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4,02

sur 5006 notes
Magnifique petit roman chilien qui met en scène le vieil homme Antonio José Bolivar qui s'est rendu compte un jour qu'il savait lire. Depuis ce jour, il se met à l'abri d'un monde brutal en lisant, avec une loupe, ses romans d'amour dans sa cabane au bord du fleuve.
Le livre compte nombre de scènes très colorées, souvent au coeur de la forêt amazonienne où les hommes se font tuer par des animaux par ignorance et non respect. Antonio est amené par le maire à aller sur place et rétablir l'équilibre de la forêt en chassant une panthère dont on a bouleversé les habitudes.Une des scènes les plus cocasses est celle du début avec la démonstration de soins prodigués par un dentiste itinérant.
J'adore quand José met de côté son dentier quand il ne mange pas.
Les descriptions sont tellement bien écrites et traduites qu'on les voit comme dans une peinture.
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Antonio José Bolivar, 70 ans ou à peu près au moment où commence cette histoire, quitta un jour - il y a fort longtemps - la pauvreté de sa montagne pour chercher en compagnie de sa jeune épouse un avenir meilleur dans les profondeurs de la forêt amazonienne. Là, il perdit le peu qu'il avait, y compris son épouse, avant d'être sauvé, pris en charge et initié par le peuple originel de la forêt, les indiens Shuars. Auprès d'eux il apprit la chasse, la pêche, les plantes et la survie, il appris les rites et les coutumes sacrés et il apprit, surtout, le respect dû à cette forêt nourricière et dangereuse, majestueuse et sauvage, à sa végétation et à sa faune.

Ayant malheureusement, bien des années plus tard, contrevenu par mégarde à l'un des rites des Shuars, il dut quitter ce peuple plein de connaissances ancestrales et de sagesse pour s'en retourner vers ce qu'il est convenu d'appeler “la civilisation”, son cortège de bêtise et d'ignorance, sa cruauté gratuite et son goût immodéré pour l'enrichissement facile, fût-ce au prix de la destruction des ressources naturelles - illustrant ainsi cette propension ahurissante de l'humanité à scier avec un bel entrain la branche sur laquelle elle est assise.

Et c'est à nouveau la bêtise humaine - et ses conséquences meurtrières - qui va faire sortir notre “vieux” de sa retraite et de la solitude qu'il s'est choisie en compagnie de ses romans d'amour pour lesquels, bizarrement, il a développé une véritable addiction…

Contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, "Le vieux qui lisait des romans d'amour" n'est pas un hommage à la littérature - et ce d'autant moins que les romans dont il est ici question ne sont rien d'autre que des romances à l'eau de rose dégoulinantes de bons sentiments et pimentées d'inévitables tragédies avant leurs prévisibles “happy end”. Ce dont il s'agit en fait est beaucoup plus important, sérieux et, pour le coup, réellement tragique : l'annihilation progressive des populations indiennes indigènes, l'extermination des espèces animales et la destruction systématique - sous couvert de progrès, de nécessités économiques et de profit immédiat - de la forêt amazonienne.

Ecrit il y a plus de 20 ans en mémoire de son ami Chico Mendès (grand défenseur de la forêt amazonienne et qui le paya de sa vie), traduit dans le monde entier et couronné de nombreux prix, "Le vieux qui lisait des romans d'amour" est un petit texte d'une centaine de pages qui, sous ses allures d'aimable fable, est en réalité un plaidoyer on ne peut plus sérieux pour la protection de la forêt amazonienne et de son peuple autant qu'un cri d'alarme et de colère. Quelques mois après l'embrasement volontaire et cyniquement assumé de cette immense forêt primaire, je relis ce très court roman dont j'avais, comme aujourd'hui, beaucoup apprécié le charme, l'humour, l'écriture et les personnages, et je suis frappée par la triste actualité - plus de 20 ans plus tard - de son message et de son cri.

Il faut croire que les humains, joyeusement suicidaires, n'accordent guère crédit au sérieux de la littérature et que les écrivains - comme les Prophètes des temps bibliques - s'époumonent en vain dans le désert…

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Un petit détour par la forêt amazonienne, il fait chaud et humide et on y rencontre des gens bien étranges…

- Un vieux qui lit des romans d'amour, un chasseur qui a appris à connaître la forêt, les serpents venimeux, les boas constrictors et les fauves mangeurs d'homme.

- Un maire du village, bien gras, qui patauge dans la boue et la corruption.

- Les « gringos » qui menacent l'équilibre de la nature avec leurs routes et leurs mines, et qui chassent pour le plaisir.

Une fable écologique d'une centaine de pages, pleine d'humour, aussi dépaysante pour nous que les amours vénitiennes des romans le sont pour le vieil Équatorien et les habitants du petit village d'El Idilio.
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J'ai passé un très bon moment avec ce court roman où l'on découvre la jungle et ses peuples d'Amazonie, un vrai dépaysement.
L'écriture de Luis Sepulveda est très douce et poétique et est un vrai hommage à la nature et aux peuples qui habite notre planète et qui malheureusement disparaissent peu à peu...
Ce conte nous offre à la fin une vrai leçon de vie et nous fait réfléchir. C'était ma première rencontre avec cet auteur mais une chose est sur ça ne sera pas la dernière.
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Parce qu'il ne pouvait avoir d'enfants avec sa femme, Antonio José Bolivar Proano , décida de partir loin, là où le gouvernement offrait de l'argent aux pionniers qui s'y installaient. Là, où la terre ne donnait rien, mais prenait beaucoup.
Quelques années plus tard, seul, après avoir appris grâce à des rencontres, à "apprivoiser" la forêt, en tirer de quoi vivre, l'aimer jusqu'à ne faire plus qu'un avec elle , le "Vieux" ne vibre désormais que pour une chose : les romans d'amour Harlequinesques ... Ah ! Mais attention, pour qu'il les apprécie, faut que ce soit triste , que ça pleure, qu'il y ait du drame, de la passion.
Le Vieux qui lisait des romans d'amour se jouait des piranhas, savait tuer de gros reptiles comme qui rigole, n'avait pas peur des gros félins bien énervés, mais Antonio ne comprenait pas comment le héros de son livre préféré pouvait vivre à Venise , où les "rues" ne sont que de l'eau. le Vieux avait du mal à imaginer une gondole....
Complétement adapté, en osmose avec son monde, et si éloigné du nôtre...
Tendre , naïf, il faut "gratter" un peu, gentiment, sous la surface des mots, pour y trouver une critique acerbe des colons, des notables , de ceux qui pensent tout savoir, de ceux qui méprisent les autochtones qui, pourtant eux, maitrisent leur biotope .
C'est beau comme un territoire vierge, régénérant comme le fleuve qui coule au milieu de ces pages, écologique, terriblement respectueux, instructif magique, dépaysant , attachant, parfois amusant, et très court (121 pages ).
J'aurai bien continué un peu , quelques pages de plus en compagnie de ce "Vieux qui lisait des romans d'amour" à marcher pieds nus dans la forêt amazonienne, dans le poumon vert du monde...
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« Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous. »
A propos de rendez-vous, j'étais ce matin chez le dentiste qui m'apprenait (mauvaise nouvelle) qu'il devait procéder à l'extraction de deux dents. « Vous voulez dire arracher » lui dit mon mari. le dentiste lui répond « on ne dit plus arracher, cela fait trop peur » Et je cite l'exemple du dentiste de ce livre, qui arrachait à qui mieux mieux, et mon dentiste de me répondre : « Ah Sepulveda, un petit bijou ce livre ». Il est aussitôt remonté dans mon estime, malgré cette nouvelle;

Livre que j'avais lu ou plutôt relu ce week-end. J'en avais oublié le titre et l'auteur, malheureusement, cela m'arrivait souvent avant de noter mes lectures sur Babelio, mais surement pas l'histoire et je m'y suis replongée avec beaucoup de plaisir.

Un trou paumé au milieu de la forêt amazonienne, la saison des pluies qui commence, et une femelle ocelot qui rode, rendue agressive par la tuerie dont ont été victimes ses petits, et le vieux, celui qui lit des romans d'amour, celui qui n'est pas originaire de cette forêt, mais qui a pris la peine et le temps de l'apprendre de ses habitants d'origine, les indiens Shuars, et de la respecter.

Il va être enrôlé dans l'expédition pour traquer et tuer ce félin dangereux, expédition organisée par le maire du village, dont le comportement pourrait faire rire, s'il ne démontrait pas l'imbécillité de tous ces gringos qui envahissent la forêt, sans la connaitre, la détruisent et en chassent les indiens, ces hommes cupides qui pour le profit ou la gloire, dévastent ici la forêt amazonienne, partout tous ces territoires encore libres et sauvages.

L'expédition se soldera par une mort, mais en aucun cas une victoire.
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Je ne sais pas pour vous, mais dans mon cas tout ce qui émane de l'Amérique latine se caractérise par une forme d'exaltation, d'urgence, voire de colère que je ressens profondément et qui m'électrise. Tout me parait sans cesse en surchauffe et prêt à exploser, que ce soit un ciel plombé, un camion en côte ou une conversation animée.
J'y vois souvent également beaucoup de souffrance et dans le meilleur des cas un certain mal-être du quotidien propice à l'emportement, au débordement.
Ce roman n'échappe pas à ces sentiments, dès les premières lignes je perçois une tension, un malaise. La touffeur environnante dramatise les situations. Il faut immédiatement se défendre des protagonistes qui te font face qui ne sont jamais fautifs, toujours victimes.
La légendaire faiblesse des hommes et leur couardise nécessitent des redresseurs de torts à tête froide et à l'expérience en acier trempé dans un vécu douloureux.

Antonio José Bolivar est cet homme-là.
Solitaire par force, chasseur par nécessité, fin connaisseur de la forêt amazonienne et véritable passionné de romans d'amour.
Luis Sepulveda, dans son roman à la taille d'un chapitre d'une saga de Dumas nous livre son héros sans en faire des tonnes avec un panache et une verve qui en valent bien deux tomes.
Dès le début de l'envoi, il touche.
Quand il s'agit d'éloigner la civilisation cupide afin de conserver une parcelle de monde sauvage, il faut dégainer plus vite que son « hombre ».
Antonio doit laisser tomber ses romans d'amour qu'il aime tant pour aller sauver les poltrons du village des griffes de la bête qu'ils ont déchaîné par bêtise et convoitise.

Quasiment une fable, ce court roman est presque une leçon de vie, et si les animaux parlaient, ils nous avertiraient de l'infinie connerie qu'est notre sauvagerie.
Moralité : Lisez des romans d'amour pour fuir la barbarie des hommes, provisoirement.

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Luis Sepulveda nous sert un humour et une écriture faussement simples afin de cacher des réflexions bien plus profondes sur les civilisations modernes.

Dans un style dépouillé jusqu'à l'os et une empathie démesurée pour ses personnages qui se débattent dans un monde cruel, l'auteur chilien crée un univers merveilleux où l'on peut être un vaillant chasseur, connaître par coeur les secrets de la jungle et de ses habitants et aimer les romans d'amour comme une sorte d'antidote à l'ennui.

Un grand travail de recherche sur la jungle et ses mystères, des peuples indigènes et du respect qui maintient l'équilibre entre les espèces transpire dans les propos bien affirmés, tel un mantra de sagesse.
Luis Sepulveda dénonce la barbarie inconsciente de l'homme qui transgresse les règles du respect des espèces et de la nature et qui met en péril sa survie.

S'émouvoir aux larmes de belles histoires d'amour et aimer la lecture comme émerveillement et fuite face à l'horreur du monde, voici une passion pleine de sagesse !


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Un véritable coup de coeur pour moi pour ce court mais magnifique roman.
Cela faisait un moment que je voulais découvrir Luis Sepulveda, et quelle découverte !!!
Un véritable moment de lecture jubilatoire ! Ce roman est empreint de poésie, chaque phrase se savoure !
La nature, et plus précisément la foret amazonienne et ses habitants sont les véritables héros de ce petit bijou littéraire.
J'ai adoré et compte bien continuer à découvrir l'oeuvre de cet écrivain fort talentueux.
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Le vieux qui lisait des romans d'amour est le premier roman de Luis Sepulveda.
A la fin du roman, Luis Sepulveda écrit qu'il lui a fallu dix années pour "ruminer" cette histoire. Une histoire qu'il s'est racontée tant de fois à lui-même et à ses amis.

C'est une belle histoire.
On retrouve dans ce texte toute la générosité et l'humilité de cet auteur talentueux qui nous a quitté malheureusement le 16 avril 2020, des suites du Covid 19.
Certains disent que la pandémie qui sévit actuellement serait un bienfait pour la nature. Que cette dernière reprend ses droits...
Peut-être, mais quelle ironie alors, qu'elle s'attaque également à ceux qui la défendent et qui ont toujours cru en elle.

Car si ce premier roman de Sepulveda est un hymne à la lecture, il est aussi une véritable déclaration d'amour à la nature. La nature, sauvage, libre et qui n'oublie pas l'homme qui l'assassine. Ce n'est pas pour rien que ce roman est dédié à Chico Mendes, ami de Sepulveda, qu'il décrit comme " l'homme qui fut l'un des plus ardents défenseurs de l'Amazonie et l'une des figures les plus illustres et les plus conséquentes du mouvement écologique universel."

Cela faisait longtemps que ce roman m'attendait dans ma Pal. Il y a souvent un moment propice pour lire un livre. Hier, c'était le bon moment.
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