfois elle aurait presque réussi à me toucher. Elle est une meurtrière froide, qui ne ressent rien, elle le dit elle-même. Et pourtant quand elle va rencontrer Michaël en prison, il deviendra une sorte de mentor pour elle, car elle aussi rêverait de devenir auteure, sauf qu'elle n'en a pas le talent! Et puis, au fil du temps, les rôles s'inversent… Elle devient une sorte de muse démoniaque pour lui, et elle éprouve enfin quelque chose au fond d'elle, et ce quelque chose est une profonde reconnaissance et l'impression d'avoir enfin fait quelque chose de bien dans sa vie.

Je finirais par évoquer rapidement l'épouse de Michaël, qui reste un mystère total pour moi tant son comportement passif au sein de son couple me laisse perplexe… Elle accepte tout, je ne sais pas si elle a des oeillères, si elle est un peu maso ou qu'elle n'en a juste rien à faire de son couple, mais j'ai trouvé sa relation avec son mari vraiment très étrange…

[Une plongée dans le milieu littéraire]

L'auteur situe son intrigue dans le milieu littéraire et L'autre reflet me fait un peu penser à une critique sociale de ce petit milieu très fermé. On rencontre un groupe d'écrivains que nous suivons au fil des chapitres, qui se connaît bien et se retrouve régulièrement dans les salons littéraires. L'accent est également mis sur la concurrence qui peut s'installer entre des auteurs, entre ceux qui ont du succès, ceux qui en ont moins, ceux qui n'en ont plus… On vit aux côtés d'un écrivain tourmenté qui est en proie aux difficultés de son métier, aux doutes qui l'envahissent, à sa descente aux enfers lorsqu'il se rend compte que son succès n'est dû qu'à l'intervention de Wanda dans son processus d'écriture. On assiste avec lui, invariablement, aux mêmes salons littéraires où il ne vend que quelques livres alors que ses voisins ont une file de lecteurs qui n'en finit plus.

J'ai apprécié découvrir ce milieu que je ne connais que peu, car moi je suis, en tant que lectrice, de l'autre côté de la barrière.

[Le mot de la fin]

L'autre reflet est absolument machiavélique, d'une noirceur extrême qui nous amène à nous poser de nombreuses questions sur l'être humain et jusqu'où nous sommes prêts à aller pour la gloire ou l'argent.

Patrick Senécal est définitivement un auteur que j'adore, que je continuerai de découvrir parce qu'il a vraiment quelque chose de différent des autres auteurs…


Lien : https://anaisseriallectrice...
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Une descente en enfer comme Mr Senécal sait si bien le faire !!!
Nous sommes dans le milieu littéraire, avec un auteur de thrillers, on a un aperçu de ce qu'il se passe de l'autre côté du miroir, la vie d'un auteur avec ses hauts et ses bas. Petite pensée obligatoire pour "Misery" lorsque l'on lit ce genre d'histoire mais ce n'est que du pur bonheur !!
Gros coup de coeur !!!
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Michaël rêve de devenir écrivain, mais souffre de manque de réalisme dans les scènes de meurtres dans son roman. On va embarquer avec lui dans un train à très grande vitesse, sans moyen de se stopper, et ce train se nomme Wanda.
Patrick Senécal a l'art de nous faire souffrir, et plus particulièrement dans ce livre. Cette lecture a été très éprouvante, tant les surprises sont nombreuses et grandissantes. On endure avec Michaël les événements les uns après les autres, avec de plus en plus d'intensité.
On arrive pas à avoir de l'empathie, peut-être un peu pour Alexandra, sa femme, mais elle est aveugle par son amour sans faille, qui lui fait faire tout pour aider son mari.
Wanda est une incarnation du diable. Michaël est faible, et sans aucun sens des responsabilités.
.
L'auteur nous livre une vision du monde littéraire et de l'édition cru et sans concession.
Quand l'auteur est devant son clavier, que voit-il ? Des mots, des personnages, son reflet, ou l'autre reflet.
Que seriez-vous prêt à faire pour pour le succès et la reconnaissance de ses pairs ? Michaël va apprendre à ses dépends si il a des limites.
.
Patrick Senécal est et restera sûrement mon auteur préféré par sa façon très spéciale à nous embarquer, avec bonheur, dans des histoires sordides, où la noirceur et la violence sont les maîtres mots. Je prend un plaisir immense à chacune de ses lectures, même si par moments on souffre avec son personnage principal.
Bravo, et une nouvelle fois, merci pour ce récit.
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