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EAN : 9782020685863
224 pages
Seuil (28/08/2004)
3.59/5   16 notes
Résumé :
Un employé du cadastre, jardinier amateur à ses heures, s'attache à un méticuleux travail de sape visant à métamorphoser la ville. Patient maître d'œuvre d'une apocalypse végétale, il sème un peu partout graines de plantes et mauvaises herbes qui, en s'épanouissant, percent le goudron, soulèvent le bitume, fissurent les murs... Et si quelques graines suffisaient à changer le monde ? Conçu comme un herbier, séditieusement poétique, ce roman drôle et inquiétant confir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sur le site du Jardin du Pic vert on vous explique tout sur la ruine de Rome : "Plante à tiges filiformes et retombantes, glabres. Les feuilles, à long pétiole, alternes, à limbe presque arrondi ont 5 à 7 lobes. Les nervures sont disposées en éventail. Les fleurs d'un violacé clair, solitaires à l'aisselle des feuilles ont de 7 à 10 mm de longueur avec un éperon un peu arqué. Le fruit est une capsule presque sphérique s'ouvrant au sommet par 3 dents. Celle-ci contient des graines marquées de crêtes sinueuses. Après la floraison, le pédoncule se recourbe pour que la capsule s'introduise dans les interstices des pierres. La ruine de Rome est une petite plante spontanée qui pousse partout entre les briques, les pierres. Elle est parfaite pour habiller un escalier, un vieux mur. Elle se ressème bien. Convient aux murs végétaux à l'ombre".

Etrange petit livre qui adopte le nom de cette plante reine au royaume des ruines. Il voudrait nous faire croire qu'il serait un dictionnaire de botanique. Etonnement pour la forme d'abord, très originale. Le texte, oublieux du chapitre à qui on n'a pas donné la voix, prend presque la tournure d'un catalogue, celui d'un pépiniériste plus que d'un herboriste. Présenté comme une liste énumérative de noms communs de plantes, comme autant de rubriques horticoles, sous lesquels s'inscrivent les projets fantasques, au travers de ses déambulations urbaines, d'un employé du cadastre devenu un jardinier d'un genre très particulier. Si le lecteur en retire maints enseignements botaniques et bibliques, ce plaisir labyrinthique troublant de premier niveau est très vite aspiré vers d'autres inquiétudes hautement jouissives. Le manteau végétal aimable de cette nomenclature ne faisant que dissimuler, en effet, un réseau très serré et beaucoup plus souterrain d'intentions peu communes que la fin de la narration met à jour. Apparente organisation d'une litanie végétale – j'ai compté 235 rubriques qu'on pourrait tout aussi bien chanter – dont l'étiquetage et l'identification ne font que servir le désir de sabotage ou le goût des ruines du jardinier, un besoin d'apocalypse que Saint Jean, évoqué, n'aurait pas renié.

Tout commence par désoeuvrement : un noyau de pêche de vigne que ce jardinier enfonce sous un pan de macadam soulevé. Ni vu, ni connu. Planter, semer, marcotter et bouturer, répandre graines et mauvaises herbes partout où il existe quelques miettes de terre, dans les moindres interstices, voilà le but millénariste que notre « jardinier adventice » s'est fixé. Répandant sur l'unité parcellaire cadastrale mesurée, l'unité végétale vagabonde anarchique et l'utilisant comme moyen de destruction massive pour saper les fondations de la ville. A la fois drôle et inquiétant. Une belle et poétique écriture "d'humeur plutôt noire" déverse dans votre esprit, à là manière des envahissements végétaux des formes Arcimboldiennes, un suc étrange et inédit, envoûtant, qui rend cette lecture surprenante et extrêmement dépaysante.


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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
HERBE AU PAUVRE HOMME
Cependant, quelles que soient mes ambitions, mes rêves de sédition ou d'apocalypse sans cesse reportés au lendemain, je ne fais rien - et je reste seul : je suis le chef d'une troupe sans troupe. Peut-on croire à des révoltes menées dans la solitude? - pas seulement en solitaire mais pire, en esseulé? peut-on croire à des foules d'un seul homme, des longues marches sans rien ni personne, un meneur abandonné de tous ? Un cocktail Molotov, entre les mains d'une bande, est un flambeau apache, une arme rustique mais menaçante - dans les mains du solitaire, un cocktail Molotov n'est qu'une bougie d'anniversaire (le sien: la féte que tout le monde néglige) ou une lampe à huile mal fichue, vite épuisée, au mieux une crèpe flambée qui se donne en spectacle. On n'a jamais vu de foules soulevées ni représentées par des solitaires dans mon genre, célibataire toutes les nuits que Dieu fait (Il donne et Il reprend), célibataire que les chats finissent par quitter l'un après l'autre comme les chèvres de Seguin - (j'ai même renoncé à l'achat d'un poisson rouge de peur qu'il ne devienne, à mon contact, neurasthénique ou de peur d'avoir à lui envier son bocal, son caillou, sa fausse algue et la paix qui règne dans un litre et demi d'eau).
Seul, tout de même, je me suis cru par moments capable de descendre dans la rue, me poster au carrefour afin de provoquer, sans bouger, des embouteillages- ou capable de me pencher à la fenêtre, rouler un journal, m'en faire un porte-voix, fomenter une révolte de cailloux et d'injures.
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[absinthe]
En lisant par l’autre bout l’Apocalypse de Jean, je n’ai pas eu de peine, ni beaucoup de mérite, à constater que l’Apocalypse définitif, considéré comme fin dernière, brusque échéance, se fait précéder de signes, eux-mêmes précédés d’avertissements, au point qu’une série de présages retarde sans cesse l’heure de l’ainsi soit-il –mais les signes sont les préliminaires de ce qu’il n’advient jamais, ou se contentent d’être l’aboyeur d’un bal d’aboyeurs : l’Apocalypse lui-même est un effet d’annonce, l’augure d’autres événements, se suffit dans ces menaces, et jusqu’à son terme la vision de Jean n’est que prélude aux préludes, sceaux s’ouvrant sur d’autres sceaux et trompettes annonçant les trompettes.
(p.33-34)
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[Bette vulgaire]
J'ignore tout de la botanique, je ne distingue pas un hêtre d'un tremble, ou un pissenlit d'un papyrus - j'ai longtemps cru que des orfèvres, maniant de minuscules marteaux frappant de minuscules enclumes, étaient chargés de transformer, d'un geste bref, un petit pois en pois cassé.
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[Poire bon chrétien]
Laïcard même le dimanche, et toute la Semaine sainte, je me suis surpris à consulter Jean de Patmos comme s'il était mon seul conseil ; j'ai lu mot à mot son Apocalypse : un manuel pratique à l'usage de ceux qui désirent anticiper, même de façon artisanale, la Fin des Temps.
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Peut-on croire à des révoltes menées dans la solitude? Pas seulement en solitaire mais, pire, en esseulé? Peut-on croire à des foules d'un seul homme?
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Vidéo de Pierre Senges
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
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