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4,02

sur 5043 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne peux m'empêcher de penser, quand je lis un roman sud américain, de le comparer à « Cent ans de Solitude » de Gabriel Garcia Marquez, livre que je place au sommet du panthéon de la littérature. Et bien chez Sepulveda, on retrouve ces personnages de têtes brûlée, à moitié sauvage, à moitié sage, où la poésie cotoie la dureté de l'Amazone, avec toute cette faune extravagante et pourtant bien réelle, alors même si dans ce roman on ne dérape pas au-delà des limites entre l'imaginaire et le réel comme chez Marquez, l'ambiance est pourtant magique, l'écriture est belle, simple et le personnage du vieux tellement touchant qu'on aimerait aller le voir pour lui offrir un roman d'amour à ajouter à sa collection. Un grand moment d'aventure et d'exotisme et de poésie avec une petite leçon d'écologie en bonus.
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Antonio José Bolivar a toujours vécu le long de son Amazonie. La forêt, il la connaît comme sa poche, pour avoir partagé la vie des indiens Shuars, appris leurs rites, leurs coutumes, la chasse mêlée de respect pour l'animal. Dans la jungle, nul besoin de s'entourer du superficiel, la forêt offre la vie en même temps qu'elle la prend.
Un beau jour, vers ses 60 ans, Antonio s'aperçoit qu'il sait lire. Un peu. Et cette capacité, il va la développer avec des romans d'amour. Mais attention, le vrai amour ! Celui qui fait souffrir et tirer les larmes aux yeux. Même lorsqu'il sera chargé de mener un groupe poursuivre un félin tueur d'hommes, il n'oubliera pas d'emporter un livre.

J'ai aimé Antonio, cet homme fort et vulnérable, ayant une connaissance stupéfiante sur les habitants de la forêt et une ignorance colossale de la vie moderne telle que nous la connaissons. Son intelligence aiguisée et son intuition, l'amour de son environnement et le rejet naïf de la méchanceté et la médiocrité font de lui une âme noble.

Lui est sa forêt emplissent ce court roman qui peut paraître tout simple au premier abord mais pourquoi me reste-t-il en tête plusieurs jours après l'avoir lu ? Les romans d'amour d'Antonio Bolivar ne sont qu'un prétexte à un sujet pour lequel l'auteur s'est battu toute sa vie : les droits des peuples. Il y dénonce la colonisation des indiens et de la nature dont ils font parti au nom de la convoitise des petits cailloux si précieux. Et il les connaît bien ces indiens Shuars pour avoir partagé leur vie pendant un an. Et la forêt semble être sa seconde maison.

Un livre et un auteur à découvrir.
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C'est pure délectation que des livres comme celui-ci !

J'ai déjà dit mon amour des petits livres, qui s'emportent partout, qui offrent souvent de belles échappatoires imaginaires dans leurs ellipses, ce dont je raffole. Ici, il convient de mettre en avant une autre de leurs qualités : leur densité.

Car ce livre est aussi dense que l'était la forêt amazonienne dans laquelle il nous entraîne. Quand je l'ai reçu en prêt d'un cousin attentionné, j'avais une certaine crainte de tomber sur un de ces récits Nature réalistes qui arrivent rarement à me captiver. Je me souvenais de la critique enthousiaste de ClaireG mais nous n'avons pas toujours les mêmes goûts, c'est bien normal. C'était sans savoir que sa densité, loin de provoquer un sentiment d'étouffement, offre les espaces de liberté d'intérêts multiples.

Les colons sont arrivés, ont violé la forêt vierge avant de l'abattre.

Des faits, pas de jugement.

L'homme occidental est une espèce invasive.
Les connaissances empiriques disparaissent.
Les indiens Shuars vivaient intégrés dans la forêt.
Ils se soignaient grâce à leur connaissance approfondie de plantes que l'homme civilisé n'a jamais vues.

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Pistes pour vos imaginaires :
Les antibiotiques dernière génération sont basés sur ...
Dali avait un ocelot.
Mais ce même nom est aussi utilisé pour désigner le Jaguar.
Le jaguar avait sa place au panthéon des divinités des grandes civilisations précolombiennes
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Excellente entrée en matière que celle de cet ouvrage qui me permet de faire la connaissance de l'auteur chilien Luis Sepulveda récemment disparu. Cette découverte est d'autant plus singulière que nous ne sommes pas habitués à applaudir la prose d'un ancien footballeur. Convenons que la dextérité de la balle au pied va rarement de pair avec celle de l'écriture.

Il faut dire que Sepulveda a une expérience de vie riche en péripéties, jusqu'à lui faire connaître les geôles de Pinochet et l'exil. Les pérégrinations qui ont émaillé cet éloignement de sa terre natale l'ont conduit dans la forêt amazonienne où il a partagé pendant un an la vie des amérindiens Shuars, plus connus en nos contrées européennes sous le vocable de Jivaros. C'est la source de l'inspiration de ce petit ouvrage dans lequel on découvre en l'auteur un militant de la cause des minorités ethniques qui ont vu leur terres ancestrales envahies par des colons assoiffés de richesses. Et le pillage continue au grand mépris de faune et flore locales.

C'est le combat de la sagesse contre celui de l'avidité que nous propose Luis Sepulveda avec l'aventure dans laquelle le vieux Antonio José Bolivar se trouve embarqué à contre coeur. Parce que lui ce qu'il aime c'est les romans d'amour qu'il a découverts depuis qu'il sait lire. Sans doute ces livres qu'il se fait prêter, lit et relit, sont-ils pour lui une diversion au mauvais côté de la vie des hommes dont il a le spectacle pitoyable sous les yeux.

Une forme de conte qui permet à l'auteur d'aborder un thème qui lui est cher, et à moi de découvrir une belle écriture. Avec comme souvent derrière un texte qui paraît anodin une réalité lourde de sens quant à la nature humaine et son avenir.
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D'un côté, mon bureau frisquet, un soir de réveillon et mon clavier qui attend mes mots.
De l'autre, la forêt amazonienne colorée, bruyante, riche de dangers et d'émerveillements.
D'un côté, Croquignolle qui s'apprête à déguster un bon repas de St-Sylvestre, les pieds sous la table.
De l'autre, Antonio José Bolivar qui chasse sa nourriture avec la technique efficace des Shuars.
D'un côté, la lectrice éclectique qui fuit les romans d'amour.
De l'autre, un vieux monsieur qui apprend à lire pour découvrir Paris et Venise sous le regard de personnages amoureux.
D'un côté un fond de musique jazzy et des pétards au loin qui annoncent la nouvelle année.
De l'autre, le bruit du félin en chasse, le chant de la pluie dense sur les feuilles, l'hymne rythmé des Indiens au bord du fleuve.
D'un côté, un Moscato pour lancer les festivités.
De l'autre, un Frontera pour éloigner la peur.

C'est cela que j'aime dans la lecture : le mélange des horizons, des expériences et des sensations.

Au côté de Luis Sepulveda, j'ai découvert ce coin de terre amazonienne avec mes cinq sens. Avec le 6ème également. Cet auteur a le don de peindre sous nos yeux, avec une précision délicate, l'univers qu'il a choisi. Ses mots sont colorés, riches, denses. Sa plume est poétique. Elle peut devenir très crue pour dépeindre la réalité d'une rencontre mortelle.

J'ai voyagé avec le vieux qui lisait des romans d'amour. Je ne me suis pas ennuyée. J'ai tenté d'apprendre la vie sans confort, la survie en conditions extrêmes, la richesse des rencontres et les croyances ancestrales d'un peuple éveillé. J'ai aimé ce voyage. Je n'en ressors pas indemne.

Je referme cette année littéraire 2019 avec ce petit roman passionnant et décapant ! Et avec une envie décuplée de continuer à lire, à vivre ces voyages si dépaysants en 2020 !
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Un récit court, beau et triste, qui nous désespère d'être humains.
Antonio José Bolivar, vieil homme qui vit tranquillement dans sa cabane de la forêt amazonienne et occupe ses journées à lire et relire des romans d'amour, doit un jour partir à la recherche d'un jaguar qui attaque les hommes, après que l'un d'eux ait tué ses petits.
C'est forcément une histoire qui prend aux tripes, opposant le vieil homme qui a vécu dans une tribu indienne en s'adaptant à son environnement, et les gringos qui saccagent la faune et la flore pour de l'or, pour des clichés, ou simplement pour se sentir virils. Pour autant, les indigènes ne sont pas dépeints comme de "bons sauvages", et tous les Blancs ne sont pas des sales types. Et puis, il y a le sage et pittoresque Antonio José Bolivar, qui sait à peine lire, ignore à quoi ressemble Venise, mais qui connaît la Nature, la respecte et l'aime mieux que quiconque.
J'ai été très émue par ce roman, par l'amour et la colère qui s'en dégagent. Il m'a parfois fait penser aux "Racines du Ciel" de Romain Gary. Luis Sepulveda l'a dédié à son ami Chico Mendès, défenseur de l'Amazonie assassiné par un propriétaire terrien. Plus de 30 ans plus tard, on ne peut que continuer à enrager devant les ravages que continue de subir cette forêt et ceux qui la peuplent.
Une belle leçon de civilisation, et d'humanité aussi, qui fait encore plus regretter la disparition d'un tel auteur.
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Une heure à perdre, ou plutôt à enrichir d'une lecture enivrante et inspirée? Précipitez-vous sur ce petit conte succulent et luxuriant, cette escapade au bout du monde au fond de laquelle se révèle un message d'une efficacité redoutable.
J'ai eu bien tort de tourner pendant longtemps un dos dédaigneux à ce livre dont le titre m'évoquait quelque historiette culculteuse : on en est loin!
Certes, il est question d'un vieux qui lit des romans d'amour, mais à sa place on ferait tous la même chose : échoué à El Idilio, ironique nom donné facétieusement par l'auteur aux trois cahutes branlantes posées au bord du fleuve en Amazonie, il lui faut bien ça pour supporter la misère que les gringos amènent dans ce coin de nature inviolée, misère bien plus insupportable que la précarité matérielle dans laquelle vivent les autochtones car c'est une misère faite d'ignorance des lois de la faune et de destruction de la forêt.
Quel talent de conteur a l'auteur pour passer ce message avec beaucoup plus de subtilité et de brio que je ne viens de l'écrire! C'est drôle, c'est foisonnant, c'est construit comme un polar, comme une fresque, comme un roman d'initiation, bref c'est d'une richesse sans prétention qui force le respect. Sans compter qu'après l'avoir refermé, vous ne regarderez plus le majestueux jaguar du même oeil.
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je m'étais promis de retourner un jour au près d'Antonio José Bolivar , c'est chose faite.
L'émotion est toujours là, palpable, l'amour de Luis Sépulveda pour sa forêt amazonienne, le respect pour ceux qui y vivent en harmonie avec la faune et la flore, sa colère face à tous les gringos qui pour de l'or, de l'argent défrichent encore et encore.
Publié en 1992, le vieux qui lisait des romans d'amour est le premier roman de Sépulveda qu'il dédie à son ami Chico Mendès le "défenseur de la forêt amazonienne" qui sera lâchement assassiné par ceux-là mêmes qu'il combattait..
Ce roman nous parle d'un pays à nul autre pareil , un pays où la vie est aussi difficile que magique.
Et puis que voulez-vous croiser le chemin du vieux est un privilège qu'il faut savoir savourer, déguster avec ou sans une goutte d'aguardiente.
A lire et à relire.
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Dédié entre autre à son ami Chico Mendès, ce livre de Luis Sepulveda sème une suite d'anecdotes poétiques dont le ventre est la selva amazonienne, avec un vieux pour protagoniste central, posé sur un équateur géographique, symbole de partition. Car tout dans ce livre est féroce division : intérêt et désintérêt, exploitation et respect d'une harmonie naturelle, fidélité et trahison, vivant amour et mort violente. Au-delà de ce déséquilibre binaire, presque manichéen, Luis Sepulveda pose avec son protagoniste lecteur de romans d'amour des questions plus larges, que l‘on retrouve dans le sillage de nombres de ses livres : est-il possible d'être civilisé, libre et de comprendre une nature dont on s'est arraché sans sacrifier son éthique ? Peut-on revenir vers cette nature sans trahir ni ses idéaux civilisés, ni les idéaux naturels de ceux qui vivent avec cette nature ? Est-on condamné à éliminer ou exploiter, ou encore interdire au nom du bien commun ? Luis Sepulveda ne tranche pas : la seule piste qu'il propose n'est pas de choisir un camp mais de suivre des yeux les empreintes de la dignité humaine.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Dépaysement assuré avec ce court roman, en pleine forêt amazonienne.
Une écriture poétique, tendre, qui laisse percevoir l'attachement de l'auteur pour cette nature sauvage.
Des personnages hauts en couleur que ce soit le héros qui lisait des romans d'amour, ou le maire si imbu de sa personne. Même l'ocelot semble un personnage à part entière, devenu fou de douleur et de chagrin.
Bref une bonne lecture.
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